La télé et le culte de la vedette
Hugo Dumas - La Presse
30 janvier 2012
La vedette a de l'avenir au Québec, tout particulièrement en télévision. C'est frappant, cette saison, le nombre d'émissions où la vedette s'infiltre peu discrètement. La vedette rayonne dans les quiz traditionnellement réservés aux gens du public, la vedette rigole en se regardant dans ses pires moments télévisuels et la vedette flatte - dans le sens du poil - d'autres vedettes comme elle dans un festival interrompu d'autocongratulation.
Dans Duo, la quotidienne de la chaîne V animée par Josée Boudreault, la vedette déboule en groupe de six pour partager secrets d'amitié et petits travers sympathiques. Dans Atomes crochus, à la même antenne, la vedette débarque en paquet de six et, sous le prétexte d'aider deux concurrents à ramasser des sous, enfile les gags et se met, bien sûr, en vedette.
Même principe pour Le tricheur de TVA: la vedette joue pour un organisme caritatif, mais profite de la tribune pour étaler ses connaissances générales et son sens de la répartie furieusement aiguisé. À Privé de sens et à L'union fait la force, la vedette appelée en renfort essaie, du mieux qu'elle peut, de faire triompher son équipe.
Chez Patrice L'Ecuyer, qui nous implore de ne pas envoyer de fleurs les jeudis soir, la vedette utilise des procédés caustiques ou baveux pour rendre hommage à une autre vedette couronnée. Le résultat reste le même: la vedette aime la vedette. Chez France Beaudoin, qui nous transporte En direct de l'univers les samedis, la vedette déploie ses talents en chanson pour tirer les larmes à une autre vedette bien établie.
Véronique Cloutier et Éric Salvail se disputent aussi âprement la vedette pour leurs émissions respectives Les enfants de la télé et Fidèles au poste. Très souvent, la vedette se pointe chez l'un une semaine et chez l'autre la suivante ou vice-versa. Les archéologues des archives télévisuelles s'arrachent alors les cheveux: quels extraits pas encore vus par 1,5 million de personnes allons-nous catapulter en ondes?
Dans ses temps libres, la vedette se paye une décoratrice à Canal Vie et la vedette se confie à Louise Deschâtelets ou à Josélito Michaud. Même des émissions comme Paquet voleur et La une qui tue, qui mettent en scène des concurrents non inscrits au bottin de l'Union des artistes, embrassent cette tendance lourde avec leurs éditions spéciales bourrées de vedettes.
Sollicitée de toutes parts, la vedette frôle la surexposition et le burnout, je vous jure. Si Jobboom publiait aujourd'hui un palmarès des professions les plus demandées pour les prochains mois, la vedette caracolerait en tête avec grutier, médecin de famille et politicien inspirant.
Ce culte de la vedette ne date pas d'hier, c'est évident. Mais avec la multiplication des stations et le fractionnement des auditoires, la vedette représente une des dernières valeurs sûres: elle attire les téléspectateurs. Comme ça. Surtout si la vedette est un humoriste connu, alors là, c'est le gros lot. Et la popularité de la vedette grandit encore plus parce que, justement, elle multiplie les apparitions sur toutes les antennes.
Pour un producteur, c'est quasiment magique et trop facile: la vedette sait faire de la télé, la vedette n'est pas intimidée par les caméras et la vedette sait à quelle heure arrive le punch. Pourquoi s'en priver?
Il reste que le point de saturation a été atteint, à mon avis. Tôt ou tard, la vedette manquera d'anecdotes savoureuses, croustillantes ou comiques à raconter. Et le public s'en lassera.
Ce n'est pas comme si le bassin de vedettes québécoises se renouvelait très rapidement. Des Louis-José Houde, Stéphane Rousseau, Michel Barrette et Lise Dion, le Québec n'en compte pas des tonnes.
Car, voyez-vous, la vedette qui pogne est du groupe A. C'est la vedette plus ultra, c'est l'élite. Il n'y en a pas des tonnes. La vedette de catégorie B la remplace parfois, mais les producteurs préfèrent - et de loin - la vedette de calibre A.
Dans ce système autosuffisant, il y a très peu de place pour la relève, pour les nouvelles têtes talentueuses, appelons-les vedettes C. Comme les grands plateaux déroulent le tapis rouge aux A, la vedette C n'a pratiquement plus de chances d'accéder au statut de B, puis à celui de A, vous suivez?
Conséquence? Le showbiz se replie de plus en plus sur lui-même et les mêmes visages inondent toutes les chaînes.
Oui, on les aime nos vedettes, mais pas partout, à toutes les heures. Chers diffuseurs, forcez-vous donc pour développer de nouveaux concepts originaux qui nous sortiront des jeux banals où l'on demande à Mahée Paiement et Bianca Gervais: «Laquelle d'entre vous est la plus gratteuse» ?
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La télé et le culte de la vedette
Modérateur : Elise-Gisèle
Re: La télé et le culte de la vedette
Peut-être que la saturation vient du fait qu'il écoute la télé 80 heures par semaine?
C'est sûr que si tu te tapes tous les quizz pourris de V et TVA, et les émissions de variétés de veudettes, tu vas faire une overdose.
C'est sûr que si tu te tapes tous les quizz pourris de V et TVA, et les émissions de variétés de veudettes, tu vas faire une overdose.
Trop de vedettes, partout?
Hugo Dumas
La Presse
Doux Jésus! Vous êtes déchaînés, fidèles lecteurs. Ma chronique de samedi sur la surreprésentation des vedettes québécoises à la télé a déclenché un déluge de courriels. En voici quelques extraits choisis, qui témoignent d'un ras-le-bol de la vedette qui flatte la vedette dans une émission de vedettes. «Les vedettes, toujours les mêmes. Je n'ai même plus envie d'aller voir leurs films ou de les regarder jouer à la télé», écrit Marcelle D.
Yolande D. ajoute: «Les mêmes vedettes qui se tapent dans les mains et qui racontent leur vie à répétition, je ne suis plus capable, je ferme la télé.»
Diane B. se tourne de plus en plus vers la télé américaine pour voir d'autres visages. «Je commence royalement à me désintéresser de la télévision de chez nous. Très, très dommage. Vive les séries HBO que l'on peut louer», dit-elle.
Caroline B. pose la question qui tue: «Lorsqu'on est rendu à trouver rafraîchissantes les reprises des reprises des Belles histoires des pays d'en haut, se peut-il que notre télé manque d'imagination?»
Chers directeurs des programmes: des émissions pour les vedettes, par des vedettes et avec des vedettes, y en a un peu marre. Forcez-vous un peu.
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Hugo Dumas
La Presse
Doux Jésus! Vous êtes déchaînés, fidèles lecteurs. Ma chronique de samedi sur la surreprésentation des vedettes québécoises à la télé a déclenché un déluge de courriels. En voici quelques extraits choisis, qui témoignent d'un ras-le-bol de la vedette qui flatte la vedette dans une émission de vedettes. «Les vedettes, toujours les mêmes. Je n'ai même plus envie d'aller voir leurs films ou de les regarder jouer à la télé», écrit Marcelle D.
Yolande D. ajoute: «Les mêmes vedettes qui se tapent dans les mains et qui racontent leur vie à répétition, je ne suis plus capable, je ferme la télé.»
Diane B. se tourne de plus en plus vers la télé américaine pour voir d'autres visages. «Je commence royalement à me désintéresser de la télévision de chez nous. Très, très dommage. Vive les séries HBO que l'on peut louer», dit-elle.
Caroline B. pose la question qui tue: «Lorsqu'on est rendu à trouver rafraîchissantes les reprises des reprises des Belles histoires des pays d'en haut, se peut-il que notre télé manque d'imagination?»
Chers directeurs des programmes: des émissions pour les vedettes, par des vedettes et avec des vedettes, y en a un peu marre. Forcez-vous un peu.
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Ben moi je suis d'accord avec lui sur le fait que les quizz grand public ont été remplacés par des quizz vedettes...Chico_Fan a écrit : Peut-être que la saturation vient du fait qu'il écoute la télé 80 heures par semaine?
C'est sûr que si tu te tapes tous les quizz pourris de V et TVA, et les émissions de variétés de veudettes, tu vas faire une overdose.
Pour dire vrai, je n'écoutais pas les premiers, mais j'écoute parfois les seconds (Les enfants de la télé en fait)... Le fait est que je préfère voir de la télé par ceux qui savent faire de la télé... Monsieur tout le monde qui ne sait pas se présenter et qui ne connait pas les règles de diction, ça m'intéresse pas du tout...
Mais ça reste que c'est vrai, on ne voit à peu près plus de gens ordinaires dans les quizz....