Publié : lun. sept. 11, 2006 2:30 am
Un 5e anniversaire marqué par la division
L'administration Clinton est accusée de négligence dans un téléfilm controversé
AFP , AP
Édition du lundi 11 septembre 2006
Le président George W. Bush a lancé hier les commémorations des attentats du 11-Septembre, un anniversaire marqué par la division sur la guerre en Irak, la cavale d'Oussama ben Laden et la sortie d'un téléfilm controversé dépeignant une administration Clinton négligente devant le danger représenté par celui-ci.
Non loin de Ground Zero, où le président Bush a lancé hier les commémorations des attentats du 11-Septembre, des dizaines de manifestants ont protesté contre la politique de son administration et la guerre en Irak, signe de la division qui a remplacé l’union nationale d’il y a cinq ans.
Agence France-Presse
Washington -- Un téléfilm américain dépeignant une administration Clinton négligente devant le danger représenté par Oussama ben Laden a déclenché ce week-end une polémique d'autant plus forte qu'il est diffusé en pleine commémoration du 5e anniversaire du 11-Septembre.
Le téléfilm Le Chemin vers le 9/11 (The Path to 9/11) accuse l'ancienne secrétaire d'État Madeleine Albright et d'autres hauts responsables de l'administration Clinton de ne pas avoir pris toutes les mesures nécessaires pour capturer le chef du réseau al-Qaïda, le laissant planifier les attentats du 11 septembre 2001 qui ont fait près de 3000 morts.
Avant même sa diffusion, hier soir et aujourd'hui, des proches de l'ancien président démocrate (1993-2001), des historiens et des hommes politiques ont fait chorus pour le dénoncer, demandant soit qu'il soit corrigé, soit que la chaîne de télévision ABC renonce à le diffuser. Selon des proches de Clinton, ce téléfilm contient des «scènes inventées» trahissant l'histoire.
La chaîne ABC, appartenant au groupe Walt Disney, n'a pas réagi, bien que le p.-d.g du groupe, Robert Iger, ait reçu plusieurs lettres lui demandant de déprogrammer le film.
Le téléfilm est présenté par ABC comme «une adaptation mais non comme un documentaire, s'inspirant de nombreuses sources, dont la commission d'enquête sur le 11-Septembre, des interviews et des informations publiées. Comme dans tout téléfilm, ce film contient aussi des scènes de fiction et présente des personnages et des dialogues qui ont été redéfinis».
Dans une lettre publiée sur un blogue américain influent TPM Cafe, Bruce Lindsey et Douglas Band, respectivement président exécutif de la fondation Clinton et avocat de l'ancien président, dénoncent un film «totalement erroné», donnant selon eux aux téléspectateurs une fausse impression des événements.
À deux mois d'élections parlementaires très indécises, qui se jouent largement sur le thème de la sécurité, la polémique mobilise très fortement l'opposition démocrate. «ABC ne devrait pas diffuser une distorsion de l'histoire», a souligné le président du Parti démocrate, Howard Dean.
Neuf historiens influents ont également dénoncé ce téléfilm dans une lettre à ABC. «Diffuser ces mensonges, en lien avec l'événement historique le plus traumatisant de notre époque, serait un très mauvais service à rendre au public», soulignent-ils dans une missive également lisible sur TPM Cafe.
Critiques
Profitant de cette polémique, le président américain George W. Bush a lancé hier les commémorations des attentats du 11-Septembre en déposant dans un silence chargé d'émotion deux gerbes à la mémoire des victimes, là où se dressaient à New York les deux tours du World Trade Center il y a cinq ans.
Non loin de la cérémonie, des dizaines de manifestants protestaient contre la politique de M. Bush et la guerre en Irak, signe de la division qui a remplacé l'union nationale d'il y a cinq ans. Les détracteurs de George Bush lui reprochent aujourd'hui de rendre les États-Unis plus vulnérables à de nouvelles attaques, notamment en exacerbant l'anti-américanisme dans le monde arabo-musulman.
Des membres de son administration ont tenu hier à défendre leur choix, répétant que le régime de l'ancien président Saddam Hussein et le réseau terroriste al-Qaïda entretenaient bel et bien des relations, même si rien n'indique que l'Irak se soit directement mêlé des attentats du 11-Septembre.
Invités des émissions politiques dominicales à la veille du 5e anniversaire des attentats contre New York et Washington, la secrétaire d'État Condoleezza Rice et le vice-président Richard Cheney se sont abrités derrière un rapport de l'ancien chef de la CIA George Tenet pour minimiser les révélations d'un rapport parlementaire publié vendredi, qui a démonté une à une les justifications de la guerre en Irak.
À entendre M. Tenet, à l'époque, «il y avait des liens entre al-Qaïda et Saddam Hussein depuis une dizaine d'années», a assuré la chef de la diplomatie américaine sur la chaîne de télévision Fox.
«Nous savons que [le leader d'al-Qaïda en Irak Abou Moussab] al-Zarqaoui dirigeait un réseau d'empoisonneurs en Irak», a poursuivi Mme Rice. «Nous savons que Zarqaoui a donné, depuis l'Irak, l'ordre d'assassiner un diplomate américain en Jordanie.»
En fait, un rapport sénatorial publié vendredi explique que Saddam Hussein avait une profonde méfiance pour les extrémistes islamistes en général, et le réseau d'Oussama ben Laden en particulier, «refusant toutes les demandes d'al-Qaïda pour une aide matérielle ou opérationnelle».
Même avant la guerre, en juin 2002 puis en janvier 2003, la CIA estimait que «les liens entre Saddam et ben Laden ressemblent beaucoup à ceux entre services de renseignements rivaux, chacun essayant d'exploiter l'autre à son avantage», et que «Saddam considère les extrémistes islamiques opérant en Irak comme une menace», explique le rapport.
L'administration Clinton est accusée de négligence dans un téléfilm controversé
AFP , AP
Édition du lundi 11 septembre 2006
Le président George W. Bush a lancé hier les commémorations des attentats du 11-Septembre, un anniversaire marqué par la division sur la guerre en Irak, la cavale d'Oussama ben Laden et la sortie d'un téléfilm controversé dépeignant une administration Clinton négligente devant le danger représenté par celui-ci.
Non loin de Ground Zero, où le président Bush a lancé hier les commémorations des attentats du 11-Septembre, des dizaines de manifestants ont protesté contre la politique de son administration et la guerre en Irak, signe de la division qui a remplacé l’union nationale d’il y a cinq ans.
Agence France-Presse
Washington -- Un téléfilm américain dépeignant une administration Clinton négligente devant le danger représenté par Oussama ben Laden a déclenché ce week-end une polémique d'autant plus forte qu'il est diffusé en pleine commémoration du 5e anniversaire du 11-Septembre.
Le téléfilm Le Chemin vers le 9/11 (The Path to 9/11) accuse l'ancienne secrétaire d'État Madeleine Albright et d'autres hauts responsables de l'administration Clinton de ne pas avoir pris toutes les mesures nécessaires pour capturer le chef du réseau al-Qaïda, le laissant planifier les attentats du 11 septembre 2001 qui ont fait près de 3000 morts.
Avant même sa diffusion, hier soir et aujourd'hui, des proches de l'ancien président démocrate (1993-2001), des historiens et des hommes politiques ont fait chorus pour le dénoncer, demandant soit qu'il soit corrigé, soit que la chaîne de télévision ABC renonce à le diffuser. Selon des proches de Clinton, ce téléfilm contient des «scènes inventées» trahissant l'histoire.
La chaîne ABC, appartenant au groupe Walt Disney, n'a pas réagi, bien que le p.-d.g du groupe, Robert Iger, ait reçu plusieurs lettres lui demandant de déprogrammer le film.
Le téléfilm est présenté par ABC comme «une adaptation mais non comme un documentaire, s'inspirant de nombreuses sources, dont la commission d'enquête sur le 11-Septembre, des interviews et des informations publiées. Comme dans tout téléfilm, ce film contient aussi des scènes de fiction et présente des personnages et des dialogues qui ont été redéfinis».
Dans une lettre publiée sur un blogue américain influent TPM Cafe, Bruce Lindsey et Douglas Band, respectivement président exécutif de la fondation Clinton et avocat de l'ancien président, dénoncent un film «totalement erroné», donnant selon eux aux téléspectateurs une fausse impression des événements.
À deux mois d'élections parlementaires très indécises, qui se jouent largement sur le thème de la sécurité, la polémique mobilise très fortement l'opposition démocrate. «ABC ne devrait pas diffuser une distorsion de l'histoire», a souligné le président du Parti démocrate, Howard Dean.
Neuf historiens influents ont également dénoncé ce téléfilm dans une lettre à ABC. «Diffuser ces mensonges, en lien avec l'événement historique le plus traumatisant de notre époque, serait un très mauvais service à rendre au public», soulignent-ils dans une missive également lisible sur TPM Cafe.
Critiques
Profitant de cette polémique, le président américain George W. Bush a lancé hier les commémorations des attentats du 11-Septembre en déposant dans un silence chargé d'émotion deux gerbes à la mémoire des victimes, là où se dressaient à New York les deux tours du World Trade Center il y a cinq ans.
Non loin de la cérémonie, des dizaines de manifestants protestaient contre la politique de M. Bush et la guerre en Irak, signe de la division qui a remplacé l'union nationale d'il y a cinq ans. Les détracteurs de George Bush lui reprochent aujourd'hui de rendre les États-Unis plus vulnérables à de nouvelles attaques, notamment en exacerbant l'anti-américanisme dans le monde arabo-musulman.
Des membres de son administration ont tenu hier à défendre leur choix, répétant que le régime de l'ancien président Saddam Hussein et le réseau terroriste al-Qaïda entretenaient bel et bien des relations, même si rien n'indique que l'Irak se soit directement mêlé des attentats du 11-Septembre.
Invités des émissions politiques dominicales à la veille du 5e anniversaire des attentats contre New York et Washington, la secrétaire d'État Condoleezza Rice et le vice-président Richard Cheney se sont abrités derrière un rapport de l'ancien chef de la CIA George Tenet pour minimiser les révélations d'un rapport parlementaire publié vendredi, qui a démonté une à une les justifications de la guerre en Irak.
À entendre M. Tenet, à l'époque, «il y avait des liens entre al-Qaïda et Saddam Hussein depuis une dizaine d'années», a assuré la chef de la diplomatie américaine sur la chaîne de télévision Fox.
«Nous savons que [le leader d'al-Qaïda en Irak Abou Moussab] al-Zarqaoui dirigeait un réseau d'empoisonneurs en Irak», a poursuivi Mme Rice. «Nous savons que Zarqaoui a donné, depuis l'Irak, l'ordre d'assassiner un diplomate américain en Jordanie.»
En fait, un rapport sénatorial publié vendredi explique que Saddam Hussein avait une profonde méfiance pour les extrémistes islamistes en général, et le réseau d'Oussama ben Laden en particulier, «refusant toutes les demandes d'al-Qaïda pour une aide matérielle ou opérationnelle».
Même avant la guerre, en juin 2002 puis en janvier 2003, la CIA estimait que «les liens entre Saddam et ben Laden ressemblent beaucoup à ceux entre services de renseignements rivaux, chacun essayant d'exploiter l'autre à son avantage», et que «Saddam considère les extrémistes islamiques opérant en Irak comme une menace», explique le rapport.