Publié : mer. janv. 11, 2006 4:29 am
Option Canada: Charest riposte
«Boisclair m'aurait accusé d'être complice [...] C'est faux, c'est malhonnête»
Robert Dutrisac, Clairandrée Cauchy
Édition du mercredi 11 janvier 2006
Jean Charest a choisi la contre-attaque pour répondre aux dernières révélations sur Option Canada. Le premier ministre a fustigé André Boisclair, à qui il reproche d'avoir insinué qu'il avait été le complice de cette entité fédéraliste dont il dit ne rien connaître, pas même s'il s'agit d'un organisme occulte ou non.
En conférence de presse à Montréal hier, le chef du Parti québécois André Boisclair a déclaré que le camp du NON n’avait pas gagné le référendum de 1995 de façon honorable, des propos qui ont piqué le premier ministre Jean Charest.
«Je suis plutôt déçu, pour ne pas dire choqué, de l'attitude, entre autres, d'André Boisclair, qui m'aurait accusé d'être complice d'actions -- toujours des allégations dans le cas d'Option Canada -- alors que c'est totalement faux», a déclaré Jean Charest à l'issue d'une réunion du conseil des ministres. Selon lui, les accusations du chef du Parti québécois sont malveillantes et malhonnêtes.
Le chef libéral a mis en garde tous ceux qui seraient tentés de tirer des conclusions sur ce qu'il considère comme des allégations qui ne sont pas encore prouvées. «Ce qui m'inquiète, c'est qu'il y ait des accusations de faites comme ça, par association, en vrac, en bloc, alors qu'on devrait donner l'occasion aux gens de s'expliquer», estime-t-il.
M. Charest s'en remet aux trois enquêtes qui porteront sur Option Canada : celle de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), celle de la vérificatrice générale du Canada et celle du Directeur général des élections (DGE) du Québec. Le premier ministre n'a pas l'intention de réclamer une enquête publique : c'est au DGE de choisir le type d'enquête qu'il entend mener, a-t-il précisé.
Moins de deux heures plus tôt, le chef du PQ s'était fait un malin plaisir de tourner le fer dans la plaie des fédéralistes, et plus particulièrement de son adversaire Jean Charest.
Le chef péquiste a sommé Jean Charest de dire ce qu'il savait d'Option Canada à l'époque du référendum de 1995 et d'appuyer l'idée d'une enquête publique du DGE.
Soulignant le rôle «déterminant» de Jean Charest en 1995, qui était alors chef du Parti conservateur et vice-président du comité du NON, M. Boisclair a insinué que, si les faits avaient été connus avant le délai de prescrïption, ce dernier aurait pu être déclaré coupable d'une infraction à la loi référendaire. «Il est clair que le vice-président du comité du NON aurait été interpellé, convoqué par le DGE pour rendre compte de ses gestes, pour savoir ce qu'il savait et de quelle façon il s'était comporté», a affirmé M. Boisclair, après avoir cité un article de la loi.
Le chef péquiste a mis en doute la légitimité de la victoire du NON en 1995. «Contrairement à ce que les ténors du NON ont toujours affirmé, il faut dire de façon claire que le camp du NON n'a pas gagné de façon honorable le dernier référendum de 1995», a déclaré André Boisclair en reprenant à son compte les propos de Jacques Parizeau sur «l'argent».
Ces propos ont piqué Jean Charest. Option Canada ou pas, les résultats du référendum de 1995 auraient été les mêmes. «Ce qui me choque, c'est d'entendre des gens qui prétendent que le référendum de 1995 aurait été volé», a-t-il dit, en indiquant que près de 94 % des électeurs inscrits avaient alors exercé leur droit de vote.
Jean Charest a affirmé qu'il n'avait pas été consulté au sujet de la création d'Option Canada, dont il ne connaissait pas l'existence à cette époque. Il a rappelé qu'en 1995, il était chef d'un parti -- le Parti progressiste conservateur -- qui ne comptait que deux députés. «Racontons-nous pas d'histoires : ce n'était pas moi qui prenais les décisions», a-t-il dit.
Dans le livre Les Secrets d'Option Canada qui vient de paraître, les auteurs, Normand Lester et Robin Philpot, allèguent qu'à titre de vice-président du comité du NON, M. Charest devait connaître l'existence d'Option Canada et son rôle. Cet organisme occulte a permis d'injecter secrètement plus de trois millions dans la campagne du NON, bafouant ainsi la Loi électorale du Québec Le premier ministre réfute les allégations le visant : il a appris l'existence de cet organisme comme tout le monde, par la voie des journaux. «Est-ce que c'était secret ou ça ne l'était pas ? Je ne le sais même pas», a dit M. Charest.
Son chef de cabinet en 1998, Alfred Pilon, qui a été directeur général du Conseil de l'unité canadienne (CUC), un organisme qui gérait les fonds d'Option Canada, selon MM. Lester et Philpot, ne lui a jamais parlé de cette entité occulte, ni Louis Pichette, un aide de camp qui aurait été rétribué par Option Canada, a soutenu M. Charest.
Dans les prochains jours, le ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, Benoît Pelletier, doit rencontrer le chef de poste au bureau du Québec à Toronto, Jocelyn L. Beaudoin, directeur général du CUC pendant 35 ans. Les documents obtenus par MM. Lester et Philpot montrent que celui-ci était au centre des activités d'Option Canada pendant la campagne référendaire. Or, dans une lettre envoyée au ministre en décembre 2004, M. Beaudoin avait affirmé n'avoir pris aucune part aux activités d'Option Canada.
Pour André Boisclair, il ne fait aucun doute qu'il existait un lien étroit entre le PLQ et Option Canada. Le chef péquiste a exhibé des documents du DGE montrant qu'un avocat du PLQ conseillait les membres de l'organisme lorsqu'ils avaient été rencontrés en 1997 (avant l'abandon de l'enquête en raison des documents manquants). «La démonstration est faite qu'il y a une filiation hors de tout doute entre le PLQ et Option Canada. Les gens du PLQ ne peuvent pas prétendre qu'ils ne savaient pas. Et s'ils le prétendent et le maintiennent, ils font preuve d'un aveuglement grave», a fait valoir M. Boisclair.
Les péquistes croient que la nomination en 2004 de M. Beaudoin à Toronto est une manifestation de cette filiation. «M. Pelletier doit sur-le-champ relever de ses fonctions M. Beaudoin. Il n'est plus digne de représenter le Québec», a lancé le porte-parole péquiste en matière d'affaires intergouvernementales, Jonathan Valois.
Le cabinet de Jean Charest avait aussi proposé, en 2004, la nomination à la Commission de l'accès à l'information d'un haut fonctionnaire fédéral responsable du programme des langues officielles, Lyette Doré, qui aurait acheminé la subvention de 4,8 millions à Option Canada, a rappelé M. Valois.
Finalement, ce dernier a relevé la présence au cabinet du premier ministre Charest de Michel Guitard, dont les services ont été payés par Option Canada qund il était au Groupe Everest.
«Cela commence à faire pas mal de monde qui ont les deux mains dedans autour de Jean Charest», a argué André Boisclair en dénonçant le «complot du gouvernement fédéral et des forces fédéralistes pour violer sciemment la loi québécoise».
Le nouveau chef du PQ a taillé en pièces la principale ligne de défense des libéraux fédéraux, qui assimile le financement octroyé par Patrimoine Canada à OC aux sommes dépensées en précampagne référendaire par le gouvernement du Québec, notamment pour l'organisation de la Commission sur l'avenir du Québec. «C'est aussi absurde, la défense que nous propose M. Lapierre, que si moi aujourd'hui j'évoquais les coûts de Bélanger-Campeau, de Spicer et des nombreuses autres commissions qui se sont faites pour parler de notre avenir. D'associer ce genre de démarche transparente, démocratique, dans le respect des règles de financement public au financement d'une cellule secrète des forces fédéralistes, cela ne tient pas debout», a déclaré M. Boisclair.
Par ailleurs, le ministre de l'Éducation, du Sport et du Loisir, Jean-Marc Fournier, a ridiculisé hier l'accusation dont il fait l'objet dans le livre de MM. Lester et Philpot.
On mentionne qu'il fait partie d'un groupe de personnalités qui «ont profité du fait qu'il restait des largesses du ministère du Patrimoine à aller chercher par le truchement d'Option Canada, en 1996 et en 1997». M. Fournier a fait un voyage à Halifax en février 1997, toutes dépenses payées par Option Canada, pour aller y présenter la position constitutionnelle du PLQ. Selon le ministre, la thèse des auteurs -- soit que l'argent d'une caisse occulte a pu servir à influencer des votes en 1995 -- ne peut s'appliquer à lui puisque le voyage qu'on lui reproche a eu lieu deux ans après le référendum : «Je me demande encore aujourd'hui combien de votes on a pu faire changer en 1995 avec ce voyage de 1997.»
M. Fournier a signalé qu'il faisait affaire avec le CUC et qu'il n'avait pas trouvé étrange d'être payé par Option Canada.
Avec la collaboration d'Antoine Robitaille
«Boisclair m'aurait accusé d'être complice [...] C'est faux, c'est malhonnête»
Robert Dutrisac, Clairandrée Cauchy
Édition du mercredi 11 janvier 2006
Jean Charest a choisi la contre-attaque pour répondre aux dernières révélations sur Option Canada. Le premier ministre a fustigé André Boisclair, à qui il reproche d'avoir insinué qu'il avait été le complice de cette entité fédéraliste dont il dit ne rien connaître, pas même s'il s'agit d'un organisme occulte ou non.
En conférence de presse à Montréal hier, le chef du Parti québécois André Boisclair a déclaré que le camp du NON n’avait pas gagné le référendum de 1995 de façon honorable, des propos qui ont piqué le premier ministre Jean Charest.
«Je suis plutôt déçu, pour ne pas dire choqué, de l'attitude, entre autres, d'André Boisclair, qui m'aurait accusé d'être complice d'actions -- toujours des allégations dans le cas d'Option Canada -- alors que c'est totalement faux», a déclaré Jean Charest à l'issue d'une réunion du conseil des ministres. Selon lui, les accusations du chef du Parti québécois sont malveillantes et malhonnêtes.
Le chef libéral a mis en garde tous ceux qui seraient tentés de tirer des conclusions sur ce qu'il considère comme des allégations qui ne sont pas encore prouvées. «Ce qui m'inquiète, c'est qu'il y ait des accusations de faites comme ça, par association, en vrac, en bloc, alors qu'on devrait donner l'occasion aux gens de s'expliquer», estime-t-il.
M. Charest s'en remet aux trois enquêtes qui porteront sur Option Canada : celle de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), celle de la vérificatrice générale du Canada et celle du Directeur général des élections (DGE) du Québec. Le premier ministre n'a pas l'intention de réclamer une enquête publique : c'est au DGE de choisir le type d'enquête qu'il entend mener, a-t-il précisé.
Moins de deux heures plus tôt, le chef du PQ s'était fait un malin plaisir de tourner le fer dans la plaie des fédéralistes, et plus particulièrement de son adversaire Jean Charest.
Le chef péquiste a sommé Jean Charest de dire ce qu'il savait d'Option Canada à l'époque du référendum de 1995 et d'appuyer l'idée d'une enquête publique du DGE.
Soulignant le rôle «déterminant» de Jean Charest en 1995, qui était alors chef du Parti conservateur et vice-président du comité du NON, M. Boisclair a insinué que, si les faits avaient été connus avant le délai de prescrïption, ce dernier aurait pu être déclaré coupable d'une infraction à la loi référendaire. «Il est clair que le vice-président du comité du NON aurait été interpellé, convoqué par le DGE pour rendre compte de ses gestes, pour savoir ce qu'il savait et de quelle façon il s'était comporté», a affirmé M. Boisclair, après avoir cité un article de la loi.
Le chef péquiste a mis en doute la légitimité de la victoire du NON en 1995. «Contrairement à ce que les ténors du NON ont toujours affirmé, il faut dire de façon claire que le camp du NON n'a pas gagné de façon honorable le dernier référendum de 1995», a déclaré André Boisclair en reprenant à son compte les propos de Jacques Parizeau sur «l'argent».
Ces propos ont piqué Jean Charest. Option Canada ou pas, les résultats du référendum de 1995 auraient été les mêmes. «Ce qui me choque, c'est d'entendre des gens qui prétendent que le référendum de 1995 aurait été volé», a-t-il dit, en indiquant que près de 94 % des électeurs inscrits avaient alors exercé leur droit de vote.
Jean Charest a affirmé qu'il n'avait pas été consulté au sujet de la création d'Option Canada, dont il ne connaissait pas l'existence à cette époque. Il a rappelé qu'en 1995, il était chef d'un parti -- le Parti progressiste conservateur -- qui ne comptait que deux députés. «Racontons-nous pas d'histoires : ce n'était pas moi qui prenais les décisions», a-t-il dit.
Dans le livre Les Secrets d'Option Canada qui vient de paraître, les auteurs, Normand Lester et Robin Philpot, allèguent qu'à titre de vice-président du comité du NON, M. Charest devait connaître l'existence d'Option Canada et son rôle. Cet organisme occulte a permis d'injecter secrètement plus de trois millions dans la campagne du NON, bafouant ainsi la Loi électorale du Québec Le premier ministre réfute les allégations le visant : il a appris l'existence de cet organisme comme tout le monde, par la voie des journaux. «Est-ce que c'était secret ou ça ne l'était pas ? Je ne le sais même pas», a dit M. Charest.
Son chef de cabinet en 1998, Alfred Pilon, qui a été directeur général du Conseil de l'unité canadienne (CUC), un organisme qui gérait les fonds d'Option Canada, selon MM. Lester et Philpot, ne lui a jamais parlé de cette entité occulte, ni Louis Pichette, un aide de camp qui aurait été rétribué par Option Canada, a soutenu M. Charest.
Dans les prochains jours, le ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, Benoît Pelletier, doit rencontrer le chef de poste au bureau du Québec à Toronto, Jocelyn L. Beaudoin, directeur général du CUC pendant 35 ans. Les documents obtenus par MM. Lester et Philpot montrent que celui-ci était au centre des activités d'Option Canada pendant la campagne référendaire. Or, dans une lettre envoyée au ministre en décembre 2004, M. Beaudoin avait affirmé n'avoir pris aucune part aux activités d'Option Canada.
Pour André Boisclair, il ne fait aucun doute qu'il existait un lien étroit entre le PLQ et Option Canada. Le chef péquiste a exhibé des documents du DGE montrant qu'un avocat du PLQ conseillait les membres de l'organisme lorsqu'ils avaient été rencontrés en 1997 (avant l'abandon de l'enquête en raison des documents manquants). «La démonstration est faite qu'il y a une filiation hors de tout doute entre le PLQ et Option Canada. Les gens du PLQ ne peuvent pas prétendre qu'ils ne savaient pas. Et s'ils le prétendent et le maintiennent, ils font preuve d'un aveuglement grave», a fait valoir M. Boisclair.
Les péquistes croient que la nomination en 2004 de M. Beaudoin à Toronto est une manifestation de cette filiation. «M. Pelletier doit sur-le-champ relever de ses fonctions M. Beaudoin. Il n'est plus digne de représenter le Québec», a lancé le porte-parole péquiste en matière d'affaires intergouvernementales, Jonathan Valois.
Le cabinet de Jean Charest avait aussi proposé, en 2004, la nomination à la Commission de l'accès à l'information d'un haut fonctionnaire fédéral responsable du programme des langues officielles, Lyette Doré, qui aurait acheminé la subvention de 4,8 millions à Option Canada, a rappelé M. Valois.
Finalement, ce dernier a relevé la présence au cabinet du premier ministre Charest de Michel Guitard, dont les services ont été payés par Option Canada qund il était au Groupe Everest.
«Cela commence à faire pas mal de monde qui ont les deux mains dedans autour de Jean Charest», a argué André Boisclair en dénonçant le «complot du gouvernement fédéral et des forces fédéralistes pour violer sciemment la loi québécoise».
Le nouveau chef du PQ a taillé en pièces la principale ligne de défense des libéraux fédéraux, qui assimile le financement octroyé par Patrimoine Canada à OC aux sommes dépensées en précampagne référendaire par le gouvernement du Québec, notamment pour l'organisation de la Commission sur l'avenir du Québec. «C'est aussi absurde, la défense que nous propose M. Lapierre, que si moi aujourd'hui j'évoquais les coûts de Bélanger-Campeau, de Spicer et des nombreuses autres commissions qui se sont faites pour parler de notre avenir. D'associer ce genre de démarche transparente, démocratique, dans le respect des règles de financement public au financement d'une cellule secrète des forces fédéralistes, cela ne tient pas debout», a déclaré M. Boisclair.
Par ailleurs, le ministre de l'Éducation, du Sport et du Loisir, Jean-Marc Fournier, a ridiculisé hier l'accusation dont il fait l'objet dans le livre de MM. Lester et Philpot.
On mentionne qu'il fait partie d'un groupe de personnalités qui «ont profité du fait qu'il restait des largesses du ministère du Patrimoine à aller chercher par le truchement d'Option Canada, en 1996 et en 1997». M. Fournier a fait un voyage à Halifax en février 1997, toutes dépenses payées par Option Canada, pour aller y présenter la position constitutionnelle du PLQ. Selon le ministre, la thèse des auteurs -- soit que l'argent d'une caisse occulte a pu servir à influencer des votes en 1995 -- ne peut s'appliquer à lui puisque le voyage qu'on lui reproche a eu lieu deux ans après le référendum : «Je me demande encore aujourd'hui combien de votes on a pu faire changer en 1995 avec ce voyage de 1997.»
M. Fournier a signalé qu'il faisait affaire avec le CUC et qu'il n'avait pas trouvé étrange d'être payé par Option Canada.
Avec la collaboration d'Antoine Robitaille