26 Août 2010 08:01 am,
Richard Martineau
Seul maître à bord
Un lecteur, Martin Forgues (qui tient
ce blogue), m’a fait part d’une réflexion très intéressante, hier, concernant la commission Bastarache.
UN PM TROP PUISSANT
« Je crois qu’il faut se questionner sur les sacro-saintes règles de la commission, écrit-il. Elles en disent long sur les pouvoirs du Premier Ministre.
« Aux États-Unis, le Président est considéré comme l'homme le plus puissant de la planète. Pourtant, son pouvoir — immense — est subordonné par la Constitution à celui du peuple, représenté par le Congrès et spécialement sa puissante chambre haute : le Sénat.
« De ce fait, aucun Président américain ne pourrait se substituer à une Commission sénatoriale, et encore moins en définir les règles.
« Or, quelle situation retrouve-t-on à Santo Quebeco ? Un Premier Ministre PROVINCIAL qui a le pouvoir de refuser une Commission d'enquête pouvant potentiellement l'incriminer, et celui de faire définir les règles d'une autre Commission d'enquête pouvant potentiellement établir qu'il est le pantin des argentiers de son parti.
« Est-on en droit de se poser des questions sur la balance du pouvoir dans un système parlementaire ? »
PAS DE COMPTE À RENDRE
Maudite bonne question, non ?
Car soyons sérieux, ce qui se passe au Québec est hallucinant…
Tout le monde veut une Commission d’enquête élargie sur le milieu de la construction et le financement des partis politiques, mais il suffit que le Premier ministre soit contre pour que la machine bloque.
Chez nos voisins du sud, ce serait impensable. Les représentants des autres niveaux de pouvoir exerceraient une pression et feraient plier le chef de l’État. Regardez ce qui s’est passé avec Nixon…
Mais ici, non. Le Premier ministre est le seul maître à bord, et n’a de compte à rendre à personne.
Non seulement Jean Charest a-t-il les deux mains sur le volant (gracieuseté de l’électorat québécois qui lui a donné un mandat majoritaire), mais il est tout seul dans le char et se fout carrément des panneaux de signalisation.
POUVOIR DISCRÉTIONNAIRE
Au Québec, quand tu es à la tête d’un gouvernement majoritaire, tu peux faire à peu près tout ce que tu veux.
Le fameux système américain de « Checks and Balances » est à peu près inexistant.
Au Canada, c’est encore pire. En plus de nommer tous les ministres de son cabinet, le premier ministre du Canada nomme les juges à la Cour Suprême, les membres du Sénat, les directeurs des sociétés de la Couronne (Banque du Canada, Radio-Canada, etc.), les ambassadeurs, le gouverneur général…
Aucun autre leader d’un pays démocratique n’a autant de pouvoir.
Comme l’a déjà écrit un journaliste du National Post : « Louis XVI se sentirait chez lui à la Chambre des communes… »
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