Français
Échec massif des futurs profs
Sébastien Ménard
Journal de Montréal
12/10/2010 04h50
Les futurs enseignants formés dans nos universités continuent d'échouer massivement au test de français donnant accès à la profession, une situation qui révèle de sérieuses lacunes dans les notions qu'on leur a inculquées à l'école secondaire et au cégep, estiment plusieurs observateurs.
À l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), pas moins de 71 % des étudiants qui se sont présentés au Test de certification en français écrit pour l'enseignement (TECFÉE), en mai dernier, y ont échoué.
C'était la première fois que ces étudiants passaient ce fameux test, qui a été implanté en 2008 dans toutes les universités de la province. Le taux de réussite s'améliore cependant au fur et à mesure que les futurs profs bénéficient de cours d'appoint et d'examens de reprise.
«C'est très inquiétant»
Le porte-parole de l'UQAT, Bernard Pelletier, croit que la piètre performance des étudiants à ce test révèle des lacunes dans les notions de français qu'on leur a inculquées avant leur entrée à l'université.
«C'est sûr qu'il y a une déficience, dit-il. Nous, on a les étudiants qui nous arrivent.»
Les données obtenues par le Journal démontrent que d'autres universités sont aux prises avec des taux d'échec comparables à celui de l'UQAT.
À l'Université du Québec en Outaouais, par exemple, moins du tiers des étudiants qui se sont présentés à l'épreuve, en avril dernier, l'ont réussie. «C'est très inquiétant, ce qui se passe, confie le vice-recteur Denis Dubé. Les compétences en français des étudiants qui nous arrivent laissent à désirer plus souvent qu'autrement», déplore-t-il.
Le portrait est un peu plus rose à l'Université Laval, de Québec, mais pas dans tous les programmes.
Les étudiants qui se destinent à l'enseignement de l'éducation physique ou des arts, notamment, ont majoritairement coulé ce test, en juin dernier.
Dans la plupart des cas, il s'agissait d'un examen de reprise.
«Souvent, dans ces secteurs-là, les étudiants voient moins la pertinence [d'un test de français]», dit le doyen de la Faculté des sciences de l'éducation, Marcel Monette.
À son avis, ce n'est pas l'école secondaire ou le cégep qu'il faut blâmer, pour expliquer cette situation, mais bien l'ensemble
de la société. «Pour que les gens en arrivent à accorder de l'importance à la maîtrise de langue, ça se passe dans la société et ça se passe dans les médias», lance-t-il.
UdeM
Il y a quelques semaines, quatre étudiants sur dix ont échoué au TECFÉE, à l'Université de Montréal.
«Je me serais attendue à pire. On est plutôt contents du fait que le taux de réussite soit à plus de la moitié», dit Pascale Lefrançois, vice-doyenne aux études de 1er cycle.
Elle fait valoir que ce test est plus difficile que ce à quoi les étudiants ont pu être habitués auparavant. «Ce qu'on attend des futurs enseignants est plus élevé que ce qu'on attend des finissants du secondaire », explique Mme Lefrançois.
Faibles taux de réussite
Voici les taux de réussite observés au TECFÉE dans quelques universités, lors de la plus récente passation du test :
* Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, mai 2010: 29%
* Université du Québec à Chicoutimi, juin 2010: 29%
* Université du Québec en Outaouais, avril 2010: 32%
* Université de Montréal, août 2010: 57%
(* : Taux pour les 41 étudiants qui ont fait le test au complet.)
Des programmes moins forts que d'autres
L'Université Laval a détaillé les résultats pour chacun de ses programmes d'enseignement, à l'été 2010. Voici ceux pour lesquels les résultats sont les plus faibles.
Musique : 33 % de réussite
Éducation physique : 38,1 % de réussite
Arts plastiques : 50 % de réussite
Sciences et technologie : 56,3 %
Enseignement préscolaire et primaire : 60,3 %
Un test en deux volets
* Pour réussir le TECFÉE, l'étudiant doit obtenir au moins 70 % dans les deux volets du test, la rédaction et le «code linguistique.»
* Le volet «rédaction» consiste en l'écriture d'un texte d'opinion de 350 mots. L'organisation du texte compte pour 40 % de la note, alors que le «fonctionnement de la langue» correspond à 60 % de l'évaluation.
* Le volet «code linguistique» est basé sur un questionnaire comportant 60 questions à choix multiples.
* Les étudiants ont droit à un maximum de trois reprises, pour réussir le ou les volets qu'ils ont échoués. À défaut d'y arriver, ils ne peuvent pas obtenir leur brevet.
Avec la collaboration de Serge Laplante, notre recherchiste à l'Assemblée nationale.
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