Excellente chronique de Pierre Foglia :
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Si on résume, M. Couillard ne veut pas d'un référendum qu'il gagnerait. Mme Marois ne veut pas d'un référendum qu'elle perdrait. Et les Québécois ne veulent pas d'un référendum qui les renverrait à une question douloureuse: le Québec est-il un pays?
En tout cas, si c'est un pays, c'est un drôle de pays. Un pays qui ne veut pas en être un, mais qui a voté quand même la dernière fois pour une première ministre qui parlait d'en faire un. Un pays dont on se demande parfois s'il sait seulement ce qu'est un pays.
Qu'est-ce qu'un pays? Oubliez les racines, le sang, la culture, la langue, même de coeur. Ne pas mêler le coeur à ça. Il ne sert à rien de dire, par exemple: un pays, c'est cet endroit auquel on est lié par le coeur, roulement de tambour.
Qu'est-ce qu'un pays? Si on ne veut pas se le demander jusqu'à demain matin, il faut être pratique, prendre un modèle pas trop compliqué, pas le Kosovo donc, tiens, disons le Danemark. Pourquoi le Danemark, ce n'est pas l'Allemagne qui continue? Pourquoi à un moment donné il y a une ligne et au-dessus, ce n'est plus l'Allemagne? Pourquoi le Danemark n'est pas l'Allemagne?
Parce que.
Pourquoi le Québec n'est pas le Canada?
Parce que.
Je suggère que la prochaine question référendaire porte sur le Danemark. Le Danemark est-il un pays?
Oui (alors le Québec aussi).
Non (alors le Québec non plus).
Si on résume, M. Couillard ne veut pas entendre parler de référendum, mais il ne parle que de ça. Mme Marois ne sait plus trop si elle veut un référendum, mais c'est sûr, elle veut parler d'autre chose. Et les gens, comme d'habitude, vont voter selon qu'ils sont souverainistes ou fédéralistes, mais chut, faut pas le dire. Dans ce drôle de pays, il y a une ligne qui sépare les gens sur à peu près toutes les questions, politiques bien sûr, linguistiques, culturelles, sociales, sur les valeurs, la laïcité entre autres, sur le vivre-ensemble, mais chut, faut pas parler de la ligne, surtout pas en campagne électorale.
De quoi pourrait-on bien parler, alors?
Des vraies affaires, c't'affaire.
LES VRAIES AFFAIRES - Pour se faire élire, il faut séduire, promettre ceci, cela, notamment de meilleurs services, santé, éducation, routes, etc.
Gouverner, c'est le contraire de séduire, c'est imposer dans tous les sens du mot, c'est mettre le nez du citoyen dans la réalité, lui dire: tu vois, on ne peut pas faire ça, oui, oui, je l'ai promis en campagne électorale, mais je n'avais pas vu l'état des finances.
Si, pendant son court exercice du pouvoir, Mme Marois est revenue sur plusieurs de ses promesses électorales, c'est la faute à ce paradoxe: pour gagner, faut séduire; pour gouverner, faut faire chier.
Deux candidats dans cette campagne électorale parlent pour vrai, des vraies affaires, M. Legault et Mme David.
Parce qu'ils sont plus honnêtes? Parce qu'ils ne se battent pas pour le pouvoir. M. Legault partait de si loin dans les sondages qu'il n'a rien à perdre en jouant la carte rugueuse des vraies, vraies affaires. Mme David est l'envers idéologique de M. Legault, mais partage avec lui le même risque zéro de prendre le pouvoir.
Bref, personne ne parle vraiment des vraies affaires en campagne électorale. Les uns parce qu'ils ont des chances de se faire élire, les autres parce qu'ils n'en ont aucune.
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