Re: Le gas de schiste
Publié : mar. janv. 25, 2011 7:37 pm
Le blogue de Sophie Cousineau
Le Mardi 25 janvier 2011 | Mise en ligne à 16h57
Lucien Bouchard à la rescousse
La nomination de Lucien Bouchard comme nouveau président du conseil d’administration de l’Association pétrolière et gazière du Québec trahit la panique de l’industrie à quelques semaines de décisions politiques qui seront fatidiques pour son avenir.
Jusqu’à vendredi dernier, le gouvernement du Québec n’avait jamais fléchi sous la forte pression de citoyens et de groupes écologiques qui réclament un moratoire sur l’exploitation des gaz de schiste. Et puis est survenue cette brèche du ministre de l’Environnement, Pierre Arcand. Vendredi, le ministre s’est déclaré «extrêmement préoccupé» par la façon par laquelle l’industrie a réalisé ses premiers forages en sol québécois.
Dans un rapport déposé auprès du Bureau d’audiences publiques sur l’Environnement (BAPE), le ministère des Ressources naturelles et de la Faune a découvert que 19 des 31 puits inspectés laissaient des émanations de gaz naturel s’échapper. Au final, seulement huit puits sur 31 étaient conformes à la réglementation en vigueur.
Même si l’industrie a cherché à minimiser l’importance de ces fuites, elles n’étaient pas toutes banales. Talisman Energy a ordonné des travaux pour colmater une fuite à son puits de Leclercville qui se trouvait à 2000 mètres de profondeur.
La volte-face de Pierre Arcand, devant ce rapport que mon collègue Charles Côté avait révélé trois semaines auparavant, semble plus inspirée par des considérations politiques que scientifiques. Informations scientifiques qui font toujours défaut, selon l’Institut national de la santé publique du Québec. Cet institut se dit incapable de se prononcer sur les risques de l’exploitation des gaz de schiste, notamment sur les techniques de fracturation du sol au moyen de puissants jets d’eau mêlés à des produits chimiques.
L’arrivée de Lucien Bouchard ne dissipe en rien ce flou qui sert autant les entreprises qui veulent extraire du gaz que les groupes d’intérêts qui s’y opposent farouchement.
Lucien Bouchard jouit encore d’un immense capital de sympathie auprès des Québécois, même si certaines de ses déclarations récentes en ont froissé certains. Il projette l’image d’un homme qui se soucie du développement économique du Québec au premier chef sans cautionner pour autant la recherche d’un profit rapide.
Mais, toute la rigueur de Lucien Bouchard pourrait se révéler insuffisante pour renverser la vapeur. Les Québécois sont complètement braqués contre cette activité économique qui a brusqué les régions et s’est présentée sous son plus mauvais jour. Et c’est à cette évidence que le ministre Pierre Arcand s’est rendu.
Certaines entreprises l’ont d’ailleurs reconnu. Questerre Energy, de Calgary, vient d’annoncer qu’elle cesse ses travaux d’exploration et de construction d’un pipeline de gaz naturel dans la région de Saint-Édouard, près de Québec. Avant de poursuivre ses travaux, elle attend de prendre connaissance de la réaction du gouvernement libéral, à la suite du dépôt du rapport du BAPE, attendu le 28 février au plus tard.
Dans une entrevue récente au Globe & Mail, un analyste financier à l’emploi de Jennings Capital notait que «toutes les entreprises sont en mode attente».
Une incertitude qui paralyse, cela ressemble pas mal à un moratoire de fait.
P.S. Je profite de ce billet pour offrir mes sympathies à Lucien Bouchard et à ses deux enfants qui viennent de perdre leur mère, Audrey Best.
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Le Mardi 25 janvier 2011 | Mise en ligne à 16h57
Lucien Bouchard à la rescousse
La nomination de Lucien Bouchard comme nouveau président du conseil d’administration de l’Association pétrolière et gazière du Québec trahit la panique de l’industrie à quelques semaines de décisions politiques qui seront fatidiques pour son avenir.
Jusqu’à vendredi dernier, le gouvernement du Québec n’avait jamais fléchi sous la forte pression de citoyens et de groupes écologiques qui réclament un moratoire sur l’exploitation des gaz de schiste. Et puis est survenue cette brèche du ministre de l’Environnement, Pierre Arcand. Vendredi, le ministre s’est déclaré «extrêmement préoccupé» par la façon par laquelle l’industrie a réalisé ses premiers forages en sol québécois.
Dans un rapport déposé auprès du Bureau d’audiences publiques sur l’Environnement (BAPE), le ministère des Ressources naturelles et de la Faune a découvert que 19 des 31 puits inspectés laissaient des émanations de gaz naturel s’échapper. Au final, seulement huit puits sur 31 étaient conformes à la réglementation en vigueur.
Même si l’industrie a cherché à minimiser l’importance de ces fuites, elles n’étaient pas toutes banales. Talisman Energy a ordonné des travaux pour colmater une fuite à son puits de Leclercville qui se trouvait à 2000 mètres de profondeur.
La volte-face de Pierre Arcand, devant ce rapport que mon collègue Charles Côté avait révélé trois semaines auparavant, semble plus inspirée par des considérations politiques que scientifiques. Informations scientifiques qui font toujours défaut, selon l’Institut national de la santé publique du Québec. Cet institut se dit incapable de se prononcer sur les risques de l’exploitation des gaz de schiste, notamment sur les techniques de fracturation du sol au moyen de puissants jets d’eau mêlés à des produits chimiques.
L’arrivée de Lucien Bouchard ne dissipe en rien ce flou qui sert autant les entreprises qui veulent extraire du gaz que les groupes d’intérêts qui s’y opposent farouchement.
Lucien Bouchard jouit encore d’un immense capital de sympathie auprès des Québécois, même si certaines de ses déclarations récentes en ont froissé certains. Il projette l’image d’un homme qui se soucie du développement économique du Québec au premier chef sans cautionner pour autant la recherche d’un profit rapide.
Mais, toute la rigueur de Lucien Bouchard pourrait se révéler insuffisante pour renverser la vapeur. Les Québécois sont complètement braqués contre cette activité économique qui a brusqué les régions et s’est présentée sous son plus mauvais jour. Et c’est à cette évidence que le ministre Pierre Arcand s’est rendu.
Certaines entreprises l’ont d’ailleurs reconnu. Questerre Energy, de Calgary, vient d’annoncer qu’elle cesse ses travaux d’exploration et de construction d’un pipeline de gaz naturel dans la région de Saint-Édouard, près de Québec. Avant de poursuivre ses travaux, elle attend de prendre connaissance de la réaction du gouvernement libéral, à la suite du dépôt du rapport du BAPE, attendu le 28 février au plus tard.
Dans une entrevue récente au Globe & Mail, un analyste financier à l’emploi de Jennings Capital notait que «toutes les entreprises sont en mode attente».
Une incertitude qui paralyse, cela ressemble pas mal à un moratoire de fait.
P.S. Je profite de ce billet pour offrir mes sympathies à Lucien Bouchard et à ses deux enfants qui viennent de perdre leur mère, Audrey Best.
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