Commisison Bastarache
Qui dit vrai ?
Mathieu Turbide
Journal de Montréal
09/09/2010 05h40
Au printemps dernier, en entrevue au Journal de Montréal, Franco Fava a soutenu que c'était lui qui avait proposé le nom de Gérard Bibeau pour le poste de secrétaire général du Conseil exécutif, la plus haute marche dans la fonction publique québécoise.
Hier, devant la commission Bastarache, l'ancien secrétaire général du Conseil exécutif, André Dicaire, est venu contredire le collecteur de fonds du parti libéral. M. Dicaire, qui s'apprêtait à quitter son poste pour des raisons de santé en 2006, a indiqué que c'était lui qui avait fourni le nom de Gérard Bibeau pour lui succéder. André Dicaire dit ne pas connaître Franco Fava.
De deux choses, l'une : soit Franco Fava a vraiment beaucoup d'influence auprès du gouvernement, soit il dit n'importe quoi.
Car si André Dicaire dit vrai et que c'est lui - et non pas Franco Fava - qui a suggéré de nommer Gérard Bibeau au poste de secrétaire général du Conseil exécutif, cela nuira à la crédibilité de Franco Fava. Le coloré collecteur de fonds libéral passera pour un vantard qui joue avec la réalité.
De l'autre côté, si c'est Franco Fava qui a raison, plusieurs questions sérieuses se posent.
Dans le secret des Dieux
La première est la suivante : comment Franco Fava pouvait-il savoir que le secrétaire général du conseil exécutif était sur le point de quitter son poste ?
Pensez-y un peu : la démission d'André Dicaire a été rendue publique le 1er août 2006. La nomination de Gérard Bibeau a été confirmée presque aussitôt, le 7 août 2006, par le Conseil des ministres.
Lorsqu'on sait toute l'importance que revêt la fonction de secrétaire général du Conseil exécutif, il est certain que Gérard Bibeau n'a pas été nommé à la sauvette, entre le 1er et le 7 août. Il va de soi que M. Bibeau, qui était à ce moment-là président de la CSST, a dû être identifié, rencontré et questionné bien avant l'annonce de la démission d'André Dicaire.
Si Franco Fava a bel et bien suggéré le nom de Gérard Bibeau, ou même s'il a seulement été consulté sur son choix, c'est donc dire qu'il était dans le secret des dieux, qu'il savait que M. Dicaire quittait et que son ami Gérard Bibeau était sur les rangs pour lui succéder.
Et, depuis 2006, Franco Fava a continué de suggérer des noms à son ami Gérard Bibeau, le fonctionnaire numéro un de l'État, qui a admis, hier, entretenir des relations «personnelles» avec le militant libéral.
Pas mal pour un simple collecteur de fonds de Québec, qui ne cesse de répéter qu'il n'est «pas si important que ça»
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