Franc-Parler
Un vieux combat?
Richard Martineau
21/10/2010 04h44
Voulez-vous me dire depuis quand la défense du français est devenue un combat d'arrière-garde ? À lire certains commentateurs, l'opposition à la loi 115 est un réflexe frileux, peureux, passéiste. Seuls les collectionneurs de ceintures fléchées ont peur d'élargir l'accès aux écoles anglaises. Les autres, les citoyens modernes qui vivent au XXIe siècle, applaudissent à deux mains cette entaille à la loi 101.
Le mythe du laisser-faire
Pourtant...
Si les immigrants parlent de plus en plus français, s'ils réussissent à s'intégrer et à prendre leur place, s'ils jouent un rôle de plus en plus important dans la construction du Québec moderne, ce n'est pas parce qu'on leur a permis d'étudier dans la langue de leur choix.
C'est parce qu'on a voté une loi les OBLIGEANT à fréquenter l'école française !
Pensez-vous que si on n'avait pas orienté les nouveaux arrivants, ils auraient naturellement opté pour un enseignement en français? Non: ils auraient continué de faire ce qu'ils faisaient avant l'application de la loi 101, ils se seraient tournés vers l'école anglaise.
C'est bien beau, le libre choix, mais quand vous êtes en désavantage numérique (comme c'est le cas pour les francophones en Amérique), le laisser-faire privilégie la majorité, pas la minorité !
Une question de principe
Qu'on le veuille ou non, la plupart des immigrants qui s'installent chez nous ne viennent pas vivre au Québec : ils viennent vivre au Canada, pour ne pas dire en Amérique. Si on ne leur force pas la main, si on ne les oblige pas à étudier dans une école française, ils vont tout simplement dériver vers l'anglais.
Qu'y a-t-il de si méprisable à vouloir protéger sa langue et sa culture? En quoi est-ce un combat rétrograde, passéiste ?
On dit qu'il n'y a «que» 2 500 personnes qui vont se prévaloir du passe-droit que constituent les écoles passerelles.
À partir de quel nombre a-t-on le droit de se poser des questions ? 5 000 ? 10 000 ?
C'est comme dire: «Il n'y a que six musulmanes qui portent un voile intégral dans la fonction publique québécoise, donc, pas besoin de légiférer...»
Et le principe, lui ?
Le problème est réglé !
Quant à l'argument voulant que la loi 101 soit obsolète maintenant que les immigrants parlent français, c'est comme dire qu'on n'a plus besoin de mettre des feux rouges au coin des rues parce que les automobilistes arrêtent...
Il n'y a rien de pire qu'une mesure de protection qui a du succès. Les gens ont l'impression que le problème qui était à la base de l'adoption de cette mesure est réglé et qu'ils n'ont plus besoin d'elle.
Le nombre de victimes du sida est en baisse ? Plus besoin de capote !
Les gais sont plus acceptés qu'avant ? On peut recommencer à rire d'eux !
Le français se porte bien ? Le temps est venu d'élargir l'accès aux écoles anglaises !
On veut revenir en arrière, c'est ça ?
Un trou dans le barrage
Les gens sont tannés de l'État-maman qui leur dit toujours quoi faire et comment agir, je le comprends.
Mais il ne faudrait quand même pas jeter le bébé avec l'eau du bain.
Élargir l'accès aux écoles anglaises, c'est percer un trou dans un barrage.
Pas sûr que j'ai le goût de prendre le risque...
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