Layton: militants de père en fils
Le Lundi 22 août 2011 à 15h18
Le blogue de Yves Boisvert
Jack Layton, à sa graduation de McGill, avec son père, Robert Layton (photo CBC).
C’était lors de la campagne électorale de 2008. Jack Layton était venu faire un tour à La Press. Il disait qu’il voulait devenir premier ministre.
Comment prétendre au pouvoir, quand votre parti a seulement 29 députés?
Il en comptait 13 quand il est devenu chef, puis 19 après les élections de 2004, et 29 en 2006, alors…
Il avait l’habitude de se faire dire que ce qu’il proposait était impossible. C’est une sorte de tradition familiale, chez les Layton, que de proposer l’impossible…
L’arrière-grand-père, Philip Layton, un Anglais débarqué au Canada en 1887, a milité pour les droits des aveugles. Lui-même aveugle, il a fondé une école qui porte aujourd’hui son nom, rue Sherbrooke, pour les enfants aveugles, la finançant en organisant des bazars et des collectes de fonds gigantesques.
Le grand-père, Gilbert Layton, était ministre de l’Union nationale de 1936 à 1938, quand il a claqué la porte du parti parce que Duplessis s’opposait à la conscription. Trente et un ans plus tard, c’est aussi sur une question de principe que Jack Layton, qui était à 20 ans sympathisant libéral, est devenu membre du NPD: il s’opposait aux mesures de guerre décrétées par Pierre Trudeau et a été séduit par Tommy Douglas, chef du NPD.
Son père, Robert Layton, avant d’être député conservateur sous Brian Mulroney, était ingénieur et l’un de ceux qui ont conçu un des premiers prototypes de voiture hybride.
Une voiture à moitié électrique? Allons donc…
“C’était le rêve de mon père de construire la première voiture écologique!” nous avait-il dit.
Il portait au majeur droit la bague de son père, constituée de l’insigne de parlementaire de Robert Layton, mort six ans plus tôt.
Ils n’étaient pas du même parti, mais il avait hérité de son père ce désir profond d’améliorer le monde et la conviction que c’était faisable.
En montrant la bague de son père, ses yeux s’étaient soudain embués, comme si tout un monde disparu venait de lui apparaître.
Le temps de McGill, le temps où il militait pour les droits des cyclistes à Montréal avec Bob Silverman, ou pour le logement abordable.
C’était avant Toronto, où il a entrepris son doctorat, et repris ses vieux combats pour les itinérants et l’environnement. C’est lui qui a eu l’idée de climatiser les édifices municipaux grâce aux eaux froides du lac Ontario –une chose bizarre et impossible, n’a-t-on pas manqué de lui dire.
C’est un peu comme imaginer que le NPD détrône le PLC comme deuxième parti canadien…
C’est de famille, avoir des idées avant-gardistes, et lutter pour qu’elles deviennent possibles.
Une belle âme politique vient de nous quitter.
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