La commission Charest
Billet de Louis Lapointe
vendredi 24 septembre 2010
Lorsque j’ai vu Jean Charest entrer dans la salle d’audience de la commission sur la nomination des juges, hier, prenant le temps de serrer la main de tous les procureurs présents, j’ai réalisé qu’il s’agissait de sa commission, celle qu’il a non seulement lui-même formé, mais dont il a nommé directement ou indirectement les principaux acteurs.
Jean Charest a nommé le commissaire Bastarache qui a lui-même nommé tous ses procureurs, dont le procureur principal, Me Giuseppe Battista.
Jean Charest a également nommé les procureurs les plus actifs de la commission, ceux qui s’objectent le plus souvent et pour lesquels Me Bastarache montre le plus grand respect, les procureurs du parti libéral, de Jean Charest et du gouvernement.
Le procureur du Barreau, quant à lui, a été nommé par le Bâtonnier du Québec, Me Gilles Ouimet, qui est l’associé du procureur principal de la commission sur la nomination des juges, Me Giuseppe Battista, lui-même nommé par celui qui a été nommé par le premier ministre, Me Michel Bastarache.
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En écoutant le témoignage de Jean Charest, hier, comme bien des Québécois, j’ai pu constater que notre premier ministre était un homme très occupé.
Même s’il n’avait pas beaucoup de temps pour son ministre de la Justice lorsqu’il s’agissait de lui parler de la nomination des juges et des pressions qu’il subissait de la part des collecteurs de fonds du PLQ, on peut comprendre qu’il a pris plus que son temps afin de le supporter dans une épreuve difficile que ce dernier subissait, une heure plutôt qu’une demi-heure.
Même si Jean Charest n’avait pas beaucoup de temps pour son ministre parce qu’il était un homme fort occupé, il a tout de même pris le temps de lui parler lorsque Marc Bellemare l’a appelé à New York ou lui a téléphoné de Paris à son bureau de Québec.
Il est étonnant que deux hommes aient pu avoir autant de difficultés à se parler lorsqu’ils étaient dans la même ville, alors qu’ils ont pu le faire avec une facilité aussi déconcertante lorsque l’un des deux était à l’étranger. Il est vrai que, contrairement aux appels locaux, les appels interurbains laissent des traces.
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Difficile pour un avocat de juger de la performance d‘un confrère ou d’une consœur. Parmi tous les acteurs de la commission sur la nomination des juges, c’est le commissaire Bastarache qui soulève le plus de commentaires dans mon entourage. On se demande comment il a pu être nommé à la Cour suprême du Canada.
Je réponds invariablement que les juges les plus compétents pour présider des commissions d’enquête proviennent en général de la Cour supérieure ou de la Cour du Québec, la Cour Suprême et la Cour d’appel ne nécessitant pas les mêmes habiletés.
Un bon copain m’a fait remarquer ce matin que, dans tous les cas, le jugement est un préalable incontournable pour être nommé juge.
Il est vrai que Jean Chrétien et Jean Charest ont tous les deux nommé Michel Bastarache sans qu’il lui soit nécessaire de se soumettre à l’épreuve d’un comité de sélection, comme c’est le cas pour tous les juges de la Cour du Québec.
Sans aucun doute, Me Michel Bastarache est le talon d’Achille de la commission … Charest.
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