Le diagnostic de Jacques Ménard (texte de Pierre Duhamel)

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Message par .anthurium. »

Si on s’y mettait, le livre de Jacques Ménard, ne porte pas uniquement sur son  bilan de l’économie du Québec. Il dresse néanmoins un constat bien documenté -  et je crois exact -  de la situation du Québec.

Comme le fait remarquer Jacques Ménard, le revenu moyen des Québécois représente environ 80 % du revenu moyen des Ontariens et 70 % du revenu moyen des Américains. Et comment peut-on s’étonner d’être parmi les plus pauvres quand : «

- notre taux de participation à la main-d’œuvre active est inférieur aux autres;
- nous travaillons moins d’heures dans une année (1720 heures par employé par année au Québec contre 1820 dans l’ensemble du Canada);
- nous perdons un plus grand nombre de jours de travail par année par travailleur (11,5 au Québec contre 8,8 en Ontario);
- nous prenons davantage de vacances que les Ontariens (13,6 jours en 2003 contre 10,6);
- avec une richesse moindre, nos dépenses publiques sont supérieures à celles du reste du Canada, malgré une différence défavorable en matière de revenu par habitant de plus de 6300 dollars par rapport à l’Ontario;
- la part de nos investissements privés en regard du PIB est inférieur à la moyenne canadienne depuis un quart de siècle;
- une minorité de contribuables soutient le système public, avec 14 % des contribuables qui paient 60 % des impôts sur le revenu et plus de la moitié qui n’en paient pas ou tellement peu que ça ne vaut pas la peine d’en parler;
- nous avons la dette par habitant la plus élevée au Canada;
- nous déplorons un taux d’abandon scolaire au secondaire supérieure à la moyenne canadienne et un taux de fréquentation universitaire inférieur à l’Ontario. »
Certains d’entre vous vont s’acharner sur son évaluation. Pour eux, tout va bien et ce qui va mal est la faute des «Anglais», de l’Ontario, du fédéral, ou des « élites »… bref, de tous ceux qui ne pensent pas comme eux. J’ai de plus en plus en plus de difficulté à comprendre que des gens qui se disent si fiers d’être Québécois n’arrêtent pas de nous percevoir comme d’éternelles et impuissantes victimes. Ou, comme je lis dans un des récents commentaires, que ceux qui ne pensent pas comme eux ne sont tout simplement pas assez intelligents. J’ai rarement vu tant de mépris.

Vous me permettrez d’ajouter cet autre extrait du livre que je trouve de circonstance :

« On peut toujours s’enfoncer la tête encore plus creux dans le sable en claironnant que cette pauvreté collective est un choix de société. Ce qui est fascinant, c’est que ceux qui tiennent ce genre de discours appartiennent habituellement aux groupes les plus protégés, qui travaillent moins d’heures, qui bénéficient habituellement de généreux régimes de retraite et dont le plan de carrière est écrit en lettres indélébiles dans leur convention collective.»
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Message par .anthurium. »

Autre commentaire de Pierre Duhamel concernant ce livre.

J’aurais aimé écrire ce livre. Il est pédagogique sans être pédant, concret sans être simpliste, mobilisateur plutôt que moralisateur. Que vous que soyez d’accord ou pas, ce livre doit être lu par tous ceux qui s’intéressent à l’économie du Québec.

Jacques Ménard, dont le livre Si on s’y mettait, vient d’être publié, est un citoyen engagé. À une époque où les dirigeants d’entreprise préfèrent rester discrets, il est un des seuls qui participe au débat d’idées qui façonnera le Québec de demain. Juste pour cela, il doit être félicité.

Son implication n’est pas seulement intellectuelle; je ne connais personne plus impliqué que lui dans les organisations philanthropiques et communautaires. Des Grand ballets canadiens à l’Orchestre symphonique de Montréal, de l’Institut de cardiologie à l’Hôpital Sainte-Justine, des jeunes décrocheurs (EPOC Montréal) à l’avenir des soins de santé au Québec, des Expos aux Alouettes, de Centraide aux Jeux du Québec, d’Hydro-Québec à la Bourse de Montréal :  sa feuille de route est impressionnante. On en oublie presque son rôle de patron de la Banque de Montréal au Québec et sa présidence du conseil de BMO Nesbitt Burns.

Jacques Ménard dresse un bilan sans complaisance de la situation du Québec, mais il ne s’arrête pas là. Il a lui-même rencontré des dizaines de jeunes et il a commandé deux sondages auprès de la nouvelle génération pour bien comprendre leur état d’esprit et leurs aspirations. Surtout, il conclut en soumettant dix chantiers autour desquels les Québécois pourraient se mobiliser pour gagner. Les pages sur l’importance de la productivité et  de l’éducation sont particulièrement engageantes.

Je retiens un court extrait qui mérite réflexion :

«Au Québec, nous nous spécialisons dans la survie - à même les fonds publics - d’industries aux soins intensifs, tout en bloquant la voie aux secteurs porteurs d’avenir, et ce, en taxant l’innovation. Cherchez l’erreur. »

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