La «menthe magique» en vente libre à Montréal (drogue mexicaine legal)

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Earendil
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Message par Earendil »

Le jeudi 28 février 2008

La «menthe magique» en vente libre à Montréal
Le café Les Mentheurs offre à ses clients de fumer la Salvia Divinorum, une plante hallucinogène. (Photo David Boily, La Presse)
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Le café Les Mentheurs offre à ses clients de fumer la Salvia Divinorum, une plante hallucinogène.
Photo David Boily, La Presse

Caroline Touzin

La Presse

La « sauge divinatoire » ou « menthe magique », une plante hallucinogène originaire du Mexique, est inhalée en toute légalité dans un café du Plateau-Mont-Royal depuis un mois. Sauf que son temps est compté, selon plusieurs spécialistes en drogues du Québec consultés par La Presse. En attendant que la plante devienne illégale, ils prônent la plus grande prudence.
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Déjà les sites Internet québécois qui vendent en ligne des extraits de cette plante hallucinogène font toutes sortes de mises en garde. « Aucun produit vendu sur ce site est destiné pour la consommation humaine. » « Interdit aux moins de 18 ans. » Certains en vendent depuis le début des années 2000.

« La raison fort simple de sa légalité : cette plante n’est pas encore connue au Canada. Avant longtemps, elle deviendra illégale », estime l’expert-conseil en pharmacologie des drogues, Louis Léonard. Ce professeur de l’Université de Montréal fait une comparaison avec le GHB, surnommé drogue du viol, vendu longtemps comme supplément alimentaire avant de devenir illégal.

Même s’il existe peu d’études sur le sujet, des médecins québécois émettent des réserves sur sa consommation. « Ce n’est pas parce que ça existait il y a 2000 ans au Mexique que c’est bon pour la santé. La coke aussi existait il y a longtemps.
Les gens la mâchaient pour marcher de longues heures dans les Andes, sauf que c’est autre chose que la coke sniffée dans les bars de l’avenue du Mont-Royal », illustre le Dr Jean-Pierre Chiasson, de la Clinique montréalaise Nouveau Départ. Depuis peu, ses patients toxicomanes reçoivent des courriels vantant la Salvia, cette « drogue légale », déplore-t-il.

De récentes études menées dans le sud-ouest américain sur cette plante hallucinogène n’ont pas prouvé qu’elle ne créait pas de dépendance, insiste son assistant scientifique, Luc Lapierre. « Le potentiel de créer une dépendance est présent, même s’il n’est pas prouvé, puisque la plante joue sur le même système de récompenses du cerveau que des drogues illégales comme la coke », indique-t-il.

Le pire 5 minutes d’une vie

La Dr Marie-Ève Morin, autre spécialiste en toxicomanie, n’irait pas consommer de la Salvia au café Les Mentheurs. « Cette substance est très imprévisible. Ça pourrait être amusant, mais ça pourrait aussi être le pire cinq minutes de ma vie », dit ce médecin de la Clinique 1851. Ce n’est pas une drogue de party, mais plutôt une drogue d’introspection, selon elle. « Je ne veux pas la banaliser, mais ce n’est pas non plus, le démon qui va détruire l’humanité », nuance-t-elle.

Pour l’instant, Santé Canada n’a pas décidé de classer la plante comme une substance contrôlée au sens de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances (LRDS), explique son porte-parole, Paul Duchesne. « Santé Canada recueille présentement de l’information sur cette plante et ses ingrédients actifs, le Salvinorin A, à partir de sources nationales et internationales. On évalue le risque que pose la vente libre de cette plante sur la santé et la sécurité du public, sa similarité chimique et pharmacologique avec les substances inscrites dans la LRDS, et son risque d’abus et de dépendance », indique-t-il.

Cette information est difficile à obtenir, selon M. Duchesne. « On ne détient aucune information précise sur son utilisation réelle au Canada. » Cette plante est considérée comme une drogue illégale en Australie, en Italie, en Belgique et dans quelques pays scandinaves.

La Sûreté du Québec (SQ) surveille le phénomène de près. Depuis un an, la spécialiste en drogues du corps policier, Suzanne De Larochellière, demande à ses collègues de l’informer sur la consommation et la vente de cette plante à travers la province. « Dans notre programme d’intervention en milieu scolaire, on nous a rapporté que des élèves trouvent les moyens de s’en procurer », dit-elle.

Dans une saisie chez un vendeur de stupéfiants de la région de Trois-Rivières, la police a trouvé des drogues illégales et de la Salvia séchée. Le commandant aux stupéfiants de la police de Montréal, Richard Martineau, trouve le phénomène « préoccupant ». « Nous devons attendre un avis de Santé Canada pour agir », souligne le policier.

Narguer la police

La légalité de la substance attire bien des jeunes. « Pour les jeunes, c’est un trip de dire que c’est légal et que ça buzz. Ils s’amusent du fait que la police ne peut rien faire », souligne la criminologue du Centre Dollard-Cormier, Marie-Ève Plante. Au centre de désintoxication, la criminologue a rencontré une poignée de jeunes qui en avaient consommé. « Les jeunes ne viennent pas consulter parce qu’ils sont accrocs à la Salvia, mais ça fait partie des drogues qu’ils ont expérimentées », indique la criminologue.

Au centre de désintoxication Le Portage, davantage d’ados et de jeunes adultes y ont touché. Depuis un an et demi, une trentaine de jeunes sur environ 80 ont dit l’avoir essayée une ou deux fois à l’éducateur, David Lévy. « Je crois que c’est une mode temporaire. C’est une mauvaise utilisation de la plante, comme quelqu’un qui sniffe de la colle ou de l’essence », dit-il.

Sur les forums de discussions fréquentés par des jeunes Québécois, comme celui des Cowboys Fringants ou encore hiphopfranco.com, on en parle depuis au moins deux ans. Plus récemment, des intervenants scolaires se sont mis à poser des questions sur le site toxquebec.com, un site d’information sur la toxicomanie. Une intervenante dans une maison de jeunes de Bonaventure en Gaspésie est inquiète. « Nous avons remarqué depuis une semaine que les jeunes expérimentaient la Salvia. Ils nous en ont parlé ouvertement car c’est légal, mais moi (je réponds) c’est pas parce que c’est légal que c’est bon », écrit-elle.

Si les vendeurs sur l’Internet interdisent la vente aux mineurs, Matthew Lipscomb, propriétaire du café les Mentheurs, lui, ne demande pas de carte d’identité à ses clients. Il les juge à leur « maturité ». « J’ai eu un groupe d’ados de 15-16 ans l’autre jour avec qui ça s’est mieux passé qu’avec beaucoup d’adultes. Ils étaient plus à l’écoute. » Les jeunes sont mieux encadrés dans son café que chez eux pour en consommer, estime le propriétaire.

Le propriétaire d’un site Internet qui livre la Salvia le « jour même à travers Montréal » refuse de vendre aux adolescents. « Je ne leur en vends pas pour la même raison qu’on ne vend pas d’alcool aux mineurs », dit le propriétaire du site montrealherbalist.com qui refuse d’être identifié. Pourquoi fait-il autant de mises en garde sur son site dans lequel le meilleur vendeur est la Salvia divinorum ? « Les autorités peuvent changer d’idée du jour au lendemain. C’est une protection personnelle », répond-il.

Pour l’instant, la consommation de la Salvia divinorum est marginale au Québec, selon l’expert en toxicomanie, Jean-Sébastien Fallu. « Sur le terrain, ça ne semble pas être très populaire. Peut-être que ça le deviendra avec l’ouverture du café Les Mentheurs », laisse tomber ce professeur à l’École de psychoéducation de l’Université de Montréal.

CAPSULE

— Qu’est ce que la Salvia divinorum ?

La Salvia divinorum est une espèce de sauge de la famille de la menthe. On la retrouve sous forme de feuilles séchées, d’extrait et de boutures de plantes.

— Son utilisation est-elle permise par la loi ?

La Salvia divinorum entre dans la définition d’un produit de santé naturel, ce qui signifie que sa vente et son importation sont régies par la Loi sur les aliments et drogues. La Salvia divinorum n’est pas assujettie à la Loi réglementant certaines drogues et autres substances (LRDS).

— Quels sont ses effets sur la santé ?

Les observations fiables, systématiques et contrôlées des effets psychotropes de la Salvia divinorum sont rares. Les personnes qui en consomment signalent les effets suivants : effets dissociatifs, rire, sensation de bien-être, sédation/calme, confusion/anxiété, manque de coordination, frissons/sudation, miction accrue.

Source : Santé Canada

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https://www.youtube.com/watch?v=x6_7Mbp76jU" onclick="window.open(this.href);return false; (ont lache rien) continuons le combat
Picasims
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Message par Picasims »

Bof, ça dérange personne...

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