Décès du champion d'échecs Bobby Fisher

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chiro
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Message par chiro »

Décès de Bobby Fischer, génie des échecs

REYKJAVIK, Islande - L'ancien champion d'échecs d'origine américaine Bobby Fischer, passé à la postérité pour avoir battu en 1972 le champion du monde soviétique Boris Spassky en pleine Guerre froide, est mort en Islande à l'âge de 64 ans, a annoncé vendredi son porte-parole.

Fischer, devenu l'incarnation de la confrontation Est-Ouest et de la rivalité USA/URSS au moment de ce face-à-face mythique, avait pourtant renoncé ultérieurement à sa citoyenneté américaine pour cause de désaccords profonds avec son pays natal.

Atteint d'une longue maladie, Fischer a succombé jeudi à une défaillance rénale dans un hôpital de Reykjavik, en Islande, pays où il avait décidé de s'installer en 2005, a précisé son porte-parole Gardar Sverrisson.

C'est dans cette même capitale islandaise qu'avait eu lieu entre juillet et septembre 1972 le match légendaire qui avait opposé Fischer à Spassky, affrontement aux allures mythiques sur un échiquier devenu le résumé de l'opposition entre les deux superpuissances.

"Les échecs, c'est la guerre sur un échiquier. L'objectif est d'écraser l'esprit de l'autre", avait avoué un jour cet enfant prodige des échecs, champion des Etats-Unis à l'âge de 14 ans, grand maître international l'année suivante, alors le plus jeune GMI de l'histoire de ce jeu.

Au fil des ans, le génie échiquéen de ce champion d'origine juive s'était doublé d'un antisémitisme virulent, d'un comportement fantasque et de déclarations intempestives.

Pour l'ancien champion du monde russe Garry Kasparov, l'ascension de Fischer dans les années 60 a "révolutionné" le jeu d'échecs. "La tragédie, c'est qu'il a quitté ce monde trop tôt, et sa vie extravagante et ses déclarations scandaleuses n'ont pas contribué à la popularité des échecs", a déploré Kasparov à l'Associated Press.

"Il était la fierté et la tristesse des échecs", a estimé pour sa part le GMI britannique Raymond Keene, chroniqueur échiquéen pour le "Times" de Londres. "Il est tragique qu'un si grand homme ait sombré dans l'antisémitisme."

C'est en effet la grande tragédie de Bobby Fischer que son génie sublime de l'art échiquéen ait pu être éclipsé par le désordre de sa vie, des prises de position choquantes et un comportement excentrique. Pourtant, au faîte de sa gloire, la personnalité du champion était enveloppée d'un halo de mystère et de glamour qui a amené des millions de nouveaux fans vers les échecs.

A l'époque du match emblématique contre Spassky, Fischer avait lui-même alimenté la chronique d'une confrontation Est-Ouest par échiquier interposé en décrétant: "c'est vraiment le monde libre contre les Russes menteurs, tricheurs et hypocrites".

Pourtant, c'est ce même Fischer qui, des années plus tard, devint l'un des plus acharnés détracteurs des Etats-Unis, mais aussi de l'Etat d'Israël. Au point de se féliciter des attentats du 11-Septembre: "je veux voir les Etats-Unis anéantis". Ou de traiter les juifs de "salauds voleurs et menteurs".

Devenu à moins de 30 ans le premier champion du monde américain d'échecs après sa victoire spectaculaire contre Spassky (12,5 à 8,5 points en 21 matches) en 1972, Fischer perdit son titre trois ans plus tard en refusant de le remettre en jeu contre le nouveau champion russe Anatoli Karpov. A partir de ce moment, il se retira de la compétition et des feux de l'actualité, réapparaissant ici ou là à l'occasion de déclarations ou de comportements polémiques.

En 1992, vingt ans après sa victoire de 1972, il accepta d'affronter à nouveau sur un échiquier son adversaire de l'époque, Spassky, cette fois en territoire yougoslave, sur l'île balnéaire de Sveti Stefan, au mépris des sanctions américaines décrétées contre ce pays dirigé alors par le président Slobodan Milosevic. Fischer remporta une nouvelle fois le match, mais, à partir de cette date, les Etats-Unis cherchèrent -en vain-à obtenir son extradition.

Joint par AP à son domicile en France, Spassky, son rival devenu ami, s'est dit "vraiment désolé" de la mort de Fischer.

Quant à Kirsan Ilioumjinov, président de la Fédération mondiale d'échecs, il a rendu hommage à Fischer en le qualifiant de "phénomène dans l'histoire des échecs, un géant dans le domaine intellectuel que je placerais aux côtés de Newton et Einstein"...

http://canadianpress.google.com/article ... tR1dc4-s2A
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Sabi
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Message par Sabi »

C.J. (lefigaro.fr) avec AFP
18/01/2008 | Mise à jour : 19:20

A l'âge de 6 ans, sa soeur aînée l'initie aux échecs qui deviendront sa seule et unique passion. A 14 ans, il remporte les championnats junior et senior des Etats-Unis avant de devenir l'année suivante le plus jeune candidat au titre de champion du monde.

L'excentrique maestro des échecs, qui avait trouvé refuge en Islande pour échapper à la prison aux Etats-Unis, est mort jeudi à l'âge de 64 ans.
Le monde des échecs perd un personnage et un champion haut en couleurs. Bobby Fisher, l'ancien champion du monde des échecs d'origine américaine, qui avait brisé vingt-quatre ans d'hégémonie soviétique dans cette discipline, est mort jeudi à son domicile de Reykjavik d'une défaillance rénale, ont révélé vendredi les médias islandais.

Considéré comme le plus grand joueur d'échecs de tous les temps, l'ancien prodige a longtemps incarné aux yeux des Américains le symbole du «monde libre» et de la lutte contre le communisme en battant pendant la guerre froide les plus grands champions soviétiques. Né le 9 mars 1943 à Chicago, Bobby Fisher abandonne en 1959 l'école pour devenir joueur professionnel. En 1968, il se retire de la compétition durant 18 mois pour préparer sa revanche contre les Soviétiques. Son retour sur la scène des échecs -à la demande de Henry Kissinger, alors conseiller à la défense nationale du président Richard Nixon- est triomphal : lors d'un tournoi à Reykjavik, en 1972, âgé de 29 ans, il met fin à vingt-quatre ans de domination russe en battant Boris Spassky et devient champion du monde. Ce match d'anthologie sera aussi mémorable pour ses péripéties : le joueur américain qui menace de ne pas jouer, multiplie les exigences sur le placement des caméras ou le contact avec le public.


Un champion devenu paranoïaque

Après cette victoire, Bobby Fischer, qui accuse les journalistes de monter le public contre lui, disparaît de la scène et multiplie les excentricités. En 1975, il conteste les règles de la Fédération internationale des échecs (FIDE), ce qui lui vaut d'être dépossédé de son titre, gagné en 1972, qui sera réattribué au Soviétique Anatoli Karpov. Pendant 20 ans, les millions de dollars offerts pour un come-back ne le feront pas revenir. Pourtant, le champion se trouve dans une situation financière désastreuse. Le prodige a été ruiné par la secte fondamentaliste, l'Eglise universelle de Dieu, dont il a été membre. Le joueur, qui dit détester l'Amérique, change d'avis en 1992 pour disputer au Monténégro un «match revanche» contre Spassky, devenu son ami.

Cette confrontation victorieuse, qui lui rapporte 3,35 millions de dollars, se déroule dans l'ex-Yougoslavie, alors en pleine guerre civile, au mépris d'un embargo économique de l'ONU. La justice américaine l'inculpe de transaction commerciale illégale et délivre un mandat d'arrêt contre lui. Dès lors, Bobby Fischer voyage discrètement entre l'Europe et l'Asie. En 2001, il crée la polémique en qualifiant les attentats du 11 Septembre « de nouvelle merveilleuse». Il est interpellé à l'été 2004, à l'aéroport de Tokyo-Narita, pour défaut de passeport, le sien est en effet périmé.

Pour éviter son extradition aux Etats-Unis, il demande l'asile politique à Reykjavik qui lui accorde la nationalité islandaise. Son aura est intacte dans l'île où il a triomphé. Le Japon n'a d'autre choix que de le laisser partir en Islande où il mènera une existence rangée. Mais il restait sous la surveillance des autorités américaines qui disaient vouloir l'extrader.
[color=#4040BF][i]Ça, c'est moi. J'ai prêté mon visage à Kate pour qu'elle puisse faire des films.[/i][/color]
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