Publié : ven. janv. 18, 2008 3:39 pm
Décès de Bobby Fischer, génie des échecs
REYKJAVIK, Islande - L'ancien champion d'échecs d'origine américaine Bobby Fischer, passé à la postérité pour avoir battu en 1972 le champion du monde soviétique Boris Spassky en pleine Guerre froide, est mort en Islande à l'âge de 64 ans, a annoncé vendredi son porte-parole.
Fischer, devenu l'incarnation de la confrontation Est-Ouest et de la rivalité USA/URSS au moment de ce face-à-face mythique, avait pourtant renoncé ultérieurement à sa citoyenneté américaine pour cause de désaccords profonds avec son pays natal.
Atteint d'une longue maladie, Fischer a succombé jeudi à une défaillance rénale dans un hôpital de Reykjavik, en Islande, pays où il avait décidé de s'installer en 2005, a précisé son porte-parole Gardar Sverrisson.
C'est dans cette même capitale islandaise qu'avait eu lieu entre juillet et septembre 1972 le match légendaire qui avait opposé Fischer à Spassky, affrontement aux allures mythiques sur un échiquier devenu le résumé de l'opposition entre les deux superpuissances.
"Les échecs, c'est la guerre sur un échiquier. L'objectif est d'écraser l'esprit de l'autre", avait avoué un jour cet enfant prodige des échecs, champion des Etats-Unis à l'âge de 14 ans, grand maître international l'année suivante, alors le plus jeune GMI de l'histoire de ce jeu.
Au fil des ans, le génie échiquéen de ce champion d'origine juive s'était doublé d'un antisémitisme virulent, d'un comportement fantasque et de déclarations intempestives.
Pour l'ancien champion du monde russe Garry Kasparov, l'ascension de Fischer dans les années 60 a "révolutionné" le jeu d'échecs. "La tragédie, c'est qu'il a quitté ce monde trop tôt, et sa vie extravagante et ses déclarations scandaleuses n'ont pas contribué à la popularité des échecs", a déploré Kasparov à l'Associated Press.
"Il était la fierté et la tristesse des échecs", a estimé pour sa part le GMI britannique Raymond Keene, chroniqueur échiquéen pour le "Times" de Londres. "Il est tragique qu'un si grand homme ait sombré dans l'antisémitisme."
C'est en effet la grande tragédie de Bobby Fischer que son génie sublime de l'art échiquéen ait pu être éclipsé par le désordre de sa vie, des prises de position choquantes et un comportement excentrique. Pourtant, au faîte de sa gloire, la personnalité du champion était enveloppée d'un halo de mystère et de glamour qui a amené des millions de nouveaux fans vers les échecs.
A l'époque du match emblématique contre Spassky, Fischer avait lui-même alimenté la chronique d'une confrontation Est-Ouest par échiquier interposé en décrétant: "c'est vraiment le monde libre contre les Russes menteurs, tricheurs et hypocrites".
Pourtant, c'est ce même Fischer qui, des années plus tard, devint l'un des plus acharnés détracteurs des Etats-Unis, mais aussi de l'Etat d'Israël. Au point de se féliciter des attentats du 11-Septembre: "je veux voir les Etats-Unis anéantis". Ou de traiter les juifs de "salauds voleurs et menteurs".
Devenu à moins de 30 ans le premier champion du monde américain d'échecs après sa victoire spectaculaire contre Spassky (12,5 à 8,5 points en 21 matches) en 1972, Fischer perdit son titre trois ans plus tard en refusant de le remettre en jeu contre le nouveau champion russe Anatoli Karpov. A partir de ce moment, il se retira de la compétition et des feux de l'actualité, réapparaissant ici ou là à l'occasion de déclarations ou de comportements polémiques.
En 1992, vingt ans après sa victoire de 1972, il accepta d'affronter à nouveau sur un échiquier son adversaire de l'époque, Spassky, cette fois en territoire yougoslave, sur l'île balnéaire de Sveti Stefan, au mépris des sanctions américaines décrétées contre ce pays dirigé alors par le président Slobodan Milosevic. Fischer remporta une nouvelle fois le match, mais, à partir de cette date, les Etats-Unis cherchèrent -en vain-à obtenir son extradition.
Joint par AP à son domicile en France, Spassky, son rival devenu ami, s'est dit "vraiment désolé" de la mort de Fischer.
Quant à Kirsan Ilioumjinov, président de la Fédération mondiale d'échecs, il a rendu hommage à Fischer en le qualifiant de "phénomène dans l'histoire des échecs, un géant dans le domaine intellectuel que je placerais aux côtés de Newton et Einstein"...
http://canadianpress.google.com/article ... tR1dc4-s2A
REYKJAVIK, Islande - L'ancien champion d'échecs d'origine américaine Bobby Fischer, passé à la postérité pour avoir battu en 1972 le champion du monde soviétique Boris Spassky en pleine Guerre froide, est mort en Islande à l'âge de 64 ans, a annoncé vendredi son porte-parole.
Fischer, devenu l'incarnation de la confrontation Est-Ouest et de la rivalité USA/URSS au moment de ce face-à-face mythique, avait pourtant renoncé ultérieurement à sa citoyenneté américaine pour cause de désaccords profonds avec son pays natal.
Atteint d'une longue maladie, Fischer a succombé jeudi à une défaillance rénale dans un hôpital de Reykjavik, en Islande, pays où il avait décidé de s'installer en 2005, a précisé son porte-parole Gardar Sverrisson.
C'est dans cette même capitale islandaise qu'avait eu lieu entre juillet et septembre 1972 le match légendaire qui avait opposé Fischer à Spassky, affrontement aux allures mythiques sur un échiquier devenu le résumé de l'opposition entre les deux superpuissances.
"Les échecs, c'est la guerre sur un échiquier. L'objectif est d'écraser l'esprit de l'autre", avait avoué un jour cet enfant prodige des échecs, champion des Etats-Unis à l'âge de 14 ans, grand maître international l'année suivante, alors le plus jeune GMI de l'histoire de ce jeu.
Au fil des ans, le génie échiquéen de ce champion d'origine juive s'était doublé d'un antisémitisme virulent, d'un comportement fantasque et de déclarations intempestives.
Pour l'ancien champion du monde russe Garry Kasparov, l'ascension de Fischer dans les années 60 a "révolutionné" le jeu d'échecs. "La tragédie, c'est qu'il a quitté ce monde trop tôt, et sa vie extravagante et ses déclarations scandaleuses n'ont pas contribué à la popularité des échecs", a déploré Kasparov à l'Associated Press.
"Il était la fierté et la tristesse des échecs", a estimé pour sa part le GMI britannique Raymond Keene, chroniqueur échiquéen pour le "Times" de Londres. "Il est tragique qu'un si grand homme ait sombré dans l'antisémitisme."
C'est en effet la grande tragédie de Bobby Fischer que son génie sublime de l'art échiquéen ait pu être éclipsé par le désordre de sa vie, des prises de position choquantes et un comportement excentrique. Pourtant, au faîte de sa gloire, la personnalité du champion était enveloppée d'un halo de mystère et de glamour qui a amené des millions de nouveaux fans vers les échecs.
A l'époque du match emblématique contre Spassky, Fischer avait lui-même alimenté la chronique d'une confrontation Est-Ouest par échiquier interposé en décrétant: "c'est vraiment le monde libre contre les Russes menteurs, tricheurs et hypocrites".
Pourtant, c'est ce même Fischer qui, des années plus tard, devint l'un des plus acharnés détracteurs des Etats-Unis, mais aussi de l'Etat d'Israël. Au point de se féliciter des attentats du 11-Septembre: "je veux voir les Etats-Unis anéantis". Ou de traiter les juifs de "salauds voleurs et menteurs".
Devenu à moins de 30 ans le premier champion du monde américain d'échecs après sa victoire spectaculaire contre Spassky (12,5 à 8,5 points en 21 matches) en 1972, Fischer perdit son titre trois ans plus tard en refusant de le remettre en jeu contre le nouveau champion russe Anatoli Karpov. A partir de ce moment, il se retira de la compétition et des feux de l'actualité, réapparaissant ici ou là à l'occasion de déclarations ou de comportements polémiques.
En 1992, vingt ans après sa victoire de 1972, il accepta d'affronter à nouveau sur un échiquier son adversaire de l'époque, Spassky, cette fois en territoire yougoslave, sur l'île balnéaire de Sveti Stefan, au mépris des sanctions américaines décrétées contre ce pays dirigé alors par le président Slobodan Milosevic. Fischer remporta une nouvelle fois le match, mais, à partir de cette date, les Etats-Unis cherchèrent -en vain-à obtenir son extradition.
Joint par AP à son domicile en France, Spassky, son rival devenu ami, s'est dit "vraiment désolé" de la mort de Fischer.
Quant à Kirsan Ilioumjinov, président de la Fédération mondiale d'échecs, il a rendu hommage à Fischer en le qualifiant de "phénomène dans l'histoire des échecs, un géant dans le domaine intellectuel que je placerais aux côtés de Newton et Einstein"...
http://canadianpress.google.com/article ... tR1dc4-s2A