Publié : mer. nov. 14, 2007 8:12 am
Normand Péladeau publie une analyse cinglante du rapport de la Table de pilotage
Montréal, 19 octobre. La lettre que le ministre de l'Éducation des Loisirs et des Sports (MELS), Jean-Marc Fournier, s'apprête à adresser aux parents du Québec pour leur expliquer les « bienfaits » de la réforme scolaire « n'est qu'une initiative pour contrer sa mauvaise presse et tenter de convaincre les parents que ses effets ne sont pas aussi négatifs qu'ils ne le sont en réalité », affirme Normand Péladeau, spécialiste en évaluation de programmes et détenteur d'un doctorat en psychologie de l'éducation. En fait, la réforme est une « catastrophe » et doit être remise en question au plus vite. « Elle a assez causé de dommages comme ça », lance l'actuel président de Recherches Provalis, une firme de logiciels pour la recherche.
Au terme d'une analyse dévastatrice des retombées de la réforme auprès des élèves québécois après sept ans d'implantation au primaire, M. Péladeau demande un moratoire immédiat au secondaire et une réévaluation des principes de cette réforme. Cela devrait se faire par un processus transparent de consultations ou d'audiences publiques ou par une commission parlementaire. « Comment peut-on recommander la poursuite de la mise en œuvre d'une réforme qui n'a eu que des effets négatifs sur les élèves? », interroge-t-il. M. Péladeau soulève par ailleurs de sérieux doutes face aux mesures annoncées par le ministre qui a mandaté des comités pour faire le point sur les compétences transversales, l'enseignement du français et la formation des enseignants. « On ne peut pas demander aux experts et conseillers qui sont en bonne partie responsables de la situation présente et qui ont une foi aveugle en cette réforme d'apporter des solutions réelles à la crise. »
Dans son « Autopsie d'un rapport biaisé », l'auteur reproduit les résultats des Québécois aux examens de français de sixième année (2000-2005) et aux tests internationaux TEIMS en sciences et en mathématiques (1995-2003). Les résultats sont en baisse partout sauf chez les filles en pertinence des idées (+2%) et en vocabulaire (+1%). Les garçons, par exemple, ont des résultats de -13% en syntaxe et ponctuation et de -11% en orthographe et grammaire. En mathématiques les filles (-27%) et les garçons (-19%) réussissent beaucoup moins bien qu'avant la réforme, alors que les résultats sont encore plus désastreux en sciences (-46% et -42%). « Il est très clair que le portrait général semble fort négatif. Seuls deux indicateurs sur 14 sont très faiblement positifs », écrit l'auteur.
Prétendre que l'implantation d'une réforme implique inévitablement une période initiale d'insuccès, comme le prétendait récemment l'ex-ministre de l'Éducation Pauline Marois, est une fausseté, poursuit M. Péladeau qui a vérifié les deux études citées dans le rapport à cet effet. En réalité, ces études (Borman, 2003, et Felner, 1997), démontrent que les impacts à court terme de réformes majeures sont souvent moindres que lorsque la réforme atteint son rythme de croisière, mais que contrairement à ce qu'on observe au Québec, ces impacts demeurent positifs.
Rappelons que le rapport intitulé « Évaluation de l'application du Programme de formation de l'école québécoise - enseignement primaire », rendu public en août dernier par le MELS, avait fait l'objet d'un communiqué conjoint de la Fédération des syndicats de l'Enseignement et de l'Association provinciale des enseignants et enseignantes du Québec. Elles y dénonçaient le manque de rigueur et d'objectivité, notamment en ce qui concerne la réussite des élèves. Johanne Fortier, présidente de la Fédération, avait alors déclaré que les conclusions du rapport « n'étaient pas à la hauteur des données pourtant disponibles ».
L'analyse de M. Péladeau, intitulée « L'évaluation de l'impact du renouveau pédagogique par la table de pilotage : Autopsie d'un rapport biaisé », est disponible intégralement sur le site web du Collectif pour une éducation de qualité (CEQ) à l'adresse suivante : http://agora.qc.ca/ceq
-30-
Sources :
Normand Péladeau, Recherche Provalis, 514 899-1672
Éric Bédard, porte-parole du CEQ, 514 987-3000, poste 2841
Auteur du communiqué : Mathieu-Robert Sauvé
Montréal, 19 octobre. La lettre que le ministre de l'Éducation des Loisirs et des Sports (MELS), Jean-Marc Fournier, s'apprête à adresser aux parents du Québec pour leur expliquer les « bienfaits » de la réforme scolaire « n'est qu'une initiative pour contrer sa mauvaise presse et tenter de convaincre les parents que ses effets ne sont pas aussi négatifs qu'ils ne le sont en réalité », affirme Normand Péladeau, spécialiste en évaluation de programmes et détenteur d'un doctorat en psychologie de l'éducation. En fait, la réforme est une « catastrophe » et doit être remise en question au plus vite. « Elle a assez causé de dommages comme ça », lance l'actuel président de Recherches Provalis, une firme de logiciels pour la recherche.
Au terme d'une analyse dévastatrice des retombées de la réforme auprès des élèves québécois après sept ans d'implantation au primaire, M. Péladeau demande un moratoire immédiat au secondaire et une réévaluation des principes de cette réforme. Cela devrait se faire par un processus transparent de consultations ou d'audiences publiques ou par une commission parlementaire. « Comment peut-on recommander la poursuite de la mise en œuvre d'une réforme qui n'a eu que des effets négatifs sur les élèves? », interroge-t-il. M. Péladeau soulève par ailleurs de sérieux doutes face aux mesures annoncées par le ministre qui a mandaté des comités pour faire le point sur les compétences transversales, l'enseignement du français et la formation des enseignants. « On ne peut pas demander aux experts et conseillers qui sont en bonne partie responsables de la situation présente et qui ont une foi aveugle en cette réforme d'apporter des solutions réelles à la crise. »
Dans son « Autopsie d'un rapport biaisé », l'auteur reproduit les résultats des Québécois aux examens de français de sixième année (2000-2005) et aux tests internationaux TEIMS en sciences et en mathématiques (1995-2003). Les résultats sont en baisse partout sauf chez les filles en pertinence des idées (+2%) et en vocabulaire (+1%). Les garçons, par exemple, ont des résultats de -13% en syntaxe et ponctuation et de -11% en orthographe et grammaire. En mathématiques les filles (-27%) et les garçons (-19%) réussissent beaucoup moins bien qu'avant la réforme, alors que les résultats sont encore plus désastreux en sciences (-46% et -42%). « Il est très clair que le portrait général semble fort négatif. Seuls deux indicateurs sur 14 sont très faiblement positifs », écrit l'auteur.
Prétendre que l'implantation d'une réforme implique inévitablement une période initiale d'insuccès, comme le prétendait récemment l'ex-ministre de l'Éducation Pauline Marois, est une fausseté, poursuit M. Péladeau qui a vérifié les deux études citées dans le rapport à cet effet. En réalité, ces études (Borman, 2003, et Felner, 1997), démontrent que les impacts à court terme de réformes majeures sont souvent moindres que lorsque la réforme atteint son rythme de croisière, mais que contrairement à ce qu'on observe au Québec, ces impacts demeurent positifs.
Rappelons que le rapport intitulé « Évaluation de l'application du Programme de formation de l'école québécoise - enseignement primaire », rendu public en août dernier par le MELS, avait fait l'objet d'un communiqué conjoint de la Fédération des syndicats de l'Enseignement et de l'Association provinciale des enseignants et enseignantes du Québec. Elles y dénonçaient le manque de rigueur et d'objectivité, notamment en ce qui concerne la réussite des élèves. Johanne Fortier, présidente de la Fédération, avait alors déclaré que les conclusions du rapport « n'étaient pas à la hauteur des données pourtant disponibles ».
L'analyse de M. Péladeau, intitulée « L'évaluation de l'impact du renouveau pédagogique par la table de pilotage : Autopsie d'un rapport biaisé », est disponible intégralement sur le site web du Collectif pour une éducation de qualité (CEQ) à l'adresse suivante : http://agora.qc.ca/ceq
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Sources :
Normand Péladeau, Recherche Provalis, 514 899-1672
Éric Bédard, porte-parole du CEQ, 514 987-3000, poste 2841
Auteur du communiqué : Mathieu-Robert Sauvé