La méthode du renard

[.anthurium.]

La méthode du renard
25 octobre 2007 par Joseph Facal

Quand vous n’êtes plus en politique partisane, vous retrouvez le droit de complimenter quelqu’un dont vous ne partagez pas nécessairement les idées.

Même s’ils ne le diront jamais ouvertement, les adversaires de Stephen Harper admettent désormais en privé qu’ils ont affaire à un redoutable joueur.

L’homme n’est évidemment pas à l’abri des erreurs, mais il a en tête un plan très clair en cinq volets, et chaque geste fait avancer ce plan. Objectif: aller chercher les sièges qui lui manquent sans perdre ceux qu’il a déjà, afin d’être durablement majoritaire.

Premier volet du plan: occuper le centre. Stephen Harper a compris que le pouvoir au Canada n’est jamais très loin du centre.

La clé est donc d’attirer à lui la plus grande quantité possible d’électeurs modérés sans perdre son noyau dur de partisans.

Son discours est maintenant plus modéré, mais il jette périodiquement un os à sa vieille droite pour la tenir tranquille.

On n’entend plus les rednecks en chapeau de cow-boy qui disaient des niaiseries sur les gais. Mais Stephen Harper prend soin, par exemple, de rappeler que toutes les drogues sont mauvaises.

                                                     Dion déculotté

Deuxième volet: scier la branche de l’opposition officielle en la privant de discours. Harper n’aura jamais d’adversaire plus facile que Stéphane Dion. Il veut donc qu’il reste en place. Il aurait été facile pour lui d’écraser Dion sous les sarcasmes. Mais il s’est contenté de le rendre muet.

Désormais, quand Dion voudra parler d’environnement ou de la guerre, il se fera rappeler qu’il a laissé passer un discours du Trône qui enterrait le protocole de Kyoto et qui ouvrait la porte à un prolongement jusqu’en 2011 de la présence canadienne en Afghanistan.

Troisième volet: diviser l’adversaire. La nomination d’un libéral comme John Manley à la tête du groupe de réflexion sur l’Afghanistan était un coup de génie tactique.

                                                         I love Quebec

Quatrième volet: séduire le Québec, où il peut faire plus de gains qu’en Ontario. De deux façons: en évitant les empiétements dans les juridictions québécoises et en faisant des ouvertures essentiellement symboliques qui ne braqueront pas le Canada anglais.

La reconnaissance de la nation québécoise n’a aucun effet concret. Le droit de parole du Québec à l’Unesco ne peut s’exercer que pour endosser la position canadienne. La limitation du pouvoir fédéral de dépenser ne s’appliquerait qu’à des programmes qu’Ottawa n’a plus l’intention de mettre sur pied. Mais après les années Chrétien, les Québécois semblent prêts à se contenter de peu.

Cinquième volet: utiliser les surplus fédéraux pour financer des mesures toujours populaires comme les baisses d’impôts et la lutte contre les bandits.

Cet homme possède deux des plus formidables qualités en politique, qui ne s’enseignent pas: l’instinct et le jugement. Et quand il fait des erreurs, il les admet vite et les corrige tout de suite. Parlez-en à Rona Ambrose.

Pour le moment, l’électorat s’accommode bien d’un gouvernement minoritaire qui fonctionne, mais craint encore un peu un gouvernement conservateur majoritaire. Dans quelques mois, le fruit risque d’être à point.

[.anthurium.]

Une des qualité que je reconnais de M. Facal c'est d'être lucide. Je ne partage pas son désir de séparation du Québec mais j'aime son côté je-suis-péquiste-mais-je-suis-capable-de-faire-abstraction-de-mes-émotions. Il est patient M. Facal, Il est lucide,intelligent... Je suis capable de le lire contrairement a d'autres qui perdent toute objectivité quand on fait référence à l'avenir du Québec. Pis lui au moins il est clairement identifié au PQ.
Ce n'est pas le sujet de l'article mais qu'importe