Publié : lun. sept. 24, 2007 4:00 am
Le lundi 24 septembre 2007
Catholiques et... voilées
La plupart des femmes portaient une mantille blanche ou noire. Une affiche à l'entrée de l'église est d'ailleurs consacrée au code vestimentaire. (Photo André Tremblay, La Presse)
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La plupart des femmes portaient une mantille blanche ou noire. Une affiche à l'entrée de l'église est d'ailleurs consacrée au code vestimentaire.
Photo André Tremblay, La Presse
Mario Girard
La Presse
La scène est dépaysante. Plusieurs dizaines de fidèles récitent et chantent des prières en latin devant un prêtre entouré d'enfants de choeur. Entre des coups de clochettes et des balancements d'encensoir, on plonge son nez dans un missel.
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Pierre Messier (63%)
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Autre détail qui surprend: toutes les femmes ont la tête couverte d'un voile de dentelle. On se croirait dans les années 60. Pourtant, on est bien à Montréal, en 2007, dans une église catholique.
Tous les dimanches, l'abbé Dominique Boulet se rend à l'église Saint-Joseph, rue Dante, pour y dire la messe en latin. Membre de la Fraternité Saint Pie X, le prêtre défend depuis une vingtaine d'années le rite latin, qui vient de recevoir l'approbation du pape Benoît XVI.
«Le 7 juillet dernier, Benoît XVI a publié un motu proprio qui redonne tous ses droits à la messe traditionnelle en latin, explique l'abbé Boulet, assis derrière un bureau, dans une soutane noire qu'il ne quitte jamais. Depuis le 14 septembre, cette décision est officiellement en vigueur», ajoute-t-il.
Grâce aux trois prêtres de la Fraternité Saint Pie X du Québec, des messes en latin sont actuellement célébrées à Shawinigan, à Ottawa et à Montréal. La Presse y a assisté à l'église Saint-Joseph. On y a appris que des gens viennent d'aussi loin que Saint-Jérôme ou Cornwall, en Ontario, pour renouer avec des rituels que les moins de 40 ans ne connaissent pas.
«Ça, c'est une vrai messe», lance un paroissien avec une satisfaction non dissimulée.
«Dans le rite latin, c'est la seule messe qui traduise véritablement la foi catholique, nous explique Pierre Messier, un autre fidèle. C'est clair que le Novus ordo est déficient.»
Le Novus ordo, c'est ce qui est né du concile VaticanII, qui s'est déroulé entre 1962 et 1965, et qui a fait entrer l'Église catholique dans la modernité. «Le catholicisme a procédé à une capitulation, reprend M. Messier. Il n'aurait pas dû. Ceux qui ont fait VaticanII avaient des problèmes.»
Alors que les catholiques du Québec tentaient de redéfinir leurs rites religieux dans des messes à gogo, d'autres fidèles s'obstinaient à vouloir préserver les célébrations latines. Devant l'insistance de l'archevêché de Montréal, qui voulait définitivement mettre un frein à cette pratique, certains avaient même occupé une église au milieu des années 70 pour exprimer leur attachement au traditionalisme. Léo Laberge faisait partie de ceux-là.
«Nous avons passé 15 jours d'affilée dans l'église Sainte-Yvette en soutien à l'abbé Normandin, qui défendait cela, raconte M. Laberge. J'ai toujours cru en cela. Nos églises sont vides, alors qu'on construit des mosquées à Montréal. Peut-être que, s'il y avait plus de messes comme celles-là, on aurait plus de pratiquants.»
Des femmes catholiques voilées
Parmi les personnes qui assistaient à la messe d'hier, il y avait plusieurs femmes. La plupart portaient une mantille blanche ou noire. Une affiche, à l'entrée de l'église, est d'ailleurs consacrée au code vestimentaire.
«Nous rappelons la tradition bimillénaire qui requiert que les femmes aient la tête couverte», peut-on lire dans ce texte sur la «Modestie chrétienne». Plus haut, on invite les femmes à porter des «jupes qui tombent huit pouces au-dessous des genoux».
«Où est le problème? demande Pierre Messier. Ces femmes ne portent le voile que pendant la messe. Les musulmanes, elles, le portent 24 heures par jour. L'islam ne fait pas la différence entre le civil et le religieux.»
Venue avec son mari, Michèle Guy s'étonne de notre question. «Ah oui? Il y a un débat sur le port du voile? Moi je ne vois aucun mal à cela. Ce qui compte, pour nous, c'est de retrouver ce que nous avions perdu.»
Aux nombreux rituels de la messe traditionnelle en latin sont greffées certaines valeurs. L'abbé Boulet les défend avec aplomb. Le sexe avant le mariage? «C'est non», tranche-t-il. L'homosexualité? «C'est clair, c'est contre nature.» L'alcool et la drogue? «Si c'est un petit verre, ça peut aller. Si c'est un vice, c'est non.» La contraception? «Non, nous suivons l'enseignement de l'Église et cela n'a pas changé.»
Mais quand on lui demande s'il se conformerait à une décision «révolutionnaire» du Vatican, comme par exemple la reconnaissance du mariage entre conjoints de même sexe, l'abbé Boulet devient hésitant. «On suit l'enseignement... Et de toute façon je ne peux pas croire que l'Église accepterait une chose pareille.»
Catholiques et... voilées
La plupart des femmes portaient une mantille blanche ou noire. Une affiche à l'entrée de l'église est d'ailleurs consacrée au code vestimentaire. (Photo André Tremblay, La Presse)
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La plupart des femmes portaient une mantille blanche ou noire. Une affiche à l'entrée de l'église est d'ailleurs consacrée au code vestimentaire.
Photo André Tremblay, La Presse
Mario Girard
La Presse
La scène est dépaysante. Plusieurs dizaines de fidèles récitent et chantent des prières en latin devant un prêtre entouré d'enfants de choeur. Entre des coups de clochettes et des balancements d'encensoir, on plonge son nez dans un missel.
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Tous les dimanches, l'abbé Dominique Boulet se rend à l'église Saint-Joseph, rue Dante, pour y dire la messe en latin. Membre de la Fraternité Saint Pie X, le prêtre défend depuis une vingtaine d'années le rite latin, qui vient de recevoir l'approbation du pape Benoît XVI.
«Le 7 juillet dernier, Benoît XVI a publié un motu proprio qui redonne tous ses droits à la messe traditionnelle en latin, explique l'abbé Boulet, assis derrière un bureau, dans une soutane noire qu'il ne quitte jamais. Depuis le 14 septembre, cette décision est officiellement en vigueur», ajoute-t-il.
Grâce aux trois prêtres de la Fraternité Saint Pie X du Québec, des messes en latin sont actuellement célébrées à Shawinigan, à Ottawa et à Montréal. La Presse y a assisté à l'église Saint-Joseph. On y a appris que des gens viennent d'aussi loin que Saint-Jérôme ou Cornwall, en Ontario, pour renouer avec des rituels que les moins de 40 ans ne connaissent pas.
«Ça, c'est une vrai messe», lance un paroissien avec une satisfaction non dissimulée.
«Dans le rite latin, c'est la seule messe qui traduise véritablement la foi catholique, nous explique Pierre Messier, un autre fidèle. C'est clair que le Novus ordo est déficient.»
Le Novus ordo, c'est ce qui est né du concile VaticanII, qui s'est déroulé entre 1962 et 1965, et qui a fait entrer l'Église catholique dans la modernité. «Le catholicisme a procédé à une capitulation, reprend M. Messier. Il n'aurait pas dû. Ceux qui ont fait VaticanII avaient des problèmes.»
Alors que les catholiques du Québec tentaient de redéfinir leurs rites religieux dans des messes à gogo, d'autres fidèles s'obstinaient à vouloir préserver les célébrations latines. Devant l'insistance de l'archevêché de Montréal, qui voulait définitivement mettre un frein à cette pratique, certains avaient même occupé une église au milieu des années 70 pour exprimer leur attachement au traditionalisme. Léo Laberge faisait partie de ceux-là.
«Nous avons passé 15 jours d'affilée dans l'église Sainte-Yvette en soutien à l'abbé Normandin, qui défendait cela, raconte M. Laberge. J'ai toujours cru en cela. Nos églises sont vides, alors qu'on construit des mosquées à Montréal. Peut-être que, s'il y avait plus de messes comme celles-là, on aurait plus de pratiquants.»
Des femmes catholiques voilées
Parmi les personnes qui assistaient à la messe d'hier, il y avait plusieurs femmes. La plupart portaient une mantille blanche ou noire. Une affiche, à l'entrée de l'église, est d'ailleurs consacrée au code vestimentaire.
«Nous rappelons la tradition bimillénaire qui requiert que les femmes aient la tête couverte», peut-on lire dans ce texte sur la «Modestie chrétienne». Plus haut, on invite les femmes à porter des «jupes qui tombent huit pouces au-dessous des genoux».
«Où est le problème? demande Pierre Messier. Ces femmes ne portent le voile que pendant la messe. Les musulmanes, elles, le portent 24 heures par jour. L'islam ne fait pas la différence entre le civil et le religieux.»
Venue avec son mari, Michèle Guy s'étonne de notre question. «Ah oui? Il y a un débat sur le port du voile? Moi je ne vois aucun mal à cela. Ce qui compte, pour nous, c'est de retrouver ce que nous avions perdu.»
Aux nombreux rituels de la messe traditionnelle en latin sont greffées certaines valeurs. L'abbé Boulet les défend avec aplomb. Le sexe avant le mariage? «C'est non», tranche-t-il. L'homosexualité? «C'est clair, c'est contre nature.» L'alcool et la drogue? «Si c'est un petit verre, ça peut aller. Si c'est un vice, c'est non.» La contraception? «Non, nous suivons l'enseignement de l'Église et cela n'a pas changé.»
Mais quand on lui demande s'il se conformerait à une décision «révolutionnaire» du Vatican, comme par exemple la reconnaissance du mariage entre conjoints de même sexe, l'abbé Boulet devient hésitant. «On suit l'enseignement... Et de toute façon je ne peux pas croire que l'Église accepterait une chose pareille.»