Telus Québec l’a échappé belle !

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Earendil
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Mercredi 27 Juin 2007

Telus Québec l’a échappé belle !

illustrations2007062701.jpgSi vous cliquez sur les 4 vignettes apparaissant plus loin, vers le bas de cette chronique, vous comprendrez pourquoi, ce matin, je recommence à casser du sucre sur le dos de Bell Canada. Cette fois, le catalyseur de mon fiel est l’indescrïptible soupir de soulagement que viennent de pousser quelques milliers de Rimouskois, un soupir que malgré la distance, j’ai clairement perçu de mon balcon, ici à Montréal. Car, tout indique que Telus ne pourra pas acheter Bell et, qu’ainsi, il n’y aura ni fusion, ni rationalisation, donc, aucune hécatombe sociale dans le Bas-du-Fleuve. Pour l’instant.


illustrations2007062707.jpgUn mot d’histoire. Pendant longtemps, il y eut une belle petite compagnie pleine d’importance régionale appelée Québec Téléphone, le navire amiral de l’entrepreneur Jules-André Brillant, fondateur (notamment) de la deuxième station de télé à entrer en ondes dans l’histoire du Québec, CJBR (JB pour Jean Brillant). Québec Téléphone était Rimouski au même titre que le fleuve, l’Île Saint-Barnabé, l’Islet à Canuel, l’Empress of Ireland, les Ursulines ou l’École de Marine.

illustrations2007062703.jpgPour le résident de Nazareth, de Saint-Pie-X, de Saint-Robert ou de Sacré-Cœur (des paroisses de Rimouski), la compagnie faisait partie de l’air ambiant et il était inconcevable qu’un jour il n’en soit plus ainsi. C’était la pérennité économique. Québec Téléphone veillait paternellement sur un calme pays tissé de petits bonheurs, une contrée émouvante que rien ne prédisposait à la trépidation mondialisante. C’était un microcosme d’air salin, de relents de varech et de fleurs des champs où, en tout temps, partout, au marché, au resto, sur la rue, au golfe, se croisaient clients, patrons, employés, observateurs, avec qui on pouvait parler de tout ou de rien, des Océaniques, comme de la pêche aux coques.

illustrations2007062702.jpgMais en 1995, la déréglementation frappa; Sprint, AT&T et Bell attaquèrent le village gaulois. Sans quartiers ! Rimouski dut apprendre à vivre à l’heure de Toronto; QuébecTel cessa de prendre des commandes et se mit à faire des ventes. Qui plus est, elle réalisa qu’il ne lui était plus possible de glander toute seule dans son coin, qu’elle devait riposter en s’attaquant aux territoires de Bell, dont Québec et Montréal. Malheureusement, la réglementation fédérale l’en empêchait. C’est qu’elle était contrôlée à 51 % par la multinationale américaine GTE. Je vous rappelle que la puissante GTE était partenaire (minoritaire) dans Telus, ce regroupement récent de telcos en Alberta et en Colombie Britannique, et qu’elle était partenaire de Bell Atlantic (qui va plus tard l’avaler … avant que tout le bordel ne disparaisse dans Verizon) en ce qui a trait au trafic interurbain de la côte est américaine, incluant New York.

illustrations2007062706.jpgAutrement dit, pour déborder légalement son marché traditionnel, QuébecTel devait se canadianiser, cela alors que Telus, contrainte à l’expansion, se devait de devenir un joueur pancanadien. Il lui fallait notamment s’implanter solidement au Québec, segment téléphonique tampon entre la côte est américaine et le Canada occidental (l’Ontario les provinces de l’ouest). Il eut donc mariage de raison. Le titre principal de propriété de QuébecTel passa de GTE à Telus. Le siège social rimouskois fut maintenu et aucun emploi ne fut sacrifié.

illustrations2007062715.jpgillustrations2007062716.jpgOn connait la suite. L’érosion fut lente et persistante. Sans trop de heurts, Rimouski perdit lentement de son importance au sein de Telus au profit de Montréal. Karen Radford (photo de droite), l’actuelle présidente de Telus Québec, a ses bureaux dans la métropole. Rimouski ? C’est la ville de son prédécesseur, Hughes Saint-Pierre (photo de gauche), le dernier à avoir porté le titre de président de Québec Téléphone. Reste que de très nombreux emplois ont pu être maintenus à Rimouski (merci M. Saint-Pierre), des emplois bien rémunérés qu’une fusion avec Bell, une fusion relevant de la même philosophie que celle ayant fait convoler QuébecTel et Telus, aurait probablement fait disparaître.

illustrations2007062712.jpgillustrations2007062713.jpgTelle était la crainte récente qu’on pouvait mesurer sur la rue Saint-Germain. Tout le monde s’attendait à une saignée majeure, à une curée signée Michael Sabia (photo de gauche), P.D.G. de Bell, l’homme des processus d’examen stratégique (sic). Ceux qui se rappellent les faits d’arme de Jean C. Monty (photo de droite) - la saga des techniciens, celle des téléphonistes, etc. - illustre prédécesseur de Michael Sabia, sont généralement incapables de déterminer lequel de ces deux gestionnaires implacables, peut frapper le plus froidement, le plus durement. Tant et si bien que pour de nombreux Bas-Laurentiens, la perspective d’une fusion avec Bell était un cauchemar aussi effroyable que le grand feu qui détruisit le quart de la ville en 1950. Je vous jure.

illustrations2007062705.jpgD’où ce méga soupir dont je vous ai parlé en intro. Et si je vous dis que je l’ai perçu de mon balcon, c’est que j’y admire en permanence, à ce qu’il semble, la preuve de cette efficacité toute Bell dont risquait d’hériter les Rimouskois. Cliquez sur les quatre vignettes ci-après et observez le détail des photos qui en résultent. Si vous le faites, vous pouvez percevoir un bricolage que des techniciens de Bell, puis d’Expertech (société issue de la crosse à Monty…), puis de Bell et encore de Bell ont commencé à la fin de l’automne dernier. Depuis, c’est laid, ça pendouille et ça me les pompe.

illustrations2007062708.jpgillustrations2007062709.jpgillustrations2007062710.jpgillustrations2007062711.jpg

Depuis deux ans, j’ai des tonnes d’ennui avec ma connexion DSL, une sorte de problème intermittent que déplore mon fournisseur Internet (le DSL de Bell), ce qui fait que je lui suis quand même demeuré fidèle. À chaque plainte de ma part, les gens de Bell ont d’abord tenté de me culpabiliser, puis ils m’ont expliqué qu’il y avait un fil d’avarié dans le poteau, un short dans une boite, une misère dans une centrale, que sais-je, un écureuil enragé dans un relais. L’autre jour, un énième technicien m’a expliqué que c’était à cause me ma vieille boite, celle qu’ils ont commencé à remplacer par la nouvelle. Puis, quelques jours plus tard, un autre gaillard m’a soutenu, preuves en main, que le foutu bricolage serait enfin terminé dès le lendemain avant 17 heures. Plus tard, au téléphone, les gens de Bell n’ont pas compris de quoi je leur parlais.

illustrations2007062714.jpgPour couper court, disons que chez moi, Bell agit en Bell. Ainsi, je ne m’attends pas à une qualité de service, il ya belle lurette que je n’y crois plus. J’aimerais seulement qu’ils enlèvent leur cochonnerie. Mais, apparemment, je n’ai pas un mot à dire; légalement, je suis tenu de prêter les murs de ma maison aux extravagances des pouvoirs publics. Je suis impuissant par rapport à cette situation qui me les pompe. Le sort téléphonique d’une douzaine de mes voisins relève de cette foutue boite que Bell n’arrive pas à boulonner définitivement sur mon mur à moi, un mur que j’ai pourtant tout réparé kioute kioute en 2005, dans le contexte d’une cour arrière que j’essaie d’embellir constamment. Mais, bon !

S’il est permis de juger une entreprise par la façon dont elle s’acquitte de ses obligations de service aussi insignifiants soient-ils, force est de conclure que les Bas-Laurentiens l’ont échappé encore plus belle qu’ils ne le croyaient.
https://www.youtube.com/watch?v=x6_7Mbp76jU" onclick="window.open(this.href);return false; (ont lache rien) continuons le combat
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