L'exil de Juppé

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.anthurium.
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Message par .anthurium. »

L'exil de Juppé

J'ai appris par hasard que les contribuables de la capitale avaient payé le séjour au Québec d'Alain Juppé, en 2006. Le politicien déchu en France s'était expatrié à Montréal pour se faire oublier chez lui, vous vous rapplez? Hésitant d'abord, un habitué des arcanes du pouvoir m'a raconté le périple de l'ami bordelais du Renouveau municipal, invité impromptu de la prestigieuse École d'administration publique du Québec. L'ÉNAP, c'était sa cabane au Canada.
- Ça paraîssait bien et ça arrangeait tout le monde, les Français surtout, et comme ça ne nous coûtait rien...
- Comment ça, ça ne coûtait rien?
- L'ÉNAP n'a pas versé un sou. La ville a payé. Le gouvernement, des privés aussi. L'argent est passé par un fonds spécial de la Fondation de l'Université du Québec...
Un document officiel de l'ÉNAP précise effectivement que «le traitement d'Alain Juppé ne sera pas payé par le budget courant de l'École mais à même un fonds spécial constitué aux fins de la création de la chaire de recherche en affaires internationales». Juppé a reçu 93 000 euros, soit 140 000 $, somme qu'on retrouve dans le rapport annuel de la fondation. À l'époque, l'historien Gérard Bouchard, le frère de l'ancien premier ministre, trouvait que c'était cher payé pour un politicien plutôt mal barré...
À l'Hôtel de ville, l'arrivée de Juppé avait été discrètement préparée, le 23 novembre 2005, quelques heures seulement avant que la mairesse Andrée Boucher ne dirige sa toute première réunion du conseil de ville. Jean-Paul L'Allier, Claude Larose, Ann Bourget et quelques invertébrés municipaux réunis en comité exécutif ont distribué quelques subventions mineures et, surtout, autorisé le versement de 100 000 $ tout ronds à la nouvelle «Chaire de recherche appliquée en affaires internationales», une instance de l'ÉNAP qui n'existait pas avant Juppé. Le chèque a été émis le 8 décembre suivant et encaissé le 23 janvier 2006, à temps pour acceuillir le héros en exil.
Trouvé coupable de fraude dans une affaire d'emplois fictifs à Paris, Juppé avait été condamné à un an de prison avec sursis (donc à rien du tout) et interdit dans toute fonction publique. Grâce à ses amitiés québécoises, il a atterri à l'ÉNAP mais ne s'est pas installé dans Saint-Rock-les-subventions. Il a donné quelques cours à Québec et à Gatineau mais c'est à Montréal qu'il a préféré s'installer. C'est là que Jean-Pierre Raffarin l'aurait convaincu de dire oui à Sarkozy.
Pour Juppé donc, ce fut le meilleur des mondes. Le nouveau monde, évidemment, qui lui aura servi de refuge et permis de ressusciter; le numéro deux du gouvernement français ne nous oubliera jamais... Bizarrement, on a rien su de cette histoire. Qu'Ann Bourget chante ou pas La Marseillaise sous la douche, on s'en fout; comment on dépense le fric des contribuables, ça, c'est du domaine public. Et ça devrait toujours l'être.

Publié par michel hébert à 18:25 3 commentaires
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sleepy-girl
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Message par sleepy-girl »

c,est scandaleux  
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