Publié : ven. mai 04, 2007 4:15 am
Les ruches d'abeilles en péril
Pierre Asselin
Le Soleil
Les apiculteurs québécois ont perdu plus de 40 % de leurs abeilles cette année, des pertes presque aussi élevées qu’en 2003 quand 50 % des colonies avait été perdues. La situation rappelle ce qui s’est passé aux États-Unis, mais il semble que ce soit pour des raisons différentes.
Réjean Lambert, un des plus gros apiculteurs de la province, enregistre des pertes de 30 %. « Je connais des éleveurs qui ont des pertes de 75 à 100 %, dit-il. C’est assez dramatique. »
La Montérégie et le sud de la province sont les plus plus touchées, alors que la région de Québec l’est un peu moins.
Marc Zeller, qui élève des abeilles à Lévis depuis 27 ans, a ainsi enregistré 25 % de pertes.
« En 2003, on avait perdu 40 % de nos ruches, mais c’était directement lié au varroa (un parasite). Cette année, on trouve du varroa, mais pas tant que ça, on ne sait pas trop s’il y a d’autres facteurs. »
Le président de la Fédération des apiculteurs du Québec, Jean-François Doyon, confirme que pour la province les pertes sont élevées. « Et si le printemps tarde à s’installer, nos pertes seront de plus de 40 % », dit-il.
Les producteurs américains ont vu leurs abeilles disparaître par milliards cette année. Le phénomène a été baptisé Colony Collapse Disorder (CCD) ou syndrôme d’effondrement des colonies. Selon Nicolas Tremblay, agronome et conseiller provincial en apiculture, le problème vécu au Québec serait toutefois différent.
« Ce qu’on voit avec le CCD, c’est qu’après quelques semaines un producteur arrive et trouve des ruches complètement vides. Les abeilles sont désorientées et elles ne reviennent tout simplement pas. Ce n’est pas ce qu’on observe ici, on trouve des abeilles mortes à la ruche. »
Un avis partagé par M. Doyon : « C’est pas le CCD, ce qu’on vit cette année c’est dû à une foule de facteurs. Il y a les parasites, les virus, les pesticides, et on soupçonne les OGM. »
« Depuis deux semaines, ça tombe beaucoup, on perd nos abeilles et on ne sait pas pourquoi. Elles sont comme désorientées, elles partent et on ne les retrouve pas. On s’aperçoit à un moment que la ruche est beaucoup moins forte. »
« Le parasite est un vecteur de plusieurs maladies. Est-ce que la mortalité résulte d’un mélange de plusieurs virus ? On n’a pas de réponse définitive. »
Impacts
Jean-François Doyon s’inquiète quant à lui de l’impact de ces pertes sur les activités de pollinisation.
« On pense d’abord à l’impact sur la production de miel, dit-il, mais la pollinisation est un gros marché, comme pour le bleuet, la canneberge, le canola. Si on manque de ruches, on fait venir des abeilles d’Ontario, mais cette année, ils (les apiculteurs ontariens) ont des pertes encore plus importantes que les nôtres. Ils sont à 60 % de pertes et plusieurs producteurs ontariens ne viendront pas cette année pour cette raison. »
La faute aux OGM?
Plusieurs apiculteurs soupçonnent les OGM d’être en partie responsables des pertes élevées d’abeilles qu’on observe un peu partout dans le monde, mais on n’a pas encore pu le prouver.
Un article du New York Times cite les chercheurs qui s’attaquent au problème du Colony Collapse Disorder (CCD). Selon eux, il y aurait trois coupables possibles à ce stade : un virus, un champignon ou un pesticide.
Des tests génétiques ont révélé la présence de micro-organismes parmi les colonies en déclin, ce qui laisse penser que leur système immunitaire pourrait être affaibli. Les chercheurs ont aussi trouvé des champignons qu’on retrouve également chez les humains qui souffrent du sida.
Selon Jean-Pierre Chapleau, un éleveur de reines de l’Estrie, le phénomène est probablement très complexe.
« Cette année, dit-il, il y a trois facteurs. Les colonies ont été très prospères l’année dernière et ça a amené une multiplication des parasites, alors que les techniques de contrôle n’étaient pas au point. On a aussi eu une miellée de fin de saison très pauvre et nos abeilles sont entrées en hivernage en moins bonne condition. J’ajouterais que les producteurs sont encore en apprentissage des méthodes de contrôle du parasite et ça augmente les pertes, à mon avis.
« Je ne crois pas que ce soit le CCD qui explique nos pertes à nous, mais je ne suis pas un homme de science. L’usage répandu des pesticides affecte nos ruches. Il y a des études qui montrent que plus l’usage de pesticides est élevé dans une région, plus il y a de pertes de production et de pertes de reines. »
Enfin, même si des études montrent une non-toxicité du Bt chez les abeilles, on s’interroge sur l’impact que peuvent avoir des faibles doses, sur les effets à long terme, les synergies entre les produits, etc. « Ça reste des toxines destinées à tuer des larves et le problème, c’est qu’il nous revient à nous de faire la preuve. »
************************************
Malheureusement, ce n'est pas seulement la production de miel qui souffre du manque d'abeilles, mais bien toutes les récoltes de fruits qui ont besoin des abeilles pour polléniser les fleurs au printemps.
Évidemment, ils vont nous sortir des études pour appuyer leur théorie que c'est pas à cause des pesticides et OGM! Les abeilles se perdent en chemin ou tombent raides mortes comme ça, tu-seule...
Pierre Asselin
Le Soleil
Les apiculteurs québécois ont perdu plus de 40 % de leurs abeilles cette année, des pertes presque aussi élevées qu’en 2003 quand 50 % des colonies avait été perdues. La situation rappelle ce qui s’est passé aux États-Unis, mais il semble que ce soit pour des raisons différentes.
Réjean Lambert, un des plus gros apiculteurs de la province, enregistre des pertes de 30 %. « Je connais des éleveurs qui ont des pertes de 75 à 100 %, dit-il. C’est assez dramatique. »
La Montérégie et le sud de la province sont les plus plus touchées, alors que la région de Québec l’est un peu moins.
Marc Zeller, qui élève des abeilles à Lévis depuis 27 ans, a ainsi enregistré 25 % de pertes.
« En 2003, on avait perdu 40 % de nos ruches, mais c’était directement lié au varroa (un parasite). Cette année, on trouve du varroa, mais pas tant que ça, on ne sait pas trop s’il y a d’autres facteurs. »
Le président de la Fédération des apiculteurs du Québec, Jean-François Doyon, confirme que pour la province les pertes sont élevées. « Et si le printemps tarde à s’installer, nos pertes seront de plus de 40 % », dit-il.
Les producteurs américains ont vu leurs abeilles disparaître par milliards cette année. Le phénomène a été baptisé Colony Collapse Disorder (CCD) ou syndrôme d’effondrement des colonies. Selon Nicolas Tremblay, agronome et conseiller provincial en apiculture, le problème vécu au Québec serait toutefois différent.
« Ce qu’on voit avec le CCD, c’est qu’après quelques semaines un producteur arrive et trouve des ruches complètement vides. Les abeilles sont désorientées et elles ne reviennent tout simplement pas. Ce n’est pas ce qu’on observe ici, on trouve des abeilles mortes à la ruche. »
Un avis partagé par M. Doyon : « C’est pas le CCD, ce qu’on vit cette année c’est dû à une foule de facteurs. Il y a les parasites, les virus, les pesticides, et on soupçonne les OGM. »
« Depuis deux semaines, ça tombe beaucoup, on perd nos abeilles et on ne sait pas pourquoi. Elles sont comme désorientées, elles partent et on ne les retrouve pas. On s’aperçoit à un moment que la ruche est beaucoup moins forte. »
« Le parasite est un vecteur de plusieurs maladies. Est-ce que la mortalité résulte d’un mélange de plusieurs virus ? On n’a pas de réponse définitive. »
Impacts
Jean-François Doyon s’inquiète quant à lui de l’impact de ces pertes sur les activités de pollinisation.
« On pense d’abord à l’impact sur la production de miel, dit-il, mais la pollinisation est un gros marché, comme pour le bleuet, la canneberge, le canola. Si on manque de ruches, on fait venir des abeilles d’Ontario, mais cette année, ils (les apiculteurs ontariens) ont des pertes encore plus importantes que les nôtres. Ils sont à 60 % de pertes et plusieurs producteurs ontariens ne viendront pas cette année pour cette raison. »
La faute aux OGM?
Plusieurs apiculteurs soupçonnent les OGM d’être en partie responsables des pertes élevées d’abeilles qu’on observe un peu partout dans le monde, mais on n’a pas encore pu le prouver.
Un article du New York Times cite les chercheurs qui s’attaquent au problème du Colony Collapse Disorder (CCD). Selon eux, il y aurait trois coupables possibles à ce stade : un virus, un champignon ou un pesticide.
Des tests génétiques ont révélé la présence de micro-organismes parmi les colonies en déclin, ce qui laisse penser que leur système immunitaire pourrait être affaibli. Les chercheurs ont aussi trouvé des champignons qu’on retrouve également chez les humains qui souffrent du sida.
Selon Jean-Pierre Chapleau, un éleveur de reines de l’Estrie, le phénomène est probablement très complexe.
« Cette année, dit-il, il y a trois facteurs. Les colonies ont été très prospères l’année dernière et ça a amené une multiplication des parasites, alors que les techniques de contrôle n’étaient pas au point. On a aussi eu une miellée de fin de saison très pauvre et nos abeilles sont entrées en hivernage en moins bonne condition. J’ajouterais que les producteurs sont encore en apprentissage des méthodes de contrôle du parasite et ça augmente les pertes, à mon avis.
« Je ne crois pas que ce soit le CCD qui explique nos pertes à nous, mais je ne suis pas un homme de science. L’usage répandu des pesticides affecte nos ruches. Il y a des études qui montrent que plus l’usage de pesticides est élevé dans une région, plus il y a de pertes de production et de pertes de reines. »
Enfin, même si des études montrent une non-toxicité du Bt chez les abeilles, on s’interroge sur l’impact que peuvent avoir des faibles doses, sur les effets à long terme, les synergies entre les produits, etc. « Ça reste des toxines destinées à tuer des larves et le problème, c’est qu’il nous revient à nous de faire la preuve. »
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Malheureusement, ce n'est pas seulement la production de miel qui souffre du manque d'abeilles, mais bien toutes les récoltes de fruits qui ont besoin des abeilles pour polléniser les fleurs au printemps.
Évidemment, ils vont nous sortir des études pour appuyer leur théorie que c'est pas à cause des pesticides et OGM! Les abeilles se perdent en chemin ou tombent raides mortes comme ça, tu-seule...