Les employés d'Urgences-santé en détresse
Pascale Breton
La Presse
La détresse psychologique est si élevée au sein d'Urgences-santé qu'un employé sur quatre a sérieusement songé au suicide. Un taux trois fois plus élevé que dans la population en général, révèle une étude alarmante que La Presse a obtenue.
Le travail, jumelé à des problèmes conjugaux et des soucis financiers, arrive en tête de liste pour expliquer les idées suicidaires.
«C'est un taux énorme. Je n'ai jamais vu un taux de suicide aussi élevé pour un autre métier au Québec, surtout au sein d'une si petite population», affirme le chercheur principal de l'étude, Brian L. Mishara, professeur et directeur du Centre de recherche et d'information sur le suicide et l'euthanasie (CRISE) de l'Université du Québec à Montréal.
La famille d'Urgences-santé est petite : environ 1300 employés, dont 850 paramédicaux. Ils sont les plus à risque.
Le climat est lourd et ce, depuis plusieurs années. Les conditions de travail sont difficiles. Les paramédicaux sont soumis à un stress constant. Leur charge de responsabilité est lourde, mais la reconnaissance n'est pas souvent au rendez-vous.
«Moi, j'ai fait une grave dépression. J'ai vraiment passé par des moments difficiles. La corde était déjà accrochée dans le garde-robe», confie à La Presse une paramédicale sous le couvert de l'anonymat.
C'est à la suite d'une vague de suicides à partir de 2002 que la direction d'Urgences-santé a mandaté le CRISE pour identifier la problématique et amener des suggestions.
Le constat est accablant. L'étude révèle que plus de deux employés sur trois (70 %) connaissent un collègue qui s'était suicidé. Une personne sur 13 a fait une tentative de suicide.
Marc (nom fictif) connaît cinq collègues qui se sont enlevé la vie. Dont son frère. «Dans quatre des cinq cas, j'ai été la dernière personne à leur parler. J'étais proche, il me semble que j'étais là pour les écouter, mais je n'ai rien vu venir. Ils n'ont rien dit», raconte-t-il à La Presse, toujours bouleversé des mois plus tard.
Plus de 60 % des paramédicaux interrogés par les chercheurs dans le cadre de leur étude montrent un taux de détresse psychologique élevé. Dans la population en général, ce taux varie de 15 à 20 %.
Bien souvent, des événements liés au climat de travail ou des appels impliquant les enfants et les bébés ont perturbé les employés, au point de nuire à leur travail.
Désillusion
L'étude a été remise en 2005 à la direction de l'organisation. En novembre dernier, plus d'un an après, le programme d'aide aux employés a été revu pour mieux soutenir les gens en détresse. On compte aussi modifier les horaires de travail pour permettre aux paramédicaux de souffler un peu.
Mais dans les faits, peu de choses ont réellement changé, confient plusieurs d'entre eux sous le couvert de l'anonymat.
Un jeudi soir, dans une brasserie de Laval, ils sont une quarantaine qui se sont réunis pour souligner le départ de trois collègues. Des superviseurs congédiés injustement selon eux.
Le climat de désillusion est facilement palpable. Il y a peu de jeunes dans la foule. Ils partent au bout de quelques années, épuisés, déçus aussi du salaire, raconte un paramédical.
Les plus vieux restent parce qu'ils n'ont pas le choix. Que peuvent-ils faire d'autre? demandent-ils en soulevant les épaules.
L'un d'eux, qui a une vingtaine d'années d'expérience, a fait trois burnout. Un autre parle longuement du climat de travail et du sentiment d'écoeurement généralisé, mais sans jamais mentionner qu'il a lui-même été désespéré au point d'attenter à sa vie.
À la direction d'Urgences-santé, on reconnaît la situation. «Les paramédicaux vivent du stress physique, psychologique et émotif constant. C'est très difficile et il devient facile de voir du noir», souligne le directeur des communications, André Champagne.
Les causes de détresse sont multifactorielles. «Mais il est vrai que le travail des paramédicaux n'est pas toujours reconnu à sa juste valeur, surtout si on compare avec les pompiers ou les policiers», ajoute-t-il.
Ouf... c'est un probleme qui semble durer depuis des années et que l'on entend tres peu parler.... Urgences santé est la base de notre systeme de santé, j'espere que cela fait partie des plans d'améliorations de notre ministre de la santé....
Employés d'Urgence santé......
- geneviève-2
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