
Dans son édition d'aujourd'hui, le quotidien Globe and Mail relatait des témoignages de 30 Afghans qui soutiennent avoir été torturés après avoir été arrêtés par des soldats canadiens, puis remis aux forces policières afghanes, comme le veut le traité signé entre le Canada et l'Afghanistan.
Devant de telles allégations, le gouvernement n'a d'autre choix que de cesser dès maintenant le transfert des prisonniers vers les forces afghanes, ont fait valoir les partis d'opposition et des experts en droit international.
Ils n'auront pas convaincu le gouvernement. Aux Communes, le premier ministre Stephen Harper a soutenu qu'il s'agissait «d'allégations sérieuses et le gouvernement les prend au sérieux». Ainsi, des représentants du gouvernement feront des vérifications auprès des forces afghanes pour s'assurer qu'elles sont en mesure de respecter le traité.
Quelques minutes plus tard, le ministre O'Connor qualifiait les plus récentes allégations de «rumeurs», et ajoutait que les Forces canadiennes «traitent les détenus avec tout le soin approprié».
Il a rappelé que le Canada, en février dernier, avait donné le mandat à la Commission afghane des droits de la personne de vérifier la situation dans les prisons et de faire rapport au Canada.
Toute la situation irrite au plus haut point les partis d'opposition, qui dénoncent la situation depuis le début de l'année. Ils citent à l'appui un rapport d'un groupe américain, qui a conclu à l'utilisation de sévices dans les prisons; ou encore les commentaires d'un colonel responsable du respect des droits de la personne dans les Forces afghanes, qui soutient que la torture doit parfois être utilisée pour faire parler les détenus.
Pour l'opposition, le gouvernement ferme tout simplement les yeux devant une situation inacceptable.
«Le ministre O'Connor nous ment depuis le début dans ça, et puis M. Harper le cautionne. C'est ça, la réalité», a martelé le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe.
Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jack Layton, envisage bien des possibilités, dont une motion de censure à l'endroit du ministre si ce dernier refuse de démissionner. «Il a clairement géré le dossier de manière incompétente. Il a menti à la Chambre à ce sujet. Il a manqué de leadership et plus récemment, il n'a pas pris ses responsabilités envers les détenus», a résumé M. Layton.
Comme ses deux homologues de l'opposition, le chef libéral a insisté pour que cesse le transfert des prisonniers «jusqu'à ce que nous puissions garantir que le Canada respecte ses obligations aux termes de la convention de Genève».
La Convention de Genève, dont le Canada est signataire, rend illégale la torture ou toute participation à la torture, de façon directe ou indirecte.
En point de presse, en matinée, M. Dion indiquait que le Canada disposait d'options. Il concède que la suggestion n'est pas réaliste, mais le Canada pourrait ramener au pays les prisonniers. Les Forces canadiennes pourraient aussi garder les détenus sous leur contrôle, le temps de «trouver un nouvel arrangement, peut-être avec nos alliés de l'OTAN pour s'assurer que les prisonniers transférés avec les autorités afghanes sont bien traités à long terme».
Mais selon deux experts en droit international, le Canada a déjà enfreint la Convention de Genève et a ouvert la porte à des poursuites pour crime de guerre contre les soldats canadiens.
Selon Amir Attaran, professeur de droit de l'Université d'Ottawa, et Michael Byers, de l'Université de Colombie-Britannique, le gouvernement fédéral n'a plus le choix: face aux allégations, il doit dès aujourd'hui mettre un terme au traité.
Ce traité, signé en décembre 2005 alors que le gouvernement libéral de Paul Martin était encore au pouvoir, a fait l'objet de vives critiques puisqu'il ne permet pas au Canada d'aller vérifier sur place les conditions dans lesquelles on garde les individus arrêtés et transférés par les soldats canadiens.
«Ce n'est pas un choix pour le Canada. De transférer des gens maintenant, après la nouvelle d'aujourd'hui dans le Globe and Mail, ce sera un crime de guerre. (...) Ce n'est pas une question politique, c'est une question d'obligation en droit international humanitaire», a expliqué M. Byers lors d'un point de presse.
Les deux experts proposent qu'afin d'éviter de devoir transférer les prisonniers aux mains des forces afghanes, le Canada et les autres pays occidentaux présents en sol afghan envisagent d'ériger leur propre prison, où les détenus seraient sous leur responsabilité.
[Toutes les nouvelles de Québec-Canada]
LES GRANDS TITRES
Ottawa est pressé de changer sa politique
Québec-Canada
Parc du mont Orford ·Les opposants demandent à Québec de faire marche arrière
Société
Coupable de pédophilie ·Clermont Bégin n'est pas le bienvenu à Longueuil
International
Afrique ·La Somalie face à une crise humanitaire
Dossiers
Russie ·Boris Eltsine, le fossoyeur de l'URSS
EN CE MOMENT
J'ai une médium, blague Stephen Harper
FORUMS
Pour ou contre le maintien de troupes canadiennes en Afghanistan?
Quel effort êtes-vous prêt à faire pour l'environnement?
TVA DANS VOTRE RÉGION
Pour consulter les informations
régionales, choisissez une région dans
le menu ci-dessous.
Choisir une région Québec Sherbrooke Saguenay Trois-Rivières Est du Québec Carleton Rivières-du-Loup Rouyn Gatineau
--Message edité par geneviève-2 le 2007-04-23 18:57:50--