L'influence des soldats Canadiens persistera après leur départ
Le 22 avril 2007 - 19:06 | Presse Canadienne
L'influence des soldats canadiens sur la vie des Afghans persistera longtemps après leur départ _ même si celui-ci doit se produire dès février 2009, a affirmé le commandant des troupes, dimanche.
De son poste avancé dans le district de Panjwaii, une région située à l'ouest de Kandahar qui, il n'y a pas si longtemps, était encore dangereuse, le brigadier-général Tim Grant propose un point de vue diplomatique sur le débat qui fait rage sur la question de savoir combien de temps encore le Canada devrait rester en Afghanistan.
Beaucoup de bonnes choses ont été accomplies au cours des cinq dernières années, et on peut en faire encore bien plus au cours des deux prochaines années, a-t-il dit.
Est-ce que ce sera suffisant, et serons-nous en mesure de quitter le pays (en 2009), cela reste à voir, mais nous avons fait des progrès considérables, a affirmé le militaire au cours d'une entrevue à la Presse Canadienne.
L'influence des soldats Canadiens persistera après leur départ
-
- Seigneur de la Causerie
- Messages : 6007
- Inscription : ven. avr. 23, 2004 3:00 am
Prière et chant religieux
la-voute-f46/prieres-et-chants-religieux-t67717.html" onclick="window.open(this.href);return false;
Notre famille compte un nouveau membre à aimer.
la-voute-f46/prieres-et-chants-religieux-t67717.html" onclick="window.open(this.href);return false;
Notre famille compte un nouveau membre à aimer.
-
- Seigneur de la Causerie
- Messages : 6007
- Inscription : ven. avr. 23, 2004 3:00 am
En dépit du conflit armé, de vastes efforts sont faits pour améliorer la situation des Afghans
Photo: Le Devoir
De plus en plus d'Afghans s'interrogent sur les bienfaits de l'intervention internationale alors que le sud du pays, ancien fief des talibans, est toujours aux prises avec une sévère insurrection. Coincé au coeur des combats à Kandahar, le Canada tente, malgré l'insécurité, de relancer la deuxième ville du pays en misant sur la collaboration avec les Afghans, ce qui n'est pas un mince défi.
Kandahar -- Le major Richard Collin, du Royal 22e Régiment de Valcartier, réunit ses hommes à l'arrière des trois véhicules blindés qui prendront la route dans quelques minutes. Il est 7h30 et la chaleur accablante du sud afghan est encore tolérable. Le major Collin déplie une grande carte et pointe des secteurs autour de Kandahar. «Depuis deux semaines, la violence a redoublé dans l'est et dans l'ouest de la ville, le long de la rivière. Aujourd'hui, on s'en va dans le sud, alors ça devrait bien aller. Les menaces sont toujours les mêmes: kamikazes, voitures piégées, bombes improvisées. Soyez attentif et signalez toute anomalie.» Armés jusqu'aux dents, les soldats écoutent pour une énième fois les directives qui se ressemblent d'un jour à l'autre.
Offensive militaire en vue? Non. Malgré les apparences, les soldats quittent le camp Nathan Smith (aussi nommé PRT pour Provincial Reconstruction Team), au nord de Kandahar, pour aller faire de la reconstruction et du développement. Sans cette imposante force de protection, le capitaine Robert Wheeler, qui accompagne les soldats québécois, serait cloué au camp et ne pourrait se rendre sur le terrain constater l'avancement des travaux.
Les combats continuent de faire rage. L'année 2006 a été la plus sanglante depuis la fin du régime taliban, en 2001. Les victimes se sont multipliées au rythme des embuscades. Plus de 4000 personnes ont perdu la vie dans des attentats des talibans ou des attaques de la coalition. Les forces de l'OTAN ont perdu 170 soldats. Le Canada, 36 des siens, dont 10 depuis janvier.
La sécurité
Cette instabilité a forcé les ONG, mais aussi le Canada et le gouvernement de Kaboul, à ralentir le rythme de la reconstruction dans la région. «On ne pouvait plus rien faire, on se faisait attaquer constamment», dit un responsable de l'Agence canadienne de développement international (ACDI) rencontré à Kandahar. Ottawa a donc envoyé des renforts. Environ 150 soldats de Valcartier assurent maintenant la sécurité du personnel de développement.
Le gouverneur de la province de Kandahar, Assadullah Khalid, 38 ans, en a d'ailleurs fait mention cette semaine, alors qu'il rencontrait ses conseillers et des représentants de divers organismes internationaux, notamment l'ACDI, Oxfam, l'UNICEF, l'ONU, etc. Dans la grande salle du palais de Mandagak, il a parlé sans détour. «À cause des problèmes de sécurité que nous avons eus l'an dernier, on n'a pas été capables de mettre en place ce que la population réclame. Mais il est temps de s'y attaquer. Des routes, de l'eau, de l'électricité, le trafic... Il faut agir au plus vite», a-t-il dit en regardant les invités réunis.
En effet, le temps presse. Dans le sud du pays, le vent qui soulève la poussière porte d'un village à l'autre la complainte des habitants et on en voit certains rejoindre la guérilla talibane, qui paye ses combattants avec l'argent de l'opium (des ventes estimées à trois milliards de dollars américains en 2006, juste pour l'Afghanistan).
Selon un sondage mené dans les provinces voisines de Kandahar et d'Helmand par l'ONG Senlis auprès de 17 000 personnes en mars dernier, 26,8 % des Afghans interrogés soutiennent les talibans, contre 72,6 % qui appuient la coalition de l'OTAN. La mauvaise nouvelle, c'est que seulement 48,4 % d'entre eux pensent que l'OTAN va défaire les talibans, contre 48,7 % qui estiment que les talibans vont à terme remporter la victoire. Plus de 80 % estiment que la présence de la coalition n'a pas augmenté leur niveau de vie.
Le chef d'état-major Jean Trudel, l'un des plus hauts gradés de l'armée canadienne à la base de l'OTAN à Kandahar, en convient: il faut que les Afghans constatent des changements concrets. «Il ne faut pas juste mener la guerre. Sans un développement social et économique, il y aura toujours de l'insécurité. Et sans sécurité, le développement est impossible. Les deux sont indissociables et, pour gagner, il faut progresser sur les deux fronts», dit-il. D'ailleurs, pour la première fois dans une mission internationale, six ministères et organismes canadiens coordonnent leurs efforts (Affaires étrangères, Défense, Justice et Services correctionnels ainsi que la Gendarmerie royale du Canada et l'Agence canadienne de développement international, ou ACDI).
«Les Afghans sont écoeurés de la guerre qui fait rage dans leur pays depuis 30 ans. Ils vont suivre le gagnant, que ce soit l'OTAN et le gouvernement afghan ou les talibans», ajoute Jean Trudel.
De village en village
Les moteurs des véhicules blindés légers (VBL) se mettent en marche vers 8h. Dans un nuage de poussière typique de cette région semi-désertique, le convoi prend la direction du petit village de Mushkazi, à quelques kilomètres au sud de Kandahar. Les soldats, le doigt sur la gâchette, scrutent la route, les passants, les ruelles aux angles morts. Les voitures s'immobilisent pour laisser passer le convoi. Les enfants sourient et envoient la main aux militaires.
Le procédé est toujours le même. Le convoi s'arrête dans le village. Les soldats assurent un périmètre de sécurité avec les véhicules et une patrouille à pied. Une fois les environs sécurisés, le traducteur et le responsable du développement sortent du véhicule. Après l'avoir fouillé pour éliminer le risque d'attentat kamikaze, ils demandent au premier venu de les conduire au maire ou au sage du village. S'ensuit un parcours dans des ruelles étroites entourées de maisons en ruine.
Mais à Mushkazi, le capitaine Weehler est déçu, rien n'a bougé depuis une semaine. «Leur priorité est de construire un canal d'irrigation, mais rien n'est commencé. Mais bon, il faut suivre leur rythme. C'est à eux de décider», dit-il en griffonnant sur un papier.
C'est l'approche canadienne dans la région: Ottawa a décidé de faire participer les Afghans au développement. Depuis deux ans, l'ACDI et l'ONU aident toutes les villes et villages à mettre en place des conseils communautaires sur le modèle traditionnel afghan des shura, soit un groupe de sages élus par les familles de la communauté. Une shura peut représenter 20 familles et une autre 500, il n'y a aucune norme. Le Canada finance ensuite les priorités décidées par les shura: eau potable, canaux d'irrigation, électricité, évacuation des eaux usées, agriculture... Des projets qui coûtent souvent une poignée de dollars.
À Kulcha Bad, le village voisin visité par le convoi jeudi, les familles ont décidé de construire un petit barrage en béton qui permet d'alimenter en eau deux parties du village. La facture? 5000 $. À Nazarin, le village a choisi d'évacuer ses eaux usées à l'aide d'un long canal cimenté à ciel ouvert. Coût: 10 000 $.
Chaque fois, ce sont des travailleurs afghans qui gèrent le projet et oeuvrent sur le chantier. «C'est leur projet. Ils y tiennent et ils vont le défendre. Ça permet non seulement de créer des emplois et de développer leur expertise, ça évite aussi la destruction du projet par les talibans, qui ne veulent pas se mettre la population à dos», explique le capitaine Robert Wheeler, originaire de Terre-Neuve.
Des menaces
L'entrepreneur afghan de Nazarin qui a obtenu le contrat pour la construction du canal en offre d'ailleurs la preuve concrète au journaliste du Devoir qui accompagnait le convoi. Son projet a suscité la grogne des talibans et, il y a quelques jours, une lettre a été clouée sur sa porte. «Nous recevons des menaces, a dit l'entrepreneur, qui n'a pas voulu se nommer. La lettre dit que tous les infidèles qui travaillent avec l'OTAN seront punis. Mais on a décidé de continuer et de ne pas les écouter. Les talibans ne veulent pas que ça fonctionne en Afghanistan, mais nous, on veut juste améliorer notre vie. Il y a des risques, c'est vrai. Je peux mourir demain à cause de ce projet, mais ça prend du courage pour bâtir ce pays. Le canal est le premier projet de notre village depuis 20 ans.»
Le capitaine Wheeler a beau élaborer des dossiers de développement, noter sur GPS la position des projets et coordonner ses actions avec les fonctionnaires de l'ACDI, il reste avant tout un soldat. Il visite les villages avec l'arme en bandoulière. Son unité est le COCIM (Coopération civile et militaire), créée spécialement pour l'Afghanistan. En 2006-07, le COCIM a financé des centaines de projets partout dans la province de Kandahar, pour un total de cinq millions de dollars.
L'ACDI reste le moteur du développement, avec des investissements de 39 millions à Kandahar l'an dernier (200 millions pour tout l'Afghanistan), mais l'approche militaire est une première. «Le COCIM peut sortir des fonds très rapidement, ce que nous ne faisons pas», explique un fonctionnaire de l'ACDI. L'agence gouvernementale procède plutôt par appels d'offres systématiques pour tous les projets auxquels soumissionnent les entrepreneurs locaux. «On essaie de trouver des anges pour les projets, mais il y a plus de diables en Afghanistan», confie un haut gradé militaire du camp Nathan Smith en faisant allusion aux seigneurs de la guerre au passé louche. C'est aussi l'ACDI qui finance les ONG de la région, les campagnes de vaccination et les gros projets d'infrastructure, comme les écoles ou les hôpitaux.
Le COCIM, lui, débarque avec des valises d'argent comptant en dollars américains. En plus de la rapidité d'action, on reconnaît dans l'armée qu'il y a une opération de séduction auprès de la population. Les petits projets touchent concrètement les villages susceptibles de basculer dans les mains des talibans. À la guerre, tous les moyens sont bons, y compris l'argent. Et à voir les sages des villages serrer Robert Wheeler dans leurs bras, le concept semble fonctionner.
Le Devoir
Notre journaliste séjourne en Afghanistan à l'invitation de la Défense nationale
Photo: Le Devoir
De plus en plus d'Afghans s'interrogent sur les bienfaits de l'intervention internationale alors que le sud du pays, ancien fief des talibans, est toujours aux prises avec une sévère insurrection. Coincé au coeur des combats à Kandahar, le Canada tente, malgré l'insécurité, de relancer la deuxième ville du pays en misant sur la collaboration avec les Afghans, ce qui n'est pas un mince défi.
Kandahar -- Le major Richard Collin, du Royal 22e Régiment de Valcartier, réunit ses hommes à l'arrière des trois véhicules blindés qui prendront la route dans quelques minutes. Il est 7h30 et la chaleur accablante du sud afghan est encore tolérable. Le major Collin déplie une grande carte et pointe des secteurs autour de Kandahar. «Depuis deux semaines, la violence a redoublé dans l'est et dans l'ouest de la ville, le long de la rivière. Aujourd'hui, on s'en va dans le sud, alors ça devrait bien aller. Les menaces sont toujours les mêmes: kamikazes, voitures piégées, bombes improvisées. Soyez attentif et signalez toute anomalie.» Armés jusqu'aux dents, les soldats écoutent pour une énième fois les directives qui se ressemblent d'un jour à l'autre.
Offensive militaire en vue? Non. Malgré les apparences, les soldats quittent le camp Nathan Smith (aussi nommé PRT pour Provincial Reconstruction Team), au nord de Kandahar, pour aller faire de la reconstruction et du développement. Sans cette imposante force de protection, le capitaine Robert Wheeler, qui accompagne les soldats québécois, serait cloué au camp et ne pourrait se rendre sur le terrain constater l'avancement des travaux.
Les combats continuent de faire rage. L'année 2006 a été la plus sanglante depuis la fin du régime taliban, en 2001. Les victimes se sont multipliées au rythme des embuscades. Plus de 4000 personnes ont perdu la vie dans des attentats des talibans ou des attaques de la coalition. Les forces de l'OTAN ont perdu 170 soldats. Le Canada, 36 des siens, dont 10 depuis janvier.
La sécurité
Cette instabilité a forcé les ONG, mais aussi le Canada et le gouvernement de Kaboul, à ralentir le rythme de la reconstruction dans la région. «On ne pouvait plus rien faire, on se faisait attaquer constamment», dit un responsable de l'Agence canadienne de développement international (ACDI) rencontré à Kandahar. Ottawa a donc envoyé des renforts. Environ 150 soldats de Valcartier assurent maintenant la sécurité du personnel de développement.
Le gouverneur de la province de Kandahar, Assadullah Khalid, 38 ans, en a d'ailleurs fait mention cette semaine, alors qu'il rencontrait ses conseillers et des représentants de divers organismes internationaux, notamment l'ACDI, Oxfam, l'UNICEF, l'ONU, etc. Dans la grande salle du palais de Mandagak, il a parlé sans détour. «À cause des problèmes de sécurité que nous avons eus l'an dernier, on n'a pas été capables de mettre en place ce que la population réclame. Mais il est temps de s'y attaquer. Des routes, de l'eau, de l'électricité, le trafic... Il faut agir au plus vite», a-t-il dit en regardant les invités réunis.
En effet, le temps presse. Dans le sud du pays, le vent qui soulève la poussière porte d'un village à l'autre la complainte des habitants et on en voit certains rejoindre la guérilla talibane, qui paye ses combattants avec l'argent de l'opium (des ventes estimées à trois milliards de dollars américains en 2006, juste pour l'Afghanistan).
Selon un sondage mené dans les provinces voisines de Kandahar et d'Helmand par l'ONG Senlis auprès de 17 000 personnes en mars dernier, 26,8 % des Afghans interrogés soutiennent les talibans, contre 72,6 % qui appuient la coalition de l'OTAN. La mauvaise nouvelle, c'est que seulement 48,4 % d'entre eux pensent que l'OTAN va défaire les talibans, contre 48,7 % qui estiment que les talibans vont à terme remporter la victoire. Plus de 80 % estiment que la présence de la coalition n'a pas augmenté leur niveau de vie.
Le chef d'état-major Jean Trudel, l'un des plus hauts gradés de l'armée canadienne à la base de l'OTAN à Kandahar, en convient: il faut que les Afghans constatent des changements concrets. «Il ne faut pas juste mener la guerre. Sans un développement social et économique, il y aura toujours de l'insécurité. Et sans sécurité, le développement est impossible. Les deux sont indissociables et, pour gagner, il faut progresser sur les deux fronts», dit-il. D'ailleurs, pour la première fois dans une mission internationale, six ministères et organismes canadiens coordonnent leurs efforts (Affaires étrangères, Défense, Justice et Services correctionnels ainsi que la Gendarmerie royale du Canada et l'Agence canadienne de développement international, ou ACDI).
«Les Afghans sont écoeurés de la guerre qui fait rage dans leur pays depuis 30 ans. Ils vont suivre le gagnant, que ce soit l'OTAN et le gouvernement afghan ou les talibans», ajoute Jean Trudel.
De village en village
Les moteurs des véhicules blindés légers (VBL) se mettent en marche vers 8h. Dans un nuage de poussière typique de cette région semi-désertique, le convoi prend la direction du petit village de Mushkazi, à quelques kilomètres au sud de Kandahar. Les soldats, le doigt sur la gâchette, scrutent la route, les passants, les ruelles aux angles morts. Les voitures s'immobilisent pour laisser passer le convoi. Les enfants sourient et envoient la main aux militaires.
Le procédé est toujours le même. Le convoi s'arrête dans le village. Les soldats assurent un périmètre de sécurité avec les véhicules et une patrouille à pied. Une fois les environs sécurisés, le traducteur et le responsable du développement sortent du véhicule. Après l'avoir fouillé pour éliminer le risque d'attentat kamikaze, ils demandent au premier venu de les conduire au maire ou au sage du village. S'ensuit un parcours dans des ruelles étroites entourées de maisons en ruine.
Mais à Mushkazi, le capitaine Weehler est déçu, rien n'a bougé depuis une semaine. «Leur priorité est de construire un canal d'irrigation, mais rien n'est commencé. Mais bon, il faut suivre leur rythme. C'est à eux de décider», dit-il en griffonnant sur un papier.
C'est l'approche canadienne dans la région: Ottawa a décidé de faire participer les Afghans au développement. Depuis deux ans, l'ACDI et l'ONU aident toutes les villes et villages à mettre en place des conseils communautaires sur le modèle traditionnel afghan des shura, soit un groupe de sages élus par les familles de la communauté. Une shura peut représenter 20 familles et une autre 500, il n'y a aucune norme. Le Canada finance ensuite les priorités décidées par les shura: eau potable, canaux d'irrigation, électricité, évacuation des eaux usées, agriculture... Des projets qui coûtent souvent une poignée de dollars.
À Kulcha Bad, le village voisin visité par le convoi jeudi, les familles ont décidé de construire un petit barrage en béton qui permet d'alimenter en eau deux parties du village. La facture? 5000 $. À Nazarin, le village a choisi d'évacuer ses eaux usées à l'aide d'un long canal cimenté à ciel ouvert. Coût: 10 000 $.
Chaque fois, ce sont des travailleurs afghans qui gèrent le projet et oeuvrent sur le chantier. «C'est leur projet. Ils y tiennent et ils vont le défendre. Ça permet non seulement de créer des emplois et de développer leur expertise, ça évite aussi la destruction du projet par les talibans, qui ne veulent pas se mettre la population à dos», explique le capitaine Robert Wheeler, originaire de Terre-Neuve.
Des menaces
L'entrepreneur afghan de Nazarin qui a obtenu le contrat pour la construction du canal en offre d'ailleurs la preuve concrète au journaliste du Devoir qui accompagnait le convoi. Son projet a suscité la grogne des talibans et, il y a quelques jours, une lettre a été clouée sur sa porte. «Nous recevons des menaces, a dit l'entrepreneur, qui n'a pas voulu se nommer. La lettre dit que tous les infidèles qui travaillent avec l'OTAN seront punis. Mais on a décidé de continuer et de ne pas les écouter. Les talibans ne veulent pas que ça fonctionne en Afghanistan, mais nous, on veut juste améliorer notre vie. Il y a des risques, c'est vrai. Je peux mourir demain à cause de ce projet, mais ça prend du courage pour bâtir ce pays. Le canal est le premier projet de notre village depuis 20 ans.»
Le capitaine Wheeler a beau élaborer des dossiers de développement, noter sur GPS la position des projets et coordonner ses actions avec les fonctionnaires de l'ACDI, il reste avant tout un soldat. Il visite les villages avec l'arme en bandoulière. Son unité est le COCIM (Coopération civile et militaire), créée spécialement pour l'Afghanistan. En 2006-07, le COCIM a financé des centaines de projets partout dans la province de Kandahar, pour un total de cinq millions de dollars.
L'ACDI reste le moteur du développement, avec des investissements de 39 millions à Kandahar l'an dernier (200 millions pour tout l'Afghanistan), mais l'approche militaire est une première. «Le COCIM peut sortir des fonds très rapidement, ce que nous ne faisons pas», explique un fonctionnaire de l'ACDI. L'agence gouvernementale procède plutôt par appels d'offres systématiques pour tous les projets auxquels soumissionnent les entrepreneurs locaux. «On essaie de trouver des anges pour les projets, mais il y a plus de diables en Afghanistan», confie un haut gradé militaire du camp Nathan Smith en faisant allusion aux seigneurs de la guerre au passé louche. C'est aussi l'ACDI qui finance les ONG de la région, les campagnes de vaccination et les gros projets d'infrastructure, comme les écoles ou les hôpitaux.
Le COCIM, lui, débarque avec des valises d'argent comptant en dollars américains. En plus de la rapidité d'action, on reconnaît dans l'armée qu'il y a une opération de séduction auprès de la population. Les petits projets touchent concrètement les villages susceptibles de basculer dans les mains des talibans. À la guerre, tous les moyens sont bons, y compris l'argent. Et à voir les sages des villages serrer Robert Wheeler dans leurs bras, le concept semble fonctionner.
Le Devoir
Notre journaliste séjourne en Afghanistan à l'invitation de la Défense nationale
Prière et chant religieux
la-voute-f46/prieres-et-chants-religieux-t67717.html" onclick="window.open(this.href);return false;
Notre famille compte un nouveau membre à aimer.
la-voute-f46/prieres-et-chants-religieux-t67717.html" onclick="window.open(this.href);return false;
Notre famille compte un nouveau membre à aimer.