Publié : jeu. avr. 19, 2007 3:54 am
Photo Ivanoh Demers, La Presse
Plus de 175 profs ont demandé à quitter Montréal
Marie Allard
La Presse
C’est le sauve-qui-peut à la Commission scolaire de Montréal (CSDM). Plus de 175 enseignants ont demandé à partir travailler dans une autre commission scolaire, tel que le permet leur convention collective.
Le contraire n’est pas vrai. Seuls cinq profs d’ailleurs souhaitent venir enseigner à la CSDM.
«C’est évident que les enseignants cherchent à fuir vers des milieux où ils vont trouver une qualité et des conditions d’emploi qui sont moins éreintantes, a dit à La Presse Christian St-Louis, vice-président aux relations de travail de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE). À la CSDM, la tâche s’est alourdie, le personnel vit dans des milieux multiethnique, où il y a plus d’élèves en difficulté et plus de services à donner.»
En date d’hier, 267 enseignants des neuf syndicats membres de la FAE ont fait une «demande de mobilité volontaire» pour la prochaine rentrée. Les deux tiers – 66 % – enseignent actuellement à la CSDM. C’est deux fois plus que leur poids réel au sein de la fédération syndicale, qui est de 30 %.
«On assiste à un véritable sauve-qui-peut pour sortir de la CSDM», a indiqué Pierre St-Germain, président de l’Alliance des professeurs de Montréal, dans un récent billet adressé à ses membres.
Intitulé Fuir ou tomber au combat ce message souligne l’urgence pour la CSDM d’adopter «une gestion qui prenne davantage en compte la qualité de vie du personnel» et offre plus de soutien.
«Effectivement, pour nous la rétention de personnel et la pénurie de personnel, c’est préoccupant, a reconnu Camille Gagnon, directrice du service des communications de la CSDM. Mais on ne veut pas faire de jugement sur les motivations des enseignants, qui ne sont pas suffisamment documentées. Elles peuvent être très personnelles, comme le choix d’aller vivre en banlieue ou dans un endroit où il y a plus de places en CPE.»
Rien ne prouve que les professeurs veuillent quitter un travail difficile, selon elle. «Les conditions de travail ne sont pas à ce point différentes à Montréal qu’ailleurs au Québec, a-t-elle fait valoir. Toute proportion gardée, il y a plus de ressources à Montréal.»
«La clientèle s’alourdit», confirme un prof qui veut partir.
Un prof du secondaire, qui a demandé à quitter la CSDM, a confirmé à La Presse que sa tâche est de plus en plus difficile. «Les écoles privées et les écoles spécialisées nous enlèvent de très bons candidats, a-t-il indiqué. La clientèle qui reste est de piètre qualité. La réforme est un échec, les enseignants sont brûlés, les parents sont absents… Je me souhaite maintenant de trouver des élèves qui sont motivés d’aller à l’école.»
Même désillusion chez une enseignante du primaire. «Les conditions sont extrêmement difficiles», a-t-elle confié.
Plusieurs autres profs rêvent tout simplement de se rapprocher de leur domicile. Manon LeBel, enseignante au primaire, vit en banlieue avec sa famille. «Nous étions dans l’impossibilité d’accéder à la propriété dans l’île de Montréal, à cause du coût élevé des résidences, a-t-elle fait valoir. J’habite donc sur la Rive-Sud de Montréal et il me serait plus facile d’y travailler.»
Le transfert espéré est toutefois loin d’être garanti. Pour aller ailleurs, un enseignant doit trouver un collègue prêt à prendre sa tâche, puisqu’il s’agit d’échanges «poste à poste». Une liste de tous ceux qui sont intéressés à bouger circule, afin de faciliter les contacts.
Ce processus se déroule sous l’autorité des commissions scolaires, qui sont libres d’accepter ou de refuser un échange. «Elles refusent dans 90 % des cas, a dit M. St-Louis. Elles rencontrent les personnes en entrevue de sélection et décident si elles les acceptent. C’est leur droit de gérance.»
Plus de 175 profs ont demandé à quitter Montréal
Marie Allard
La Presse
C’est le sauve-qui-peut à la Commission scolaire de Montréal (CSDM). Plus de 175 enseignants ont demandé à partir travailler dans une autre commission scolaire, tel que le permet leur convention collective.
Le contraire n’est pas vrai. Seuls cinq profs d’ailleurs souhaitent venir enseigner à la CSDM.
«C’est évident que les enseignants cherchent à fuir vers des milieux où ils vont trouver une qualité et des conditions d’emploi qui sont moins éreintantes, a dit à La Presse Christian St-Louis, vice-président aux relations de travail de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE). À la CSDM, la tâche s’est alourdie, le personnel vit dans des milieux multiethnique, où il y a plus d’élèves en difficulté et plus de services à donner.»
En date d’hier, 267 enseignants des neuf syndicats membres de la FAE ont fait une «demande de mobilité volontaire» pour la prochaine rentrée. Les deux tiers – 66 % – enseignent actuellement à la CSDM. C’est deux fois plus que leur poids réel au sein de la fédération syndicale, qui est de 30 %.
«On assiste à un véritable sauve-qui-peut pour sortir de la CSDM», a indiqué Pierre St-Germain, président de l’Alliance des professeurs de Montréal, dans un récent billet adressé à ses membres.
Intitulé Fuir ou tomber au combat ce message souligne l’urgence pour la CSDM d’adopter «une gestion qui prenne davantage en compte la qualité de vie du personnel» et offre plus de soutien.
«Effectivement, pour nous la rétention de personnel et la pénurie de personnel, c’est préoccupant, a reconnu Camille Gagnon, directrice du service des communications de la CSDM. Mais on ne veut pas faire de jugement sur les motivations des enseignants, qui ne sont pas suffisamment documentées. Elles peuvent être très personnelles, comme le choix d’aller vivre en banlieue ou dans un endroit où il y a plus de places en CPE.»
Rien ne prouve que les professeurs veuillent quitter un travail difficile, selon elle. «Les conditions de travail ne sont pas à ce point différentes à Montréal qu’ailleurs au Québec, a-t-elle fait valoir. Toute proportion gardée, il y a plus de ressources à Montréal.»
«La clientèle s’alourdit», confirme un prof qui veut partir.
Un prof du secondaire, qui a demandé à quitter la CSDM, a confirmé à La Presse que sa tâche est de plus en plus difficile. «Les écoles privées et les écoles spécialisées nous enlèvent de très bons candidats, a-t-il indiqué. La clientèle qui reste est de piètre qualité. La réforme est un échec, les enseignants sont brûlés, les parents sont absents… Je me souhaite maintenant de trouver des élèves qui sont motivés d’aller à l’école.»
Même désillusion chez une enseignante du primaire. «Les conditions sont extrêmement difficiles», a-t-elle confié.
Plusieurs autres profs rêvent tout simplement de se rapprocher de leur domicile. Manon LeBel, enseignante au primaire, vit en banlieue avec sa famille. «Nous étions dans l’impossibilité d’accéder à la propriété dans l’île de Montréal, à cause du coût élevé des résidences, a-t-elle fait valoir. J’habite donc sur la Rive-Sud de Montréal et il me serait plus facile d’y travailler.»
Le transfert espéré est toutefois loin d’être garanti. Pour aller ailleurs, un enseignant doit trouver un collègue prêt à prendre sa tâche, puisqu’il s’agit d’échanges «poste à poste». Une liste de tous ceux qui sont intéressés à bouger circule, afin de faciliter les contacts.
Ce processus se déroule sous l’autorité des commissions scolaires, qui sont libres d’accepter ou de refuser un échange. «Elles refusent dans 90 % des cas, a dit M. St-Louis. Elles rencontrent les personnes en entrevue de sélection et décident si elles les acceptent. C’est leur droit de gérance.»