Publié : mer. mars 09, 2005 6:00 am
Pilule anti-tabac: la ruée vers l'or des laboratoires
Presse Canadienne | Le 9 mars 2005 - 10:40
C'est peut-être la prochaine poule aux oeufs d'or de l'industrie pharmaceutique... Face au marché croissant des fumeurs qui cherchent à décrocher, les laboratoires travaillent d'arrache-pied à la mise au point de pilules ou vaccins anti-tabac. Et plusieurs molécules prometteuses atteignent les derniers stades des essais.
Car celui qui traitera le tabagisme de façon médicamenteuse, comme les troubles de l'érection, le reflux gastrique ou l'excès de cholestérol, décrochera un jack-pot de milliards de dollars, rien qu'aux États-Unis qui comptent 50 millions de fumeurs. "C'est le plus gros marché de l'addiction qui existe", souligne le Dr Herbert D. Kleber, professeur de psychiatrie et chercheur sur les dépendances à l'université de Columbia. "Est-ce réaliste de prétendre aider les fumeurs à décrocher de façon permanente avec une pilule? Je crois que la réponse est oui et nous travaillons sur plusieurs versions".
Alors que les patches, gommes, sprays et autres aident les fumeurs à se débarrasser de la cigarette en réduisant progressivement leur dépendance à la nicotine, les chercheurs travaillent sur des médicaments qui imitent ou inhibent les réactions chimiques provoquées par la nicotine dans l'organisme. Au Connecticut, les équipes du géant Pfizer ont identifié un récepteur de la nicotine dans le cerveau et trouvé une molécule, la varenicline, qui prendrait sa place, empêchant ainsi la sensation de manque déclenchée par l'arrêt de la cigarette. La Varenicline en est au stade III des essais cliniques, dernière étape avant que le laboratoire américain ne soumette une demande de mise sur le marché à la FDA, l'agence du médicament américaine.
Si elle marche, le laboratoire peut espérer plus de 500 millions de dollars (377 millions d'euros) de ventes chaque année, selon David Moskowitz, un analyste de la firme Friedman, Billings, Ramsey & Co. Le Français Sanofi-Aventis compte lui demander cette année l'autorisation de la FDA pour le rimonabant, une molécule qui serait commercialisée sous le nom d'Acomplia pour aider à arrêter de fumer sans prendre de poids.
Acomplia cible le circuit du cerveau qui encourage les fumeurs à allumer une cigarette, et régulerait la prise de poids. Si le système de récompense chimique de l'organisme est bloqué, le tabac n'apportera pas autant de plaisir et entraînera moins de dépendance. Les chercheurs placent de gros espoirs dans ce nouveau médicament qui pourrait aussi traiter l'alcoolisme ou la consommation de drogue. Une combinaison qui se traduirait en milliards de dollars chaque année, d'après David Moskowitz.
Et puis il y a NicVax, qui, selon le laboratoire de Floride Nabi Pharmaceuticals, pourrait être utilisé comme vaccin contre la nicotine. NicVax entraîne la production d'anticorps qui s'accrochent aux molécules de nicotine et les empêchent de réagir avec les récepteurs du cerveau. NicVax pourrait entamer la phase III des essais cliniques à la fin de l'année. Un vaccin similaire, baptisé Ta-Nic, en est aux premiers essais chez le groupe Xenova en Angleterre.
Chacun cherche la formule magique, mais les médecins pensent que si plusieurs molécules efficaces risquent sûrement d'être trouvées, aucune pilule ne "guérira" du tabagisme. Les investisseurs, eux, préfèrent rester prudents, jugeant qu'il est trop tôt pour dire si le médicament miracle se trouve actuellement dans les laboratoires. Les grandes espérances des médecins ont déjà été déçues dans le passé. En 1997, la FDA a autorisé ainsi le bupropion, commercialisé sous le nom de Zyban, médicament anti-tabac. Au départ vendue comme anti-dépresseur, la molécule a ensuite été reconvertie comme aide au sevrage après s'être révélée efficace chez certains fumeurs. Et pourtant le Zyban n'a jamais crevé le plafond des ventes. --Message edité par tuberale le 2005-03-09 11:02:00--
Presse Canadienne | Le 9 mars 2005 - 10:40
C'est peut-être la prochaine poule aux oeufs d'or de l'industrie pharmaceutique... Face au marché croissant des fumeurs qui cherchent à décrocher, les laboratoires travaillent d'arrache-pied à la mise au point de pilules ou vaccins anti-tabac. Et plusieurs molécules prometteuses atteignent les derniers stades des essais.
Car celui qui traitera le tabagisme de façon médicamenteuse, comme les troubles de l'érection, le reflux gastrique ou l'excès de cholestérol, décrochera un jack-pot de milliards de dollars, rien qu'aux États-Unis qui comptent 50 millions de fumeurs. "C'est le plus gros marché de l'addiction qui existe", souligne le Dr Herbert D. Kleber, professeur de psychiatrie et chercheur sur les dépendances à l'université de Columbia. "Est-ce réaliste de prétendre aider les fumeurs à décrocher de façon permanente avec une pilule? Je crois que la réponse est oui et nous travaillons sur plusieurs versions".
Alors que les patches, gommes, sprays et autres aident les fumeurs à se débarrasser de la cigarette en réduisant progressivement leur dépendance à la nicotine, les chercheurs travaillent sur des médicaments qui imitent ou inhibent les réactions chimiques provoquées par la nicotine dans l'organisme. Au Connecticut, les équipes du géant Pfizer ont identifié un récepteur de la nicotine dans le cerveau et trouvé une molécule, la varenicline, qui prendrait sa place, empêchant ainsi la sensation de manque déclenchée par l'arrêt de la cigarette. La Varenicline en est au stade III des essais cliniques, dernière étape avant que le laboratoire américain ne soumette une demande de mise sur le marché à la FDA, l'agence du médicament américaine.
Si elle marche, le laboratoire peut espérer plus de 500 millions de dollars (377 millions d'euros) de ventes chaque année, selon David Moskowitz, un analyste de la firme Friedman, Billings, Ramsey & Co. Le Français Sanofi-Aventis compte lui demander cette année l'autorisation de la FDA pour le rimonabant, une molécule qui serait commercialisée sous le nom d'Acomplia pour aider à arrêter de fumer sans prendre de poids.
Acomplia cible le circuit du cerveau qui encourage les fumeurs à allumer une cigarette, et régulerait la prise de poids. Si le système de récompense chimique de l'organisme est bloqué, le tabac n'apportera pas autant de plaisir et entraînera moins de dépendance. Les chercheurs placent de gros espoirs dans ce nouveau médicament qui pourrait aussi traiter l'alcoolisme ou la consommation de drogue. Une combinaison qui se traduirait en milliards de dollars chaque année, d'après David Moskowitz.
Et puis il y a NicVax, qui, selon le laboratoire de Floride Nabi Pharmaceuticals, pourrait être utilisé comme vaccin contre la nicotine. NicVax entraîne la production d'anticorps qui s'accrochent aux molécules de nicotine et les empêchent de réagir avec les récepteurs du cerveau. NicVax pourrait entamer la phase III des essais cliniques à la fin de l'année. Un vaccin similaire, baptisé Ta-Nic, en est aux premiers essais chez le groupe Xenova en Angleterre.
Chacun cherche la formule magique, mais les médecins pensent que si plusieurs molécules efficaces risquent sûrement d'être trouvées, aucune pilule ne "guérira" du tabagisme. Les investisseurs, eux, préfèrent rester prudents, jugeant qu'il est trop tôt pour dire si le médicament miracle se trouve actuellement dans les laboratoires. Les grandes espérances des médecins ont déjà été déçues dans le passé. En 1997, la FDA a autorisé ainsi le bupropion, commercialisé sous le nom de Zyban, médicament anti-tabac. Au départ vendue comme anti-dépresseur, la molécule a ensuite été reconvertie comme aide au sevrage après s'être révélée efficace chez certains fumeurs. Et pourtant le Zyban n'a jamais crevé le plafond des ventes. --Message edité par tuberale le 2005-03-09 11:02:00--