Bulletin de mi-campagne

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Éolianne
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Message par Éolianne »

Un autre texte de Michel C Auger.

Et Anthurium, comme tu vois, non il n'est pas péquiste tant que ça... en fait c'est ce que j'aime de lui. Il est le plus objectif des analystes politiques que j'ai lu ces temps-ci.

Citation :Bulletin de mi-campagne

La pause de préparation du débat marque la mi-campagne. Le temps d’un bulletin des performances des chefs depuis le déclenchement du 21 février dernier. Dans l’ordre alphabétique, voici une évaluation des points fort, faibles et des perspectives de chacun des chefs des trois grands partis.
André Boisclair

Points forts : Le chef du Parti québécois a réussi un parcours presque sans faute – si l’on excepte son manque de préparation sur la controverse combien prévisible entourant son candidat Robin Philpot. Chaque fois que les électeurs voient M. Boisclair, ils constatent qu’il n’a pas l’air de la caricature qu’on fait parfois de lui. Malgré une plateforme électorale plutôt décevante et banale, on y retrouve tout de même des éléments qui peuvent le rendre populaires comme les mesures d’accès à la propriété pour les jeunes familles.

Points faibles : Malgré ce parcours sans faute, M. Boisclair ne semble pas avoir beaucoup d’impact auprès des électeurs. Comme s’ils l’avaient déjà jugé et mis hors course. M. Boisclair est aussi handicapé par le fait qu’il n’a pas trouvé une réponse à ses adversaires qui veulent transformer cette campagne électorale en campagne référendaire, ce qui lui nuit quand il veut critiquer le bilan du gouvernement Charest. L’équipe des candidats péquistes est fort présentable, mais elle est loin de cette équipe de rêve que M. Boisclair lui-même avait promise.

Pour la suite : Le PQ est plus populaire que son chef et la souveraineté est plus populaire que le PQ. Il y a donc un bassin d’électeurs potentiels qui échappe actuellement au PQ. Il lui faut donc les convaincre de «revenir à la maison» et le débat des chefs est crucial pour donner à M. Boisclair – le moins connu des chefs – une deuxième chance de faire une première impression.

Jean Charest

Points forts : De loin, la meilleure équipe, avec des ministres que l’on a appris à connaître et un bon nombre de recrues prestigieuses, ce qui montre une capacité de se renouveler. Le PLQ a, et de loin, la machine électorale la mieux huilée et la plus performante et ce n’est pas seulement une question d’argent. M. Charest, contrairement aux autres chefs, n’a pas eu à gérer de mauvaises surprises venant de son propre camp. Mais il a su comment utiliser au mieux toutes et chacune des erreurs des adversaires.

Points faibles : On se demandait si ce grand «campaigner» qu’est Jean Charest savait jouer en défensive. On sait maintenant qu’il a beaucoup de mal à le faire. Son bilan est mitigé, mais il ne réussit pas à le montrer sous son meilleur jour. Le chef libéral a pris le pari de faire de cette campagne un référendum avant la lettre, mais c’était une erreur : si les deux-tiers des électeurs disent ne pas en vouloir, ce n’est pas, non plus, pour voir les fédéralistes ne parler que de partition ou de transferts fédéraux comme si on était en campagne référendaire.

Pour la suite : Jean Charest doit cesser d’avoir l’air aussi inutilement agressif. Ce n’est pas le Jean Charest que les électeurs aiment voir. M. Charest a la meilleure équipe, mais il ne l’a pas beaucoup mise en valeur depuis le début de la campagne. C’est pourtant le meilleur moyen de contrer l’érosion de son vote vers l’ADQ. Où sont donc les Philippe Couillard et les Monique Jérôme-Forget?

Mario Dumont

Points forts : Mario Dumont est à la fois le plus jeune chef de parti et le plus expérimenté. On le sent depuis le début de la campagne. Il y a, à la fois, une sympathie pour «le p’tit Dumont», et il est maintenant habitué à son rôle de chef de parti. Sa plateforme électorale n’a pas les aspects rébarbatifs de celle de 2003. M. Dumont a bien ciblé les comtés où il pourrait faire des gains et ne perd pas son temps à aller ailleurs. Depuis le début, il est le chef qui a le mieux performé et qui s’est le moins laissé distraire de son plan de match. Mais il sera maintenant la cible de toutes les attaques.

Points faibles : Son équipe n’est vraiment pas à la hauteur. Il n’y a qu’une seule véritable vedette, Gilles Taillon, et l’ADQ a donc l’air d’un «one man show». Le retrait de deux candidats montre combien on a recruté littéralement n’importe qui et, à partir de maintenant, il ne sera plus possible de remplacer un candidat. De plus, M. Dumont promet beaucoup mais il n’a toujours pas présenté de cadre financier, ce qui est devenu un incontournable des campagnes électorales. Dans les faits, M. Dumont veut obtenir la balance du pouvoir, mais le «gouvernement minoritaire» n’est pas sur le bulletin de vote.

Pour la suite : En espérant ne pas avoir d’autres mauvaises surprises qui ne dépendent pas de lui, M. Dumont devra savoir limiter les attentes. Sa montée dans les sondages a été spectaculaire depuis le début, mais cela veut dire qu’il deviendra la cible de ses adversaires et les problèmes de son équipe viennent confirmer qu’il est loin d’être prêt à gouverner.
Éolianne
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Message par Éolianne »

Un texte de
Vincent Marissal, dans cyberpresse

Citation :
Points forts, points mous

Vincent Marissal

La Presse


On appelle l'exercice «débat des chefs», mais il arrive souvent que le personnage principal de ces soirées sous haute tension ne soit pas, justement, un des chefs en présence.

Dans les grands classiques du genre, tout le monde se souvient du duel Mulroney-Turner, en 1984, quand l'ombre de Pierre Elliott Trudeau était venu assommer son successeur.

Autre exemple, au Québec il y a quatre ans, Jacques Parizeau, qui n'était plus en politique active depuis 1995, s'était imposé au débat comme invité-surprise à cause d'une déclaration controversée. Cela avait permis à Jean Charest de déstabiliser fortement Bernard Landry.








Cette fois, l'invité ne sera pas une surprise et il risque d'embêter Jean Charest. Il s'agit de Pierre Paradis, bien sûr, qui a largué une petite bombe dimanche en disant que le bilan de son gouvernement en santé n'était pas aussi rose que ne le dit le chef libéral. Quand les coups viennent de la famille, c'est bien connu, ils font plus mal. Une autre preuve qu'en politique, il faut toujours garder ses amis près de soi et ses ennemis... encore plus près.

Cela dit, Jean Charest a l'avantage de pouvoir voir venir les coups, ceux de Pierre Paradis et ceux de MM. Dumont et Boisclair. Il a eu le temps de préparer ses réponses après avoir fait campagne essentiellement sur la santé au cours des 20 derniers jours. Il lui faudra toutefois se montrer convaincant, et tenace, parce que les attaques vont fuser. M. Charest a entre les mains certaines données du secteur de la santé démontrant des améliorations, mais il se bat contre la perception largement répandue et corroborée par plusieurs acteurs du milieu que les choses ne vont pas mieux en santé.

Gros contrat pour le chef libéral, qui a intérêt à préparer quelques lignes de contre-attaque.

Le débat des chefs, excusez le cliché, est toujours un moment clé d'une campagne électorale. Celui-ci encore plus que les autres parce que la lutte est extrêmement serrée et parce que la campagne est beaucoup axée sur la personnalité des chefs.

Ajoutez à cela que les trois bonhommes ne s'aiment pas du tout, et ça, ce n'est pas un cliché. La dernière fois que les trois chefs se sont retrouvés dans la même pièce (trop petite pièce, apparemment), vendredi dernier avant les funérailles de l'agent Tessier à Laval, l'atmosphère était tendue à la limite du malaise, raconte un témoin. À part les protocolaires poignées de main au début et à la fin de la soirée du débat, ne vous attendez donc pas à des débordements de politesse.

Mais au-delà des prévisibles accrochages sur la santé, sur les candidats problèmes ou sur les promesses brisées, les chefs se préparent toujours pour cette épreuve en fonction de d'objectifs à atteindre, de messages à passer.

Que devraient viser Jean Charest, André Boisclair et Mario Dumont ?

Et quelles sont leurs forces et leurs faiblesses ?



Jean Charest



Le chef libéral jouit de l'atout «premierministrable», c'est-à-dire qu'une majorité écrasante de la population le considère plus qualifié que ses deux adversaires pour occuper le poste. Cela peut jouer en sa faveur, tant qu'il reste au-dessus de la mêlée et qu'il donne l'impression d'être en parfait contrôle. Autrement dit, ne pas se laisser tabasser par ses deux adversaires, se sortir du coin et contre-attaquer. Surtout, ne pas perdre trop de temps à faire du «shadow-boxing» contre Pierre Paradis et insister sur les réussites de son gouvernement.

* Point fort : l'expérience. Deux débats au fédéral (un en anglais, l'autre en français) et deux autres au Québec, Jean Charest est un habitué du ring.

* Point mou : un bilan mitigé, surtout en santé et pour les baisses d'impôts, ses deux principales promesses de 2003. Il doit aussi retrouver une fougue qui lui a fait défaut à ce jour dans cette campagne.



André Boisclair



Le premier objectif d'André Boisclair est de rejoindre sa base électorale, soit les 40-45 % de Québécois qui se disent prêts à voter OUI à un éventuel référendum.

En 2003, le Parti québécois n'a recueilli que 33 % du vote, un plancher historique. André Boisclair doit convaincre les souverainistes et les nationalistes mous de tourner le dos à l'ADQ et de revenir au PQ. Tout ça sans se faire coincer (ou se peinturer lui-même) dans le coin de la stratégie référendaire.

M. Boisclair doit à la fois se montrer rassurant sur la démarche référendaire et crédible comme solution de rechange au poste de premier ministre.

Et en dégageant une image sympathique, empathique, passionnée, bref, l'envers de ce qu'on lui reproche : d'être froid, distant et de parler, parler, parler...

* Point fort : André Boisclair est sous-estimé par ses adversaires, qui l'ont écarté un peu vite du tableau principal. D'autant qu'il s'en est bien sorti à ce jour dans les grands rendez-vous télévisuels.

* Point mou : le chef du PQ est inexpérimenté en débat des chefs (c'est son premier).



Mario Dumont



La principale force de Mario Dumont depuis le début de cette campagne, c'est de dire aux gens (du moins, à une certaine partie de l'électorat) ce qu'ils veulent entendre sur les accommodements raisonnables, sur la santé, sur les commissions scolaires, sur les prisons, sur la date des élections, etc. Il n'a donc qu'à se concentrer à passer ses messages tout en tapant sur Jean Charest. Bref, c'est le bon gars qui parle des vraies affaires contre les vieux partis qui mentent à la population.

C'était le plan aussi en 2003, et ça n'avait pas très bien marché. Vrai, mais Mario Dumont était déjà «mort» au moment du débat en 2003, ce qui n'est pas le cas, pas du tout, cette fois.

MM. Charest et Boisclair vont taper fort sur l'«irresponsabilité» et sur le manque de crédibilité du programme adéquiste. Et sur les candidats problèmes de Mario Dumont.

* Point fort : le luxe de pouvoir taper sur ses deux adversaires sans avoir de bilan à défendre, et ce, avec une aisance naturelle dans l'art du clip.

* Point mou : un programme non chiffré et une équipe inconnue. M. Dumont devra aussi vaincre son stress (ou le contrôler), lui qui a «sous-performé» en 1998 et 2003.
Éolianne
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Message par Éolianne »

Michel C Auger, cyberpresse

Citation :Le Mardi 13 mars 2007

Au jeu des attentes

Un débat des chefs n’est pas un élément isolé dans une campagne électorale, il survient à un moment précis et avec des participants qui ont tous des objectifs différents. Mais, surtout, les citoyens ont, envers eux, des attentes très différentes.

Au jeu des attentes, ce sont Jean Charest et Mario Dumont qui jouent le plus gros, alors qu’André Boisclair est dans la position plutôt favorable de surprendre.

Pour Jean Charest, le débat est une occasion de remettre la campagne sur les rails. Ce n’est pas qu’elle va mal, mais disons qu’elle ne va pas bien. Depuis une décennie qu’il est chef d’un parti politique, les électeurs ont appris à connaître Jean Charest. Ils l’ont vu quand il était bon et quand il était ordinaire. Mais à quelques rares exceptions près, c’est ce dernier qu’ils ont vu depuis trois semaines.

En fait, le principal problème de M. Charest est de ne pas avoir donné aux électeurs des raisons positives de réélire son gouvernement. M. Charest a beaucoup attaqué ses adversaires mais, en même temps, il a eu bien du mal à défendre son bilan. L’un des problèmes qu’ont les électeurs avec le chef libéral est justement qu’il a toujours l’air d’attaquer pour éviter de devoir expliquer ce bilan.

Par ailleurs, M. Charest devrait aussi éviter, au moins le temps du débat, l’illogisme qui consiste à dire qu’il veut éviter un autre référendum mais de faire exactement comme si les fédéralistes, et eux seuls, étaient en pleine campagne référendaire, couplets sur la partition et les pensions inclus.

Après M. Charest, c’est Mario Dumont qui a le plus à perdre ce soir, parce qu’il se retrouvera au milieu de deux adversaires à qui il a réussi à soutirer des appuis depuis le début de la campagne. Mais ces appuis sont encore mous et autant M. Charest que M. Boisclair tenteront de démontrer qu’il n’a pas d’équipe et un programme superficiel.

M. Dumont devra montrer deux choses dans ce débat : qu’il est autre chose que le «roi de la clip» et que la petite phrase ne lui tient pas lieu de programme politique. Il devra aussi faire oublier ce tableau noir qu’il était incapable de remplir à Tout le monde en parle.

Le principal problème de M. Dumont depuis le début de la campagne, ce n’est pas tant l’absence d’un cadre financier, c’est l’absence d’un cadre tout court. C’est comme si M. Dumont ne s’occupait que de la partie visible des icebergs en oubliant les sept-huitièmes qui sont dans l’eau. Comme de changer les bulletins plutôt que la réforme scolaire ou de financer ses promesses par des réductions à l’aide sociale quand le nombre de bénéficiaires est déjà à un creux historique. Là-dessus, ses adversaires l’attendent.

André Boisclair est le moins connu et le moins expérimenté des participants, mais aussi celui qui a le moins à perdre. En fait, son principal problème depuis le début de la campagne, c’est qu’il n’a pas réussi à avoir de véritable impact. Qu’il ait une bonne ou une mauvaise journée, il finit presque inévitablement au troisième rang aux journaux télévisés.

C’est à ces électeurs qui semblent l’avoir oublié que M. Boisclair doit s’adresser ce soir. À ceux qui n’attendent plus rien de lui et qu’il ne peut donc que surprendre.

Ce qui lui rapporterait le plus, au cours de ce débat, ce serait d’être capable de reprendre son rôle de chef de l’Opposition, à la fois de premier critique du bilan du gouvernement Charest et de gouvernement en attente, rôles qu’il a un peu abandonnés à Mario Dumont ces dernières semaines.

S’il réussit, il pourrait changer le cours de la campagne, s’il échoue il retournera dans une campagne qui n’a que peu d’impact auprès des électeurs. Le gros avantage pour lui, c’est qu’il ne peut pas vraiment se nuire ce soir, il ne peut que s’aider.
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