ANALYSE
Jean Charest garde la balle basse
Denis Lessard
La Presse
Depuis l'automne dernier, les libéraux de Jean Charest piétinent dans les sondages. Quelle que soit la maison qui a mené l'enquête, on les retrouve autour de 35 ou 36 % des intentions de vote, une fois répartis les indécis.
Pourtant, tout le monde dit que l'Action démocratique de Mario Dumont monte. Et le PQ n'est pas si loin derrière le PLQ - 7 points de pourcentage selon le sondage Léger Marketing de la semaine dernière, 3 points selon le CROP de la mi-février. Une avance dont la minceur devrait, en théorie du moins, insuffler beaucoup plus d'énergie et de détermination au chef libéral.
La campagne de Jean Charest reste pourtant conservatrice - en termes de baseball, on dirait que l'artilleur libéral garde volontairement ses balles basses, avant tout soucieux d'éviter un coup de circuit de l'adversaire. Chaque jour amène plus de détails sur un nouveau volet de la plateforme du PLQ, des éléments qui, la plupart du temps, finissent au bas des textes des correspondants.
Le chef libéral n'a été coincé sérieusement qu'une fois sur les réalisations de son gouvernement, lorsque La Presse avait publié un bilan dévastateur des engorgements des urgences. Autrement, il se contente de renvoyer plus ou moins mollement les balles sur les cibles que guettent toujours les médias - l'agenda référendaire du PQ ou l'absence d'équipe autour de Mario Dumont, notamment.
Plus encore, la publicité télévisée du PLQ se contente d'un bilan bien classique - voire soporifique - des réalisations du gouvernement depuis 2003. Et pour l'heure, au PLQ, on soutient ne pas avoir de seconde vitesse, on ne prévoit pas hausser le ton avec un message plus percutant.
Explication officielle des libéraux : Jean Charest est pris entre deux feux - il a haussé le ton il y a quelques jours et Mario Dumont l'a accusé de paniquer. Et quand il se contente de faire des gammes, les commentateurs l'accusent de mener une campagne en pantoufles.
La réalité est que les libéraux se rassurent actuellement entre eux avec leurs propres sondages, qui leur donneraient une avance plus confortable que celle des enquêtes publiques - plus près des 40 % des intentions de vote.
Et cette lecture des cartes pourrait bien être la bonne, constate Claire Durand, spécialiste des sondages, professeur titulaire à l'Université de Montréal.
Car, de mémoire d'apparatchik, le PLQ n'a jamais récolté moins dans l'urne que ne le prédisaient les sondages. Pour le professeur Durand, le vote libéral est systématiquement sous-évalué dans les enquêtes. Le regretté Robert Bourassa parlait toujours de la "prime à l'urne" comme si des électeurs, plongés dans le doute à la vue de l'isoloir, décidaient tout à coup d'opter pour le parti fédéraliste.
La réalité est différente. D'abord, c'est bien connu, une majorité "d'indécis" sont en fait des discrets, des gens qui ne dévoilent pas facilement leurs préférences - ces gens plus conservateurs ont davantage le profil des électeurs libéraux.
De plus, rappelle Mme Durand, il faut tenir compte des électeurs qui n'ont pas de numéro de téléphone attitré - tous les résidants de centres de soins de longue durée par exemple - ne sont pas joints par les téléphonistes des maisons de sondage. Un point de plus pour le PLQ, estime Mme Durand.
Il faut savoir aussi que des milliers d'abonnés au téléphone refusent que leur nom soit inscrit au bottin - encore là, il s'agit de gens au profil plus conservateur, plus proche de celui des sympathisants libéraux. Au PLQ, on ajoute aussi ne pas être mécontent de l'interprétation qui perdure dans les médias voulant que les Québécois se réveilleront le 27 mars avec un gouvernement minoritaire.
Être vu comme celui qui est clairement en avance, à trois semaines du scrutin, augmente singulièrement la pression. Les médias qui, instinctivement, souhaitent une course serrée, se font subitement plus critiques.
Il y a bien sûr quelques inconnues. En déclenchant les élections en hiver, Jean Charest n'avait probablement pas prévu les urgences engorgées par l'épidémie annuelle d'influenza.
Il a aussi sous-estimé l'absence des 150 000 snowbirds qui ne seront pas revenus à temps pour voter - ce que lui avaient rappelé toutefois ses conseillers.
Mais en politique, Mario Dumont l'a bien compris depuis sa déroute de 2003, il vaut mieux être un sous-marin qu'une montgolfière.
Les libéraux de Jean Charest sont en plongée et tentent de disparaître du radar, mais ils ne descendent pas pour autant.
Jean Charest garde la balle basse.
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- Seigneur de la Causerie
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Il brasse un peu les libéraux pour ne pas paraître trop partisan.
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