Les hommes : des papas poule ?

Votre tribune, la parole est à vous! Débattez d'idées, d'opinions, de sujets chauds de l'actualité ... bref place aux discussions.
Avatar de l’utilisateur
tuberale
Intronisé au Panthéon
Messages : 49842
Inscription : sam. nov. 08, 2003 1:00 am

Message par tuberale »

Pour en finir avec le papa poule

Silvia Galipeau

La Presse


Un père est un père. Pas une mère. Qu'on se le dise. Et son rôle est tout aussi important. Après les recommandations chocs du docteur Chicoine sur l'attachement mère-enfant dans Le bébé et l'eau du bain, voici qu'un chercheur décortique le même sentiment, mais du côté paternel cette fois. Et surprise : l'attachement au papa serait tout aussi essentiel, quoique fondamentalement différent, durant les premiers mois de vie d'un poupon.

Qui vont voir les enfants quand ils ont un bobo? Les mères. Qui les berce quand ils ont un gros chagrin? Encore les mères. Mais qui les chatouille jusqu'à en perdre le souffle? Qui les pousse à monter plus haut, encore plus haut, sur le tout dernier barreau de l'échelle? Sans contredit: les pères.

Et peut-être est-ce aussi très bien comme ça. C'est du moins ce que croit Daniel Paquette, chercheur à l'Institut de recherche pour le développement social des jeunes.







M. Paquette étudie ces jours-ci la relation d'une vingtaine de pères avec leurs poupons de 12 à 18 mois, en vue de mettre sur pied une théorie novatrice. Alors qu'on scrute à la loupe depuis des décennies déjà la relation d'attachement mère-enfant (responsable de la confiance en soi et du développement des compétences sociales), peu ou pas d'études ont porté jusqu'ici sur la relation toute spécifique avec le père. Pour parler des pères, «jusqu'à maintenant, on a été très empirique. On prenait toujours comme modèle la relation mère-enfant, raconte le chercheur, rencontré dernièrement dans ses bureaux au Centre jeunesse de Montréal. Il m'a semblé important de voir qu'est-ce qui était spécifique aux pères.»

Et des spécificités, il n'en manque pas. Pensez-y. Même au sein des couples les plus égalitaristes en ville, les papas ne sont jamais tout à fait comme les mamans. Tous les pères interrogés le confirment.

Certaines différences sont évidemment biologiques. La mère, quand elle nourrit le poupon, a de facto le quasi-monopole de l'enfant. Donc le quasi-monopole des soins. Mais plus l'enfant grandit, plus le père prend de place. «Dès que ma femme a arrêté d'allaiter, j'ai eu la chance d'avoir davantage de proximité avec mon fils, souligne Klaus Larsen. Ça commence plus tard, et il faut travailler plus fort.»

Francisco Abarca, qui traîne son fils à ses cours de kung-fu tous les mercredis matins, témoigne: «Ma blonde est plus mère poule que moi. Moi j'aime ça qu'il expérimente. C'est comme ça qu'on apprend», dit-il.

Les pères interrogés semblent aussi plus actifs physiquement que les mères. «Je joue beaucoup activement avec eux. Au football, au baseball, au hockey, à tous les sports imaginables, ajoute Pierre-Emmanuel Paradis, père de quatre enfants. Leur mère est déconnectée de leurs jeux de balles. Elle ne va pas courir avec eux mais les surveiller.» Idem Pour Hubert Hayaud. «L'autre jour, j'étais à quatre pattes par terre avec les enfants, à faire le cheval. Sylvie (la mère) ne ferait jamais un truc comme ça. Elle, elle va leur apprendre à lire.»

«Leur mère s'occupe des lunchs, de l'affection, change les couches deux fois sur trois. Elle s'occupe davantage des soins quotidiens du bébé. Moi, je suis là pour le divertir», résume Michel Dennino.

Ces anecdotes en disent long sur la relation père-enfant. D'après les recherches de Daniel Paquette, ces différences s'observent aussi dans toutes les sphères d'activité. Dans une piscine, par exemple, la majorité des mères tiennent leur bébé face à elles, pour «créer une bulle d'intimité». Les pères? En grande majorité, vont tourner les enfants vers l'extérieur, face au monde. «Parce que la fonction paternelle inclut la stimulation et l'exploration de l'environnement», précise le chercheur, alors que la fonction maternelle est davantage axée sur les soins.



 

Photo Alain Roberge, La Presse
 
Il croit aussi que pour évaluer l'attachement père-enfant, ce sont ces stimulations spécifiques aux pères qu'il faut analyser. Au lieu d'attachement, le chercheur parle d'ailleurs d'une relation «d'activation». Il s'agit de tous les jeux de bataille, risques calculés, et stimulations de toutes sortes proposées par les pères. Leur rôle? L'apprentissage de la maîtrise de soi, du contrôle de son agressivité et de l'adaptation au monde. Qui aurait cru que les traditionnelles chatouilles du soir étaient porteuses de tant de sens?..
Avatar de l’utilisateur
tuberale
Intronisé au Panthéon
Messages : 49842
Inscription : sam. nov. 08, 2003 1:00 am

Message par tuberale »

Fête des Pères : une affaire de filles?

Léa Méthé Myrand
16 juin 2006 - 07h21


La fête des Pères est un événement commercial mineur, si on le compare à la fête des Mères. Acheteuses par excellence, femmes et filles lésineraient-elles quand vient le temps de gâter papa ?

Si l'on en croit Yves Bois, directeur général des Galeries de la Capitale, l'achalandage en magasin lors de la fête des Mères l'emporte haut la main sur celui de la fête des Pères. La raison est simple : dans les centre commerciaux, la majorité des détaillants tiennent seulement des articles destinés aux femmes. «Même quand il s'agit d'acheter pour les hommes, c'est important que la promotion plaise aussi à la conjointe parce que la première cible, c'est la dame», dit-il.

Si la fête des Pères fait peu de vagues dans les grandes surfaces et les centres commerciaux, elle fait toutefois bondir les recettes des détaillants dans certains créneaux comme l'électronique, les articles de plein air et la quincaillerie.

Chez Latulippe, magasin d'équipement de plein air, il s'agit de la deuxième célébration en importance après Noël, selon François Latulippe, vice-président et propriétaire associé. «C'est un prétexte pour faire de la promotion, dit-il. La fête des Pères adonne avec le début de la saison de pêche et de plein air. Très souvent, ce sont les pères eux-mêmes qui viennent s'offrir un cadeau.» Si les ventes augmentent dramatiquement au cours du mois précédent, seulement 25 % de la hausse est attribuable à la fête des Pères plutôt qu'à l'arrivée du beau temps, croit François Latulippe.

C'est également la belle température qui attire un nombre croissant d'hommes dans les rayons de la Maison Simons autour du troisième dimanche de juin. Selon Hugues Gosselin, acheteur chez Simons, les hommes sont moins magasineux et renouvellent leur garde-robe au besoin, comme lorsqu'il commence à faire chaud. «Quand il s'agit de cadeaux, par contre, c'est pratiquement juste des femmes qui achètent. Elles viennent seules et font des surprises.»

Curieusement, même dans les bastions masculins comme Rona et Réno-Dépôt, la fête des Mères et celle des Pères sont au coude-à-coude. «Les femmes se font offrir des articles de décoration et de plus petits outils», explique Dominique Prud'homme, chef des relations publiques.

Outre la concentration des achats dans certains secteurs du commerce de détail, comment expliquer que la fête des Pères génère moins de retombées économiques ? D'abord, les hommes sont souvent moins impliqués que les femmes dans la vie familliale. Plus d'une famille canadienne sur huit compte la mère comme seul parent, selon Statistiques Canada.

«La mère, c'est celle qui donne son amour et son temps, alors elle a un statut particulier. On n'a pas toujours la même proximité avec son père», remarque Yves Bois, des Galerie de la Capitale. «Puis, les hommes sont encore considérés comme les pourvoyeurs, ils ne s'attendent pas autant à recevoir des cadeaux, on s'attend plutôt à un coup de fil», dit-il.

À l'occasion de la fête des Pères, c'est donc l'intention qui compte. Les enfants l'auront bien compris car à cette date, les compagnies de téléphonie, dont AT&T, connaissent une pointe d'appels... à frais virés.




Ti-radis
Immortel du Domaine
Messages : 16174
Inscription : ven. janv. 21, 2005 1:00 am

Message par Ti-radis »

Intéresant le premier article.  C,est bien que la relation père-enfant apporte d'autre élément à l'épanouissement d'un enfant

Avatar de l’utilisateur
tuberale
Intronisé au Panthéon
Messages : 49842
Inscription : sam. nov. 08, 2003 1:00 am

Message par tuberale »

Père un jour, père toujours?

--------------------------------------------------------------------------------
Le père d'aujourd'hui s'implique de plus en plus auprès de ses enfants, mais la route de la paternité est encore parsemée d'embûches et la lutte des hommes pour la reconnaissance de l'égalité parentale se bute parfois à des préjugés bien enracinés.
 
La publicité présente les hommes en train de donner le biberon, de changer la couche, de faire la vaisselle ou la lessive, semblant parfaitement à l'aise dans un domaine il n'y a pas si longtemps réservé aux femmes, nageant dans le bonheur d'un univers ouaté. Les médias parlent plutôt de crise de la paternité, de défection des pères et du mal qu'ils ont à se tailler une place dans notre société. Les groupes d'entraide aux pères divorcés témoignent de réalités où le système est souvent responsable du peu de place qu'ils occupent auprès de leurs enfants. Une chose est certaine: le rôle du père a éclaté au cours des dernières années et sa nouvelle définition en est encore à ses balbutiements.

Égalité parentale

De pourvoyeur et dispensateur de l'autorité, le père d'aujourd'hui s'est vu attribuer une place de plus en plus importante en regard de l'éducation, de la socialisation et des soins aux enfants. Dans un sondage SOM effectué en 1998, 56 % des hommes affirmaient s'occuper plus ou beaucoup plus de leurs enfants que leur père ne l'avait fait, 52 % estimait s'occuper de leurs enfants autant que leur conjointe et 85 % effectuaient régulièrement des tâches ménagères. Malgré ce fait, les études réalisées sur les comportements des pères démontrent que la participation aux soins et à l'éducation des enfants semble suivre de près les stéréotypes traditionnels. La participation des pères aux tâches parentales est souvent ponctuelle et sélective, touchant davantage les sphères du jeu et de l'éveil, tandis que les tâches touchant l'entretien des enfants reviennent la plupart du temps à la mère. Il arrive souvent que le père ne se considère pas comme le parent principal qui s'occupe des affaires du ménage et de la famille, et sa participation est souvent régie par les demandes de sa conjointe. Plusieurs phénomènes peuvent expliquer cette situation. Certains préjugés restent tenaces. L'image du pourvoyeur reste associée à celle du bon père de famille et on justifie facilement les absences du père lorsqu'elles sont dues au travail. Le marché du travail offre peu d'occasions d'exercer la paternité. Les congés de paternité sont encore exceptionnels et les absences pour raisons familiales ne sont pas encore entrées dans les moeurs, surtout dans les milieux à forte composition masculine. Encore aujourd'hui, il n'est pas facilement admis qu'un homme s'absente pour accompagner son enfant chez le dentiste ou pour répondre à tout autre besoin de l'enfant. Socialement, la mère est encore perçue comme le parent principal et responsable, ce qui range inévitablement le père au rang d'assistant. De plus, de l'aveu même de certaines féministes, les mères craignent parfois de perdre l'exclusivité dans les relations avec les enfants ou elles exigent que le père reproduise fidèlement leur façon de s'occuper des enfants. Ceci s'ajoutant à cela explique, en partie du moins, le timide engagement des pères dans les affaires familiales. Or, l'égalité parentale dépend fortement d'un partage équitable des tâches reliées à l'éducation des enfants.

Paternité et rupture

Le divorce est sans doute le facteur qui fragilise le plus l'exercice de la paternité. Dans près de 70 % des cas, la garde exclusive des enfants est confiée à la mère. Ce qui signifie que la majorité des pères ne disposent souvent que de quelques jours par mois ou pendant les vacances pour créer des liens avec leurs enfants. Même lorsque le jugement accorde aux parents la garde partagée, la majorité des enfants demeurent principalement chez leur mère. La situation est encore plus accentuée lorsque les enfants ont moins de 5 ans. Malgré l'intérêt grandissant des tribunaux pour la garde partagée, on privilégie encore la garde exclusive par la mère, sous prétexte qu'elle est plus habilitée à materner les enfants et à leur assurer stabilité et sécurité. De plus, les pères s'avouent souvent un peu mal à l'aise lorsque les enfants ont moins de 5 ans. Les chiffres concernant le décrochage paternel sont éloquents : au Québec, selon Statistique Canada, 24 % des enfants ne rendent plus visite à leur père cinq ans après la séparation des parents, et pour 32 % d'entre eux, le contact avec le père est très occasionnel. On estime que 2 enfants sur 5 voient leur père de façon sporadique ou ne le voient pas du tout, soit parce que la relation avec l'ex-conjointe est orageuse, soit parce que le père a fondé une nouvelle famille. Enfin, près de 80 % des hommes séparés ne vivent pas avec leurs enfants d'un mariage antérieur.

Instinct paternel et paternage

Les études portant sur le vécu des pères pendant la grossesse dressent un portrait très positif des futurs pères. L'observation des pères avant la naissance démontre qu'il existe bel et bien un instinct paternel et que plusieurs processus psycho-affectifs amènent l'homme à s'approprier l'enfant. Après la naissance, les choses se compliquent. Pour bien des hommes, comme pour beaucoup de femmes, la première enfance est un domaine réservé à la mère, bien que les recherches aient démontré depuis longtemps que le père était tout aussi capable de paternage que la mère. La question n'est pas de l'ordre du sentiment. Elle se situe plutôt au niveau du partage équitable des responsabilités parentales, ce qui implique un partage des tâches familiales et du temps consacré aux besoins de l'enfant. À ce titre, beaucoup de chemin reste à faire, autant du côté des hommes que du côté des femmes. La société participe parfois directement à maintenir les hommes dans l'ombre des responsabilités familiales. Lorsque la garderie, l'école ou la clinique appellent au sujet des enfants, on demande systématiquement à parler à la mère en assumant qu'elle est le parent principal. La conciliation travail famille semble aussi être une pierre d'achoppement à la paternité. L'aménagement des horaires en fonction des obligations parentales, le manque de garderies en milieu de travail et les congés parentaux sont encore loin de faciliter la tâche aux pères. La garde exclusive des enfants accordée à la mère de façon presque automatique en cas de séparation ou de divorce demeure cependant l'enjeu principal des groupes de pères qui réclament haut et fort la présomption de garde partagée par les tribunaux. Tous ces facteurs peuvent expliquer le timide engagement des pères. La question est tellement préoccupante que le ministère de la Famille et de l'Enfance du gouvernement du Québec a même publié une brochure intitulée « Être père, la belle aventure » afin de valoriser le rôle du père et de promouvoir son engagement parental. Il ne reste qu'à souhaiter que la paternité regagne ses lettres de noblesse et se redéfinisse dans un rôle à part entière, autant au niveau de la famille qu'aux yeux de la société. Et que tous les pères, pas seulement quelques-uns, connaissent le bonheur de constater dans les yeux de leurs enfants que, oui, ils sont importants.


Par Marie-Christine Tremblay (madame.ca)


Répondre

Revenir à « LA TRIBUNE »