Publié : jeu. févr. 02, 2006 5:35 pm
Caricatures de Mahomet : la crise se radicalise
Après la publication des dessins dans un quotidien danois puis dans plusieurs journaux européens, dont France Soir, des groupes armés menacent de prendre pour cible les ressortissants danois, norvégiens et français dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. Alors que les appels au boycott visant ces trois pays se multiplient.
L'affaire des caricatures de Mahomet publiées initialement dans un quotidien danois et reprises dans plusieurs journaux européens tourne à la crise généralisée. Première victime collatérale, le directeur de publication de «France Soir», Jacques Lefranc, viré par son propriétaire, Raymond Lakah, pour avoir publié les dessins dans son édition de mercredi. Un épisode qui peut paraître anecdotique au regard des derniers développements. A Gaza notamment, où des groupes armés appellent non seulement au boycottage des produits danois, norvégiens et français mais menacent également de prendre pour cible tout ressortissant des ces trois pays dans la bande de Gaza ou en Cisjordanie. Le point de la polémique sur la planète.
Sur le même sujet
A Gaza, les bureaux de l'UE fermés
«Nous mettons en garde les commerçants et tous ceux qui vendent des produits» de France, du Danemark et de Norvège, déclarent dans un communiqué les Comités de la résistance populaire et le «commandement commun» des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa. «Tout Norvégien, Danois ou Français présents sur notre terre est une cible», soulignent les militants des deux groupes armés dans un communiqué transmis à l'AFP. «Nous demandons la fermeture des bureaux et consulats en Palestine des trois pays concernés, sinon nous n'hésiterons pas à les détruire», ajoute le texte. Un porte-parole des Comités de la résistance populaire, a confirmé par téléphone à l'AFP que cette menace devait être prise au sérieux et qu'elle serait élargie à tous les pays dont la presse publierait ces caricatures.
En fin de matinée, une vingtaine d'hommes armés du Fatah et du Jihad islamique ont tagué les mots «fermé jusqu'à nouvel ordre» sur la porte d'entrée du bâtiment de l'UE, qui n'avait pas ouvert jeudi matin par crainte de violences. Aucun employé de l'UE ne se trouvait à l'intérieur des locaux, protégés par une patrouille de la police palestinienne. Dans un tract, les hommes armés «donnent aux gouvernements danois, français et norvégien 48 heures pour présenter des excuses».
Suite à ces menaces, la Norvège a annoncé jeudi la fermeture au public «jusqu'à nouvel ordre» de sa représentation en Cisjordanie.
La Commission européenne a elle renforcé les mesures de sécurité autour de ses bureaux à Gaza. Une porte-parole à Bruxelles, Emma Udwin, a souligné que le personnel de l'UE à Gaza travaillait «pour améliorer le sort du peuple palestinien» et demandé à «ceux qui font des menaces de garder ça en tête». Le ministère français des Affaires étrangères a réitéré ses recommandations aux Français de ne plus se rendre dans la bande de Gaza.
La France prise à partie
Au Maroc, le journal islamiste «Attajdid» appelle le gouvernement français à punir «France Soir» qui doit être « contraint aux excuses, sinon, les relations entre la France et les Etats arabes et islamiques risquent de se détériorer dans tous les domaines».
Mercredi, le Maroc a interdit l'entrée sur son territoire de «France Soir» en raison de «la publication par ce quotidien français de caricatures du prophète (...) sous des prétextes fallacieux de la défense de la liberté de la presse», indiquait le ministère marocain de la Communication, dans un communiqué parvenu à l'AFP.
Si le quotidien français a pu pénétrer sur le territoire tunisien, il a été saisi. «En application des dispositions du code de la presse, le ministre de l'Intérieur et du développement local a décidé la saisie du numéro de ce journal daté du mercredi 1er février 2006, dont le contenu est offensant pour les musulmans et outrageant pour la noble personne du prophète», a indiqué l'agence officielle TAP. Réunis mardi à Tunis, les ministres de l'Intérieur de 22 pays arabes ont condamné la publication des caricatures et demandé des sanctions.
Des publications dans toute l'Europe
Initialement publiée en septembre par le quotidien danois « Jyllands-Posten», puis dans un magazine norvégien, provoquant les foudres du monde musulman, les caricatures de Mahomet ont été reprises mercredi dans un certain nombre de journaux européens. En Espagne, paru le quotidien ABC (droite) et le quotidien catalan El Periodico (gauche); ce dernier assortissait leur publication de ce commentaire: «Il est logique que les caricatures irritent certains musulmans. Mais il n'est pas logique que, au nom d'une lecture littérale et inhumaine du Coran, on essaie d'éliminer aussi à l'étranger les critiques ou qu'on menace ceux qui (...) exercent la satire.»
En Italie, «La Stampa» illustrait un article factuel sur le sujet avec un des dessins les plus polémiques. Lundi, le quotidien à plus fort tirage d'Italie, «Il Corriere della Sera», a publié deux dessins , dont celui du prophète accueillant des kamikazes au paradis en déplorant une rupture de stock des jeunes vierges. Ils sont assortis d'une longue chronique de Magdi Allam, éditorialiste musulman, qui juge les caricatures «certainement discutables», mais n'en défend pas moins la liberté d'expression. «Qu'attend l'Occident pour intervenir? Adoptera-t-il la politique de l'autruche jusqu'à ce qu'un autre Theo van Gogh soit assassiné (ndlr: cinéaste néerlandais assassiné en novembre 2004 par un islamiste maroco-néerlandais), à Copenhague ou à Oslo?», demande-t-il.
Aux Pays-Bas justement, «De Volkskrant» (progressiste), «De Telegraaf» (populaire), «NRC Handelsblad» ont publié un ou plusieurs dessins ou la reproduction de la page incriminée de «Jyllands-Posten»
En Suisse, le quotidien populaire «Blick» a publié mardi deux des dessins incriminés et «La Tribune de Genève» compte publier les caricatures dans son édition de jeudi.
La presse britannique n'a pas publié les caricatures.
En Allemagne, Hendrik Zörner, porte-parole de la Fédération des journalistes allemands (DJV), s'est dit hostile à la publication des caricatures. Le code de déontologie de la presse allemande, a-t-il rappelé, proscrit les articles ou images susceptibles de porter une grave atteinte «aux sentiments religieux ou moraux d'un groupe de personnes». Die Welt (conservateur) a été le seul grand journal à reproduire en une une des caricatures danoises.
Un tabloïd jordanien a reproduit jeudi trois des caricatures controversées de Mahomet en appelant les musulmans à travers le monde à la "raison" dans son éditorial.
En Jordanie, l'hebdomadaire «Shihane» reproduit jeudi trois des caricatures. Sous le titre «Musulmans du monde, soyez raisonnables», le rédacteur en chef, Jihad Momani, signe un éditorial où il se demande: «Qu'est ce qui porte plus préjudice à l'islam, ces caricatures ou bien les images d'un preneur d'otage qui égorge sa victime devant les caméras, ou encore un kamikaze qui se fait exploser au milieu d'un mariage à Amman?»
A Beyrouth, le Hezbollah menace
«S'il s'était trouvé un musulman pour exécuter la fatwa de l'imam Khomeyni contre le renégat Salman Rushdie, cette racaille qui insulte notre prophète Mahomet au Danemark, en Norvège et France n'aurait pas osé le faire», a dit depuis Beyrouth le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. «Nous ne comprenons pas la logique des autorités danoises qui refusent de s'excuser invoquant la liberté d'expression (...). qu'elles sachent qu'il y a des millions de musulmans prêts à défendre l'honneur de leur religion et de leur prophète», a-t-il ajouté.
GAZA, 2 fév 2006 (AFP) - La publication en Europe de caricatures du prophète Mahomet a rebondi jeudi à Gaza où des groupes armés ont menacé de s'en prendre à des journalistes occidentaux et déclaré "fermée jusqu'à nouvel ordre" la représentation de l'Union Européenne (UE).
Dans un communiqué à l'AFP, les Comités de la résistance populaire et le "commandement commun" des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, liées au Fatah, ont affirmé que "tout Norvégien, Danois ou Français présent sur notre terre est une cible".
"Nous demandons la fermeture des bureaux et consulats en Palestine des trois pays concernés (que) nous n'hésiterons pas à détruire", ajoutent-ils, en réclamant le boycottage des produits français, danois et norvégiens.
Une vingtaine d'hommes armés du Fatah et du Jihad islamique ont tagué les mots "fermé jusqu'à la présentation d'excuses" sur la porte d'entrée du bâtiment de l'UE à Gaza, qui était protégé par la police palestinienne.
"Nous proclamons le siège de l'UE fermé jusqu'à nouvel ordre et nous donnons aux gouvernements danois, français et norvégien 48 heures pour présenter des excuses", ont affirmé ces hommes armés dans un tract distribué devant les locaux fermés.
Ils appellent "les ressortissants français à évacuer la bande de Gaza" et menacent de "bombarder le siège de l'UE, les autres bureaux européens et les églises" si les "provocations" contre l'islam se poursuivent.
La Commission européenne a aussitôt renforcé les mesures de sécurité autour de ses bureaux à Gaza.
Une porte-parole à Bruxelles, Emma Udwin, a souligné que le personnel de l'UE à Gaza travaillait "pour améliorer le sort du peuple palestinien" et demandé à "ceux qui font des menaces de garder ça en tête".
Le ministère français des Affaires étrangères a réitéré ses recommandations aux Français de ne plus se rendre dans la bande de Gaza.
La publication le 30 septembre par le quotidien danois Jyllands-Posten de 12 caricatures du prophète Mahomet a provoqué la colère du monde musulman. Une des caricatures le montrait affublé d'un turban en forme de bombe à la mèche allumée. La religion musulmane interdit la représentation du Prophète, assimilée à de l'idolâtrie.
Les dirigeants danois poursuivaient jeudi leurs efforts diplomatiques pour sortir de la crise. L'ambassadeur du Danemark à Paris, Niels Egelund, a été reçu "dans un but d'apaisement" par le président du Conseil français du Culte musulman (CFCM), Dalil Boubakeur.
Le gouvernement de Norvège, où un journal avait reproduit le 10 janvier les caricatures du quotidien danois, a annoncé la fermeture au public de sa représentation à Ramallah (Cisjordanie), déclarant "prendre les menaces très au sérieux".
En France, plusieurs journaux ont choisi de publier à leur tour, au nom de la liberté de la presse, des dessins et caricatures du prophète Mahomet.
France-soir a publié mercredi des caricatures de Mahomet et a été interdit en Tunisie, au Maroc et n'a pas été distribué en Algérie. Le Monde a pris parti jeudi avec un dessin du Prophète occupant la moitié de la "Une" et un éditorial intitulé "Caricatures libres".
La BBC a aussi diffusé jeudi dans ses journaux télévisés les images des caricatures, expliquant qu'elle entendait ainsi "aider ses auditeurs à comprendre les sentiments violents suscités par cette histoire".
Le ministre saoudien de l'Intérieur, le prince Nayef Ben Abdel Aziz, a souhaité que le Vatican condamne la publication de ces caricatures, affirmant que cela ne relevait pas de la "liberté d'opinion".
Le secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, a estimé que la liberté de la presse doit s'exercer dans le respect des religions mais en appelant aussi à résoudre le problème par un dialogue pacifique.
Le président égyptien, Hosni Moubarak, a mis en garde contre une "mauvaise gestion" du scandale, qui pourrait, d'après lui, profiter aux "forces extrémistes et terroristes".
En Irak, des fidèles chiites ont exprimé leur colère en piétinant des drapeaux danois dessinés dans des ruelles menant au mausolée de l'imam Ali, dans la ville sainte de Najaf.
Un eurodéputé britannique musulman, Sajjad Karim, a émis l'espoir que la crise, "servira de leçon pour bâtir à l'avenir de meilleures relations entre les communautés" alors que le grand rabbin de France, Joseph Sitruk, a affirmé "partager" la colère des musulmans.
bur/hj/feb/phc
Après la publication des dessins dans un quotidien danois puis dans plusieurs journaux européens, dont France Soir, des groupes armés menacent de prendre pour cible les ressortissants danois, norvégiens et français dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. Alors que les appels au boycott visant ces trois pays se multiplient.
L'affaire des caricatures de Mahomet publiées initialement dans un quotidien danois et reprises dans plusieurs journaux européens tourne à la crise généralisée. Première victime collatérale, le directeur de publication de «France Soir», Jacques Lefranc, viré par son propriétaire, Raymond Lakah, pour avoir publié les dessins dans son édition de mercredi. Un épisode qui peut paraître anecdotique au regard des derniers développements. A Gaza notamment, où des groupes armés appellent non seulement au boycottage des produits danois, norvégiens et français mais menacent également de prendre pour cible tout ressortissant des ces trois pays dans la bande de Gaza ou en Cisjordanie. Le point de la polémique sur la planète.
Sur le même sujet
A Gaza, les bureaux de l'UE fermés
«Nous mettons en garde les commerçants et tous ceux qui vendent des produits» de France, du Danemark et de Norvège, déclarent dans un communiqué les Comités de la résistance populaire et le «commandement commun» des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa. «Tout Norvégien, Danois ou Français présents sur notre terre est une cible», soulignent les militants des deux groupes armés dans un communiqué transmis à l'AFP. «Nous demandons la fermeture des bureaux et consulats en Palestine des trois pays concernés, sinon nous n'hésiterons pas à les détruire», ajoute le texte. Un porte-parole des Comités de la résistance populaire, a confirmé par téléphone à l'AFP que cette menace devait être prise au sérieux et qu'elle serait élargie à tous les pays dont la presse publierait ces caricatures.
En fin de matinée, une vingtaine d'hommes armés du Fatah et du Jihad islamique ont tagué les mots «fermé jusqu'à nouvel ordre» sur la porte d'entrée du bâtiment de l'UE, qui n'avait pas ouvert jeudi matin par crainte de violences. Aucun employé de l'UE ne se trouvait à l'intérieur des locaux, protégés par une patrouille de la police palestinienne. Dans un tract, les hommes armés «donnent aux gouvernements danois, français et norvégien 48 heures pour présenter des excuses».
Suite à ces menaces, la Norvège a annoncé jeudi la fermeture au public «jusqu'à nouvel ordre» de sa représentation en Cisjordanie.
La Commission européenne a elle renforcé les mesures de sécurité autour de ses bureaux à Gaza. Une porte-parole à Bruxelles, Emma Udwin, a souligné que le personnel de l'UE à Gaza travaillait «pour améliorer le sort du peuple palestinien» et demandé à «ceux qui font des menaces de garder ça en tête». Le ministère français des Affaires étrangères a réitéré ses recommandations aux Français de ne plus se rendre dans la bande de Gaza.
La France prise à partie
Au Maroc, le journal islamiste «Attajdid» appelle le gouvernement français à punir «France Soir» qui doit être « contraint aux excuses, sinon, les relations entre la France et les Etats arabes et islamiques risquent de se détériorer dans tous les domaines».
Mercredi, le Maroc a interdit l'entrée sur son territoire de «France Soir» en raison de «la publication par ce quotidien français de caricatures du prophète (...) sous des prétextes fallacieux de la défense de la liberté de la presse», indiquait le ministère marocain de la Communication, dans un communiqué parvenu à l'AFP.
Si le quotidien français a pu pénétrer sur le territoire tunisien, il a été saisi. «En application des dispositions du code de la presse, le ministre de l'Intérieur et du développement local a décidé la saisie du numéro de ce journal daté du mercredi 1er février 2006, dont le contenu est offensant pour les musulmans et outrageant pour la noble personne du prophète», a indiqué l'agence officielle TAP. Réunis mardi à Tunis, les ministres de l'Intérieur de 22 pays arabes ont condamné la publication des caricatures et demandé des sanctions.
Des publications dans toute l'Europe
Initialement publiée en septembre par le quotidien danois « Jyllands-Posten», puis dans un magazine norvégien, provoquant les foudres du monde musulman, les caricatures de Mahomet ont été reprises mercredi dans un certain nombre de journaux européens. En Espagne, paru le quotidien ABC (droite) et le quotidien catalan El Periodico (gauche); ce dernier assortissait leur publication de ce commentaire: «Il est logique que les caricatures irritent certains musulmans. Mais il n'est pas logique que, au nom d'une lecture littérale et inhumaine du Coran, on essaie d'éliminer aussi à l'étranger les critiques ou qu'on menace ceux qui (...) exercent la satire.»
En Italie, «La Stampa» illustrait un article factuel sur le sujet avec un des dessins les plus polémiques. Lundi, le quotidien à plus fort tirage d'Italie, «Il Corriere della Sera», a publié deux dessins , dont celui du prophète accueillant des kamikazes au paradis en déplorant une rupture de stock des jeunes vierges. Ils sont assortis d'une longue chronique de Magdi Allam, éditorialiste musulman, qui juge les caricatures «certainement discutables», mais n'en défend pas moins la liberté d'expression. «Qu'attend l'Occident pour intervenir? Adoptera-t-il la politique de l'autruche jusqu'à ce qu'un autre Theo van Gogh soit assassiné (ndlr: cinéaste néerlandais assassiné en novembre 2004 par un islamiste maroco-néerlandais), à Copenhague ou à Oslo?», demande-t-il.
Aux Pays-Bas justement, «De Volkskrant» (progressiste), «De Telegraaf» (populaire), «NRC Handelsblad» ont publié un ou plusieurs dessins ou la reproduction de la page incriminée de «Jyllands-Posten»
En Suisse, le quotidien populaire «Blick» a publié mardi deux des dessins incriminés et «La Tribune de Genève» compte publier les caricatures dans son édition de jeudi.
La presse britannique n'a pas publié les caricatures.
En Allemagne, Hendrik Zörner, porte-parole de la Fédération des journalistes allemands (DJV), s'est dit hostile à la publication des caricatures. Le code de déontologie de la presse allemande, a-t-il rappelé, proscrit les articles ou images susceptibles de porter une grave atteinte «aux sentiments religieux ou moraux d'un groupe de personnes». Die Welt (conservateur) a été le seul grand journal à reproduire en une une des caricatures danoises.
Un tabloïd jordanien a reproduit jeudi trois des caricatures controversées de Mahomet en appelant les musulmans à travers le monde à la "raison" dans son éditorial.
En Jordanie, l'hebdomadaire «Shihane» reproduit jeudi trois des caricatures. Sous le titre «Musulmans du monde, soyez raisonnables», le rédacteur en chef, Jihad Momani, signe un éditorial où il se demande: «Qu'est ce qui porte plus préjudice à l'islam, ces caricatures ou bien les images d'un preneur d'otage qui égorge sa victime devant les caméras, ou encore un kamikaze qui se fait exploser au milieu d'un mariage à Amman?»
A Beyrouth, le Hezbollah menace
«S'il s'était trouvé un musulman pour exécuter la fatwa de l'imam Khomeyni contre le renégat Salman Rushdie, cette racaille qui insulte notre prophète Mahomet au Danemark, en Norvège et France n'aurait pas osé le faire», a dit depuis Beyrouth le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. «Nous ne comprenons pas la logique des autorités danoises qui refusent de s'excuser invoquant la liberté d'expression (...). qu'elles sachent qu'il y a des millions de musulmans prêts à défendre l'honneur de leur religion et de leur prophète», a-t-il ajouté.
GAZA, 2 fév 2006 (AFP) - La publication en Europe de caricatures du prophète Mahomet a rebondi jeudi à Gaza où des groupes armés ont menacé de s'en prendre à des journalistes occidentaux et déclaré "fermée jusqu'à nouvel ordre" la représentation de l'Union Européenne (UE).
Dans un communiqué à l'AFP, les Comités de la résistance populaire et le "commandement commun" des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, liées au Fatah, ont affirmé que "tout Norvégien, Danois ou Français présent sur notre terre est une cible".
"Nous demandons la fermeture des bureaux et consulats en Palestine des trois pays concernés (que) nous n'hésiterons pas à détruire", ajoutent-ils, en réclamant le boycottage des produits français, danois et norvégiens.
Une vingtaine d'hommes armés du Fatah et du Jihad islamique ont tagué les mots "fermé jusqu'à la présentation d'excuses" sur la porte d'entrée du bâtiment de l'UE à Gaza, qui était protégé par la police palestinienne.
"Nous proclamons le siège de l'UE fermé jusqu'à nouvel ordre et nous donnons aux gouvernements danois, français et norvégien 48 heures pour présenter des excuses", ont affirmé ces hommes armés dans un tract distribué devant les locaux fermés.
Ils appellent "les ressortissants français à évacuer la bande de Gaza" et menacent de "bombarder le siège de l'UE, les autres bureaux européens et les églises" si les "provocations" contre l'islam se poursuivent.
La Commission européenne a aussitôt renforcé les mesures de sécurité autour de ses bureaux à Gaza.
Une porte-parole à Bruxelles, Emma Udwin, a souligné que le personnel de l'UE à Gaza travaillait "pour améliorer le sort du peuple palestinien" et demandé à "ceux qui font des menaces de garder ça en tête".
Le ministère français des Affaires étrangères a réitéré ses recommandations aux Français de ne plus se rendre dans la bande de Gaza.
La publication le 30 septembre par le quotidien danois Jyllands-Posten de 12 caricatures du prophète Mahomet a provoqué la colère du monde musulman. Une des caricatures le montrait affublé d'un turban en forme de bombe à la mèche allumée. La religion musulmane interdit la représentation du Prophète, assimilée à de l'idolâtrie.
Les dirigeants danois poursuivaient jeudi leurs efforts diplomatiques pour sortir de la crise. L'ambassadeur du Danemark à Paris, Niels Egelund, a été reçu "dans un but d'apaisement" par le président du Conseil français du Culte musulman (CFCM), Dalil Boubakeur.
Le gouvernement de Norvège, où un journal avait reproduit le 10 janvier les caricatures du quotidien danois, a annoncé la fermeture au public de sa représentation à Ramallah (Cisjordanie), déclarant "prendre les menaces très au sérieux".
En France, plusieurs journaux ont choisi de publier à leur tour, au nom de la liberté de la presse, des dessins et caricatures du prophète Mahomet.
France-soir a publié mercredi des caricatures de Mahomet et a été interdit en Tunisie, au Maroc et n'a pas été distribué en Algérie. Le Monde a pris parti jeudi avec un dessin du Prophète occupant la moitié de la "Une" et un éditorial intitulé "Caricatures libres".
La BBC a aussi diffusé jeudi dans ses journaux télévisés les images des caricatures, expliquant qu'elle entendait ainsi "aider ses auditeurs à comprendre les sentiments violents suscités par cette histoire".
Le ministre saoudien de l'Intérieur, le prince Nayef Ben Abdel Aziz, a souhaité que le Vatican condamne la publication de ces caricatures, affirmant que cela ne relevait pas de la "liberté d'opinion".
Le secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, a estimé que la liberté de la presse doit s'exercer dans le respect des religions mais en appelant aussi à résoudre le problème par un dialogue pacifique.
Le président égyptien, Hosni Moubarak, a mis en garde contre une "mauvaise gestion" du scandale, qui pourrait, d'après lui, profiter aux "forces extrémistes et terroristes".
En Irak, des fidèles chiites ont exprimé leur colère en piétinant des drapeaux danois dessinés dans des ruelles menant au mausolée de l'imam Ali, dans la ville sainte de Najaf.
Un eurodéputé britannique musulman, Sajjad Karim, a émis l'espoir que la crise, "servira de leçon pour bâtir à l'avenir de meilleures relations entre les communautés" alors que le grand rabbin de France, Joseph Sitruk, a affirmé "partager" la colère des musulmans.
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