Je serais riche si je recevais un dollar chaque fois que j'entend quelqu'un déclarer, que dis-je, pérorer du haut de sa bêtise: "Moé, j'vote pas parce que la politique, ça m'intéresse pas." Pardonnez-moi si le mot bêtise vous blesse dans ce contexte, mais il y a des choses qui doivent être dites crûment.
Depuis le début des années 1990, le taux de participation aux élections fédérales, par exemple, a glissé sous la barre des 70%, atteignant tout juste 60% en 2004. Aux dernières élections municipales, seulement 35% des Montréalais sont allés voter, malgré la proximité des enjeux: enlèvement de la neige, parcomètres, nids-de-poule, propreté des rues, comptes de taxes. Le municipal, c'est la politique du quotidien. Celle qui nous touche de plus près. Et pourtant, nous agissons comme si cela ne nous regardait strictement pas.
Le 23 janvier, les Canadiens seront appelés à voter pour un nouveau gouvernement fédéral, pour la deuxième fois en 18 mois. Des élections à mi-mandat, en plein coeur de l'hiver canadien, réputé le plus brutal sur terre, déclenchées par des partis d'opposition gonflés à bloc par l'opportunisme en dépit d'une opinion publique qui n'en voulait pas, tout ça n'a rien pour exciter le bon peuple. Combien d'entre nous vont choisir de rester au chaud, les pieds sur la bavette du poêle, au lieu d'aller voter le 23 janvier? Surtout que, dans l'imaginaire populaire, les politiciens sont tous des pourris, des voleurs et des menteurs. Certains libéraux fédéraux en ont fait la preuve...Voter, qu'ossa donne?
Bonne question, qu'il faudrait poser à la très grande majorité des Irakiens, femmes et hommes, qui, malgré la menace d'un bain de sang, sont partis à pied le 15 décembre dernier - toute circulation automobile ayant été interdite pour éviter les attentats à la voiture piégée - pour aller voter, au péril de leur vie. Je répète, au péril de leur vie. Parce qu'ils ont compris que voter, c'est la responsabilité de ceux qui choisissent de vivre en démocratie. Ils nous font la leçon: voter, ce n'est pas un droit, c'est une responsabilité.
Je suis très préoccupée par le cynisme ambiant face à la politique. Cesser de croire à la validité de notre processus démocratique, c'est un cul-de-sac dangereux. Une bombe à retardement. Avec ou sans nous, l'État va continuer. J'ai acquis la conviction qu'un peuple qui se désintéresse de la démocratie rêve secrètement de dictature. Quand on choisit de se taire, c'est qu'on est prêt à laisser agir les autres. Et quand nous resterons tous à la maison un jour d'élections, emmitouflés dans nos convictions que tout est pourri et que voter ne sert à rien, eh bien, il n'y en aura plus, d'élections.
Regardons ce qui s'est passé aux États-Unis, où les taux de participation sont aussi à la baisse. Sans être un dictateur dans le sens classique du terme, George W. Bush ne s'est-il pas fait élire par une minorité avec un discours simpliste et des solutions sorties tout droit d'une bande dessinée, soutenu par un Dieu qui lui souffle les bonnes réponses? "Moi, bon Américain. Vous, ennemis des bons Américains. Bang, bang, bang."
Parlons-en des dictateurs: j'entendais récemment un journaliste à la radio déclarer que Saddam Hussein, celui-là même qui envoyait ses ennemis dans un broyeur à chair humaine, qui a fait abattre ses gendres devant ses filles, ce bon vieux Saddam, donc, était au fond un type pas si mal parce que lui, au moins, dépensait l'argent du pétrole dans l'éducation et dans les soins de santé, ce que les méchants Américains, eux, ne font pas.
On entend le même discours au sujet de Fidel Castro.
Serions-nous prêts, ici, à échanger notre liberté de penser contre un système de santé 100% performant? Notre droit de parole contre des places gratuites à l'université pour nos enfants? La liberté de dire sans peur, d'être sans entraves, de penser sans censure ne vaut-elle plus rien?
Nous n'en sommes pas là, bien entendu. N'empêche que le mot démocratie - surtout celle pratiquée par la Maison-Blanche actuelle - n'a plus la même connotation de jours meilleurs pour nos sociétés occidentales...
C'est pourquoi le 23 janvier, vous devez aller voter. Personne ne vous inspire? Choisissez un aspect des programmes des partis qui vous touche personnellement (garderies, santé, politique internationale...) et mettez votre croix à côté du nom de la personne qui vous semble le plus en accord avec votre pensée. il y aura toujours des politiciens corrompus: c'est la nature humaine. Mais la démocratie, elle, n'est pas garantie pour l'éternité.
Lise Ravary, rédactrice en chef, Châtelaine, Février 2006.
La politique? Ça m'intéresse pas!
Excellent texte ! Personnellement, depuis que j'ai l'âge de le faire, je n'ai raté AUCUNE occasion de voter, peu importe que ce soit au municipal, fédéral ou autre. Si tu n'as pas voté, tu n'as pas le droit de chialer contre, les politiciens, POINT !
J'ajouterais un autre point pour convaincre les femmes à aller voter : Je ne suis pas vraiment féministe mais je vous rappelle qu'il y a pas si longtemps, au Québec, les femmes n'avaient même pas le droit de vote. Alors par respect pour nos grand-mères qui se sont battues pour l'avoir, c'est encore plus un devoir pour nous, les filles, d'y aller !
J'ajouterais un autre point pour convaincre les femmes à aller voter : Je ne suis pas vraiment féministe mais je vous rappelle qu'il y a pas si longtemps, au Québec, les femmes n'avaient même pas le droit de vote. Alors par respect pour nos grand-mères qui se sont battues pour l'avoir, c'est encore plus un devoir pour nous, les filles, d'y aller !
Si quelqu'un te reproche de faire un travail d'amateur, rappelle-lui que l'Arche de Noé a été construite par des amateurs et le Titanic, par des professionnels ! - (auteur inconnu)
Il n'y a qu'aux dernières municipales que je n'ai pas voter... Anyway, dans mon ti village, on connaît tout le monde alors je leur faisais confiance
Je m'intéresse à la politique depuis mes 16 ans environ et depuis ce temps, je me bâtis une opinion et des points de vue qui me permettent d'aller voter selopn mes principes et mes droits
Je m'intéresse à la politique depuis mes 16 ans environ et depuis ce temps, je me bâtis une opinion et des points de vue qui me permettent d'aller voter selopn mes principes et mes droits