Publié : mer. nov. 30, 2005 5:08 am
Sortie d'un documentaire critique sur Wal-Mart
Caroline Touzin
La Presse
Un documentaire sur la multinationale Wal-Mart pourrait décourager bien des consommateurs québécois d'y faire leurs emplettes de Noël.
Wal-Mart: The High Cost of Low Price (que l'on pourrait traduire par Wal-Mart: le coût élevé des bas prix), du cinéaste américain Robert Greenwald, a donné des maux de tête au géant du commerce de détail lors de sa sortie aux États-Unis, début novembre.
La multinationale a même mis en place une cellule de crise à son siège social à Bentonville en Arkansas pour répondre aux critiques. Demain, le DVD de ce documentaire-choc sera en vente au Québec.
Tout y passe: les pratiques antisyndicales de l'entreprise, des conditions de travail inacceptables en Asie, mais aussi en Amérique, et des actes de discrimination basés sur le sexe et la race envers des employés.
Joint par La Presse à son bureau en Californie, Robert Greenwald souhaite que son film devienne un «élément clé pour forcer Wal-Mart à changer ses pratiques». Il est confiant que son réseau Internet composé d'une centaine d'organisations et de centaines de milliers de personnes dans le monde puisse faire évoluer le Goliath.
Le réalisateur a inclus dans le DVD (en anglais sous-titré en français) un supplément vidéo sur la syndicalisation des employés, suivie de la fermeture de la succursale de Jonquière. «C'est vraiment atroce de fermer un magasin parce que les travailleurs veulent se syndiquer», affirme-t-il.
Pas de militants vedettes
Les témoignages ne proviennent pas de militants vedettes. Ce sont des employés ou d'ex-employés qui en ont gros sur le coeur. Aux États-Unis, les «associés» gagnent en moyenne 14 000 $US par an. Ils font des heures supplémentaires sans avoir le droit de les réclamer. Ils n'ont même pas les moyens de se payer l'assurance maladie vendue par leur employeur, rapporte le documentaire.
Et les «associés» se rendent compte que la multinationale fait fermer les commerces locaux de leurs frères, de leurs oncles, de leurs amis. Un ancien gérant avec 17 ans d'expérience raconte qu'à l'arrivée de Wal-Mart dans une nouvelle ville, l'équipe de gestion s'amuse à prédire dans combien de temps chaque commerce de la rue principale va mourir.
Ici, comme aux États-Unis, la direction de Wal-Mart a envoyé une note de service à tous ses gérants pour les mettre en garde contre cet «outil de propagande». La multinationale se bat contre un film aux critiques élogieuses. «À couper le souffle», a dit le New York Times. «Deux pouces en l'air», selon Ebert et Roeper.
Ces critiques ont eu des échos au pays. «On a 70 000 personnes qui travaillent chez Wal-Mart au Canada, dont 12 000 au Québec. C'est évident que ces gens-là nous posent des questions. Il faut que les gérants soient en mesure de répondre», explique le porte-parole de la multinationale au Canada, Yanik Deschênes.
M. Deschênes dit ne pas avoir vu le film. Mais selon les informations qu'on lui a transmises, il serait «truffé d'erreurs». Son entreprise a publié une liste d'«erreurs de faits» sur son site Internet. Elle accuse aussi le réalisateur - «contrairement à un autre réalisateur engagé, Michael Moore» - de ne jamais avoir tenté de recueillir le point de vue des principaux visés. «C'est complètement faux. Et je peux le prouver», répond M. Greenwald.
Zone libre enquête aussi
Deux journalistes de Zone libre ont aussi enquêté sur les façons de travailler du géant du commerce au détail. Luc Chartrand s'est infiltré dans des ateliers du Bangladesh, où des vêtements étaient fabriqués pour les marques maison de Wal-Mart Canada. Il a découvert des enfants au travail dans des conditions misérables. La compagnie a nié faire affaire directement avec ces fabricants. Elle a aussi promis de mettre fin au contrat.
Sa collègue Anne Panasuk, elle, s'est penchée sur le cas de la fermeture de la succursale de Jonquière. Elle a trouvé des employés d'une agence privée que Wal-Mart a embauchés pour surveiller les responsables et militants syndicaux. Les résultats de leur enquête seront diffusés vendredi à 21 h, à la télévision de Radio-Canada.
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WAL-MART: THE HIGH COST OF LOW PRICE sera en vente à partir de demain dans plusieurs magasins, dont Future Shop, HMV et Archambault. Il peut aussi être commandé aujourd'hui sur le site Internet de Best Buy Canada, au coût de 12,99 $, livraison incluse.
Caroline Touzin
La Presse
Un documentaire sur la multinationale Wal-Mart pourrait décourager bien des consommateurs québécois d'y faire leurs emplettes de Noël.
Wal-Mart: The High Cost of Low Price (que l'on pourrait traduire par Wal-Mart: le coût élevé des bas prix), du cinéaste américain Robert Greenwald, a donné des maux de tête au géant du commerce de détail lors de sa sortie aux États-Unis, début novembre.
La multinationale a même mis en place une cellule de crise à son siège social à Bentonville en Arkansas pour répondre aux critiques. Demain, le DVD de ce documentaire-choc sera en vente au Québec.
Tout y passe: les pratiques antisyndicales de l'entreprise, des conditions de travail inacceptables en Asie, mais aussi en Amérique, et des actes de discrimination basés sur le sexe et la race envers des employés.
Joint par La Presse à son bureau en Californie, Robert Greenwald souhaite que son film devienne un «élément clé pour forcer Wal-Mart à changer ses pratiques». Il est confiant que son réseau Internet composé d'une centaine d'organisations et de centaines de milliers de personnes dans le monde puisse faire évoluer le Goliath.
Le réalisateur a inclus dans le DVD (en anglais sous-titré en français) un supplément vidéo sur la syndicalisation des employés, suivie de la fermeture de la succursale de Jonquière. «C'est vraiment atroce de fermer un magasin parce que les travailleurs veulent se syndiquer», affirme-t-il.
Pas de militants vedettes
Les témoignages ne proviennent pas de militants vedettes. Ce sont des employés ou d'ex-employés qui en ont gros sur le coeur. Aux États-Unis, les «associés» gagnent en moyenne 14 000 $US par an. Ils font des heures supplémentaires sans avoir le droit de les réclamer. Ils n'ont même pas les moyens de se payer l'assurance maladie vendue par leur employeur, rapporte le documentaire.
Et les «associés» se rendent compte que la multinationale fait fermer les commerces locaux de leurs frères, de leurs oncles, de leurs amis. Un ancien gérant avec 17 ans d'expérience raconte qu'à l'arrivée de Wal-Mart dans une nouvelle ville, l'équipe de gestion s'amuse à prédire dans combien de temps chaque commerce de la rue principale va mourir.
Ici, comme aux États-Unis, la direction de Wal-Mart a envoyé une note de service à tous ses gérants pour les mettre en garde contre cet «outil de propagande». La multinationale se bat contre un film aux critiques élogieuses. «À couper le souffle», a dit le New York Times. «Deux pouces en l'air», selon Ebert et Roeper.
Ces critiques ont eu des échos au pays. «On a 70 000 personnes qui travaillent chez Wal-Mart au Canada, dont 12 000 au Québec. C'est évident que ces gens-là nous posent des questions. Il faut que les gérants soient en mesure de répondre», explique le porte-parole de la multinationale au Canada, Yanik Deschênes.
M. Deschênes dit ne pas avoir vu le film. Mais selon les informations qu'on lui a transmises, il serait «truffé d'erreurs». Son entreprise a publié une liste d'«erreurs de faits» sur son site Internet. Elle accuse aussi le réalisateur - «contrairement à un autre réalisateur engagé, Michael Moore» - de ne jamais avoir tenté de recueillir le point de vue des principaux visés. «C'est complètement faux. Et je peux le prouver», répond M. Greenwald.
Zone libre enquête aussi
Deux journalistes de Zone libre ont aussi enquêté sur les façons de travailler du géant du commerce au détail. Luc Chartrand s'est infiltré dans des ateliers du Bangladesh, où des vêtements étaient fabriqués pour les marques maison de Wal-Mart Canada. Il a découvert des enfants au travail dans des conditions misérables. La compagnie a nié faire affaire directement avec ces fabricants. Elle a aussi promis de mettre fin au contrat.
Sa collègue Anne Panasuk, elle, s'est penchée sur le cas de la fermeture de la succursale de Jonquière. Elle a trouvé des employés d'une agence privée que Wal-Mart a embauchés pour surveiller les responsables et militants syndicaux. Les résultats de leur enquête seront diffusés vendredi à 21 h, à la télévision de Radio-Canada.
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WAL-MART: THE HIGH COST OF LOW PRICE sera en vente à partir de demain dans plusieurs magasins, dont Future Shop, HMV et Archambault. Il peut aussi être commandé aujourd'hui sur le site Internet de Best Buy Canada, au coût de 12,99 $, livraison incluse.