PROJET DE FORAGE PÉTROLIER EN ALASKA:Le canada sur le pied de guerre

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Earendil
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Le mardi 20 décembre 2005

PROJET DE FORAGE PÉTROLIER EN ALASKA

Le Canada sur «le pied de guerre»

François Cardinal

Alors que l'on croyait le projet mort et enterré, Washington a fait un grand pas vers le forage des puits de pétrole de l'Alaska, hier. Directement affecté par cette décision, le Canada est sur «le pied de guerre» afin de miner ce projet qui pourrait franchir demain son ultime étape.

À nouveau propulsés dans la campagne électorale en cours, les États-Unis ravivent ainsi les tensions déjà présentes entre les deux pays. Paul Martin est en effet un ardent opposant de cette initiative.

La Chambre des représentants a voté hier (308-106) en faveur d'un projet de loi omnibus comprenant un financement pour les troupes américaines en Irak, pour le rétablissement des États affectés par les ouragans et pour la lutte contre la grippe aviaire.



Y étaient inclus les détails du forage pétrolier dans la Réserve nationale de l'Arctique.

Pilule indigeste

C'est donc en faisant un amalgame législatif avec ce dossier controversé et des enjeux fort sensibles aux yeux des Américains que le sénateur républicain de l'Alaska, Ted Stevens, a réussi à faire passer la pilule que plusieurs jugent indigeste. Les démocrates, bien qu'ils aient déploré l'astuce, estiment qu'ils ne pouvaient s'y opposer.

Si l'initiative tant chérie par le président Bush est adoptée par le Sénat, possiblement demain, les États-Unis procéderont rapidement au forage d'hydrocarbures dans l'Arctic National Wildlife Refuge, non loin du Yukon. Cette région sauvage abrite entre autres des caribous, des ours polaires, des grizzlys et de nombreuses espèces d'oiseaux.

«Nous sommes sur le pied de guerre, a déclaré en entrevue Stéphane Dion, ministre de l'Environnement. Nous faisons actuellement tous les appels nécessaires à Washington et ailleurs pour que le Sénat vote contre ce projet.»

Selon nos informations, le Conseil privé a préparé sa riposte, hier après-midi, en tenant une réunion d'urgence avec des représentants des ministères de l'Environnement et des Affaires étrangères. L'ambassade à Washington a reçu le mandat de faire ce qu'il faut pour bloquer ce projet. Ce qui préoccupe tout particulièrement le Canada, c'est la survie de la harde de caribous de la Porcupine (évalué à 130000 têtes) qui traverse chaque année la frontière canado-américaine.

Les études démontrent que le déplacement du troupeau vers d'autres lieux de mise bas se traduirait par une hausse importante des taux de mortalité.
Ironiquement, les deux pays voisins ont signé en 1987 une entente qui les oblige, précisément, à «préserver la harde de caribous de la Porcupine et son habitat». C'est dans cette optique que le Canada a créé par la suite les parcs nationaux d'Ivvavik et de Vuntut.

Si l'impact environnemental semble désastreux, les conséquences socio économiques de l'exploitation pétrolière s'annoncent encore pires, estime-t-on à Ottawa. Le forage dans cette région vierge est une menace pour la subsistance des Gwich'in, peuple autochtone qui dépend de ces caribous depuis 12000 ans.

Dépendance énergétique

Le projet de forage que pilote le sénateur de l'Alaska depuis déjà 25 ans a été élevé au rang de priorité par le président américain dès son accession au pouvoir. Avec ce projet, George W. Bush vise la réduction de la dépendance énergétique des États-Unis envers l'étranger, un enjeu devenu majeur à la suite des dommages causés au secteur pétrolier par Katrina et les autres ouragans.

Depuis, le premier ministre Martin a abordé à quelques reprises le sujet avec son homologue, notamment lors de la rencontre de l'APEC tenue en Corée du Sud il y a un mois. C'est toutefois le travail acharné des démocrates (auxquels se sont parfois joints de nombreux républicains) qui ont obligé l'administration à suspendre ses aspirations nordiques en novembre dernier.

«Réagir à un désastre dans le golfe du Mexique en provoquant un désastre en Alaska n'a aucun sens», avait alors indiqué la sénatrice Hillary Rodham Clinton. «Les réserves pétrolières de l'Arctique ne réduiraient presque pas la dépendance des États-Unis au pétrole en provenance de l'étranger», avait ajouté son collègue John Kerry.

Selon les évaluations de l'U.S. Geological Survey, les É.-U. pourraient extraire jusqu'à 10,4 milliards de barils de pétrole de la Réserve de l'Arctique. Bien que ce chiffre semble élevé, ce n'est que 16 mois de consommation américaine, soutiennent les opposants, parmi lesquels de grands organismes écologistes comme le Sierra Club.

Pour qu'un projet de loi soit adopté aux États-Unis, il doit passer le test du Congrès américain, c'est-à-dire qu'il doit être adopté dans les deux chambres (Sénat et Chambre des représentants). Ensuite, seulement, il est soumis à l'approbation du président qui a le pouvoir de lui donner force de loi.
https://www.youtube.com/watch?v=x6_7Mbp76jU" onclick="window.open(this.href);return false; (ont lache rien) continuons le combat
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