Un électrochoc pour les employés de l'état

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Rénatane
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Le mercredi 14 décembre 2005




Jean Charest et Monique Jérome Forget
Photo PC

LES CONDITIONS DE TRAVAIL DU SECTEUR PUBLIC RÉGLÉES PAR UN DÉCRET

Un électrochoc pour les employés de l'état

Denis Lessard et Tommy Chouinard

La Presse

Québec


Coup de théâtre hier, le gouvernement Charest a décidé de tirer un trait sur 18 mois de négociations avec le secteur public pour décréter dès aujourd'hui les conditions de travail de ses 500000 employés.



Dans une manoeuvre inusitée, le gouvernement a décidé d'ajourner hier les travaux de l'Assemblée nationale pour la reconvoquer, dès aujourd'hui, en séance extraordinaire. Ainsi, sans avoir à suivre les règles normales de procédure, les députés auront à voter en fin de journée la loi d'exception que voulaient à tout prix éviter les syndicats qui ont reçu hier la nouvelle comme un électrochoc.

Du même souffle, soulevant la colère des groupes concernés, le gouvernement Charest a décidé de faire adopter son projet de loi 124 sur la restructuration des services de garde.

«La négociation a donné ce qu'elle pouvait donner», a déclaré le premier ministre Charest en soirée, à l'issue d'une seconde réunion de son Conseil des ministres. Après 18 mois de discussions et 1500 réunions, des ententes ont été conclues sur les questions normatives touchant 150000 des 500000 salariés de l'État, a-t-il précisé.
Au cours des derniers jours, les échanges ont piétiné «et la population attend qu'on mette fin à ce face-à-face stérile», a-t-il ajouté, lisant une déclaration qui ne fut suivie d'aucune question.

Augmentations de 8% en quatre ans Je l'a comprend pas.....
Le projet de loi prévoira des augmentations de salaires de 8% pour les quatre prochaines années. Pour l'année en cours, 2005-2006, comme pour la précédente, les salaires seront gelés, comme le voulait la proposition déposée par Québec il y a 18 mois (12,6% sur six ans incluant l'équité salariale).   Des discussions devront être amorcées avec les centrales sur la question toujours pendante de l'équité salariale.

Accompagné de Monique Jérôme-Forget à la mine déconfite, M. Charest a soutenu que les demandes syndicales représentaient le double de ce qu'était prêt à offrir Québec et qu'elles auraient entraîné une augmentation du fardeau fiscal de 1400$ par contribuable. Au terme de la convention, la masse salariale de 27 milliards sera haussée, de façon récurrente, de 3,2 milliards, a rappelé la ministre.

«Coup de force»

Unanimement, du côté des centrales, on rugissait devant le «coup de force», tout en étant bien conscient que rien ne pourrait faire dévier le gouvernement.

«Le gouvernement est viré sur le top et a décidé de partir un psychodrame. À la FTQ, personne ne va oublier ça et on va s'organiser pour que le gouvernement s'en souvienne longtemps. Le gouvernement vient de faire un accroc monumental à la libre négociation. Il n'y a pas péril en la demeure. On a eu des moyens de pression exemplaires en santé en éducation. Aucun gouvernement ne peut invoquer l'urgence et l'ordre public», a lancé Henri Massé, joint hier soir par La Presse.

«On ne laissera pas le gouvernement nous décréter... Avec le cadre financier du gouvernement nos membres perdent 4% sur un salaire moyen de 300$ nets par semaine. À la FTQ, on ne pète pas de fuses, on ne fait pas de menaces, on fait des promesses, et on va remplir nos promesses», a-t-il dit, menaçant.

Une telle loi d'exception «mériterait d'être défiée», mais cela entraînerait des conséquences graves pour les malades dans les hôpitaux, de préciser M. Massé.
«On va voir si ce gouvernement est digne de gouverner», a renchéri Claudette Carbonneau, de la CSN. «Le gouvernement s'est moqué du processus démocratique. Son jeu de passe-passe avec l'Assemblée nationale, c'est la dénaturer, la transformer en bras armé du gouvernement, c'est très grave. À la CSN, cela ne passera pas comme une lettre à la poste», a-t-elle déclaré.

«Fermer l'Assemblée aujourd'hui, reconvoquer demain, c'est la Ligue nationale d'improvisation, les gens peuvent bien être cyniques face aux politiciens», a poursuivi Réjean Parent, le président de la CSQ.

Conseil des ministres

À l'entrée de la dernière réunion du Conseil des ministres, le responsable de la Santé, Philippe Couillard, expliquait la décision du gouvernement. «Ce n'est pas une première... c'est déjà survenu dans le passé», insistait-il. Même si les syndiqués CSN en santé n'avaient pas beaucoup avancé sur les questions normatives, d'autres groupes plus petits, à la FTQ et à la CSQ, avaient des ententes de principe, a souligné M. Couillard. «Est-ce qu'on devrait leur donner davantage parce qu'ils ne se sont pas entendus?» a lancé le ministre.

Son collègue de l'Éducation, Jean-Marc Fournier, semblait passablement agacé par la stratégie du gouvernement. «On a eu l'impression qu'il était mal à l'aise, ce n'était pas le même homme... il n'avait aucun argument pour justifier de procéder immédiatement», a rapporté hier soir à La Presse Réjean Parent, le président de la CSQ, au sortir d'une réunion avec le ministre. Une entente avec les enseignants restait possible, insistait-il hier en milieu de soirée.

Ce n'est qu'hier que le négociateur du gouvernement, Jean-François Munn, a reçu le mandat de tirer un trait sur les discussions qu'il avait entreprises il y a deux ans. En matinée, les députés libéraux avaient été informés que l'Assemblée nationale serait ajournée, mais qu'ils ne devaient pas pour autant repartir dans leurs circonscrïptions. Ils sont convoqués pour un caucus ce matin.

En soirée, des négociations se poursuivaient à quelques tables sur les clauses normatives, au-delà de l'ultimatum de 18h lancé par Mme Jérôme-Forget en après-midi. Mme Carbonneau et M. Parent ne désespéraient pas d'obtenir des accords dans certains secteurs sur les questions normatives.

«L'intérêt public commande que lorsqu'un gouvernement veut gouverner, il doit, à l'occasion, utiliser certains moyens pour être capable de gouverner et de faire adopter ses projets de loi. C'est ce qu'on fait», avait expliqué en après-midi, le leader du gouvernement à l'Assemblée nationale, Jacques Dupuis.

Le ministre Dupuis a eu du mal à justifier la décision d'aller de l'avant dès aujourd'hui alors que l'Assemblée nationale aurait pu siéger jusqu'à mercredi prochain. Comme le gouvernement estimait avoir «presque complété» le menu législatif qu'il comptait adopter, «on a choisi de faire comme ça, tout simplement», a dit M. Dupuis.

«Rocambolesque», dit l'opposition

Du côté de l'opposition péquiste, la leader Diane Lemieux a ridiculisé la stratégie «rocambolesque» du gouvernement. Car, en après-midi, soulignait-elle, le même ministre Dupuis avait publiquement annoncé que la Chambre était ajournée jusqu'en mars parce que le gouvernement était satisfait du bilan des législations adoptées.
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