Publié : mer. nov. 02, 2005 2:05 pm
Hmmm, ça m'étonne de ne pas avoir trouvé de topic là-dessus, alors ou bien je l'ai raté ou sinon, c'est le temps de le créer! J'aurais pu le créer dans le Stade, mais l'analphabétisme est quand même un problème de société, alors j'ai opté pour le Dôme!
Disons que je ne sais pas comment il a réussi à cacher ça, mais j'ai eu deux réactions: 1- et 2- pauvre lui! Je ne peux tellement pas imaginer ma vie sans pouvoir lire et écrire!
Source: Jacques Demers est analphabète
Cyberpresse a écritRévélation choc
Jacques Demers est analphabète
Jean-François Bégin
La Presse
Il aura sûrement fallu bien du courage à Jacques Demers pour révéler au grand jour le lourd secret qu'il portait depuis si longtemps.
Dans la biographie autorisée de l'ancien entraîneur du Canadien que lance aujourd'hui le journaliste Mario Leclerc, Demers lève le voile sur un pan de sa vie que seuls quelques intimes connaissaient: il est analphabète.
L'ouvrage de près de 600 pages est divisé en 26 chapitres, comme le nombre de lettres de l'alphabet. Il s'intitule En toutes lettres. Et l'histoire qu'il raconte est proprement sidérante.
Cette histoire, c'est celle d'un homme né il y a 61 ans. Un homme qui a survécu à une enfance pauvre passée sous l'influence dévastatrice d'un père brutal et tyrannique, dans le quartier Côte-des-Neiges. Un homme qui, à force de persévérance, est devenu un entraîneur de hockey au palmarès enviable, puis un commentateur respecté au Réseau des sports, où Demers travaille depuis sept ans. Tout ça en ne sachant ni lire ni écrire. Ou si peu.
C'est une histoire remarquable. Qui suppose chez Jacques Demers non seulement une détermination rare à surmonter les obstacles évidents que lui impose sa condition, mais aussi une profonde solitude face à son secret.
Le Jacques Demers bon enfant, cordial jusqu'à l'excès avec les journalistes, a été le masque derrière lequel il s'est réfugié pour dissimuler sa gêne et son tourment. «J'ai fait le clown pour créer de la diversion autour de mon incapacité», reconnaît Demers dans l'épilogue du livre.
Sa conjointe Debbie, avec qui il vit depuis 22 ans, a été la première à qui Demers a avoué son drame personnel, un soir de l'été 1984, à St. Louis. Une banale histoire de factures domestiques dont il refusait obstinément de s'occuper l'a finalement conduit à briser le silence qu'il s'était imposé.
«Je suis incapable de faire ça. Ce n'est pas une question de volonté, j'en suis IN-CAPA-BLE. Peux-tu comprendre? Je ne peux pas lire tout ce qui est écrit sur tous ces foutus papiers. C'est à peine si je peux écrire mon nom, lui avait-il alors expliqué. J'ignore ce que j'ai, mais je ne suis pas comme tout le monde, bon sang!»
Peut-être pas comme tout le monde, mais comme bien du monde, ça oui. Au Québec, on estime qu'un adulte sur cinq souffre de graves difficultés de lecture. Ça représente environ un million de personnes.
Demers raconte comment il a réussi à camoufler son inaptitude grâce à la complicité bien involontaire de membres du personnel des diverses équipes qu'il a dirigées. Michèle Lapointe à Québec, Susie Mathieu à St. Louis, Claudine Crépin à Montréal lui ont toutes permis de sauver la face en tapant sa correspondance et en corrigeant ses rapports.
En fait, Demers dit être capable de lire lentement les journaux, mais seulement s'il est seul et en mesure de se concentrer. S'il est en compagnie d'autres personnes, il panique et n'y parvient pas. Il réussit à écrire très lentement des mots, mais pas nécessairement des phrases. Et seulement en lettres carrées, pas en cursives. Quand il signe des autographes, il se contente de formules qu'il a apprises par coeur.
Il est vite passé maître dans l'art d'élaborer des stratégies pour masquer son analphabétisme, même si celui-ci lui cause toujours des troubles d'anxiété importants. «Lorsqu'il y avait des documents à lire rapidement devant un groupe de personnes, j'avais déjà trois excuses toutes prêtes: ou bien j'étais trop pressé, ou bien j'avais oublié mes lunettes, ou bien j'invoquais mes racines francophones pour expliquer ma difficulté à tout saisir ce qui était écrit en anglais. Et ma stratégie a toujours fonctionné. Il faut croire que j'avais une certaine force de persuasion... et des talents de bon menteur», explique-t-il à son biographe, qui couvrait le Canadien pour le Journal de Montréal à l'époque où Demers a remporté la bague de la Coupe Stanley qu'il exhibe sur la jaquette du livre.
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En toutes lettres contient un message d'espoir pour les hommes et les femmes aux prises avec les mêmes difficultés que Demers. Le message d'un homme qui ne s'est pas laissé abattre par la violence d'un père qui aimait un peu trop la India Pale Ale, d'un homme qui a pris la responsabilité de ses deux soeurs et de son jeune frère quand la mort de leurs parents les a laissés orphelins.
Mais c'est aussi un récit sportif passionnant. Tout y est, des débuts de Demers avec les Panthères juvéniles de Saint-Léonard, à l'époque où il livrait encore des caisses de bouteilles chez Coca-Cola, jusqu'à son année comme directeur général du Lightning de Tampa Bay. Avec, entre les deux, les années folles de l'Association mondiale de hockey, les débuts dans la Ligue nationale avec les Nordiques, le purgatoire de la Ligue américaine, la renaissance à St. Louis et à Detroit et, finalement, l'arrivée chez le Canadien, où il a mené l'équipe à sa 24e et, jusqu'ici, dernière Coupe Stanley.
Tous les amateurs de hockey qui savent lire devraient mettre En toutes lettres sur leur liste de cadeaux de Noël. Et ceux qui en sont incapables? Souhaitons que la sortie de ce livre les inspire à briser eux aussi le silence dans lequel ils se murent.
Disons que je ne sais pas comment il a réussi à cacher ça, mais j'ai eu deux réactions: 1- et 2- pauvre lui! Je ne peux tellement pas imaginer ma vie sans pouvoir lire et écrire!
Source: Jacques Demers est analphabète
Cyberpresse a écritRévélation choc
Jacques Demers est analphabète
Jean-François Bégin
La Presse
Il aura sûrement fallu bien du courage à Jacques Demers pour révéler au grand jour le lourd secret qu'il portait depuis si longtemps.
Dans la biographie autorisée de l'ancien entraîneur du Canadien que lance aujourd'hui le journaliste Mario Leclerc, Demers lève le voile sur un pan de sa vie que seuls quelques intimes connaissaient: il est analphabète.
L'ouvrage de près de 600 pages est divisé en 26 chapitres, comme le nombre de lettres de l'alphabet. Il s'intitule En toutes lettres. Et l'histoire qu'il raconte est proprement sidérante.
Cette histoire, c'est celle d'un homme né il y a 61 ans. Un homme qui a survécu à une enfance pauvre passée sous l'influence dévastatrice d'un père brutal et tyrannique, dans le quartier Côte-des-Neiges. Un homme qui, à force de persévérance, est devenu un entraîneur de hockey au palmarès enviable, puis un commentateur respecté au Réseau des sports, où Demers travaille depuis sept ans. Tout ça en ne sachant ni lire ni écrire. Ou si peu.
C'est une histoire remarquable. Qui suppose chez Jacques Demers non seulement une détermination rare à surmonter les obstacles évidents que lui impose sa condition, mais aussi une profonde solitude face à son secret.
Le Jacques Demers bon enfant, cordial jusqu'à l'excès avec les journalistes, a été le masque derrière lequel il s'est réfugié pour dissimuler sa gêne et son tourment. «J'ai fait le clown pour créer de la diversion autour de mon incapacité», reconnaît Demers dans l'épilogue du livre.
Sa conjointe Debbie, avec qui il vit depuis 22 ans, a été la première à qui Demers a avoué son drame personnel, un soir de l'été 1984, à St. Louis. Une banale histoire de factures domestiques dont il refusait obstinément de s'occuper l'a finalement conduit à briser le silence qu'il s'était imposé.
«Je suis incapable de faire ça. Ce n'est pas une question de volonté, j'en suis IN-CAPA-BLE. Peux-tu comprendre? Je ne peux pas lire tout ce qui est écrit sur tous ces foutus papiers. C'est à peine si je peux écrire mon nom, lui avait-il alors expliqué. J'ignore ce que j'ai, mais je ne suis pas comme tout le monde, bon sang!»
Peut-être pas comme tout le monde, mais comme bien du monde, ça oui. Au Québec, on estime qu'un adulte sur cinq souffre de graves difficultés de lecture. Ça représente environ un million de personnes.
Demers raconte comment il a réussi à camoufler son inaptitude grâce à la complicité bien involontaire de membres du personnel des diverses équipes qu'il a dirigées. Michèle Lapointe à Québec, Susie Mathieu à St. Louis, Claudine Crépin à Montréal lui ont toutes permis de sauver la face en tapant sa correspondance et en corrigeant ses rapports.
En fait, Demers dit être capable de lire lentement les journaux, mais seulement s'il est seul et en mesure de se concentrer. S'il est en compagnie d'autres personnes, il panique et n'y parvient pas. Il réussit à écrire très lentement des mots, mais pas nécessairement des phrases. Et seulement en lettres carrées, pas en cursives. Quand il signe des autographes, il se contente de formules qu'il a apprises par coeur.
Il est vite passé maître dans l'art d'élaborer des stratégies pour masquer son analphabétisme, même si celui-ci lui cause toujours des troubles d'anxiété importants. «Lorsqu'il y avait des documents à lire rapidement devant un groupe de personnes, j'avais déjà trois excuses toutes prêtes: ou bien j'étais trop pressé, ou bien j'avais oublié mes lunettes, ou bien j'invoquais mes racines francophones pour expliquer ma difficulté à tout saisir ce qui était écrit en anglais. Et ma stratégie a toujours fonctionné. Il faut croire que j'avais une certaine force de persuasion... et des talents de bon menteur», explique-t-il à son biographe, qui couvrait le Canadien pour le Journal de Montréal à l'époque où Demers a remporté la bague de la Coupe Stanley qu'il exhibe sur la jaquette du livre.
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En toutes lettres contient un message d'espoir pour les hommes et les femmes aux prises avec les mêmes difficultés que Demers. Le message d'un homme qui ne s'est pas laissé abattre par la violence d'un père qui aimait un peu trop la India Pale Ale, d'un homme qui a pris la responsabilité de ses deux soeurs et de son jeune frère quand la mort de leurs parents les a laissés orphelins.
Mais c'est aussi un récit sportif passionnant. Tout y est, des débuts de Demers avec les Panthères juvéniles de Saint-Léonard, à l'époque où il livrait encore des caisses de bouteilles chez Coca-Cola, jusqu'à son année comme directeur général du Lightning de Tampa Bay. Avec, entre les deux, les années folles de l'Association mondiale de hockey, les débuts dans la Ligue nationale avec les Nordiques, le purgatoire de la Ligue américaine, la renaissance à St. Louis et à Detroit et, finalement, l'arrivée chez le Canadien, où il a mené l'équipe à sa 24e et, jusqu'ici, dernière Coupe Stanley.
Tous les amateurs de hockey qui savent lire devraient mettre En toutes lettres sur leur liste de cadeaux de Noël. Et ceux qui en sont incapables? Souhaitons que la sortie de ce livre les inspire à briser eux aussi le silence dans lequel ils se murent.