Les Québécois demeurent très divisés
Presse Canadienne
Dix ans après le référendum de 1995, les Québécois demeurent très divisés en ce qui a trait à la souveraineté du Québec. Selon un sondage Stratégic-Counsel-CTV-Globe-and-Mail, 48 pour cent des Québécois voteraient OUI pour la souveraineté et 47 pour cent NON, s'ils devaient répondre à la même question que celle posée en 1995.
Seulement 5 pour cent seraient indécis.
L'enquête a aussi demandé aux citoyens du «reste» du Canada s'ils étaient enclins à négocier la séparation du Québec; 62 pour cent d'entre eux ont dit OUI.
Le sondage a été effectué auprès de 1000 Canadiens, dont 500 Québécois, entre les 6 et 13 octobre.
Ce sondage n'est pas sérieux- prière de ne pas déchirer son linge sur la place publique SVP
Souveraineté = Les Québécois demeurent très divisés !!
Dix ans après le référendum de 1995 - Un appui ferme à la souveraineté
Gilles Gagné
Professeur au département de sociologie de l'Université Laval
Simon Langlois
Professeur au département de sociologie de l'Université Laval
Auteurs de l'ouvrage, Les Raisons fortes - Nature et signification de l'appui à la souveraineté du Québec (Presses de l'Université de Montréal, 2002)*
Édition du jeudi 20 octobre 2005
L'étude des sondages menés sur la souveraineté du Québec depuis dix ans révèle que le niveau de l'appui ferme au OUI dépasse aujourd'hui largement la barre des 50 % après avoir connu un creux de 35 % à la fin de 2002. D'un côté, les souverainistes qui avaient sanctionné le gouvernement péquiste gestionnaire du début des années 2000 en sanctionnant le projet d'indépendance n'ont plus de raisons de le faire. De l'autre, le renouvellement des générations d'électeurs ajoute à cette remontée de l'appui la voix d'une jeunesse qui opte assez massivement pour la seule société dont elle soit l'avenir.
Un bref retour en arrière s'impose. Dans notre ouvrage Les Raisons fortes - Nature et signification de l'appui à la souveraineté du Québec, nous avons avancé que le mouvement souverainiste (tel que manifesté par le vote référendaire) était désormais porté par un groupement très large de personnes appartenant à la classe moyenne francophone active sur le marché du travail et formée de jeunes et de personnes d'âge médian.
Nous avons montré que ce groupe d'électeurs (le «groupe porteur») s'était fortement mobilisé en faveur du OUI au cours du mois qui a précédé le vote d'octobre 1995, en particulier les femmes de ce groupe, dont l'appui à la souveraineté à la fin de la campagne n'était plus significativement inférieur à celui des hommes du même groupe.
C'est la classe moyenne francophone, avons-nous soutenu alors, qui a voté OUI à 71 % et qui a donné au camp du OUI les deux tiers des voix que celui-ci a recueillies, le très haut niveau d'appui de ce groupe se combinant à son poids démographique (plus ou moins 45 % des électeurs) pour produire ce résultat.
De l'appui à la crise de confiance
L'appui au mouvement souverainiste, tel qu'il se montre dans la proportion de OUI fermes que recueillent les sondages, s'est maintenu à un niveau élevé au cours des cinq années qui ont suivi la consultation populaire.
Puis, après une grève des infirmières (1999) qui a acquis une importance symbolique parce que ces syndiquées refusaient de faire les frais de l'«assainissement des finances» et après la démission de Lucien Bouchard en 2001, une démission qui avait des airs de... démission, le mouvement souverainiste a connu une grave crise de confiance qui s'est étendue jusqu'au début de l'année 2003. L'appui donné au OUI dans les sondages a fortement diminué jusqu'à un creux d'environ un tiers des électeurs en sa faveur. Or ce déclin a été surtout observé dans le groupement même des électeurs qui s'étaient mobilisés en 1995 en faveur de l'option souverainiste. Nous en avions conclu que cet appui de la classe moyenne à la souveraineté était lié à une conception de la société selon laquelle l'État ne devait être au service de l'économie qu'en vue d'être maître d'oeuvre de la justice sociale.
Nous avions aussi observé un déclin significatif de dernière heure de l'appui donné au OUI au sein d'un autre groupe d'électeurs, formé celui-là de seniors (personnes âgées de 55 ans et plus) et composé en majorité de personnes inactives sur le marché du travail. Les écarts entre les groupes d'âges observés en 1995 dans le résultat du vote référendaire traduisaient en fait des différences importantes entre générations, différences fort intéressantes dans le cas des électeurs francophones.
Les seniors de ce groupe linguistique formaient en effet un groupement de personnes socialisées essentiellement dans l'espace canadien-français et encore attachées au Canada alors que les générations plus jeunes, socialisées quant à elles sur le plan politique dans l'espace de la société québécoise, se montraient plus disposées à faire de cette société leur «pays» et à y inscrire leurs aspirations.
C'est sur cette dimension «générationnelle» du sentiment souverainiste que nous voudrions maintenant revenir pour éclairer l'évolution récente des intentions mesurées par les sondages.
Une option qui a retrouvé ses appuis
L'appui à la souveraineté du Québec est donc de nouveau en hausse au sein de la population québécoise et les intentions de voter OUI à un troisième référendum qui poserait une question semblable à celle de 1995 sont même à un niveau très supérieur à celui qui avait été observé dans les sondages il y a dix ans. L'appui ferme donné au OUI (c'est-à-dire sans répartition des discrets et des indécis) tournerait entre 52 et 54 % du total des électeurs alors qu'il avait atteint un sommet de 46,1 % dans les sondages de la maison Léger Marketing quelques jours avant le vote du 31 octobre 1995.
La variation de l'appui global à la souveraineté et la variation de l'appui des électeurs du groupe porteur sont deux choses fort différentes, deux choses qui n'ont ni le même rythme, ni la même logique sociale, et qui vont fréquemment dans le sens contraire l'une par rapport à l'autre.
Le fait le plus marquant dans ce retour en popularité de l'option souverainiste en 2005 est donc précisément le regain de ferveur dans le groupement d'électeurs qui avaient retiré leur appui à partir de 2001, le même qui s'était mobilisé assez massivement derrière cette option en 1995. C'est là le premier phénomène à noter.
Les personnes actives, francophones, jeunes et d'âge moyen forment un groupe relativement homogène représentant 45 % des électeurs : entre les sondages d'octobre 1995 et ceux de l'ensemble de l'année 2002, la variation à la baisse de leur humeur souverainiste représente plus de 80 % de la baisse enregistrée pour l'ensemble de la société. Cette partie de l'électorat peut mettre à l'occasion en suspens les urgences quotidiennes pour se prêter à la discussion du bien commun, pour peu que la question en jeu paraisse définir le cadre général de la vie privée ou qu'elle paraisse liée aux conditions politiques de la liberté.
Les membres de ce groupement prennent en compte un projet collectif s'ils y trouvent un sens et s'ils le jugent désirable par quelque côté. Ils peuvent donc se mobiliser pour faire advenir un «possible» où ils ont de bonnes raisons de se reconnaître ou pour sanctionner un «gouvernement souverainiste» si ses politiques lui semblent néfastes, comme cela fut le cas lorsque la lutte contre le déficit de la «province» prit le pas sur l'effort de sortir le Québec de ce statut politique.
Le fait que ce soit le groupe social de loin le plus favorable à la souveraineté (et celui sur lequel repose de manière décisive sa réalisation) qui soit aussi celui dont les membres sont les plus prompts à moduler l'expression de leur accord nous paraît indiquer que les convictions idéologiques et les intérêts économiques sont, dans ce groupe, les dimensions d'un jugement politique assez souple plutôt que des déterminants unilatéraux de l'opinion.
De nouvelles générations pour le OUI
Pour compléter l'examen des variations des appuis depuis dix ans, on doit cependant aussi prêter attention aux effets de génération. La population des électeurs est en effet en profond changement : les électeurs âgés -- plus souvent fédéralistes -- décèdent alors que de nouveaux électeurs arrivent à l'autre extrémité de l'échelle des âges, jeunes et plus souvent souverainistes.
En 2005, le Québec compte 912 000 nouveaux électeurs, tous nés entre 1978 et 1987 et donc trop jeunes pour avoir voté lors du dernier référendum, nouveaux électeurs auxquels s'ajoutent les immigrants installés au Québec depuis 1995.
Pendant la même période, les cohortes de seniors et de personnes âgées qui avaient voté en majorité pour le NON au dernier référendum sur la souveraineté ont été en partie remplacées par de nouvelles cohortes. La thèse des dying federalists, quoique très politiquement incorrecte, n'en est pas moins une banalité sociologique. On estime à environ 600 000 le nombre de personnes décédées entre 1995 et 2005, dont 85 % avaient plus de 60 ans. Pour l'ensemble de la population, on sait que le OUI ne rejoignait qu'une personne sur trois dans ces tranches d'âges, les francophones âgés étant presque aussi attachés à l'ancienne minorité nationale canadienne-française, et avec d'aussi bonnes raisons, que les anglophones ne l'étaient au Canada tout court.
Deux questions se posent donc ici. D'abord, comment les nouveaux électeurs de 2005 se comparent-ils aux jeunes électeurs de 1995 ? Ensuite, sachant que les électeurs les plus âgés ont voté en forte majorité pour le NON lors du dernier référendum, comment cet «effet d'âge» se combine-t-il avec l'«effet de génération» dans les sondages dont nous disposons maintenant ?
À ces questions qui concernent les changements générationnels s'en ajoute une troisième qui contribue à les éclairer : comment se maintiennent, dans les sondages de 2005, les convictions exprimées en 1995 dans les différents groupes d'âges ? Pour le dire de cette manière, les gens qui ont voté OUI en 1995 entendent-ils le faire de nouveau lors d'un prochain référendum ?
Trois constats ressortent d'une analyse par cohortes basée sur les indicateurs disponibles (voir le tableau). Tout d'abord, l'appui donné au OUI est plus fort chez les 18-24 ans de 2005 que dans le même groupe d'âges en 1995. Ensuite, il apparaît que les seniors qui étaient proches de la retraite en 1995
(55-64 ans) ont maintenu leurs intentions dix ans plus tard. Ce résultat est important. Il signifie que l'âge élevé (disons plus de 60 ans) n'est pas en soi lié à un niveau plus faible d'appui au OUI (ou, plus exactement, que le niveau d'appui dépend plus fortement des générations politiques que de l'âge).
Enfin, les électeurs d'âge médian conservent le niveau d'appui exprimé en 1995, ce qui revient en gros à dire qu'il n'y a pas, en 2005, de défection dans les intentions de vote chez ceux qui avaient entre 18 et 54 ans en 1995.
Par ailleurs, il y a aussi des changements chez les allophones : si, après avoir regroupé tous les sondages de 2004-05, nous isolons les allophones de 64 ans et moins qui sont actifs, nous voyons que leur niveau d'appui à la souveraineté s'établit alors à 27 %. Ce résultat (très robuste parce qu'il fait la moyenne sur une longue période) ne laisse pas d'étonner.
En résumé, la hausse de l'appui au OUI observable dans les sondages de 2005 est largement un effet de génération. L'appui donné au OUI dans les intentions de vote par âge mesurées avant le dernier référendum s'est maintenu à peu près au même niveau dix ans plus tard. L'augmentation des intentions de vote au total s'explique donc par l'arrivée de nouvelles générations de jeunes aux convictions souverainistes plus marquées et par une fidélité générale au OUI qui a pour effet d'augmenter l'appui à la souveraineté dans les nouvelles cohortes de seniors.
Il ressort de l'analyse par types d'électeurs et par générations deux constats. Tout d'abord, d'une génération de jeunes à une autre, l'appui donné au projet de René Lévesque s'amplifie. Ensuite, l'analyse des dix dernières années donne à penser que le niveau d'appui d'une classe d'âges, s'il varie au fil des conjonctures, se maintient au fil de la vie.
En somme, loin d'être moribond comme le donne une lecture trop rapide de la situation, le mouvement souverainiste québécois est au contraire une force tranquille, ces deux tendances se conjuguant dans la poursuite de son développement. Ce mouvement politique étant plus large que le parti qui en a été jusqu'ici le principal canal institutionnel, c'est une erreur de croire que si celui-ci tousse, c'est que celui-là a le rhume.
* Les résultats de cette étude seront présentés dans le cadre du symposium «Le référendum de 1995 : 10 ans plus tard» organisé par Le Devoir et The Gazette, qui se déroule aujourd'hui et demain à l'Université du Québec à Montréal. L'étude sera publiée dans L'Annuaire du Québec 2006, une publication de l'Institut du Nouveau Monde (Éditions Fides), et sa version complète est disponible dès maintenant à www.inm.qc.ca. --Message edité par Raven le 2005-10-22 11:49:56--
Gilles Gagné
Professeur au département de sociologie de l'Université Laval
Simon Langlois
Professeur au département de sociologie de l'Université Laval
Auteurs de l'ouvrage, Les Raisons fortes - Nature et signification de l'appui à la souveraineté du Québec (Presses de l'Université de Montréal, 2002)*
Édition du jeudi 20 octobre 2005
L'étude des sondages menés sur la souveraineté du Québec depuis dix ans révèle que le niveau de l'appui ferme au OUI dépasse aujourd'hui largement la barre des 50 % après avoir connu un creux de 35 % à la fin de 2002. D'un côté, les souverainistes qui avaient sanctionné le gouvernement péquiste gestionnaire du début des années 2000 en sanctionnant le projet d'indépendance n'ont plus de raisons de le faire. De l'autre, le renouvellement des générations d'électeurs ajoute à cette remontée de l'appui la voix d'une jeunesse qui opte assez massivement pour la seule société dont elle soit l'avenir.
Un bref retour en arrière s'impose. Dans notre ouvrage Les Raisons fortes - Nature et signification de l'appui à la souveraineté du Québec, nous avons avancé que le mouvement souverainiste (tel que manifesté par le vote référendaire) était désormais porté par un groupement très large de personnes appartenant à la classe moyenne francophone active sur le marché du travail et formée de jeunes et de personnes d'âge médian.
Nous avons montré que ce groupe d'électeurs (le «groupe porteur») s'était fortement mobilisé en faveur du OUI au cours du mois qui a précédé le vote d'octobre 1995, en particulier les femmes de ce groupe, dont l'appui à la souveraineté à la fin de la campagne n'était plus significativement inférieur à celui des hommes du même groupe.
C'est la classe moyenne francophone, avons-nous soutenu alors, qui a voté OUI à 71 % et qui a donné au camp du OUI les deux tiers des voix que celui-ci a recueillies, le très haut niveau d'appui de ce groupe se combinant à son poids démographique (plus ou moins 45 % des électeurs) pour produire ce résultat.
De l'appui à la crise de confiance
L'appui au mouvement souverainiste, tel qu'il se montre dans la proportion de OUI fermes que recueillent les sondages, s'est maintenu à un niveau élevé au cours des cinq années qui ont suivi la consultation populaire.
Puis, après une grève des infirmières (1999) qui a acquis une importance symbolique parce que ces syndiquées refusaient de faire les frais de l'«assainissement des finances» et après la démission de Lucien Bouchard en 2001, une démission qui avait des airs de... démission, le mouvement souverainiste a connu une grave crise de confiance qui s'est étendue jusqu'au début de l'année 2003. L'appui donné au OUI dans les sondages a fortement diminué jusqu'à un creux d'environ un tiers des électeurs en sa faveur. Or ce déclin a été surtout observé dans le groupement même des électeurs qui s'étaient mobilisés en 1995 en faveur de l'option souverainiste. Nous en avions conclu que cet appui de la classe moyenne à la souveraineté était lié à une conception de la société selon laquelle l'État ne devait être au service de l'économie qu'en vue d'être maître d'oeuvre de la justice sociale.
Nous avions aussi observé un déclin significatif de dernière heure de l'appui donné au OUI au sein d'un autre groupe d'électeurs, formé celui-là de seniors (personnes âgées de 55 ans et plus) et composé en majorité de personnes inactives sur le marché du travail. Les écarts entre les groupes d'âges observés en 1995 dans le résultat du vote référendaire traduisaient en fait des différences importantes entre générations, différences fort intéressantes dans le cas des électeurs francophones.
Les seniors de ce groupe linguistique formaient en effet un groupement de personnes socialisées essentiellement dans l'espace canadien-français et encore attachées au Canada alors que les générations plus jeunes, socialisées quant à elles sur le plan politique dans l'espace de la société québécoise, se montraient plus disposées à faire de cette société leur «pays» et à y inscrire leurs aspirations.
C'est sur cette dimension «générationnelle» du sentiment souverainiste que nous voudrions maintenant revenir pour éclairer l'évolution récente des intentions mesurées par les sondages.
Une option qui a retrouvé ses appuis
L'appui à la souveraineté du Québec est donc de nouveau en hausse au sein de la population québécoise et les intentions de voter OUI à un troisième référendum qui poserait une question semblable à celle de 1995 sont même à un niveau très supérieur à celui qui avait été observé dans les sondages il y a dix ans. L'appui ferme donné au OUI (c'est-à-dire sans répartition des discrets et des indécis) tournerait entre 52 et 54 % du total des électeurs alors qu'il avait atteint un sommet de 46,1 % dans les sondages de la maison Léger Marketing quelques jours avant le vote du 31 octobre 1995.
La variation de l'appui global à la souveraineté et la variation de l'appui des électeurs du groupe porteur sont deux choses fort différentes, deux choses qui n'ont ni le même rythme, ni la même logique sociale, et qui vont fréquemment dans le sens contraire l'une par rapport à l'autre.
Le fait le plus marquant dans ce retour en popularité de l'option souverainiste en 2005 est donc précisément le regain de ferveur dans le groupement d'électeurs qui avaient retiré leur appui à partir de 2001, le même qui s'était mobilisé assez massivement derrière cette option en 1995. C'est là le premier phénomène à noter.
Les personnes actives, francophones, jeunes et d'âge moyen forment un groupe relativement homogène représentant 45 % des électeurs : entre les sondages d'octobre 1995 et ceux de l'ensemble de l'année 2002, la variation à la baisse de leur humeur souverainiste représente plus de 80 % de la baisse enregistrée pour l'ensemble de la société. Cette partie de l'électorat peut mettre à l'occasion en suspens les urgences quotidiennes pour se prêter à la discussion du bien commun, pour peu que la question en jeu paraisse définir le cadre général de la vie privée ou qu'elle paraisse liée aux conditions politiques de la liberté.
Les membres de ce groupement prennent en compte un projet collectif s'ils y trouvent un sens et s'ils le jugent désirable par quelque côté. Ils peuvent donc se mobiliser pour faire advenir un «possible» où ils ont de bonnes raisons de se reconnaître ou pour sanctionner un «gouvernement souverainiste» si ses politiques lui semblent néfastes, comme cela fut le cas lorsque la lutte contre le déficit de la «province» prit le pas sur l'effort de sortir le Québec de ce statut politique.
Le fait que ce soit le groupe social de loin le plus favorable à la souveraineté (et celui sur lequel repose de manière décisive sa réalisation) qui soit aussi celui dont les membres sont les plus prompts à moduler l'expression de leur accord nous paraît indiquer que les convictions idéologiques et les intérêts économiques sont, dans ce groupe, les dimensions d'un jugement politique assez souple plutôt que des déterminants unilatéraux de l'opinion.
De nouvelles générations pour le OUI
Pour compléter l'examen des variations des appuis depuis dix ans, on doit cependant aussi prêter attention aux effets de génération. La population des électeurs est en effet en profond changement : les électeurs âgés -- plus souvent fédéralistes -- décèdent alors que de nouveaux électeurs arrivent à l'autre extrémité de l'échelle des âges, jeunes et plus souvent souverainistes.
En 2005, le Québec compte 912 000 nouveaux électeurs, tous nés entre 1978 et 1987 et donc trop jeunes pour avoir voté lors du dernier référendum, nouveaux électeurs auxquels s'ajoutent les immigrants installés au Québec depuis 1995.
Pendant la même période, les cohortes de seniors et de personnes âgées qui avaient voté en majorité pour le NON au dernier référendum sur la souveraineté ont été en partie remplacées par de nouvelles cohortes. La thèse des dying federalists, quoique très politiquement incorrecte, n'en est pas moins une banalité sociologique. On estime à environ 600 000 le nombre de personnes décédées entre 1995 et 2005, dont 85 % avaient plus de 60 ans. Pour l'ensemble de la population, on sait que le OUI ne rejoignait qu'une personne sur trois dans ces tranches d'âges, les francophones âgés étant presque aussi attachés à l'ancienne minorité nationale canadienne-française, et avec d'aussi bonnes raisons, que les anglophones ne l'étaient au Canada tout court.
Deux questions se posent donc ici. D'abord, comment les nouveaux électeurs de 2005 se comparent-ils aux jeunes électeurs de 1995 ? Ensuite, sachant que les électeurs les plus âgés ont voté en forte majorité pour le NON lors du dernier référendum, comment cet «effet d'âge» se combine-t-il avec l'«effet de génération» dans les sondages dont nous disposons maintenant ?
À ces questions qui concernent les changements générationnels s'en ajoute une troisième qui contribue à les éclairer : comment se maintiennent, dans les sondages de 2005, les convictions exprimées en 1995 dans les différents groupes d'âges ? Pour le dire de cette manière, les gens qui ont voté OUI en 1995 entendent-ils le faire de nouveau lors d'un prochain référendum ?
Trois constats ressortent d'une analyse par cohortes basée sur les indicateurs disponibles (voir le tableau). Tout d'abord, l'appui donné au OUI est plus fort chez les 18-24 ans de 2005 que dans le même groupe d'âges en 1995. Ensuite, il apparaît que les seniors qui étaient proches de la retraite en 1995
(55-64 ans) ont maintenu leurs intentions dix ans plus tard. Ce résultat est important. Il signifie que l'âge élevé (disons plus de 60 ans) n'est pas en soi lié à un niveau plus faible d'appui au OUI (ou, plus exactement, que le niveau d'appui dépend plus fortement des générations politiques que de l'âge).
Enfin, les électeurs d'âge médian conservent le niveau d'appui exprimé en 1995, ce qui revient en gros à dire qu'il n'y a pas, en 2005, de défection dans les intentions de vote chez ceux qui avaient entre 18 et 54 ans en 1995.
Par ailleurs, il y a aussi des changements chez les allophones : si, après avoir regroupé tous les sondages de 2004-05, nous isolons les allophones de 64 ans et moins qui sont actifs, nous voyons que leur niveau d'appui à la souveraineté s'établit alors à 27 %. Ce résultat (très robuste parce qu'il fait la moyenne sur une longue période) ne laisse pas d'étonner.
En résumé, la hausse de l'appui au OUI observable dans les sondages de 2005 est largement un effet de génération. L'appui donné au OUI dans les intentions de vote par âge mesurées avant le dernier référendum s'est maintenu à peu près au même niveau dix ans plus tard. L'augmentation des intentions de vote au total s'explique donc par l'arrivée de nouvelles générations de jeunes aux convictions souverainistes plus marquées et par une fidélité générale au OUI qui a pour effet d'augmenter l'appui à la souveraineté dans les nouvelles cohortes de seniors.
Il ressort de l'analyse par types d'électeurs et par générations deux constats. Tout d'abord, d'une génération de jeunes à une autre, l'appui donné au projet de René Lévesque s'amplifie. Ensuite, l'analyse des dix dernières années donne à penser que le niveau d'appui d'une classe d'âges, s'il varie au fil des conjonctures, se maintient au fil de la vie.
En somme, loin d'être moribond comme le donne une lecture trop rapide de la situation, le mouvement souverainiste québécois est au contraire une force tranquille, ces deux tendances se conjuguant dans la poursuite de son développement. Ce mouvement politique étant plus large que le parti qui en a été jusqu'ici le principal canal institutionnel, c'est une erreur de croire que si celui-ci tousse, c'est que celui-là a le rhume.
* Les résultats de cette étude seront présentés dans le cadre du symposium «Le référendum de 1995 : 10 ans plus tard» organisé par Le Devoir et The Gazette, qui se déroule aujourd'hui et demain à l'Université du Québec à Montréal. L'étude sera publiée dans L'Annuaire du Québec 2006, une publication de l'Institut du Nouveau Monde (Éditions Fides), et sa version complète est disponible dès maintenant à www.inm.qc.ca. --Message edité par Raven le 2005-10-22 11:49:56--
Raven a écritJe ne mets pas cette étude pour te contredire Tub, mais personnellement j'aime mieux me fier à une étude universitaire non-partisane qui date de même pas une semaine, plutôt qu'à un petit sondage d'une institution canadienne-anglaise qui est financée par le gouvernement fédéral
comme je le disais, le sondage-ci n,est pas sérieux....quand j,ai mis l,article j,ai pensé le faire car à coup sûr les gens du forum n'ont pas dû participé à un ou à l,autres des sondages.....
je me dois d,être neutre, en tk plus ou moins mais les résultats vont certainement me donner une petite idée des tendances ici dedans....je ne crois pas à l'idée de demeurer entre nous pour un truc qui implique un gros changement pour tout le monde, ça serait intéressant que toutes les tendances se manifestent, pour, contre, pas intéressé, autre solution, etc......là ...tu peux jaser....
comme je le disais, le sondage-ci n,est pas sérieux....quand j,ai mis l,article j,ai pensé le faire car à coup sûr les gens du forum n'ont pas dû participé à un ou à l,autres des sondages.....
je me dois d,être neutre, en tk plus ou moins mais les résultats vont certainement me donner une petite idée des tendances ici dedans....je ne crois pas à l'idée de demeurer entre nous pour un truc qui implique un gros changement pour tout le monde, ça serait intéressant que toutes les tendances se manifestent, pour, contre, pas intéressé, autre solution, etc......là ...tu peux jaser....
Option citoyenne
La question est tranchée : Oui à la souveraineté
Daphnée Dion-Viens
Le Soleil
Québec
Après en avoir débattu pendant plus d'un an, la question est maintenant tranchée : Option citoyenne se positionne pour la souveraineté du Québec. Sans en faire une priorité, l'indépendance représente plutôt un moyen de parvenir au bien commun.
Quelque 300 membres de ce regroupement de gauche étaient rassemblés hier au Cégep Limoilou afin de se positionner une fois pour toute sur la question nationale. La position est claire et le verdict, sans équivoque : l'appui à la souveraineté a été voté par plus de 97 % des membres.
« La souveraineté n'est pas notre finalité, précise toutefois Françoise David, porte-parole d'Option citoyenne. Notre objectif est une société plus juste, égalitaire et écologique, et nous croyons qu'il sera plus facile d'y parvenir dans un Québec souverain. »
Les membres d'Option citoyenne s'étaient déjà penchés sur la question nationale l'an dernier, lors d'un précédent rassemblement. Les membres étaient divisés et avaient décidé de reporter la décision afin d'en débattre davantage. « Nous avons mené des consultations à la grandeur de la province et manifestement, ça permit aux gens de se mettre d'accord », ajoute Mme David.
La question est tranchée : Oui à la souveraineté
Daphnée Dion-Viens
Le Soleil
Québec
Après en avoir débattu pendant plus d'un an, la question est maintenant tranchée : Option citoyenne se positionne pour la souveraineté du Québec. Sans en faire une priorité, l'indépendance représente plutôt un moyen de parvenir au bien commun.
Quelque 300 membres de ce regroupement de gauche étaient rassemblés hier au Cégep Limoilou afin de se positionner une fois pour toute sur la question nationale. La position est claire et le verdict, sans équivoque : l'appui à la souveraineté a été voté par plus de 97 % des membres.
« La souveraineté n'est pas notre finalité, précise toutefois Françoise David, porte-parole d'Option citoyenne. Notre objectif est une société plus juste, égalitaire et écologique, et nous croyons qu'il sera plus facile d'y parvenir dans un Québec souverain. »
Les membres d'Option citoyenne s'étaient déjà penchés sur la question nationale l'an dernier, lors d'un précédent rassemblement. Les membres étaient divisés et avaient décidé de reporter la décision afin d'en débattre davantage. « Nous avons mené des consultations à la grandeur de la province et manifestement, ça permit aux gens de se mettre d'accord », ajoute Mme David.
tuberale a écritOption citoyenne
La question est tranchée : Oui à la souveraineté
Daphnée Dion-Viens
Le Soleil
Québec
Après en avoir débattu pendant plus d'un an, la question est maintenant tranchée : Option citoyenne se positionne pour la souveraineté du Québec. Sans en faire une priorité, l'indépendance représente plutôt un moyen de parvenir au bien commun.
Quelque 300 membres de ce regroupement de gauche étaient rassemblés hier au Cégep Limoilou afin de se positionner une fois pour toute sur la question nationale. La position est claire et le verdict, sans équivoque : l'appui à la souveraineté a été voté par plus de 97 % des membres.
« La souveraineté n'est pas notre finalité, précise toutefois Françoise David, porte-parole d'Option citoyenne. Notre objectif est une société plus juste, égalitaire et écologique, et nous croyons qu'il sera plus facile d'y parvenir dans un Québec souverain. »
Les membres d'Option citoyenne s'étaient déjà penchés sur la question nationale l'an dernier, lors d'un précédent rassemblement. Les membres étaient divisés et avaient décidé de reporter la décision afin d'en débattre davantage. « Nous avons mené des consultations à la grandeur de la province et manifestement, ça permit aux gens de se mettre d'accord », ajoute Mme David.
C'était la condition pour envisager une future fusion à l'UFP
La question est tranchée : Oui à la souveraineté
Daphnée Dion-Viens
Le Soleil
Québec
Après en avoir débattu pendant plus d'un an, la question est maintenant tranchée : Option citoyenne se positionne pour la souveraineté du Québec. Sans en faire une priorité, l'indépendance représente plutôt un moyen de parvenir au bien commun.
Quelque 300 membres de ce regroupement de gauche étaient rassemblés hier au Cégep Limoilou afin de se positionner une fois pour toute sur la question nationale. La position est claire et le verdict, sans équivoque : l'appui à la souveraineté a été voté par plus de 97 % des membres.
« La souveraineté n'est pas notre finalité, précise toutefois Françoise David, porte-parole d'Option citoyenne. Notre objectif est une société plus juste, égalitaire et écologique, et nous croyons qu'il sera plus facile d'y parvenir dans un Québec souverain. »
Les membres d'Option citoyenne s'étaient déjà penchés sur la question nationale l'an dernier, lors d'un précédent rassemblement. Les membres étaient divisés et avaient décidé de reporter la décision afin d'en débattre davantage. « Nous avons mené des consultations à la grandeur de la province et manifestement, ça permit aux gens de se mettre d'accord », ajoute Mme David.
C'était la condition pour envisager une future fusion à l'UFP
Dix ans
Michel Venne
Édition du lundi 24 octobre 2005
Le mouvement souverainiste vit une situation paradoxale. Dix ans après le référendum de 1995, la souveraineté n'a jamais reçu un soutien aussi important et aussi ferme qu'aujourd'hui. Mais le mouvement paraît divisé, à la recherche d'une direction capable de réunir des forces fragmentées afin de convaincre d'y adhérer ceux et celles qui continuent de préférer le maintien du Québec comme province du Canada.
L'appui à la souveraineté a grimpé jusqu'à 54 % et se situe encore ces jours-ci autour ou au-dessus des 50 %. On n'a jamais vu ça entre les périodes référendaires, sauf en 1990, lorsque le reste du Canada avait rejeté l'Accord du lac Meech.
Cet épisode est sans aucun doute en partie responsable de la consolidation du vaste mouvement social en faveur de la souveraineté du Québec. L'échec de Meech a donné lieu à la fondation du Bloc québécois et de l'Action démocratique du Québec, présidée par Mario Dumont. Ces deux partis ont fait coalition avec le Parti québécois en 1995 en faveur du OUI. Le sentiment de rejet vécu avec Meech s'est installé dans l'esprit des Québécois.
En 1995, la population du Québec était divisée en deux. Elle l'est restée. L'appui ferme à la souveraineté a connu un creux, au tournant des années 2000.
Depuis, l'option souverainiste a retrouvé ses appuis. Certains attribuent cette remontée aux révélations faites à la commission Gomery sur le scandale des commandites. Il va de soi que ce chapitre sombre de la politique canadienne influence l'opinion publique.
Mais l'étude des sociologues Langlois et Gagné de l'Université Laval (dont une mise à jour a été publiée jeudi) montre que l'appui à la souveraineté est enraciné plus profondément et tient à des facteurs sociologiques plus durables :
1. les jeunes de 18-24 ans sont plus souverainistes que ceux du même âge en 1995 (dans une proportion qui approche les deux tiers);
2. les Québécois qui étaient souverainistes en 1995 le sont demeurés en vieillissant;
3. les allophones et les anglophones de moins de 65 ans appuient la souveraineté dans une proportion supérieure à 20 %. Une étude de Génération Québec montrait il y a quelques années que les jeunes issus de l'immigration ayant fréquenté l'école française (les enfants de la loi 101) appuient la souveraineté dans une proportion de 40 %.
4. le niveau d'appui des femmes à la souveraineté a rejoint celui des hommes.
Le candidat au leadership du PQ, André Boisclair, parle d'un phénomène naturel pour expliquer la hausse de l'appui à la souveraineté. Le mot naturel porte à controverse. Il devrait plutôt parler d'une évolution historique et d'un phénomène générationnel et intergénérationnel.
D'autres circonstances sont favorables à la souveraineté. La mondialisation a favorisé la renaissance des nationalismes. On redécouvre le rôle des États-Nations pour protéger les peuples des excès de la libéralisation anarchique des marchés à l'échelle mondiale. Les changements démographiques pourraient favoriser l'élan souverainiste. Le gouvernement fédéral évoque tout ce qu'il peut, y compris l'intérêt national, pour empiéter dans les domaines de compétence du Québec, empêcher le Québec d'agir selon ses besoins sur la scène internationale ou renier le déséquilibre fiscal. Les principaux porte-parole fédéralistes en 1995 ont été discrédités soit par le scandale des commandites soi par l'insatisfaction ressentie par la population québécoise à l'égard des deux gouvernements libéraux (à Québec et à Ottawa). Tandis que Gilles Duceppe est devenu un leader populaire.
***
Pendant ce temps, le mouvement souverainiste s'est divisé. Il s'est fragmenté, depuis 1995, en une nuée de groupes séparés selon diverses lignes idéologiques ou stratégiques.
Le PQ a en effet plus de mal que jamais à incarner une coalition entre la gauche et la droite. L'idée social-démocrate est contestée de l'intérieur. Or la souveraineté n'a jamais progressé en vase clos. Les jeunes, entre autres, sont souverainistes à condition que la souveraineté, prise comme un moyen plutôt que comme une fin, soit un instrument qui permette de bâtir au Québec une société solidaire, responsable et soucieuse du développement durable.
Des souverainistes contestent également le pluralisme qui a inspiré le Parti québécois lorsqu'il était au pouvoir et l'incitait à mettre en pratique un nationalisme réconciliant les objectifs culturels et identitaires des Québécois francophones avec ceux de reconnaître l'égalité de tous les citoyens québécois quelles que soient leurs origines. Cette idée conduit naturellement à la souveraineté qui permettrait la création d'une citoyenneté québécoise dans laquelle tous les habitants, y compris les nouveaux arrivants, pourraient se reconnaître. Ceux qui contestent la vision pluraliste sont minoritaires, ils sont battus aux congrès lorsque ces questions sont abordées, mais ils sont très présents sur la place publique et plusieurs commentateurs, tout en les diabolisant, les présentent comme représentatifs du mouvement dans son ensemble.
Enfin, il semble que chacun des 130 000 membres du PQ ait sa petite idée sur la stratégie à adopter, le calendrier, la date du référendum et il ne semble y avoir aucun chef capable d'imposer le sien. À cet égard, la seule attitude productive est un mélange de la prudence affichée par André Boisclair et la détermination illustrée par le plan d'action proposé par Pauline Marois.
***
Dix ans après le référendum de 1995, le nouveau chef du PQ sera donc choisi dans un contexte favorable à l'option fondamentale du parti de René Lévesque. Mais il fera face au défi désagréable de réunir dans un même élan des factions qui semblent prendre un malin plaisir à se présenter comme irréductibles. Les souverainistes vont-ils réussir le tour de force de se battre eux-mêmes ?
Michel Venne
Édition du lundi 24 octobre 2005
Le mouvement souverainiste vit une situation paradoxale. Dix ans après le référendum de 1995, la souveraineté n'a jamais reçu un soutien aussi important et aussi ferme qu'aujourd'hui. Mais le mouvement paraît divisé, à la recherche d'une direction capable de réunir des forces fragmentées afin de convaincre d'y adhérer ceux et celles qui continuent de préférer le maintien du Québec comme province du Canada.
L'appui à la souveraineté a grimpé jusqu'à 54 % et se situe encore ces jours-ci autour ou au-dessus des 50 %. On n'a jamais vu ça entre les périodes référendaires, sauf en 1990, lorsque le reste du Canada avait rejeté l'Accord du lac Meech.
Cet épisode est sans aucun doute en partie responsable de la consolidation du vaste mouvement social en faveur de la souveraineté du Québec. L'échec de Meech a donné lieu à la fondation du Bloc québécois et de l'Action démocratique du Québec, présidée par Mario Dumont. Ces deux partis ont fait coalition avec le Parti québécois en 1995 en faveur du OUI. Le sentiment de rejet vécu avec Meech s'est installé dans l'esprit des Québécois.
En 1995, la population du Québec était divisée en deux. Elle l'est restée. L'appui ferme à la souveraineté a connu un creux, au tournant des années 2000.
Depuis, l'option souverainiste a retrouvé ses appuis. Certains attribuent cette remontée aux révélations faites à la commission Gomery sur le scandale des commandites. Il va de soi que ce chapitre sombre de la politique canadienne influence l'opinion publique.
Mais l'étude des sociologues Langlois et Gagné de l'Université Laval (dont une mise à jour a été publiée jeudi) montre que l'appui à la souveraineté est enraciné plus profondément et tient à des facteurs sociologiques plus durables :
1. les jeunes de 18-24 ans sont plus souverainistes que ceux du même âge en 1995 (dans une proportion qui approche les deux tiers);
2. les Québécois qui étaient souverainistes en 1995 le sont demeurés en vieillissant;
3. les allophones et les anglophones de moins de 65 ans appuient la souveraineté dans une proportion supérieure à 20 %. Une étude de Génération Québec montrait il y a quelques années que les jeunes issus de l'immigration ayant fréquenté l'école française (les enfants de la loi 101) appuient la souveraineté dans une proportion de 40 %.
4. le niveau d'appui des femmes à la souveraineté a rejoint celui des hommes.
Le candidat au leadership du PQ, André Boisclair, parle d'un phénomène naturel pour expliquer la hausse de l'appui à la souveraineté. Le mot naturel porte à controverse. Il devrait plutôt parler d'une évolution historique et d'un phénomène générationnel et intergénérationnel.
D'autres circonstances sont favorables à la souveraineté. La mondialisation a favorisé la renaissance des nationalismes. On redécouvre le rôle des États-Nations pour protéger les peuples des excès de la libéralisation anarchique des marchés à l'échelle mondiale. Les changements démographiques pourraient favoriser l'élan souverainiste. Le gouvernement fédéral évoque tout ce qu'il peut, y compris l'intérêt national, pour empiéter dans les domaines de compétence du Québec, empêcher le Québec d'agir selon ses besoins sur la scène internationale ou renier le déséquilibre fiscal. Les principaux porte-parole fédéralistes en 1995 ont été discrédités soit par le scandale des commandites soi par l'insatisfaction ressentie par la population québécoise à l'égard des deux gouvernements libéraux (à Québec et à Ottawa). Tandis que Gilles Duceppe est devenu un leader populaire.
***
Pendant ce temps, le mouvement souverainiste s'est divisé. Il s'est fragmenté, depuis 1995, en une nuée de groupes séparés selon diverses lignes idéologiques ou stratégiques.
Le PQ a en effet plus de mal que jamais à incarner une coalition entre la gauche et la droite. L'idée social-démocrate est contestée de l'intérieur. Or la souveraineté n'a jamais progressé en vase clos. Les jeunes, entre autres, sont souverainistes à condition que la souveraineté, prise comme un moyen plutôt que comme une fin, soit un instrument qui permette de bâtir au Québec une société solidaire, responsable et soucieuse du développement durable.
Des souverainistes contestent également le pluralisme qui a inspiré le Parti québécois lorsqu'il était au pouvoir et l'incitait à mettre en pratique un nationalisme réconciliant les objectifs culturels et identitaires des Québécois francophones avec ceux de reconnaître l'égalité de tous les citoyens québécois quelles que soient leurs origines. Cette idée conduit naturellement à la souveraineté qui permettrait la création d'une citoyenneté québécoise dans laquelle tous les habitants, y compris les nouveaux arrivants, pourraient se reconnaître. Ceux qui contestent la vision pluraliste sont minoritaires, ils sont battus aux congrès lorsque ces questions sont abordées, mais ils sont très présents sur la place publique et plusieurs commentateurs, tout en les diabolisant, les présentent comme représentatifs du mouvement dans son ensemble.
Enfin, il semble que chacun des 130 000 membres du PQ ait sa petite idée sur la stratégie à adopter, le calendrier, la date du référendum et il ne semble y avoir aucun chef capable d'imposer le sien. À cet égard, la seule attitude productive est un mélange de la prudence affichée par André Boisclair et la détermination illustrée par le plan d'action proposé par Pauline Marois.
***
Dix ans après le référendum de 1995, le nouveau chef du PQ sera donc choisi dans un contexte favorable à l'option fondamentale du parti de René Lévesque. Mais il fera face au défi désagréable de réunir dans un même élan des factions qui semblent prendre un malin plaisir à se présenter comme irréductibles. Les souverainistes vont-ils réussir le tour de force de se battre eux-mêmes ?
C'est surtout le point 3 qui me fait capoté :
Citation :3. les allophones et les anglophones de moins de 65 ans appuient la souveraineté dans une proportion supérieure à 20 %. Une étude de Génération Québec montrait il y a quelques années que les jeunes issus de l'immigration ayant fréquenté l'école française (les enfants de la loi 101) appuient la souveraineté dans une proportion de 40 %.
Jamais je n'aurai pu croire que leur appui pourrait être aussi fort. Et même si c'est une étude scientifique sérieuse, je reste douteur.
Citation :3. les allophones et les anglophones de moins de 65 ans appuient la souveraineté dans une proportion supérieure à 20 %. Une étude de Génération Québec montrait il y a quelques années que les jeunes issus de l'immigration ayant fréquenté l'école française (les enfants de la loi 101) appuient la souveraineté dans une proportion de 40 %.
Jamais je n'aurai pu croire que leur appui pourrait être aussi fort. Et même si c'est une étude scientifique sérieuse, je reste douteur.