Si l'Irak m'était conté... (1 an après les bombardements...!)
Journaliste(s) : Dominique Fournier
Réalisateur(s) : André Ménard
L'Irak est en plein coeur du Moyen-Orient. Bagdad, sa capitale, se situe à 875 kilomètres de Jérusalem, la capitale d'Israël.
L'Irak est à peine plus grand que l'île de Terre-Neuve, mais il compte 23 millions d'habitants, au lieu de 500 000.
Saddam Hussein dirige l'Irak d'une main de fer depuis 1979.
Jusqu'au début des années 90, surtout pendant la longue guerre Iran-Irak, les États-Unis appuyaient le régime de Saddam Hussein. Cette alliance s'est renversée lorsque l'Irak a envahi le Koweït en août 1990. Les Américains ont vaincu Saddam Hussein lors de la Guerre du Golfe mais avaient alors renoncé à l'éliminer.
Après la Guerre du Golfe, l'Irak a été divisé en trois zones d'exclusion aérienne. Les zones Nord et Sud, contrôlées par les Alliés, sont interdites aux avions militaires de Saddam Hussein. Celle du centre est la seule qu'il contrôle.
Au sud de l'Irak se trouve l'Arabie saoudite, le principal fournisseur de pétrole des États-Unis.
À l'est, on trouve l'Iran. Depuis 20 ans, les religieux musulmans y ont imposé une révolution islamique.
À l'ouest se trouve la Syrie, dirigée par la famille Assad, qui met des bâtons dans les roues des Américains, surtout en ce qui a trait au conflit israélo-arabe.
Et il y a aussi le Liban, dont on voudrait également changer la position à propos de ce conflit.
Pour être mis en place, le nouvel ordre américain souhaité par l'administration Bush exigerait des changements dans les pays voisins de l'Irak. Des changements impossibles à obtenir si Saddam Hussein est encore en place.
L'Arabie saoudite est le premier voisin de l'Irak que viserait l'administration Bush. Son objectif dans ce pays, c'est de mettre fin à la dépendance excessive des États-Unis envers son pétrole.
L'Irak s'avère le substitut idéal, car le pays possède la deuxième plus grande réserve de pétrole connue au monde.
Cependant, l'embargo imposé par les Nations Unies entrave sérieusement sa capacité de production. Éliminer Saddam Hussein permettrait une levée de l'embargo imposé par l'ONU. Appelé "pétrole contre nourriture", cet embargo consiste à contrôler les ventes de pétrole de l'Irak, dont les revenus servent à acheter de la nourriture pour le peuple Irakien.
Donc, on lève l'embargo... et l'Irak devient la principale source d'approvisionnement énergétique des États-Unis au Moyen-Orient, remplaçant ainsi l'Arabie saoudite.
C'est aussi l'Iran que viserait l'administration Bush en renversant Saddam Hussein. Parce qu'un de ses objectifs plus ou moins avoués , c'est de briser, une fois pour toutes, la révolution islamique au pouvoir dans ce pays, un des pays de l'Axe du Mal, se plaît à répéter le président Bush.
En installant un régime ami en Irak, Washington poursuivrait l'encerclement et l'asphyxie de la révolution islamique iranienne.
En éliminant Saddam Hussein, l'administration Bush chercherait à modifier la dynamique politique en Jordanie.
Le régime du roi Abdallah appuie les positions américaines dans le conflit israélo-palestinien. Mais l'importante assistance économique qu'accorde l'Irak au régime du roi Abdallah, (entre autres, du pétrole qu'il lui fournit par pipeline plus ou moins secrètement), de même que la popularité dont jouit Saddam Hussein dans l'opinion publique jordanienne, force le roi Abdallah à tempérer cet appui.
La disparition de Saddam Hussein permettrait à la Jordanie de cesser d'être écartelée entre les États-Unis et l'Irak et lui permettrait d'adopter sans hésitation les positions américaines sur le règlement de ce conflit.
Finalement, le nouvel ordre américain concernerait également la Syrie et le Liban.
Les Américains reprochent à la Syrie son appui au terrorisme et à la cause palestinienne. Le régime des Assad est contesté de l'intérieur et Saddam Hussein lui procure une aide économique qui le fortifie. Chasser du pouvoir Saddam Hussein pourrait contribuer à déstabiliser le régime de la famille Assad qui règne sur la Syrie depuis 32 ans.
L'administration Bush souhaite également la fin de la mainmise syrienne sur le Liban.
Depuis 1991, 30 000 soldats syriens sont déployés en sol libanais. La Syrie utilise le Liban comme instrument de pression sur Israël. Bush voudrait bien libérer le Liban de cette mauvaise influence, lui permettant alors d'adopter des positions plus compatibles avec celles des Américains dans le règlement du conflit israélo-palestinien.
L'actuelle administration américaine veut donc changer l'ordre existant au Moyen-Orient, un ordre où l'absence de démocratie alimente le terrorisme et qui met en échec les intérêts américains dans la région.
C'est donc un pari ambitieux que ferait l'administration Bush si elle attaquait l'Irak. Un pari qui, s'il réussit, pourrait avoir un effet domino, mais qui pourrait aussi déstabiliser encore davantage une région qui, d'après plusieurs experts, est déjà bien près du précipice.
Réalisateur(s) : André Ménard
L'Irak est en plein coeur du Moyen-Orient. Bagdad, sa capitale, se situe à 875 kilomètres de Jérusalem, la capitale d'Israël.
L'Irak est à peine plus grand que l'île de Terre-Neuve, mais il compte 23 millions d'habitants, au lieu de 500 000.
Saddam Hussein dirige l'Irak d'une main de fer depuis 1979.
Jusqu'au début des années 90, surtout pendant la longue guerre Iran-Irak, les États-Unis appuyaient le régime de Saddam Hussein. Cette alliance s'est renversée lorsque l'Irak a envahi le Koweït en août 1990. Les Américains ont vaincu Saddam Hussein lors de la Guerre du Golfe mais avaient alors renoncé à l'éliminer.
Après la Guerre du Golfe, l'Irak a été divisé en trois zones d'exclusion aérienne. Les zones Nord et Sud, contrôlées par les Alliés, sont interdites aux avions militaires de Saddam Hussein. Celle du centre est la seule qu'il contrôle.
Au sud de l'Irak se trouve l'Arabie saoudite, le principal fournisseur de pétrole des États-Unis.
À l'est, on trouve l'Iran. Depuis 20 ans, les religieux musulmans y ont imposé une révolution islamique.
À l'ouest se trouve la Syrie, dirigée par la famille Assad, qui met des bâtons dans les roues des Américains, surtout en ce qui a trait au conflit israélo-arabe.
Et il y a aussi le Liban, dont on voudrait également changer la position à propos de ce conflit.
Pour être mis en place, le nouvel ordre américain souhaité par l'administration Bush exigerait des changements dans les pays voisins de l'Irak. Des changements impossibles à obtenir si Saddam Hussein est encore en place.
L'Arabie saoudite est le premier voisin de l'Irak que viserait l'administration Bush. Son objectif dans ce pays, c'est de mettre fin à la dépendance excessive des États-Unis envers son pétrole.
L'Irak s'avère le substitut idéal, car le pays possède la deuxième plus grande réserve de pétrole connue au monde.
Cependant, l'embargo imposé par les Nations Unies entrave sérieusement sa capacité de production. Éliminer Saddam Hussein permettrait une levée de l'embargo imposé par l'ONU. Appelé "pétrole contre nourriture", cet embargo consiste à contrôler les ventes de pétrole de l'Irak, dont les revenus servent à acheter de la nourriture pour le peuple Irakien.
Donc, on lève l'embargo... et l'Irak devient la principale source d'approvisionnement énergétique des États-Unis au Moyen-Orient, remplaçant ainsi l'Arabie saoudite.
C'est aussi l'Iran que viserait l'administration Bush en renversant Saddam Hussein. Parce qu'un de ses objectifs plus ou moins avoués , c'est de briser, une fois pour toutes, la révolution islamique au pouvoir dans ce pays, un des pays de l'Axe du Mal, se plaît à répéter le président Bush.
En installant un régime ami en Irak, Washington poursuivrait l'encerclement et l'asphyxie de la révolution islamique iranienne.
En éliminant Saddam Hussein, l'administration Bush chercherait à modifier la dynamique politique en Jordanie.
Le régime du roi Abdallah appuie les positions américaines dans le conflit israélo-palestinien. Mais l'importante assistance économique qu'accorde l'Irak au régime du roi Abdallah, (entre autres, du pétrole qu'il lui fournit par pipeline plus ou moins secrètement), de même que la popularité dont jouit Saddam Hussein dans l'opinion publique jordanienne, force le roi Abdallah à tempérer cet appui.
La disparition de Saddam Hussein permettrait à la Jordanie de cesser d'être écartelée entre les États-Unis et l'Irak et lui permettrait d'adopter sans hésitation les positions américaines sur le règlement de ce conflit.
Finalement, le nouvel ordre américain concernerait également la Syrie et le Liban.
Les Américains reprochent à la Syrie son appui au terrorisme et à la cause palestinienne. Le régime des Assad est contesté de l'intérieur et Saddam Hussein lui procure une aide économique qui le fortifie. Chasser du pouvoir Saddam Hussein pourrait contribuer à déstabiliser le régime de la famille Assad qui règne sur la Syrie depuis 32 ans.
L'administration Bush souhaite également la fin de la mainmise syrienne sur le Liban.
Depuis 1991, 30 000 soldats syriens sont déployés en sol libanais. La Syrie utilise le Liban comme instrument de pression sur Israël. Bush voudrait bien libérer le Liban de cette mauvaise influence, lui permettant alors d'adopter des positions plus compatibles avec celles des Américains dans le règlement du conflit israélo-palestinien.
L'actuelle administration américaine veut donc changer l'ordre existant au Moyen-Orient, un ordre où l'absence de démocratie alimente le terrorisme et qui met en échec les intérêts américains dans la région.
C'est donc un pari ambitieux que ferait l'administration Bush si elle attaquait l'Irak. Un pari qui, s'il réussit, pourrait avoir un effet domino, mais qui pourrait aussi déstabiliser encore davantage une région qui, d'après plusieurs experts, est déjà bien près du précipice.
C'est dans les plus grandes noirceur que l`on peu admirer la splendeur des étoiles!
Journaliste : Sophie-Hélène Lebeuf
L'Irak dans la mire américaine
Accusé de fabriquer des armes de destruction massive susceptibles d'être dirigées vers les États-Unis, l'Irak s'est retrouvé dans l'« axe du mal » désigné par les dirigeants américains. Dans l'année précédant l'attaque militaire américano-britannique, les indices s'accumulaient : les États-Unis allaient de nouveau croiser le fer avec leur ennemi juré, Saddam Hussein. Le discours du président Bush devant l'ONU, le 12 septembre 2002, ne laissait planer aucun doute sur ses intentions. À Washington, l'heure n'était plus à décider si l'Irak serait une cible, mais plutôt à déterminer le moment de l'attaque destinée à faire tomber le « boucher de Bagdad ». Petit retour en arrière sur l'Irak de Saddam Hussein.
Le 13 novembre 2002, l'Irak a finalement accepté sans réserve la résolution 1441 du Conseil de sécurité de l'ONU sur son désarmement et le retour des inspecteurs. Mais au-delà du désarmement irakien, la stratégie américaine s'intéressait surtout à une possible chute du régime de Saddam Hussein. Une décennie après la guerre du Golfe, il semblait qu'il ne déplairait pas à George W. Bush de terminer le travail que son père, alors président, avait amorcé. Il restait à voir jusqu'à quel point la communauté internationale suivrait Washington dans sa croisade contre Bagdad et si une campagne en Irak ferait fondre les appuis à sa lutte antiterroriste. En attendant la suite, la guerre des mots, elle, avait déjà commencé. L'offensive diplomatique aussi.
Repères
Ce dossier est consacré à l'Irak de Saddam Hussein, avant l'opération militaire américano-britannique de 2003.
Traversé du nord au sud par deux fleuves, le Tigre et l'Euphrate, l'Irak tire son nom de sa situation géographique : son nom signifie « bord de l'eau » en arabe.
Superficie
434 924 kilomètres carrés
Capitale
Bagdad
Autres villes importantes
Bassorah, Mossoul, Kirkouk, Irbil
S E P T C L É S P O U R C O M P R E N D R E L ' I R A K
Saddam Hussein : président du pays depuis 1979, il règne en véritable dictateur; entouré de membres de sa famille et de son clan tikriti, il a instauré un véritable régime de terreur; désireux de s'imposer comme leader du monde arabe, il a entraîné son pays dans deux guerres désastreuses
Guerre Iran-Irak : guerre qui a opposé les deux pays entre 1980 et 1988; déclenché par l'Irak, qui voulait rétablir la frontière d'avant 1975, le conflit a fait 700 000 morts de part et d'autre de la frontière; craignant l'extension de l'intégrisme chiite iranien, plusieurs pays avaient alors accordé leur soutien à l'Irak
Guerre du Golfe : amorcée par l'invasion du Koweït par l'Irak, en août 1990, la crise du golfe Persique a été suivie en janvier 1991 d'une campagne militaire internationale orchestrée par les États-Unis; à la suite de sa défaire militaire, l'Irak est devenu isolé sur les plans diplomatique et économique
Embargo : l'Irak est soumis depuis 1990 à un embargo de l'ONU initié par Washington; en vertu du programme Pétrole contre nourriture, le pays exporte du pétrole en échange de biens essentiels depuis 1996; l'efficacité des sanctions, dont la population fait les frais, est contestée internationalement
Non-respect des droits de la personne : le régime est autoritaire et persécute les opposants; les cas de disparition, d'exécution et de torture sont nombreux; l'opposition politique vit à l'étranger; en 1991, deux rébellions ont été écrasées dans le sang, sans que la communauté internationale n'intervienne
Désarmement : après la guerre du Golfe, l'ONU comptait imposer à l'Irak l'élimination de ses armes de destruction massive; les inspections sont suspendues depuis 1998; soupçonné de développer l'arme nucléaire, l'Irak a déjà utilisé des armes chimiques contre sa minorité kurde et contre des Iraniens
Zones d'exclusion aérienne : certains membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont institué deux zones d'exclusion aérienne (en Irak, au nord du 36e parallèle et au sud du 33e parallèle); des avions américano-britanniques patrouillent régulièrement ces territoires pour empêcher les avions irakiens de les survoler
Population : 23,3 millions
Composition de la population : Arabes (80 %), Kurdes (15 %), Turkmènes, Assyriens, Perses, Turcs et autres (5 %)
Âge : 41 % de la population a moins de 14 ans; seulement 3 % a plus de 65 ans
Espérance de vie : 68 ans pour les femmes et 66 ans pour les hommes
Analphabétisme : 54 % pour les femmes et 34 % pour les hommes
Mortalité infantile : 92 cas sur 1000
Principale ressource : pétrole brut (échangé contre de la nourriture et des médicaments conformément à la résolution 706 de l'ONU; aussi l'objet de contrebande transitant par des pays limitrophes)
PIB par habitant : 3197 $ (1997)
Langues officielles : arabe, kurde et syriaque; autres langues utilisées : persan, sabéen et turkmène
Monnaie : dinar
Nature de l'État : république parlementaire; le pays compte 18 provinces; une partie du Kurdistan a un statut d'autonomie
Chef d'État : Saddam Hussein
Chef du gouvernement : Saddam Hussein (aussi maréchal, chef suprême des forces armées, secrétaire général du parti Baas et président du Conseil de commandement de la Révolution)
Nature du régime : autoritaire, dominé par le seul parti légal (Baas) et le clan des Takritis
Médias : le gouvernement et le parti Baas contrôlent les agences de presse, les journaux, la radio et la télévision
Forces armées : avec 430 000 hommes bien entraînés, 8000 véhicules blindés, 2200 tanks, 1200 canons d'artillerie, 300 avions de combat et 20 hélicoptères armés, l'Irak est l'une des puissances militaires les plus imposantes du golfe Persique
Produit intérieur brut : 59 900 millions de dollars américains --Message edité par doc.maillet--
L'Irak dans la mire américaine
Accusé de fabriquer des armes de destruction massive susceptibles d'être dirigées vers les États-Unis, l'Irak s'est retrouvé dans l'« axe du mal » désigné par les dirigeants américains. Dans l'année précédant l'attaque militaire américano-britannique, les indices s'accumulaient : les États-Unis allaient de nouveau croiser le fer avec leur ennemi juré, Saddam Hussein. Le discours du président Bush devant l'ONU, le 12 septembre 2002, ne laissait planer aucun doute sur ses intentions. À Washington, l'heure n'était plus à décider si l'Irak serait une cible, mais plutôt à déterminer le moment de l'attaque destinée à faire tomber le « boucher de Bagdad ». Petit retour en arrière sur l'Irak de Saddam Hussein.
Le 13 novembre 2002, l'Irak a finalement accepté sans réserve la résolution 1441 du Conseil de sécurité de l'ONU sur son désarmement et le retour des inspecteurs. Mais au-delà du désarmement irakien, la stratégie américaine s'intéressait surtout à une possible chute du régime de Saddam Hussein. Une décennie après la guerre du Golfe, il semblait qu'il ne déplairait pas à George W. Bush de terminer le travail que son père, alors président, avait amorcé. Il restait à voir jusqu'à quel point la communauté internationale suivrait Washington dans sa croisade contre Bagdad et si une campagne en Irak ferait fondre les appuis à sa lutte antiterroriste. En attendant la suite, la guerre des mots, elle, avait déjà commencé. L'offensive diplomatique aussi.
Repères
Ce dossier est consacré à l'Irak de Saddam Hussein, avant l'opération militaire américano-britannique de 2003.
Traversé du nord au sud par deux fleuves, le Tigre et l'Euphrate, l'Irak tire son nom de sa situation géographique : son nom signifie « bord de l'eau » en arabe.
Superficie
434 924 kilomètres carrés
Capitale
Bagdad
Autres villes importantes
Bassorah, Mossoul, Kirkouk, Irbil
S E P T C L É S P O U R C O M P R E N D R E L ' I R A K
Saddam Hussein : président du pays depuis 1979, il règne en véritable dictateur; entouré de membres de sa famille et de son clan tikriti, il a instauré un véritable régime de terreur; désireux de s'imposer comme leader du monde arabe, il a entraîné son pays dans deux guerres désastreuses
Guerre Iran-Irak : guerre qui a opposé les deux pays entre 1980 et 1988; déclenché par l'Irak, qui voulait rétablir la frontière d'avant 1975, le conflit a fait 700 000 morts de part et d'autre de la frontière; craignant l'extension de l'intégrisme chiite iranien, plusieurs pays avaient alors accordé leur soutien à l'Irak
Guerre du Golfe : amorcée par l'invasion du Koweït par l'Irak, en août 1990, la crise du golfe Persique a été suivie en janvier 1991 d'une campagne militaire internationale orchestrée par les États-Unis; à la suite de sa défaire militaire, l'Irak est devenu isolé sur les plans diplomatique et économique
Embargo : l'Irak est soumis depuis 1990 à un embargo de l'ONU initié par Washington; en vertu du programme Pétrole contre nourriture, le pays exporte du pétrole en échange de biens essentiels depuis 1996; l'efficacité des sanctions, dont la population fait les frais, est contestée internationalement
Non-respect des droits de la personne : le régime est autoritaire et persécute les opposants; les cas de disparition, d'exécution et de torture sont nombreux; l'opposition politique vit à l'étranger; en 1991, deux rébellions ont été écrasées dans le sang, sans que la communauté internationale n'intervienne
Désarmement : après la guerre du Golfe, l'ONU comptait imposer à l'Irak l'élimination de ses armes de destruction massive; les inspections sont suspendues depuis 1998; soupçonné de développer l'arme nucléaire, l'Irak a déjà utilisé des armes chimiques contre sa minorité kurde et contre des Iraniens
Zones d'exclusion aérienne : certains membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont institué deux zones d'exclusion aérienne (en Irak, au nord du 36e parallèle et au sud du 33e parallèle); des avions américano-britanniques patrouillent régulièrement ces territoires pour empêcher les avions irakiens de les survoler
Population : 23,3 millions
Composition de la population : Arabes (80 %), Kurdes (15 %), Turkmènes, Assyriens, Perses, Turcs et autres (5 %)
Âge : 41 % de la population a moins de 14 ans; seulement 3 % a plus de 65 ans
Espérance de vie : 68 ans pour les femmes et 66 ans pour les hommes
Analphabétisme : 54 % pour les femmes et 34 % pour les hommes
Mortalité infantile : 92 cas sur 1000
Principale ressource : pétrole brut (échangé contre de la nourriture et des médicaments conformément à la résolution 706 de l'ONU; aussi l'objet de contrebande transitant par des pays limitrophes)
PIB par habitant : 3197 $ (1997)
Langues officielles : arabe, kurde et syriaque; autres langues utilisées : persan, sabéen et turkmène
Monnaie : dinar
Nature de l'État : république parlementaire; le pays compte 18 provinces; une partie du Kurdistan a un statut d'autonomie
Chef d'État : Saddam Hussein
Chef du gouvernement : Saddam Hussein (aussi maréchal, chef suprême des forces armées, secrétaire général du parti Baas et président du Conseil de commandement de la Révolution)
Nature du régime : autoritaire, dominé par le seul parti légal (Baas) et le clan des Takritis
Médias : le gouvernement et le parti Baas contrôlent les agences de presse, les journaux, la radio et la télévision
Forces armées : avec 430 000 hommes bien entraînés, 8000 véhicules blindés, 2200 tanks, 1200 canons d'artillerie, 300 avions de combat et 20 hélicoptères armés, l'Irak est l'une des puissances militaires les plus imposantes du golfe Persique
Produit intérieur brut : 59 900 millions de dollars américains --Message edité par doc.maillet--
C'est dans les plus grandes noirceur que l`on peu admirer la splendeur des étoiles!
Tu ne t'intéresses qu'à la version officielle Doc? Depuis le temps qu'on en parle sur le forum, ça me prouve que ça ne donne pas grand chose d'écrire. Je vais quand même faire une tentative de vulgarisation rapide de ce conflit dans l'espoir que tu prennes le temps de lire.
L'Irak a attaqué l'Iran sous l'impulsion des occidentaux qui l'ont armé et endetté pour combattre l'intégrisme de l'Iran soutenu à l'époque par L'URSS, l'autre ennemi du capitalisme.
Les banques ont financé les deux côtés, l'industrie de l'armement faisant rouler les gros sacs d'argent...
Saddam a donc une incroyable dette, 10 ans de guerre(!), contractée en voulant rendre service à ses amis occidentaux tout en accroissant son prestige bien sûr. C'est facile trouver des fous de pouvoir à faire rêver qu'ils sont les libérateurs de leur race, c'était pas la première fois qu'ils faisaient le coup (Hitler pour ne pas le nommer). Mais, il ne faut pas oublier que Sadam était présenté dans les médias à l'époque comme un laïc vu d'un très bon oeil à la tête d'un pays arabe qui amenait enfin un modèle occidental de développement.
Voilà ti pas que le Koweit décide d'exiger le remboursement immédiat de la dette, mettant Saddam à genoux, sans possibilité de se réarmer après 10 ans de guerre contre L'Iran. Guerre qu'il a dû abandonner avec comme résultats les mêmes frontières qu'avant le conflit en passant.
Les amis occidentaux l'abandonnent aussi, personne ne veut plus le financer ni lui vendre d'armes. Il se sent coincé, trahi, il décide qu'il va reprendre le Koweit, ancienne province Irakienne, effacer cette dette envers eux et reprendre les installations pétrolières qui y sont pour se refaire financièrement.
Pas fort, mais le gars est pris!
Ses propres installations pétrolières sont détruites, de plus les Kurdes du nord, ces bâtards (!!! ), qui se révoltent. Il utilise ce qui reste: les bombes à gaz.
Il rentre au Koweit, lance les 4 fusées rouillées qu'il a sur Israël et se déclare tout puissant!
Tadam! L'occident a son prétexte pour aller dépenser des milliards pour aller rester à camper au koweit et assurer ses positions en Arabie, en Turquie et dans la région. Soudain, les étasuniens sont justifiés d'être dans le coin.
L'armée est nécessaire, il y a des gros méchants...
Le pantin Sadam peut bien rester là pour l'instant, le moment propice venu, après bien d'autres péripécies, l'Afghanistan sera sous juridiction étasunienne, le pétrole sera acheté pendant dix ans contre du grain et des pillules périmées et le pays sera rongé de l'intérieur par un embargo.
Le moment venu, d'autres milliards en armement, ressources humaines et pétrole pour le renverser et occuper le pays seront bienvenues pour l'industrie et les statisiques de chômage en occident.
Enfin, l'Iran est encerclé des deux côtés et le travail que Sadam n'a pas réussi à faire semble être en bonne voix de se réaliser. Un autre 10 ans à les étouffer financièrement auparavant?
La Syrie est entre Israël et L'Irak étasunienne, encerclée elle aussi. La Turquie veut entrer dans la communauté européenne, elle ne peut s'élever contre les politiques étasuniennes. Le Pakistan est sous régime militaire surendetté et menacé par LInde, ils ont besoin du soutien des ÉU.
Le monde musulman, 1/6 des habitants de cette planète est neutralisé. Ils ne peuvent devenir une force organisée et unie contre le capitalisme. Ils ont toujours pris bien soin de les garder divisés entre eux. Le monde arabe se dirige vers un modèle de développement tel qu'en Amérique latine. Des démocraties surendettées qui alignent leurs politiques et leurs ressources selon les recommandations du fond monétaire international (lire ÉU) tel le Maroc ou des dictateurs fantoches tout aussi manipulés par l'endettement et le besoin de s'armer.
Il y en a pour penser qu'ils font ça pour maintenir notre qualité de vie occidentale... --Message edité par velero--
L'Irak a attaqué l'Iran sous l'impulsion des occidentaux qui l'ont armé et endetté pour combattre l'intégrisme de l'Iran soutenu à l'époque par L'URSS, l'autre ennemi du capitalisme.
Les banques ont financé les deux côtés, l'industrie de l'armement faisant rouler les gros sacs d'argent...
Saddam a donc une incroyable dette, 10 ans de guerre(!), contractée en voulant rendre service à ses amis occidentaux tout en accroissant son prestige bien sûr. C'est facile trouver des fous de pouvoir à faire rêver qu'ils sont les libérateurs de leur race, c'était pas la première fois qu'ils faisaient le coup (Hitler pour ne pas le nommer). Mais, il ne faut pas oublier que Sadam était présenté dans les médias à l'époque comme un laïc vu d'un très bon oeil à la tête d'un pays arabe qui amenait enfin un modèle occidental de développement.
Voilà ti pas que le Koweit décide d'exiger le remboursement immédiat de la dette, mettant Saddam à genoux, sans possibilité de se réarmer après 10 ans de guerre contre L'Iran. Guerre qu'il a dû abandonner avec comme résultats les mêmes frontières qu'avant le conflit en passant.
Les amis occidentaux l'abandonnent aussi, personne ne veut plus le financer ni lui vendre d'armes. Il se sent coincé, trahi, il décide qu'il va reprendre le Koweit, ancienne province Irakienne, effacer cette dette envers eux et reprendre les installations pétrolières qui y sont pour se refaire financièrement.
Pas fort, mais le gars est pris!
Ses propres installations pétrolières sont détruites, de plus les Kurdes du nord, ces bâtards (!!! ), qui se révoltent. Il utilise ce qui reste: les bombes à gaz.
Il rentre au Koweit, lance les 4 fusées rouillées qu'il a sur Israël et se déclare tout puissant!
Tadam! L'occident a son prétexte pour aller dépenser des milliards pour aller rester à camper au koweit et assurer ses positions en Arabie, en Turquie et dans la région. Soudain, les étasuniens sont justifiés d'être dans le coin.
L'armée est nécessaire, il y a des gros méchants...
Le pantin Sadam peut bien rester là pour l'instant, le moment propice venu, après bien d'autres péripécies, l'Afghanistan sera sous juridiction étasunienne, le pétrole sera acheté pendant dix ans contre du grain et des pillules périmées et le pays sera rongé de l'intérieur par un embargo.
Le moment venu, d'autres milliards en armement, ressources humaines et pétrole pour le renverser et occuper le pays seront bienvenues pour l'industrie et les statisiques de chômage en occident.
Enfin, l'Iran est encerclé des deux côtés et le travail que Sadam n'a pas réussi à faire semble être en bonne voix de se réaliser. Un autre 10 ans à les étouffer financièrement auparavant?
La Syrie est entre Israël et L'Irak étasunienne, encerclée elle aussi. La Turquie veut entrer dans la communauté européenne, elle ne peut s'élever contre les politiques étasuniennes. Le Pakistan est sous régime militaire surendetté et menacé par LInde, ils ont besoin du soutien des ÉU.
Le monde musulman, 1/6 des habitants de cette planète est neutralisé. Ils ne peuvent devenir une force organisée et unie contre le capitalisme. Ils ont toujours pris bien soin de les garder divisés entre eux. Le monde arabe se dirige vers un modèle de développement tel qu'en Amérique latine. Des démocraties surendettées qui alignent leurs politiques et leurs ressources selon les recommandations du fond monétaire international (lire ÉU) tel le Maroc ou des dictateurs fantoches tout aussi manipulés par l'endettement et le besoin de s'armer.
Il y en a pour penser qu'ils font ça pour maintenir notre qualité de vie occidentale... --Message edité par velero--
Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. (Jean de la Fontaine)
Slick27 a écritRight on Velero...!
Content de ton retour...et quel retour!!
Maudit livre jaune...! ;)
Hope to see ya in the Dome...!
Content d'y être...
J'ai hâte d'entendre tes opinions.
Pourquoi dis-tu maudit livre jaune, il n'y a pas que ça dans mon texte? Que sous-entendais-tu?
Content de ton retour...et quel retour!!
Maudit livre jaune...! ;)
Hope to see ya in the Dome...!
Content d'y être...
J'ai hâte d'entendre tes opinions.
Pourquoi dis-tu maudit livre jaune, il n'y a pas que ça dans mon texte? Que sous-entendais-tu?
Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. (Jean de la Fontaine)
Citation :Velero ha dicho :
Pourquoi dis-tu maudit livre jaune, il n'y a pas que ça dans mon texte? Que sous-entendais-tu?
...c'est juste que quand je lis tes propos, ça me rappelle trop le genre de lecture que j'ai fait dans ce livre...et ce livre me fait freaké assez merci...! Je sais que ton propos ne portait pas seulement la dessus...mais tout le principe des banques qui subventionnent les guerres et qui "accumulent" au pied du mur de dettes tous les dirigeants maudits pour ensuite les destituer...c'est une game sale en estie!
Ta pensée sur la guerre en Irak résume extraordinairement bien ce que j'en pense...! Merci de ta contribution...! ;)
Pourquoi dis-tu maudit livre jaune, il n'y a pas que ça dans mon texte? Que sous-entendais-tu?
...c'est juste que quand je lis tes propos, ça me rappelle trop le genre de lecture que j'ai fait dans ce livre...et ce livre me fait freaké assez merci...! Je sais que ton propos ne portait pas seulement la dessus...mais tout le principe des banques qui subventionnent les guerres et qui "accumulent" au pied du mur de dettes tous les dirigeants maudits pour ensuite les destituer...c'est une game sale en estie!
Ta pensée sur la guerre en Irak résume extraordinairement bien ce que j'en pense...! Merci de ta contribution...! ;)
Tout ce qu'il y a dans ce livre n'est pas nécessairement vrai, mais les principes généraux sont importants à saisir. C'est assez révoltant, mets-en, mais ça sort de la naïveté médiatique.
Il y a bien d'autres documentations sur ce sujet.
Pour rester dans le thème, ..., La sale affaire... --Message edité par velero--
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Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. (Jean de la Fontaine)
Salut Velero, mon but en démarant le sujet était de rapporter certain article afin de comprendre cette guerre. Ton point de vue est très intéressant (je l'ai tout lue en passant). Pour comprendre une guerre j'ai toujours pensé qu'il fallait regarder tout les point de vue, pas seulement le point de vue de Bush et cie. et de l'ONU. Ce qui est difficile de se coté ci de l'océan, c'est d'avoir les point de vue dans l'autre camp. Voici un autre article, autre point de vue très intéressant. Un peu long mais qui laisse présager ce qui suivera cette guerre.
La guerre en Irak vue de Russie,
interview du major-général Vladimirov
29 juin 2003
Comment les militaires russes considèrent-ils l'opération militaire alliée en Irak? L'entretien ci-dessous avec le major-général Vladimirov, mené par le journaliste Maxim Kalashnikov et publié dans le magazine économique Russkiy Predprinimatel, montre une dose importante de mauvaise foi et d'incompréhension, mais également une perspective originale qui mérite l'attention.
L'effondrement rapide de la machinerie politico-militaire irakienne sous les frappes américaines a découragé les cercles militaires russes. Mais les "intellectuels" pro-occidentaux de Russie ont au contraire été enchantés : regardez, disent-ils, il n'y a eu aucune bataille acharnée dans la capitale, il n'y a eu aucune guerre de partisans, et nos généraux experts se sont collectivement couverts de ridicule. Il n'y a aucune armée, disent-ils, plus forte ou plus intelligente que celle des Américains ! Sortons cependant du monde de la propagande, et essayons de tirer une évaluation des leçons irakienne pour notre pays.
«... Les Américains étaient si certains de leur supériorité militaire qu'ils s'attendaient à l'effondrement immédiat de l'armée irakienne et à la reddition en masse de ses unités. »
L'entretien ci-dessous a été mené avec le vice-président du Collège d'Experts Militaires, le major-général Aleksandr Vladimirov. Il a prédit au tout premier jour de l'opération que la campagne durerait environ un mois, et il a été 10 jours trop long [en fait, du Koweït à Tikrit, les forces armées US ont mis effectivement un mois, note du traducteur]. Ancien chef d'état-major et commandant remplaçant d'une armée, Vladimirov a servi en Extrême-Orient, en Allemagne, en Biélorussie et au Vietnam. Ancien conseiller militaire du Soviet Suprême et adepte de la théorie de la passion de Lev Gumilev, il considère les événements du point de vue du développement des civilisations et est l'auteur de plus de 80 ouvrages et publications.
Aleksandr Ivanovich, contre toute attente, et malgré l'expérience des attaques en Yougoslavie et en Afghanistan, les Américains n'ont pas cette fois mené une préparation aérienne des jours durant, et ont à la place lancé simultanément une opération terrestre et aérienne, comme en accord avec la doctrine Reagan de 1982 [on suppose que le journaliste fait ici allusion à la doctrine AirLand Battle développé par le TRADOC à cette époque, NDT]. Est-ce qu'ils contrôlaient vraiment les événements depuis le 19 mars, et n'avaient aucun doute sur leur capacité à soudoyer le Haut commandement de la Garde républicaine, après avoir brisé psychologiquement les derniers généraux irakiens ?
Je pense que les Américains n'ont pas tiré les leçons de leurs opérations précédentes, que ce soit dans le Golfe, en Yougoslavie ou en Afghanistan. Ils étaient si certains de leur supériorité militaire qu'ils s'attendaient à l'effondrement immédiat de l'armée irakienne et à la reddition en masse de ses unités. Les Américains avaient l'impression que les Kurdes et les Chiites allaient jouer le rôle de l'infanterie, comme l'Alliance du Nord en Afghanistan. Ils se sont trompés sur les deux points. Mais d'un autre côté, la troisième idée de leur plan – un complot dans l'entourage militaire de Saddam Hussein – a payé. Bien qu'après un certain délai.
Il convient de noter que la reconnaissance aérienne et spatiale américaine, survolant l'Irak de jour comme de nuit, n'a pas été en mesure de localiser toutes les forces. Les Irakiens ont tiré les conclusions de leur défaite en 1991, et ont été capables de bien se camoufler. Leur chars de combat n'ont toujours pas été trouvés, par exemple. [Ce point est manifestement contredit par le nombre d'images montrant des chars irakiens, détruits ou non, le long des axes d'attaque alliés, NDT]
Il ne s'agit pas de surestimer la puissance américaine. Ils sont toujours peu soigneux ! Cela est clairement apparu même à partir des reportages télévisés tournés dans les zones de combat – une large colonne s'arrête sur la route, et ces supermen professionnels, sans se soucier de leur sûreté, se mettent à dormir sous leurs chars [Vu la qualité et la supériorité des senseurs dans les formations américaines, cette quiétude est compréhensible, ce d'autant qu'aucune information n'a signalé d'unité attaquée de nuit par surprise, NDT]. Mais il faut admettre qu'ils ont appris en cours de route, et que leur supériorité technique et économique colossale a prédéterminé leur victoire.
Qu'avons-nous vu de nouveau en Irak ? La stratégie de la guerre "contractuelle" ou "achetée". C'est la raison pour laquelle les Américains n'ont pas détruit l'Irak avec des opérations aériennes prolongées sur plusieurs jours. Aujourd'hui, ce n'est un secret pour personne que des discussions avec les généraux irakiens ont été constamment menées. Comme dans les temps anciens, une grosse quantité d'or peut venir à bout d'une forteresse même inexpugnable. Le chemin de cette victoire a été littéralement pavé de dollars, et c'est au sens propre ce qui explique le succès américain – et non les armes de haute précision. Regardez avec quelle bravoure et quel acharnement les défenseurs de Bassorah ont tenu. Pourquoi ? Parce qu'ils ont été coupés de leurs commandants à Bagdad, et qu'ils n'ont pas reçu d'ordres à part ceux remis initialement.
Au contraire, une force majeure de la Garde républicaine à Karbala, à 100 km au sud de la capitale, et qui aurait pu frapper l'arrière et le flanc des forces américaines pendant la tempête de sable, est restée inactive [En fait, la tempête de sable n'a pas entravé l'action des chasseurs-bombardiers américains, et ces derniers ont justement exploité les mouvements irakiens durant cette période pour leur infliger des dégâts considérables, NDT]. C'est la raison pour laquelle les militaires irakiens n'ont pas détruit de pont ou de barrage. Et si vous vous rappelez la manière avec laquelle les Américains se sont concentrés à l'aéroport international… Même les lance-roquettes multiples dont était équipée la garnison de Bagdad (environ 40 Grads !) auraient été suffisants pour y déclencher un bain de sang. Les résultats de salves d'artillerie conventionnelle à partir d'emplacements dissimulés auraient été les mêmes [Encore aurait-il fallu pour cela que les unités irakiennes soient informées de la présence américaine à l'aéroport de Bagdad, et qu'elles parviennent à éviter les raids blindés menés en parallèle à son investissement, NDT].
Les Américains ont réussi à faire un deal, et l'armée irakienne de 400'000 hommes a reçu le droit de se "dissoudre". Il n'y pas eu de guerre au sens où nous entendons ce terme, et les hurlements de politiciens comme Nemtsov [Boris Nemtsov, leader du parti l'Union des Forces de Droite, NDT], selon lesquels les Américains ont démontré un exemple de l'art militaire moderne, reflètent une totale incompétence.
Mais peut-être avons-nous rencontré une méthode de guerre unique, dans laquelle les opérations de reconnaissance les pots-de-vins jouent le même rôle que les missiles de croisière et les formations de chars ? N'avons-nous pas vu quelque chose de similaire lorsque les Taliban se sont littéralement dissipés comme le brouillard matinal ? Une division spéciale de la CIA a atterri en Afghanistan à l'automne 2001, et les officiers de la CIA se sont comportés comme des combinards : ils avaient de larges sommes d'argent à leur disposition, afin d'engager des commandants locaux et de les maintenir sur la ligne de front…
Oui, vous avez raison. A peu près la même chose s'est produite lorsque les bandits de Basayev sont allés à Budennovsk pour l'argent, ou quand des terroristes tchétchènes, après avoir fermé les yeux de responsables moscovites avec des pots-de-vins, ont établi une base dans la capitale pour l'opération Nord-Ost [La prise d'otages géante d'un théâtre en octobre 2002, voir cet article, NDT]. Une guerre agressive demande des méthodes de bandit.
Je ne vois aucune innovation en matière de stratégie ou de tactique militaire dans le reste. Plus probablement, une sorte de crise dans la pensée militaire américaine est clairement évidente – puisqu'ils utilisent largement ce qui a déjà été créé.
Si nous devions réfléchir aux leçons de la campagne irakienne pour la Russie, alors nos Forces armées, à part le maintien de leur potentiel nucléaire stratégique, doivent maîtriser l'art de la manœuvre et du camouflage, en utilisant pour ce faire des moyens relativement simples. L'expérience de la Yougoslavie montre qu'un tel camouflage est possible : à l'époque, après tout, l'OTAN a été incapable de trouver les chars de Milosevic, encore moins de leur causer le moindre dommage [Les carcasses de M-84 calcinés retrouvés par la KFOR à son entrée au Kosovo amènent à relativiser le propos, mais le plus important est que les Etats-Unis ont probablement compris la faiblesse du ciblage uniquement aérien – raison pour laquelle, en Irak comme en Afghanistan, les contrôleurs aériens déployés au sol ont été la règle, NDT]. Les Yougoslaves ont simulé des chars en enfilant des bâtons dans des meules de foin, et les moyens high tech de reconnaissance américains "y ont cru". Des pertes énormes auraient attendu les Américains dans une opération terrestre si Milosevic avait tenu à la fin de 1999 [Une affirmation pour le moins discutable, NDT].
Il me semble que les Etats-Unis utilisent de manière créative l'expérience des commandants Rouges de notre propre guerre civile. Ces derniers, connaissant le pauvre niveau d'entraînement de leurs soldats, ont utilisé "l'usure de l'arrière" contre les armées Blanches avec l'aide de la propagande et des réseaux communistes. A la différence que maintenant l'usure est générée par les rites de la "démocratie coloniale" qui ont été plantés partout avec la destruction de l'honneur national, des objets sacrés et de la moralité, avec l'essor de la corruption de masse et de la pauvreté, en raison desquels de nombreuses personnes apparaissent prêtes à tout pour des dollars. De sorte que le commandant non-américain pense, "au diable tout cela – le principal est d'avoir assez de 'fric' pour une vie faite de filles et d'appartements de luxe." Et il apparaît que l'élément-clé de l'opposition à une agression américaine consiste à préserver la volonté de combattre, d'abord et avant tout dans la frange supérieure de l'armée et de la classe politique.
Je suis d'accord avec vous. La puissance de la volonté devient aujourd'hui le principal facteur de la guerre. Les Irakiens arabes ont prouvé qu'ils étaient loin derrière les Afghans, les Tchétchènes et les Palestiniens dans leur passion. Le régime dictatorial en Irak a de toute évidence sapé cette passion. Tout le malheur de tels systèmes est précisément que les niveaux supérieurs de l'armée peuvent être de professionnels, mais qu'ils n'ont ni honneur ni conscience, de même qu'aucune aptitude à prendre des décisions indépendantes. Ceci est également valable pour notre propre corps de commandement. Nous n'avons aucun problème avec les soldats, les capitaines et les colonels – ce que l'on ne peut malheureusement pas dire des généraux. La tendance négative dans la sélection des cadres en Russie continue à être marquante, et les mauvais choisissent eux-mêmes les mauvais. Il suffit de rappeler les scandales actuels de corruption et de manque de talent au sein du corps de commandement supérieur. Et ce n'est pas la faute de l'actuel Ministre de la Défense, Sergei Ivanov. Tout cela a commencé dans les dernières années soviétiques, et s'est développé de manière luxuriante pendant la première vague des "démocrates".
Mais pour élargir la perspective, nous devons apporter de grands changements à ce pays. La nouvelle Russie et la nouvelle armée doivent être construites simultanément…
Pouvons-nous supposer qu'une telle guerre attend aussi la Russie ? J'ai lu plusieurs articles de centres d'analyses occidentaux (la Rand Corporation, par exemple) qui redoutent que notre pays, en raison de la corruption et de la crise économique, va se transformer en refuge pour les capitaux du crime et l'infrastructure financière du terrorisme international dans les années 2010. Le monde entier affronterait la menace que les technologies militaires et les appareils nucléaires russes tombent entre les mains de terroristes, et des soldats devraient être engagés en Russie. Notre potentiel nucléaire se serait délabré et réduit dans des proportions indécemment basses, et ils nous administreraient aussi leur "choc et stupeur." Et ils achèteraient de nouveau les généraux, et la volonté serait tellement brisée que nul ne serait capable de décider l'usage d'armes nucléaires…
Que dites-vous donc ! Nous allons maintenir et moderniser notre potentiel nucléaire, même si nous ne le clamons pas à tous vents. Et je ne crois pas non plus à la possibilité d'une agression américaine directe – ils ne décideront pas de faire cela. La Russie n'est pas l'Irak, et les Russes ne sont pas des Arabes. Une incursion dans notre pays se transformerait aussitôt en une nouvelle Guerre Patriotique. Je suis certain qu'il n'y a aucune menace d'intervention militaire directe de la part des Etats-Unis. L'agression dans un sens figuratif, l'agression culturelle, avec l'implantation sur notre sol des valeurs américaines, est bien plus réaliste. Dans ce sens, nous pourrions vraiment perdre notre indépendance sans la perte de la souveraineté territoriale. Mais le problème ne sera pas résolu à l'aide des Forces armées – l'armée ne protège que le territoire, et ce sont les peuples qui doivent se battre pour leur survie historique.
Tous les calculs montrent que les Etats-Unis n'ont plus que 30 à 50 ans à vivre en tant que superpuissance. Leur pays devrait ensuite se déchirer sous son fardeau impérial et en raison de contradictions internes, alors qu'une guerre civile pourrait également éclater. Dans ce sens, Vladimir Vladimirovich Poutine avait raison lorsqu'il a dit qu'il ne souhaitait pas la défaite de l'Amérique. Le chaos dans ce pays, où se trouve tant d'armes de destruction massive, serait un cauchemar pour toute l'humanité. La Russie n'est toujours pas prête à s'inquiéter du problème suscité par le partage de l'héritage américain. En matière d'incursions directes, une bien plus grande menace à la Russie est posée par l'expansion d'une "mutation" particulièrement agressive de l'islam – le wahhabisme. Et j'aimerais encore souligner le danger des projets nationalistes et chauvins de la Chine, qui sont terrifiants pour la Russie en raison de leur masse physique.
Mais néanmoins, Aleksandr Ivanovich, le problème de la mauvaise sélection des généraux en Russie doit être résolu. Il ne va pas se résoudre de lui-même. Ou est-ce que tous les membres de l'Union des Forces de Droite qui pensent que l'introduction d'une armée de métier en Russie va automatiquement résoudre toutes ces questions ont raison ?
C'est l'un des principaux problèmes non seulement de la réforme militaire, mais également de l'administration étatique. Nous avons aujourd'hui besoin de purger le personnel et de créer une politique des cadres au niveau national. Nous avons besoin de promouvoir les tous meilleurs. Comment ? Si nous parlons des Forces armées, nous devons avoir un mécanisme pour la sélection des cadres qui ne soit au moins pas pire que celui du Parti communiste. Le Comité Central du Parti avait des départements qui géraient l'encadrement dans les structures du pouvoir, et j'ai par exemple moi-même eu le commandement d'une division à Staraya Ploshchad [Le quartier-général à Moscou du Parti communiste, NDT]. Ils nous y ont amenés à partir de commandants de bataillons, ils nous ont cultivés. Certes, je vous l'accorde, le Parti a péri en raison de sa rigidité, mais aujourd'hui la situation est encore pire, et il n'y a aucun mécanisme du tout pour la sélection des cadres.
Pour commencer, nous avons besoin de créer une administration militaire principale qui ne soit subordonnée qu'au Président de la Russie, et non au Ministère de la Défense. C'est elle – et non le Ministre de la Défense ! – qui devrait être concernée par la politique des cadres et la réforme militaire, et elle devrait vérifier précisément la situation réelle des troupes et leur aptitude au combat. Les fonctions de cette administration ne devraient pas être assumées par l'Etat-major général, parce que celui-ci a commis toutes sortes de gaffes ces dix dernières années. Peut-être cette politique des cadres nous protègera aussi contre l'apparition de "commandants de la Garde républicaine" à vendre comme les Irakiens, et nous mettrons des patriotes qui l'honneur, la conscience et la capacité de décider à la tête de nos troupes.
Mais à quoi ressembleront les futures Forces armées russes ? Nous ne parlons pas des Forces armées actuelles – ces restes en décomposition de l'Armée Soviétique. Il est clair que le pays est incapable de copier la puissante machinerie militaire des Etats-Unis.
Il est difficile de répondre tout de suite à cette question. Je vais affirmer fermement une chose – nous avons besoin des Forces armées aujourd'hui, et pas dans 30 ans. Nous ne pouvons en aucun cas nous transformer en un détachement antiterroriste destiné à nettoyer des territoires, en une sorte de grande équipe SWAT. Mais en fait, après la visite en Russie du Secrétaire général de l'OTAN Robertson, notre chef de l'Etat-major général, Anatoly Kvashnin, a décidé de faire de la guerre contre le terrorisme la tâche principale de notre armée. Je suis convaincu que l'armée russe devrait remplir trois missions. Premièrement, maintenir notre présence géopolitique dans des régions importantes. Deuxièmement, protéger la souveraineté du pays. Troisièmement, être la garantie de l'ordre constitutionnel. Disons comme en Turquie. Cette disposition devrait être écrite dans la constitution.
Bien entendu, la situation est très grave. Notre armée est littéralement en train de s'effondrer selon les districts. Et alors que le commandement fonctionne, que les réformes avancent et que les capacités de combat sont maintenues au niveau de l'époque soviétique, comme dans le district de Léningrad, dans d'autres… je ne donnerai aucun nom, mais dans un district, par exemple, ils ont perdu plusieurs milliers de camions qui ont disparu sans laisser de trace. Notre armée doit être reconstruite aujourd'hui, et sur des principes complètement différents.
Malheureusement, nous n'avons dans ce pays aucun modèle de réforme militaire. L'idée selon laquelle l'essentiel consiste à opérer une transition sur une base contractuelle relève d'une incompétence totale. La Russie n'a pas les capacités économiques pour cela. Je suis sûr que nous aurons un mélange de formations différentes, que des unités irrégulières de Cosaques vont finalement apparaître comme forces frontalières et futurs détachements de partisans afin d'entraver les forces d'un agresseur. Nous devons également penser à sauver le corps des officiers. Après tout, ce sont les officiers qui sont les seuls professionnels des arts militaires – ils contrôlent la violence. Tous les autres, les sous-officiers et les hommes du rang, sont juste les spécialistes de son application. Alors des gens complètement ignorants comme Nemtsov peuvent bien parler d'une "armée professionnelle". Les Américains ne comprennent pas de quoi il s'agit, car ils considèrent leur propre armée comme faite de volontaires.
Nous avons en définitive besoin de créer l'armée d'une Russie nouvelle, avec pour ce faire un nouveau "code génétique" – une idéologie d'Etat, un vrai professionnalisme et une éthique interne. Et je suis profondément convaincu que ceci est pour notre pays la principale leçon de la campagne irakienne.
La guerre en Irak vue de Russie,
interview du major-général Vladimirov
29 juin 2003
Comment les militaires russes considèrent-ils l'opération militaire alliée en Irak? L'entretien ci-dessous avec le major-général Vladimirov, mené par le journaliste Maxim Kalashnikov et publié dans le magazine économique Russkiy Predprinimatel, montre une dose importante de mauvaise foi et d'incompréhension, mais également une perspective originale qui mérite l'attention.
L'effondrement rapide de la machinerie politico-militaire irakienne sous les frappes américaines a découragé les cercles militaires russes. Mais les "intellectuels" pro-occidentaux de Russie ont au contraire été enchantés : regardez, disent-ils, il n'y a eu aucune bataille acharnée dans la capitale, il n'y a eu aucune guerre de partisans, et nos généraux experts se sont collectivement couverts de ridicule. Il n'y a aucune armée, disent-ils, plus forte ou plus intelligente que celle des Américains ! Sortons cependant du monde de la propagande, et essayons de tirer une évaluation des leçons irakienne pour notre pays.
«... Les Américains étaient si certains de leur supériorité militaire qu'ils s'attendaient à l'effondrement immédiat de l'armée irakienne et à la reddition en masse de ses unités. »
L'entretien ci-dessous a été mené avec le vice-président du Collège d'Experts Militaires, le major-général Aleksandr Vladimirov. Il a prédit au tout premier jour de l'opération que la campagne durerait environ un mois, et il a été 10 jours trop long [en fait, du Koweït à Tikrit, les forces armées US ont mis effectivement un mois, note du traducteur]. Ancien chef d'état-major et commandant remplaçant d'une armée, Vladimirov a servi en Extrême-Orient, en Allemagne, en Biélorussie et au Vietnam. Ancien conseiller militaire du Soviet Suprême et adepte de la théorie de la passion de Lev Gumilev, il considère les événements du point de vue du développement des civilisations et est l'auteur de plus de 80 ouvrages et publications.
Aleksandr Ivanovich, contre toute attente, et malgré l'expérience des attaques en Yougoslavie et en Afghanistan, les Américains n'ont pas cette fois mené une préparation aérienne des jours durant, et ont à la place lancé simultanément une opération terrestre et aérienne, comme en accord avec la doctrine Reagan de 1982 [on suppose que le journaliste fait ici allusion à la doctrine AirLand Battle développé par le TRADOC à cette époque, NDT]. Est-ce qu'ils contrôlaient vraiment les événements depuis le 19 mars, et n'avaient aucun doute sur leur capacité à soudoyer le Haut commandement de la Garde républicaine, après avoir brisé psychologiquement les derniers généraux irakiens ?
Je pense que les Américains n'ont pas tiré les leçons de leurs opérations précédentes, que ce soit dans le Golfe, en Yougoslavie ou en Afghanistan. Ils étaient si certains de leur supériorité militaire qu'ils s'attendaient à l'effondrement immédiat de l'armée irakienne et à la reddition en masse de ses unités. Les Américains avaient l'impression que les Kurdes et les Chiites allaient jouer le rôle de l'infanterie, comme l'Alliance du Nord en Afghanistan. Ils se sont trompés sur les deux points. Mais d'un autre côté, la troisième idée de leur plan – un complot dans l'entourage militaire de Saddam Hussein – a payé. Bien qu'après un certain délai.
Il convient de noter que la reconnaissance aérienne et spatiale américaine, survolant l'Irak de jour comme de nuit, n'a pas été en mesure de localiser toutes les forces. Les Irakiens ont tiré les conclusions de leur défaite en 1991, et ont été capables de bien se camoufler. Leur chars de combat n'ont toujours pas été trouvés, par exemple. [Ce point est manifestement contredit par le nombre d'images montrant des chars irakiens, détruits ou non, le long des axes d'attaque alliés, NDT]
Il ne s'agit pas de surestimer la puissance américaine. Ils sont toujours peu soigneux ! Cela est clairement apparu même à partir des reportages télévisés tournés dans les zones de combat – une large colonne s'arrête sur la route, et ces supermen professionnels, sans se soucier de leur sûreté, se mettent à dormir sous leurs chars [Vu la qualité et la supériorité des senseurs dans les formations américaines, cette quiétude est compréhensible, ce d'autant qu'aucune information n'a signalé d'unité attaquée de nuit par surprise, NDT]. Mais il faut admettre qu'ils ont appris en cours de route, et que leur supériorité technique et économique colossale a prédéterminé leur victoire.
Qu'avons-nous vu de nouveau en Irak ? La stratégie de la guerre "contractuelle" ou "achetée". C'est la raison pour laquelle les Américains n'ont pas détruit l'Irak avec des opérations aériennes prolongées sur plusieurs jours. Aujourd'hui, ce n'est un secret pour personne que des discussions avec les généraux irakiens ont été constamment menées. Comme dans les temps anciens, une grosse quantité d'or peut venir à bout d'une forteresse même inexpugnable. Le chemin de cette victoire a été littéralement pavé de dollars, et c'est au sens propre ce qui explique le succès américain – et non les armes de haute précision. Regardez avec quelle bravoure et quel acharnement les défenseurs de Bassorah ont tenu. Pourquoi ? Parce qu'ils ont été coupés de leurs commandants à Bagdad, et qu'ils n'ont pas reçu d'ordres à part ceux remis initialement.
Au contraire, une force majeure de la Garde républicaine à Karbala, à 100 km au sud de la capitale, et qui aurait pu frapper l'arrière et le flanc des forces américaines pendant la tempête de sable, est restée inactive [En fait, la tempête de sable n'a pas entravé l'action des chasseurs-bombardiers américains, et ces derniers ont justement exploité les mouvements irakiens durant cette période pour leur infliger des dégâts considérables, NDT]. C'est la raison pour laquelle les militaires irakiens n'ont pas détruit de pont ou de barrage. Et si vous vous rappelez la manière avec laquelle les Américains se sont concentrés à l'aéroport international… Même les lance-roquettes multiples dont était équipée la garnison de Bagdad (environ 40 Grads !) auraient été suffisants pour y déclencher un bain de sang. Les résultats de salves d'artillerie conventionnelle à partir d'emplacements dissimulés auraient été les mêmes [Encore aurait-il fallu pour cela que les unités irakiennes soient informées de la présence américaine à l'aéroport de Bagdad, et qu'elles parviennent à éviter les raids blindés menés en parallèle à son investissement, NDT].
Les Américains ont réussi à faire un deal, et l'armée irakienne de 400'000 hommes a reçu le droit de se "dissoudre". Il n'y pas eu de guerre au sens où nous entendons ce terme, et les hurlements de politiciens comme Nemtsov [Boris Nemtsov, leader du parti l'Union des Forces de Droite, NDT], selon lesquels les Américains ont démontré un exemple de l'art militaire moderne, reflètent une totale incompétence.
Mais peut-être avons-nous rencontré une méthode de guerre unique, dans laquelle les opérations de reconnaissance les pots-de-vins jouent le même rôle que les missiles de croisière et les formations de chars ? N'avons-nous pas vu quelque chose de similaire lorsque les Taliban se sont littéralement dissipés comme le brouillard matinal ? Une division spéciale de la CIA a atterri en Afghanistan à l'automne 2001, et les officiers de la CIA se sont comportés comme des combinards : ils avaient de larges sommes d'argent à leur disposition, afin d'engager des commandants locaux et de les maintenir sur la ligne de front…
Oui, vous avez raison. A peu près la même chose s'est produite lorsque les bandits de Basayev sont allés à Budennovsk pour l'argent, ou quand des terroristes tchétchènes, après avoir fermé les yeux de responsables moscovites avec des pots-de-vins, ont établi une base dans la capitale pour l'opération Nord-Ost [La prise d'otages géante d'un théâtre en octobre 2002, voir cet article, NDT]. Une guerre agressive demande des méthodes de bandit.
Je ne vois aucune innovation en matière de stratégie ou de tactique militaire dans le reste. Plus probablement, une sorte de crise dans la pensée militaire américaine est clairement évidente – puisqu'ils utilisent largement ce qui a déjà été créé.
Si nous devions réfléchir aux leçons de la campagne irakienne pour la Russie, alors nos Forces armées, à part le maintien de leur potentiel nucléaire stratégique, doivent maîtriser l'art de la manœuvre et du camouflage, en utilisant pour ce faire des moyens relativement simples. L'expérience de la Yougoslavie montre qu'un tel camouflage est possible : à l'époque, après tout, l'OTAN a été incapable de trouver les chars de Milosevic, encore moins de leur causer le moindre dommage [Les carcasses de M-84 calcinés retrouvés par la KFOR à son entrée au Kosovo amènent à relativiser le propos, mais le plus important est que les Etats-Unis ont probablement compris la faiblesse du ciblage uniquement aérien – raison pour laquelle, en Irak comme en Afghanistan, les contrôleurs aériens déployés au sol ont été la règle, NDT]. Les Yougoslaves ont simulé des chars en enfilant des bâtons dans des meules de foin, et les moyens high tech de reconnaissance américains "y ont cru". Des pertes énormes auraient attendu les Américains dans une opération terrestre si Milosevic avait tenu à la fin de 1999 [Une affirmation pour le moins discutable, NDT].
Il me semble que les Etats-Unis utilisent de manière créative l'expérience des commandants Rouges de notre propre guerre civile. Ces derniers, connaissant le pauvre niveau d'entraînement de leurs soldats, ont utilisé "l'usure de l'arrière" contre les armées Blanches avec l'aide de la propagande et des réseaux communistes. A la différence que maintenant l'usure est générée par les rites de la "démocratie coloniale" qui ont été plantés partout avec la destruction de l'honneur national, des objets sacrés et de la moralité, avec l'essor de la corruption de masse et de la pauvreté, en raison desquels de nombreuses personnes apparaissent prêtes à tout pour des dollars. De sorte que le commandant non-américain pense, "au diable tout cela – le principal est d'avoir assez de 'fric' pour une vie faite de filles et d'appartements de luxe." Et il apparaît que l'élément-clé de l'opposition à une agression américaine consiste à préserver la volonté de combattre, d'abord et avant tout dans la frange supérieure de l'armée et de la classe politique.
Je suis d'accord avec vous. La puissance de la volonté devient aujourd'hui le principal facteur de la guerre. Les Irakiens arabes ont prouvé qu'ils étaient loin derrière les Afghans, les Tchétchènes et les Palestiniens dans leur passion. Le régime dictatorial en Irak a de toute évidence sapé cette passion. Tout le malheur de tels systèmes est précisément que les niveaux supérieurs de l'armée peuvent être de professionnels, mais qu'ils n'ont ni honneur ni conscience, de même qu'aucune aptitude à prendre des décisions indépendantes. Ceci est également valable pour notre propre corps de commandement. Nous n'avons aucun problème avec les soldats, les capitaines et les colonels – ce que l'on ne peut malheureusement pas dire des généraux. La tendance négative dans la sélection des cadres en Russie continue à être marquante, et les mauvais choisissent eux-mêmes les mauvais. Il suffit de rappeler les scandales actuels de corruption et de manque de talent au sein du corps de commandement supérieur. Et ce n'est pas la faute de l'actuel Ministre de la Défense, Sergei Ivanov. Tout cela a commencé dans les dernières années soviétiques, et s'est développé de manière luxuriante pendant la première vague des "démocrates".
Mais pour élargir la perspective, nous devons apporter de grands changements à ce pays. La nouvelle Russie et la nouvelle armée doivent être construites simultanément…
Pouvons-nous supposer qu'une telle guerre attend aussi la Russie ? J'ai lu plusieurs articles de centres d'analyses occidentaux (la Rand Corporation, par exemple) qui redoutent que notre pays, en raison de la corruption et de la crise économique, va se transformer en refuge pour les capitaux du crime et l'infrastructure financière du terrorisme international dans les années 2010. Le monde entier affronterait la menace que les technologies militaires et les appareils nucléaires russes tombent entre les mains de terroristes, et des soldats devraient être engagés en Russie. Notre potentiel nucléaire se serait délabré et réduit dans des proportions indécemment basses, et ils nous administreraient aussi leur "choc et stupeur." Et ils achèteraient de nouveau les généraux, et la volonté serait tellement brisée que nul ne serait capable de décider l'usage d'armes nucléaires…
Que dites-vous donc ! Nous allons maintenir et moderniser notre potentiel nucléaire, même si nous ne le clamons pas à tous vents. Et je ne crois pas non plus à la possibilité d'une agression américaine directe – ils ne décideront pas de faire cela. La Russie n'est pas l'Irak, et les Russes ne sont pas des Arabes. Une incursion dans notre pays se transformerait aussitôt en une nouvelle Guerre Patriotique. Je suis certain qu'il n'y a aucune menace d'intervention militaire directe de la part des Etats-Unis. L'agression dans un sens figuratif, l'agression culturelle, avec l'implantation sur notre sol des valeurs américaines, est bien plus réaliste. Dans ce sens, nous pourrions vraiment perdre notre indépendance sans la perte de la souveraineté territoriale. Mais le problème ne sera pas résolu à l'aide des Forces armées – l'armée ne protège que le territoire, et ce sont les peuples qui doivent se battre pour leur survie historique.
Tous les calculs montrent que les Etats-Unis n'ont plus que 30 à 50 ans à vivre en tant que superpuissance. Leur pays devrait ensuite se déchirer sous son fardeau impérial et en raison de contradictions internes, alors qu'une guerre civile pourrait également éclater. Dans ce sens, Vladimir Vladimirovich Poutine avait raison lorsqu'il a dit qu'il ne souhaitait pas la défaite de l'Amérique. Le chaos dans ce pays, où se trouve tant d'armes de destruction massive, serait un cauchemar pour toute l'humanité. La Russie n'est toujours pas prête à s'inquiéter du problème suscité par le partage de l'héritage américain. En matière d'incursions directes, une bien plus grande menace à la Russie est posée par l'expansion d'une "mutation" particulièrement agressive de l'islam – le wahhabisme. Et j'aimerais encore souligner le danger des projets nationalistes et chauvins de la Chine, qui sont terrifiants pour la Russie en raison de leur masse physique.
Mais néanmoins, Aleksandr Ivanovich, le problème de la mauvaise sélection des généraux en Russie doit être résolu. Il ne va pas se résoudre de lui-même. Ou est-ce que tous les membres de l'Union des Forces de Droite qui pensent que l'introduction d'une armée de métier en Russie va automatiquement résoudre toutes ces questions ont raison ?
C'est l'un des principaux problèmes non seulement de la réforme militaire, mais également de l'administration étatique. Nous avons aujourd'hui besoin de purger le personnel et de créer une politique des cadres au niveau national. Nous avons besoin de promouvoir les tous meilleurs. Comment ? Si nous parlons des Forces armées, nous devons avoir un mécanisme pour la sélection des cadres qui ne soit au moins pas pire que celui du Parti communiste. Le Comité Central du Parti avait des départements qui géraient l'encadrement dans les structures du pouvoir, et j'ai par exemple moi-même eu le commandement d'une division à Staraya Ploshchad [Le quartier-général à Moscou du Parti communiste, NDT]. Ils nous y ont amenés à partir de commandants de bataillons, ils nous ont cultivés. Certes, je vous l'accorde, le Parti a péri en raison de sa rigidité, mais aujourd'hui la situation est encore pire, et il n'y a aucun mécanisme du tout pour la sélection des cadres.
Pour commencer, nous avons besoin de créer une administration militaire principale qui ne soit subordonnée qu'au Président de la Russie, et non au Ministère de la Défense. C'est elle – et non le Ministre de la Défense ! – qui devrait être concernée par la politique des cadres et la réforme militaire, et elle devrait vérifier précisément la situation réelle des troupes et leur aptitude au combat. Les fonctions de cette administration ne devraient pas être assumées par l'Etat-major général, parce que celui-ci a commis toutes sortes de gaffes ces dix dernières années. Peut-être cette politique des cadres nous protègera aussi contre l'apparition de "commandants de la Garde républicaine" à vendre comme les Irakiens, et nous mettrons des patriotes qui l'honneur, la conscience et la capacité de décider à la tête de nos troupes.
Mais à quoi ressembleront les futures Forces armées russes ? Nous ne parlons pas des Forces armées actuelles – ces restes en décomposition de l'Armée Soviétique. Il est clair que le pays est incapable de copier la puissante machinerie militaire des Etats-Unis.
Il est difficile de répondre tout de suite à cette question. Je vais affirmer fermement une chose – nous avons besoin des Forces armées aujourd'hui, et pas dans 30 ans. Nous ne pouvons en aucun cas nous transformer en un détachement antiterroriste destiné à nettoyer des territoires, en une sorte de grande équipe SWAT. Mais en fait, après la visite en Russie du Secrétaire général de l'OTAN Robertson, notre chef de l'Etat-major général, Anatoly Kvashnin, a décidé de faire de la guerre contre le terrorisme la tâche principale de notre armée. Je suis convaincu que l'armée russe devrait remplir trois missions. Premièrement, maintenir notre présence géopolitique dans des régions importantes. Deuxièmement, protéger la souveraineté du pays. Troisièmement, être la garantie de l'ordre constitutionnel. Disons comme en Turquie. Cette disposition devrait être écrite dans la constitution.
Bien entendu, la situation est très grave. Notre armée est littéralement en train de s'effondrer selon les districts. Et alors que le commandement fonctionne, que les réformes avancent et que les capacités de combat sont maintenues au niveau de l'époque soviétique, comme dans le district de Léningrad, dans d'autres… je ne donnerai aucun nom, mais dans un district, par exemple, ils ont perdu plusieurs milliers de camions qui ont disparu sans laisser de trace. Notre armée doit être reconstruite aujourd'hui, et sur des principes complètement différents.
Malheureusement, nous n'avons dans ce pays aucun modèle de réforme militaire. L'idée selon laquelle l'essentiel consiste à opérer une transition sur une base contractuelle relève d'une incompétence totale. La Russie n'a pas les capacités économiques pour cela. Je suis sûr que nous aurons un mélange de formations différentes, que des unités irrégulières de Cosaques vont finalement apparaître comme forces frontalières et futurs détachements de partisans afin d'entraver les forces d'un agresseur. Nous devons également penser à sauver le corps des officiers. Après tout, ce sont les officiers qui sont les seuls professionnels des arts militaires – ils contrôlent la violence. Tous les autres, les sous-officiers et les hommes du rang, sont juste les spécialistes de son application. Alors des gens complètement ignorants comme Nemtsov peuvent bien parler d'une "armée professionnelle". Les Américains ne comprennent pas de quoi il s'agit, car ils considèrent leur propre armée comme faite de volontaires.
Nous avons en définitive besoin de créer l'armée d'une Russie nouvelle, avec pour ce faire un nouveau "code génétique" – une idéologie d'Etat, un vrai professionnalisme et une éthique interne. Et je suis profondément convaincu que ceci est pour notre pays la principale leçon de la campagne irakienne.
C'est dans les plus grandes noirceur que l`on peu admirer la splendeur des étoiles!
Un autre article, très long mais intéressant.
Les dossiers déclassifiés de l'Union soviétique montrent que l'Irak n'a rien à voir avec le Vietnam
23 novembre 2003
La comparaison entre la situation irakienne et le conflit indochinois reste un lieu commun dans les médias. Pour l'analyste militaire russe Pavel Felgenhauer, le rôle déterminant joué par l'Union soviétique au Vietnam et l'absence de superpuissance opposée aujourd'hui aux Etats-Unis excluent cependant toute similitude.
Cinq hélicoptères américains se sont récemment écrasés en Irak, entraînant la mort de 39 soldats. Dans les six premiers mois de l'occupation, une moyenne de 20 militaires US ont été tués par mois suite à une action adverse. En novembre, cependant, les pertes ont augmenté de manière dramatique.
«... Il est ridicule de comparer l'Irak au Vietnam ou à l'Afghanistan. Aucune superpuissance ne fournit à la résistance irakienne des spécialistes militaires et de nouvelles armes ultra-performantes. »
La semaine passée, l'ancien sénateur démocrate Max Cleland, qui a perdu les deux jambes et le bras droit en combattant au Vietnam, a violemment attaqué la stratégie militaire de l'administration Bush, en affirmant que le conflit en Irak ressemble maintenant à la guerre du Vietnam. « Nous n'avons pas une stratégie pour gagner ou pour partir », a dit Cleland durant une réunion sur l'Irak à Arlington.
L'occupation de l'Irak est le premier engagement majeur de longue durée effectué par les Forces armées américaines depuis le Vietnam. Les souvenirs amers du bourbier indochinois sont aujourd'hui utilisés dans la plupart des critiques adressées à l'administration Bush dans le pays comme à l'étranger. Mais est-ce que l'analogie avec le Vietnam est précise ?
Le soutien de l'URSS
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La guerre du Vietnam était une bataille de la guerre froide dans laquelle l'influence russe a été décisive. Des dossiers soviétiques partiellement déclassifiés démontrent que 6359 officiers et généraux russes ont pris part aux opérations de combat au Vietnam. Les Soviétiques pilotaient des avions à réaction qui attaquaient les Américains et faisaient fonctionner des batteries de missiles antiaériens, tout en entraînant les Nord-Vietnamiens.
Les armes soviétiques les plus récentes étaient envoyées au Vietnam. Le chasseur MiG-21, le missile sol-air C-75 [SA-2 dans la terminologie OTAN, note du traducteur] et le lance-roquettes multiples Grad ont tous été employés en premier au Vietnam. Les ingénieurs de l'industrie militaire soviétique étaient envoyés au Vietnam pour contribuer à entretenir et à moderniser l'équipement. Dès que les Etats-Unis introduisaient des nouveautés qui modifiaient l'équilibre des forces sur le champ de bataille, les Russes produisaient à la hâte des modernisations idoines qui étaient expédiées au Vietnam. Et le tout gratuitement.
La guerre du Vietnam n'était pas une « lutte de libération populaire », comme l'a décrite la propagande communiste et anti-guerre. La campagne américaine pour gagner les cœurs et les esprits des Sud-Vietnamiens afin de gagner la guerre était sans objet dès le départ. En fait, la plupart des Sud-Vietnamiens soutenaient les Américains ou étaient neutres, mais leur opinion n'avait aucune importance : c'étaient les cœurs et les esprits des généraux russes et nord-vietnamiens, des membres du Politburo à Hanoi et à Moscou, qui étaient le facteur décisif. En 1975, ce n'étaient pas des « guérilleros » qui ont envahi le Sud en violant le traité de paix de Paris, mais 14 divisions nord-vietnamiennes qui ont écrasé l'armée sud-vietnamienne et pris Saigon avec des centaines de chars, de canons lourds et de missiles antiaériens.
Au total, plus de 8000 avions et hélicoptères américains ont été détruits, alors que près de 60'000 Américains et plus de 2 millions de Vietnamiens ont été tués. Mais les Etats-Unis ne pouvaient pas gagner au Vietnam sans battre d'abord le centre de gravité de la puissance ennemie : l'Union Soviétique. Les forces US ont sans cesse décimé les unités nord-vietnamiennes, mais celles-ci se repliaient et profitaient d'une sécurité relative pour se regrouper et réarmer. Le Vietnam était aussi impossible à gagner pour les Américains que la guerre des Soviétiques en Afghanistan.
Il est dès lors ridicule de comparer l'Irak au Vietnam ou à l'Afghanistan. Aucune superpuissance ne fournit à la résistance irakienne des spécialistes militaires et de nouvelles armes ultra-performantes. Ses capacités sont sérieusement limitées, et le niveau des pertes américaines est incomparable avec la saignée du Vietnam.
Aujourd'hui, il apparaît clairement que Saddam Hussein a anticipé la défaite de son armée et de sa Garde républicaine en combat frontal, et que des préparatifs ont été faits pour établir une résistance souterraine sous occupation. Le réseau de résistance de Hussein est parvenu à le maintenir en sécurité et à déclencher des attaques de guérilla. Il reçoit également le soutien de djihadistes et de radicaux anti-occidentaux.
Mais il est tout aussi clair que l'Irak n'est pas un nouveau Vietnam. La stratégie gagnante est évidente : tuer ou capturer Hussein, qui est le centre de gravité de la force ennemie ; et engager de nombreux Irakiens dans la police et le personnel de sécurité afin d'écraser l'insurrection, tout en fournissant un appui américain en matière de logistique et de puissance de feu.
Une large proportion de la population irakienne semble prête à soutenir les Américains dans sa confrontation avec les terroristes islamistes et les fidèles de Hussein. Les Etats-Unis ont déjà réussi à rassembler quelque 100'000 Irakiens armés, alors qu'en Tchétchénie les Russes n'ont pas plus de quelques milliers de collaborateurs après des années d'occupation.
La suprématie militaire globale des Etats-Unis garantit qu'aucune force armée étrangère ne va envahir l'Irak, comme cela s'est produit au Sud-Vietnam. Aujourd'hui, la « vietnamisation », c'est-à-dire la politique américaine consistant à armer les Sud-Vietnamiens pour se défendre eux-mêmes, pourrait bien réussir en Irak.
Les dossiers déclassifiés de l'Union soviétique montrent que l'Irak n'a rien à voir avec le Vietnam
23 novembre 2003
La comparaison entre la situation irakienne et le conflit indochinois reste un lieu commun dans les médias. Pour l'analyste militaire russe Pavel Felgenhauer, le rôle déterminant joué par l'Union soviétique au Vietnam et l'absence de superpuissance opposée aujourd'hui aux Etats-Unis excluent cependant toute similitude.
Cinq hélicoptères américains se sont récemment écrasés en Irak, entraînant la mort de 39 soldats. Dans les six premiers mois de l'occupation, une moyenne de 20 militaires US ont été tués par mois suite à une action adverse. En novembre, cependant, les pertes ont augmenté de manière dramatique.
«... Il est ridicule de comparer l'Irak au Vietnam ou à l'Afghanistan. Aucune superpuissance ne fournit à la résistance irakienne des spécialistes militaires et de nouvelles armes ultra-performantes. »
La semaine passée, l'ancien sénateur démocrate Max Cleland, qui a perdu les deux jambes et le bras droit en combattant au Vietnam, a violemment attaqué la stratégie militaire de l'administration Bush, en affirmant que le conflit en Irak ressemble maintenant à la guerre du Vietnam. « Nous n'avons pas une stratégie pour gagner ou pour partir », a dit Cleland durant une réunion sur l'Irak à Arlington.
L'occupation de l'Irak est le premier engagement majeur de longue durée effectué par les Forces armées américaines depuis le Vietnam. Les souvenirs amers du bourbier indochinois sont aujourd'hui utilisés dans la plupart des critiques adressées à l'administration Bush dans le pays comme à l'étranger. Mais est-ce que l'analogie avec le Vietnam est précise ?
Le soutien de l'URSS
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La guerre du Vietnam était une bataille de la guerre froide dans laquelle l'influence russe a été décisive. Des dossiers soviétiques partiellement déclassifiés démontrent que 6359 officiers et généraux russes ont pris part aux opérations de combat au Vietnam. Les Soviétiques pilotaient des avions à réaction qui attaquaient les Américains et faisaient fonctionner des batteries de missiles antiaériens, tout en entraînant les Nord-Vietnamiens.
Les armes soviétiques les plus récentes étaient envoyées au Vietnam. Le chasseur MiG-21, le missile sol-air C-75 [SA-2 dans la terminologie OTAN, note du traducteur] et le lance-roquettes multiples Grad ont tous été employés en premier au Vietnam. Les ingénieurs de l'industrie militaire soviétique étaient envoyés au Vietnam pour contribuer à entretenir et à moderniser l'équipement. Dès que les Etats-Unis introduisaient des nouveautés qui modifiaient l'équilibre des forces sur le champ de bataille, les Russes produisaient à la hâte des modernisations idoines qui étaient expédiées au Vietnam. Et le tout gratuitement.
La guerre du Vietnam n'était pas une « lutte de libération populaire », comme l'a décrite la propagande communiste et anti-guerre. La campagne américaine pour gagner les cœurs et les esprits des Sud-Vietnamiens afin de gagner la guerre était sans objet dès le départ. En fait, la plupart des Sud-Vietnamiens soutenaient les Américains ou étaient neutres, mais leur opinion n'avait aucune importance : c'étaient les cœurs et les esprits des généraux russes et nord-vietnamiens, des membres du Politburo à Hanoi et à Moscou, qui étaient le facteur décisif. En 1975, ce n'étaient pas des « guérilleros » qui ont envahi le Sud en violant le traité de paix de Paris, mais 14 divisions nord-vietnamiennes qui ont écrasé l'armée sud-vietnamienne et pris Saigon avec des centaines de chars, de canons lourds et de missiles antiaériens.
Au total, plus de 8000 avions et hélicoptères américains ont été détruits, alors que près de 60'000 Américains et plus de 2 millions de Vietnamiens ont été tués. Mais les Etats-Unis ne pouvaient pas gagner au Vietnam sans battre d'abord le centre de gravité de la puissance ennemie : l'Union Soviétique. Les forces US ont sans cesse décimé les unités nord-vietnamiennes, mais celles-ci se repliaient et profitaient d'une sécurité relative pour se regrouper et réarmer. Le Vietnam était aussi impossible à gagner pour les Américains que la guerre des Soviétiques en Afghanistan.
Il est dès lors ridicule de comparer l'Irak au Vietnam ou à l'Afghanistan. Aucune superpuissance ne fournit à la résistance irakienne des spécialistes militaires et de nouvelles armes ultra-performantes. Ses capacités sont sérieusement limitées, et le niveau des pertes américaines est incomparable avec la saignée du Vietnam.
Aujourd'hui, il apparaît clairement que Saddam Hussein a anticipé la défaite de son armée et de sa Garde républicaine en combat frontal, et que des préparatifs ont été faits pour établir une résistance souterraine sous occupation. Le réseau de résistance de Hussein est parvenu à le maintenir en sécurité et à déclencher des attaques de guérilla. Il reçoit également le soutien de djihadistes et de radicaux anti-occidentaux.
Mais il est tout aussi clair que l'Irak n'est pas un nouveau Vietnam. La stratégie gagnante est évidente : tuer ou capturer Hussein, qui est le centre de gravité de la force ennemie ; et engager de nombreux Irakiens dans la police et le personnel de sécurité afin d'écraser l'insurrection, tout en fournissant un appui américain en matière de logistique et de puissance de feu.
Une large proportion de la population irakienne semble prête à soutenir les Américains dans sa confrontation avec les terroristes islamistes et les fidèles de Hussein. Les Etats-Unis ont déjà réussi à rassembler quelque 100'000 Irakiens armés, alors qu'en Tchétchénie les Russes n'ont pas plus de quelques milliers de collaborateurs après des années d'occupation.
La suprématie militaire globale des Etats-Unis garantit qu'aucune force armée étrangère ne va envahir l'Irak, comme cela s'est produit au Sud-Vietnam. Aujourd'hui, la « vietnamisation », c'est-à-dire la politique américaine consistant à armer les Sud-Vietnamiens pour se défendre eux-mêmes, pourrait bien réussir en Irak.
C'est dans les plus grandes noirceur que l`on peu admirer la splendeur des étoiles!
Un autre! Bonne lecture!
La démocratie laïque à l'occidentale est devenue
le cauchemar irakien d’Al-Qaïda
7 septembre 2003
Les efforts américains pour instaurer une démocratie stable en Irak suscitent une immense inquiétude dans les rangs d’Al-Qaïda. Un livre récent publié par les fondamentalistes montre clairement leur haine de la laïcité.
«Ce n’est pas la machine de guerre américaine qui devrait en premier lieu inquiéter les musulmans. Ce qui menace le futur de l’islam, et en fait sa survie, c’est la démocratie américaine.» Tel est le message d’un nouveau livre qui vient d’être publié par Al-Qaïda dans plusieurs pays arabes.
L’auteur de ce livre, qui a pour titre «Le futur de l’Irak et de la péninsule arabique après la chute de Bagdad», est Youssouf al-Ayyeri, l’un des plus proches associés d’Oussama ben Laden depuis le début des années 90. Ce citoyen saoudien avait adopté Abu Mohammed comme nom de guerre, et il a tué dans une fusillade avec des forces de sécurité à Riyad en juin dernier.
«... Ce n'est pas la machine de guerre américaine qui devrait en premier lieu inquiéter les musulmans. Ce qui menace le futur de l'islam, et en fait sa survie, c'est la démocratie américaine. »
Le livre a été publié par le Centre de Recherche et d’Etudes Islamique, une société mise sur pieds en 1995 par ben Laden avec des succursales – maintenant fermées – à New York et à Londres. Durant les 8 derniers années, ce centre a publié plus de 40 ouvrages écrits par des «penseurs et chercheurs» d’Al-Qaïda, y compris des militants comme Ayman al-Zawahiri, le bras droit de ben Laden.
La conversion de l’humanité
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Al-Ayyeri s’est initialement fait un nom au milieu des années 90 en tant que commandant du camp Farouk, dans l’est de l’Afghanistan, où Al-Qaïda et les Taliban ont entraîné des milliers de «candidats au martyre.» Il explique que l’histoire de l’humanité est celle d’une «guerre perpétuelle entre croyants et mécréants.» Au fil des millénaires, tous deux sont apparus sont différentes formes.
En ce qui concerne la foi, sa forme ultime est représentée par l’islam, qui «annule toutes les autres religions et croyances.» Dès lors, les musulmans ne peuvent avoir qu’un seul but : convertir toute l’humanité à l’islam et «effacer les dernières traces des autres religions, croyances et idéologies.»
L’incroyance (kufr) a connu diverses apparences, mais un seul objectif : détruire la foi en Dieu. En Occident, l’incroyance est parvenue à faire oublier Dieu à une majorité de gens et à leur faire adorer le monde. L’islam, cependant, résiste à cette tendance parce que Allah a l’intention de lui donner la victoire finale.
Al-Ayyeri montre ensuite comment différentes formes d’incroyance ont attaqué le monde islamique au siècle dernier, pour être vaincues d’une manière ou d’une autre. La première forme d’incroyance à attaquer était le «modernisme» (hidatha), qui a mené à la destruction du califat et à l’émergence en terre islamique d’Etats basés sur les identités ethniques et les dimensions territoriales plutôt que la foi religieuse.
La deuxième était le nationalisme importé d’Europe, qui a divisé les musulmans en Arabes, Perses, Turcs et autres. Al-Ayyeri affirme que le nationalisme a maintenant été brisé dans presque toute la terre islamique. Il clame qu’un vrai musulman ne saurait être loyal envers un quelconque Etat-nation.
La troisième forme d’incroyance était le socialisme, qui comprend le communisme. Elle a également été battue et éliminée du monde musulman, déclare Al-Ayyeri. Il présente le baasisme, l’idéologie partisane que Saddam Hussein a fait régner sur l’Irak, comme la quatrième forme d’incroyance à affecter les musulmans, et en particulier les Arabes.
Le baasisme, qui est aussi l’idéologie officielle du régime syrien, offre aux Arabes un mélange de panarabisme et de socialisme comme alternative à l’islam. Al-Ayyeri écrit que les musulmans «devraient se réjouir de la destruction du baasisme en Irak. La fin de règne du Baas en Irak est bonne pour l’islam et pour les musulmans. Là où la bannière du Baas a chuté s’élèvera la bannière de l’islam.»
Le danger de la démocratie
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L’auteur note aussi comme «un paradoxe» le fait que toutes les formes d’incroyance ayant menacé l’islam ont été vaincues avec l’aide des puissances occidentales, et plus spécifiquement des Etats-Unis.
Le mouvement de modernisation du monde musulman a été définitivement discrédité lorsque les puissances impériales européennes ont exagéré leur domination en terre islamique, transformant ainsi ses élites occidentalisées en leurs «valets». Les nationalistes ont été battus et discrédités dans des guerres menées contre eux par différentes puissances occidentales ou, dans le cas du nassérisme en Egypte, par Israël.
L’Occident a également contribué à défaire le socialisme et le communisme dans le monde musulman. L’exemple le plus frappant s’est produit lorsque l’Amérique a aidé les moudjahidins afghans à détruire le régime communiste et pro-soviétique de Kaboul. Et à présent, les Etats-Unis et leurs alliés britanniques ont détruit le baasisme en Irak, et l’ont peut-être fatalement sapé en Syrie.
Ce que voit maintenant Al-Ayyeri, c’est un «champ de bataille net» sur lequel l’islam affronte une nouvelle forme d’incroyance. Il nomme celle-ci la «démocratie laïque.» Cette menace est «bien plus dangereuse pour l’islam» que toutes les précédentes additionnées. Il explique dans un chapitre entier que les raisons doivent en être trouvées dans les «capacités séductrices» de la démocratie.
Cette forme d’incroyance persuade les gens qu’ils sont responsables de leur propre destin et que, en utilisant leur intelligence collective, ils peuvent choisir leur politique et voter les lois qu’ils estiment bonnes. Ce qui les amène à ignorer les «lois inaltérables» promulguées par Dieu pour l’humanité toute entière, et codifiées dans la loi islamique jusqu’à la fin des temps.
Le but de la démocratie, selon Al-Ayyeri, est de faire en sorte que «les musulmans aiment ce monde, oublient le monde suivant et abandonnent le djihad.» Si elle était établie dans un pays musulman pendent une certaine période, la démocratie pourrait mener à la prospérité économique, ce qui à son tour rendrait les musulmans «peu disposés à mourir en martyrs» pour défendre leur foi.
Il affirme qu’il est vital d’empêcher toute normalisation et toute stabilisation en Irak. Les militants islamiques devraient s’assurer que les Etats-Unis ne parviennent pas à organiser des élections en Irak et à créer un gouvernement démocratique. «Si la démocratie s’installe en Irak, la prochaine cible [de la démocratisation] sera la totalité du monde musulman», écrit Al-Ayyeri.
L’idéologue d’Al-Qaïda affirme que le seul pays musulman déjà affecté par «le début de la démocratisation» et ainsi en «danger mortel» est la Turquie. «Voulons-nous que ce qui s’est produit en Turquie survienne dans tous les pays musulmans ?», demande-t-il. «Voulons-nous que les musulmans refusent de prendre part au djihad et se soumettent à la laïcité, ce mélange venu des Sionistes et des Croisés ?»
Al-Ayyeri écrit que l’Irak deviendra le tombeau de la démocratie laïque, exactement comme l’Afghanistan est devenu le tombeau du communisme. Son idée est que les Américains, confrontés à des pertes croissantes en Irak, vont «juste s’enfuir», comme l’ont fait les Soviétiques en Afghanistan. Ceci parce que les Américains aiment ce monde et ne s’inquiètent que de leur propre confort, alors que les musulmans rêvent des plaisirs que le martyre leur offre au paradis.
«Aujourd’hui, en Irak, il n’y a que deux camps», certifie Al-Ayyeri. «Nous avons un conflit entre deux visions du monde et du futur de l’humanité. Le camp prêt à accepter le plus de sacrifices va l’emporter.»
L’analyse d’Al-Ayyeri peuvent sembler naïve ; il se trompe en outre dans la plupart des faits qu’il mentionne. Mais il a raison lorsqu’il rappelle au monde que ce qui se produit en Irak pourrait affecter d’autres pays arabes – et, en fait, la totalité du monde musulman.
Texte original: Amir Taheri, "Al Qaeda's Agenda for Iraq", New York Post, 4.9.2003
Traduction et réécriture: Maj EMG Ludovic Monnerat
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@ 1998-2003 CheckPoint
Reproduction d'extraits avec mention de la provenance et de l'auteur
La démocratie laïque à l'occidentale est devenue
le cauchemar irakien d’Al-Qaïda
7 septembre 2003
Les efforts américains pour instaurer une démocratie stable en Irak suscitent une immense inquiétude dans les rangs d’Al-Qaïda. Un livre récent publié par les fondamentalistes montre clairement leur haine de la laïcité.
«Ce n’est pas la machine de guerre américaine qui devrait en premier lieu inquiéter les musulmans. Ce qui menace le futur de l’islam, et en fait sa survie, c’est la démocratie américaine.» Tel est le message d’un nouveau livre qui vient d’être publié par Al-Qaïda dans plusieurs pays arabes.
L’auteur de ce livre, qui a pour titre «Le futur de l’Irak et de la péninsule arabique après la chute de Bagdad», est Youssouf al-Ayyeri, l’un des plus proches associés d’Oussama ben Laden depuis le début des années 90. Ce citoyen saoudien avait adopté Abu Mohammed comme nom de guerre, et il a tué dans une fusillade avec des forces de sécurité à Riyad en juin dernier.
«... Ce n'est pas la machine de guerre américaine qui devrait en premier lieu inquiéter les musulmans. Ce qui menace le futur de l'islam, et en fait sa survie, c'est la démocratie américaine. »
Le livre a été publié par le Centre de Recherche et d’Etudes Islamique, une société mise sur pieds en 1995 par ben Laden avec des succursales – maintenant fermées – à New York et à Londres. Durant les 8 derniers années, ce centre a publié plus de 40 ouvrages écrits par des «penseurs et chercheurs» d’Al-Qaïda, y compris des militants comme Ayman al-Zawahiri, le bras droit de ben Laden.
La conversion de l’humanité
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Al-Ayyeri s’est initialement fait un nom au milieu des années 90 en tant que commandant du camp Farouk, dans l’est de l’Afghanistan, où Al-Qaïda et les Taliban ont entraîné des milliers de «candidats au martyre.» Il explique que l’histoire de l’humanité est celle d’une «guerre perpétuelle entre croyants et mécréants.» Au fil des millénaires, tous deux sont apparus sont différentes formes.
En ce qui concerne la foi, sa forme ultime est représentée par l’islam, qui «annule toutes les autres religions et croyances.» Dès lors, les musulmans ne peuvent avoir qu’un seul but : convertir toute l’humanité à l’islam et «effacer les dernières traces des autres religions, croyances et idéologies.»
L’incroyance (kufr) a connu diverses apparences, mais un seul objectif : détruire la foi en Dieu. En Occident, l’incroyance est parvenue à faire oublier Dieu à une majorité de gens et à leur faire adorer le monde. L’islam, cependant, résiste à cette tendance parce que Allah a l’intention de lui donner la victoire finale.
Al-Ayyeri montre ensuite comment différentes formes d’incroyance ont attaqué le monde islamique au siècle dernier, pour être vaincues d’une manière ou d’une autre. La première forme d’incroyance à attaquer était le «modernisme» (hidatha), qui a mené à la destruction du califat et à l’émergence en terre islamique d’Etats basés sur les identités ethniques et les dimensions territoriales plutôt que la foi religieuse.
La deuxième était le nationalisme importé d’Europe, qui a divisé les musulmans en Arabes, Perses, Turcs et autres. Al-Ayyeri affirme que le nationalisme a maintenant été brisé dans presque toute la terre islamique. Il clame qu’un vrai musulman ne saurait être loyal envers un quelconque Etat-nation.
La troisième forme d’incroyance était le socialisme, qui comprend le communisme. Elle a également été battue et éliminée du monde musulman, déclare Al-Ayyeri. Il présente le baasisme, l’idéologie partisane que Saddam Hussein a fait régner sur l’Irak, comme la quatrième forme d’incroyance à affecter les musulmans, et en particulier les Arabes.
Le baasisme, qui est aussi l’idéologie officielle du régime syrien, offre aux Arabes un mélange de panarabisme et de socialisme comme alternative à l’islam. Al-Ayyeri écrit que les musulmans «devraient se réjouir de la destruction du baasisme en Irak. La fin de règne du Baas en Irak est bonne pour l’islam et pour les musulmans. Là où la bannière du Baas a chuté s’élèvera la bannière de l’islam.»
Le danger de la démocratie
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L’auteur note aussi comme «un paradoxe» le fait que toutes les formes d’incroyance ayant menacé l’islam ont été vaincues avec l’aide des puissances occidentales, et plus spécifiquement des Etats-Unis.
Le mouvement de modernisation du monde musulman a été définitivement discrédité lorsque les puissances impériales européennes ont exagéré leur domination en terre islamique, transformant ainsi ses élites occidentalisées en leurs «valets». Les nationalistes ont été battus et discrédités dans des guerres menées contre eux par différentes puissances occidentales ou, dans le cas du nassérisme en Egypte, par Israël.
L’Occident a également contribué à défaire le socialisme et le communisme dans le monde musulman. L’exemple le plus frappant s’est produit lorsque l’Amérique a aidé les moudjahidins afghans à détruire le régime communiste et pro-soviétique de Kaboul. Et à présent, les Etats-Unis et leurs alliés britanniques ont détruit le baasisme en Irak, et l’ont peut-être fatalement sapé en Syrie.
Ce que voit maintenant Al-Ayyeri, c’est un «champ de bataille net» sur lequel l’islam affronte une nouvelle forme d’incroyance. Il nomme celle-ci la «démocratie laïque.» Cette menace est «bien plus dangereuse pour l’islam» que toutes les précédentes additionnées. Il explique dans un chapitre entier que les raisons doivent en être trouvées dans les «capacités séductrices» de la démocratie.
Cette forme d’incroyance persuade les gens qu’ils sont responsables de leur propre destin et que, en utilisant leur intelligence collective, ils peuvent choisir leur politique et voter les lois qu’ils estiment bonnes. Ce qui les amène à ignorer les «lois inaltérables» promulguées par Dieu pour l’humanité toute entière, et codifiées dans la loi islamique jusqu’à la fin des temps.
Le but de la démocratie, selon Al-Ayyeri, est de faire en sorte que «les musulmans aiment ce monde, oublient le monde suivant et abandonnent le djihad.» Si elle était établie dans un pays musulman pendent une certaine période, la démocratie pourrait mener à la prospérité économique, ce qui à son tour rendrait les musulmans «peu disposés à mourir en martyrs» pour défendre leur foi.
Il affirme qu’il est vital d’empêcher toute normalisation et toute stabilisation en Irak. Les militants islamiques devraient s’assurer que les Etats-Unis ne parviennent pas à organiser des élections en Irak et à créer un gouvernement démocratique. «Si la démocratie s’installe en Irak, la prochaine cible [de la démocratisation] sera la totalité du monde musulman», écrit Al-Ayyeri.
L’idéologue d’Al-Qaïda affirme que le seul pays musulman déjà affecté par «le début de la démocratisation» et ainsi en «danger mortel» est la Turquie. «Voulons-nous que ce qui s’est produit en Turquie survienne dans tous les pays musulmans ?», demande-t-il. «Voulons-nous que les musulmans refusent de prendre part au djihad et se soumettent à la laïcité, ce mélange venu des Sionistes et des Croisés ?»
Al-Ayyeri écrit que l’Irak deviendra le tombeau de la démocratie laïque, exactement comme l’Afghanistan est devenu le tombeau du communisme. Son idée est que les Américains, confrontés à des pertes croissantes en Irak, vont «juste s’enfuir», comme l’ont fait les Soviétiques en Afghanistan. Ceci parce que les Américains aiment ce monde et ne s’inquiètent que de leur propre confort, alors que les musulmans rêvent des plaisirs que le martyre leur offre au paradis.
«Aujourd’hui, en Irak, il n’y a que deux camps», certifie Al-Ayyeri. «Nous avons un conflit entre deux visions du monde et du futur de l’humanité. Le camp prêt à accepter le plus de sacrifices va l’emporter.»
L’analyse d’Al-Ayyeri peuvent sembler naïve ; il se trompe en outre dans la plupart des faits qu’il mentionne. Mais il a raison lorsqu’il rappelle au monde que ce qui se produit en Irak pourrait affecter d’autres pays arabes – et, en fait, la totalité du monde musulman.
Texte original: Amir Taheri, "Al Qaeda's Agenda for Iraq", New York Post, 4.9.2003
Traduction et réécriture: Maj EMG Ludovic Monnerat
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@ 1998-2003 CheckPoint
Reproduction d'extraits avec mention de la provenance et de l'auteur
C'est dans les plus grandes noirceur que l`on peu admirer la splendeur des étoiles!
Pourquoi pas un autre! Sous le sigle d'empire envahissant!
Le monde au travers du prisme américain
31 mai 2003
L'ingérence américaine sur le territoire irakien a fait l'objet d'une incompréhension généralisée de la part de l'opinion publique internationale. L'objectif de cet article est de définir la place des Etats-Unis dans un monde globalisé à l'américaine rythmé par le spectre omniprésent et multidimensionnel de cette hyperpuissance.
Les Etats-Unis se définissent-ils comme une puissance impériale régie par une géographie planétaire ? La sécularité de cette puissance est-elle annonciatrice d'un nouvel ordre géopolitique façonné à l'image de guerres de prospérité "déclarées" dans l'optique d'une redéfinition d'un monde globalisé ?
«... En éduquant les acteurs de l'Empire, il s'agit de marquer et défendre le territoire impérial, d'où découlent alliances et autres déploiements militaires. »
Controversée aujourd'hui par tous, en premier lieu par certains pays de l'Union Européenne dont en particulier la France, ce qui stigmatise ainsi la ligne fragmentaire entre les Etats-Unis et l'Union Européenne, la superpuissance américaine se savait fragile, elle s'est découverte vulnérable avec le 11 septembre 2001 et s'interroge aujourd'hui sur la préservation de sa puissance et surtout la reconstruction de son infaillibilité.
Une hégémonie multiple
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L'image consacrée d'impérialisme américain nous a poussé à croire que le XXIème siècle serait le siècle américain, omettant que le XXème siècle l'avait déjà été. Conforté par la victoire de 1945, le Président Roosevelt déclarait que les Etats-Unis seraient dorénavant LA puissance décisive, secondée par les Britanniques et les Chinois, dans ce qui serait "le siècle américain", l'Europe étant réduite à un "simple spectateur" dont le rôle resterait supplétif, les vieux Etats-nations d'Europe ne pouvant alors aspirer qu'aux rôles d'auxiliaires et de clients.
Les Etats-Unis suivent un schéma classique d'extension d'Empire et fondent leur pouvoir sur une vaste étendue par le biais d'une hiérarchie d'Etats vassaux, de colonies et de protectorats. Une logique de construction impériale où l'Empire se pense toujours au milieu de son monde. La référence appliquée est un modèle de démocratie d'Empire : plus le modèle politique est assimilé, plus l'Empire se diffuse. Cette politique conceptuelle justifie la puissance américaine au-delà de ses frontières.
Toute notion d'Empire implique une somme d'initiatives, de stratégies et de représentations, mais aussi la participation d'acteurs fondamentaux tels que l'Etat fédéral américain, les entreprises américaines, multinationales et souvent transnationales (à l'image de Microsoft comme empire décentralisé), les groupes de pression et autres collectivités (syndicats, associations, médias, lobbies comme instruments d'influences et de pouvoirs dans le système américain, à l'instar du lobby de la bourse qui a fait pression sur la politique de Bush car l'incertitude géopolitique pénalisait les investissements boursiers, d'où la nécessité impérative de déclencher l'offensive en Irak), puis les individus américains eux-mêmes.
En éduquant les acteurs de l'Empire, il s'agit de marquer et défendre le territoire impérial, d'où découlent alliances et autres déploiements militaires. Les investissements et enjeux commerciaux suivent et accompagnent les soldats de l'Empire dans un bel exemple de complémentarité des logiques géopolitiques et économiques. La finalité : hanter les territoires de sa présence, de sa puissance.
Puis dans une logique impériale classique, nous assistons à une utilisation du vecteur culturel, véhiculant "l'american way of life" dans une logique fondatrice : celle de la réduction des distances et différences de tous ordres. Dans cette optique, la communication - celle des Etats-Unis repose sur CNN et Internet – est utilisée dans un objectif d'acculturation générale des masses permettant la levée de grandes armées par le biais de la motivation et de l'adhésion de ces populations au système de valeurs américaines à travers ces outils informationnels (à l'image du jeu vidéo American War).
Tous les Empires se sont appuyés sur une organisation supérieure, celle-ci pouvant être civilisationnelle (à l'image de la Chine), citoyenne (Rome), militaire (Macédoine, Rome ou encore le joug Mongols et la période Timouride), culturelle ou religieuse, mais jamais un Empire ne recouvrait la totalité de l'éventail. Les Etats-Unis sont les premiers à recouvrir cet éventail en tant qu'Empire à travers une puissance civilisationnelle (symbole : jeans, Coca-Cola, Nike, …), une puissance citoyenne (générant la notion de citoyen US englobant ses droits et devoirs), et une puissance militaire hégémonique et incontestable, dans laquelle la stratégie du système américain hégémonisé repose sur une question d'ordre et de consentement. L'hégémonie américaine recouvre l'éventail du spectre, à savoir la domination multidimensionnelle des quatre segments : politique, économique, militaire, socioculturel.
Le modèle unique américain
--------------------------------------------------------------------------------
Les Etats-Unis aujourd'hui demeurent le modèle de modernité politique et la référence démocratique dans le monde. Il n'existe pas – ou plus – de modèle alternatif quant à une notion de liberté et de société démocratique depuis la chute du mur de Berlin. La conception du monde qui s'affirmera sera donc celle de l'universalisation de la démocratie à l'américaine (dans une approche auto-adaptative culturelle à travers la globalisation : chacun adapte la démocratie à son profit national). Le monde se globalise à l'américaine. La norme de démocratie n'est pas celle que l'on perçoit en Occident, elle sera auto-adaptative selon les Etats. L'Irak sera une démocratie. Cette démocratie sera nationaliste. Ce nationalisme sera arabe !
Ce nouvel ordre global est certes néo-impérial : un seul Empire est en construction sans autre puissance pour freiner sa volonté de globalisation. Il est surtout post-libéral dans une logique de continuité, tant il remet en cause les fondements du droit, de la souveraineté du système interétatique (ONU), voire du statut de la Raison face à l'arbitraire de la Force. Pour autant, c'est la Force qui fait la Loi, et non pas la Loi qui fait le monde puisqu'elle n'a pas empêché les attentats apocalyptiques du 11 septembre 2001 (thèse de Kagan) ! Sans doute est-ce là le point de rupture entre les Etats-Unis et la vieille Europe : pour les Etats-Unis, la guerre est redevenu un simple outil de régulation, c'est une "instance" de décision au même titre que la diplomatie – à l'image d'un organe décisionnel supra-national comme l'ONU ou l'OMC).
De la référence politique par son concept de liberté découle le leadership économique : économie de marché (loi de l'offre/demande), libéralisme économique, capitalisme, dollar et dollarisation des économies. Il existe un modèle de puissance économique inversée : ce n'est pas le monde qui a besoin de l'économie américaine mais plutôt l'économie américaine qui a besoin du monde. La dette publique américaine est supérieure à la somme de toutes les dettes publiques cumulées dans le monde : les Etats-Unis exportent des dollars et importent tout le reste ! Pour autant, l'image véhiculée de la réussite américaine demeure incontestée, y compris dans les endroits les plus opposés aux Etats-Unis – Palestine, Chine, Corée du Nord ou Cuba.
La puissance militaire américaine domine le spectre militaire mondial. Aujourd'hui, le budget américain en constante augmentation atteint les 3% du PIB, soit 400 milliards de dollars, tandis que les ventes d'armes américaines dans le monde sont supérieures à toutes les ventes d'armes confondues. Il s'agit souvent du versement d'un tribut vis-à-vis de la puissance dominante par les puissances "clientes". Le choix d'un système d'armes devient un choix non plus militaire, mais politique et stratégique d'un vassal à son suzerain. On est en droit de s'attendre à la construction d'un hégémon terrestre à l'image de l'intervention aéroterrestre déployée en Irak.
L'attrait du modèle américain reste dans le monde la référence de toutes générations confondues. Il existe bien un fort attrait pour l'Amérique, ce qui n'engendre pas l'adhésion à son système et à ses valeurs surtout lorsque l'on en est exclu. L'antiaméricanisme vient de ceux qui ne partagent pas les fruits de cette richesse, qui sont exclus de la mondialisation, des échanges et des symboles de la réussite, devant l'absence de modèle alternatif viable, et qui préfèrent alors annihiler cette richesse.
Ce sont les nouveaux "gueux" du monde, les frustrés, les punis, les démunis, d'une mondialisation aveugle. La contestation de la mondialisation est devenue une véritable menace stratégique. Pour donner corps à cette contestation, les idéologies et convictions religieuses servent de matrice et appellent ouvertement à la guerre sainte contre la globalisation, l'Occident, ses références et ses symboles.
Diviser pour régner
--------------------------------------------------------------------------------
Les Etats-Unis assumeront durablement la charge de façonner la configuration mondiale de l'intégration des pays, de leurs économies et de la globalisation. Pour autant, l'uniformité des valeurs ne sert plus cette cause. Les Etats-Unis adopteront alors une posture qui devrait tourner autour de 4 axiomes principaux : maintenir un ordre économique basé sur le libre échange, coordonner toutes les actions conjointes (y compris les actions militaires), équilibrer et répartir en fonction de leurs intérêts le pouvoir, et surtout museler toutes autres puissances régionales. Aucune autre ne doit émerger, et il s'agit par là d'entretenir l'infériorité des micro-entités régionales !
Ces guerres de demain se dérouleront dans un environnement particulier. Présents, les Etats-Unis détermineront le concept d'intervention ; absents, le concept d'intervention sera déterminé par leur absence du conflit, dictant les incompétences et limites du non-américain.
Il convient donc de s'interroger sur les intérêts de la domination américaine, qui pourraient alors reposer sur les principes séculaires de la société américaine : Liberté (qui se décline en liberté individuelle, d'entreprendre, de commercer), Prospérité, Sécurité (individuelle et de prospérité) ; droit de défendre leur prospérité et leurs richesses y compris chez eux. Quand ces principes seront menacés, alors découleront désordres et menaces stratégiques, ce qui impliquera intervention militaire, soit pour garantir la liberté de commercer, soit dans un but hégémonique et faire des Etats-Unis une puissance supra-nationale : le monde deviendrait américain par le biais de multiples remodelages.
Notamment le remodelage du Proche et Moyen-Orient, dont l'Irak est considérée comme la pierre angulaire de la zone, d'où découlerait les désordres mondiaux. La zone Proche et Moyen-Orientale détient les 2/3 des réserves pétrolières mondiales, et a comme épicentre l'Irak : qui détient l'Irak détient la zone. L'ingérence stratégique est une mainmise sur l'Arabie Saoudite, Syrie, Jordanie, Afghanistan, Pakistan, contrôle de la théocratie iranienne et de la Caspienne. Cette ingérence peut être perçue comme illégitime au niveau du droit international mais légitime au niveau politique interne, car les Etats-Unis sont basés sur un système de valeurs (Bien contre Mal) et non sur un système juridique (Lois).
Les Etats-Unis auraient alors une pensée non pas de domination mondiale, mais de domination multi-régionale : faire du monde une multi-régionalité ! Si l'ONU venait à se désagréger (enjeu de l'ONU : reconstruire la paix en Irak pour se redonner un rôle), les Etats-Unis deviendraient le seul acteur mondial car le seul à être présent dans tous les systèmes de régulation régionaux. Les adversaires deviennent régionaux, et si l'un d'entre eux aspire à devenir un prétendant mondial, il sera régionalement mis au pas.
Les Etats-Unis ont besoin de préserver et affirmer au monde leur statut de superpuissance en affrontant périodiquement des micro-puissances. Les Etats-Unis cherchent-ils à briser l'ordre mondial au profit d'un nouveau modèle international : un ordre multi-régional dans une logique de balkanisation du monde : Divise afin de régner ! Plus le monde est segmentarisé, plus il est facile à dominer. Le monde redevient le terrain d'un Jeu de puissances régionales !
En entretenant la faiblesse de ces acteurs régionaux, la balkanisation du système international implique des intérêts de prospérité, légitimant l'ingérence, prioritairement américaine quand cette prospérité fait défaut ou est amoindrie par des foyers d'agitations ou de contestations locales : il y a alors nécessité de rétablir l'ordre, dans un but de prospérité.
Ainsi, les Etats-Unis constituent progressivement aujourd'hui un Empire déterritorialisé. De là leur développement pragmatique (ils s'adaptent au milieu) pour assurer la prospérité économique par la préservation de l'ordre mondial. La logique est l'ordre pour la Prospérité, car la rupture des flux (économique, financier, commerciaux, informationnel, matières premières) à l'échelle de la planète est une menace grave. Peut-être la seule vraie menace actuelle pour nos puissances. Pour mieux contrôler les flux issus du Proche et Moyen-Orient, il fallait contrôler l'Irak.
Les Etats-Unis se positionnent ainsi en tant que vainqueur incontournable, mais dans des espaces étroitement définis et choisis pour leur intérêts et faisabilités. Ils se placent comme les maîtres du JEU mondial !
A ce sujet, Théodore Roosevelt déclarait un siècle plus tôt : "Il y a un rang dû aux Etats-Unis parmi les nations qui sera terni, si ce n'est perdu, par une réputation de faiblesse. Si nous voulons éviter l'insulte, il faut être capable d'y répondre; si nous voulons assurer la paix, un des instruments les plus puissants de notre prospérité croissante, nous devons faire savoir que nous sommes en permanence prêts pour la guerre". Ce à quoi Georges W. Bush aurait pu répliquer le 12 septembre 2001 en affirmant : "Ce conflit a commencé à l'heure et dans des conditions choisies par d'autres, il finira de la manière et à l'heure de notre choix" !
Séverine de la Guigneraye
Le monde au travers du prisme américain
31 mai 2003
L'ingérence américaine sur le territoire irakien a fait l'objet d'une incompréhension généralisée de la part de l'opinion publique internationale. L'objectif de cet article est de définir la place des Etats-Unis dans un monde globalisé à l'américaine rythmé par le spectre omniprésent et multidimensionnel de cette hyperpuissance.
Les Etats-Unis se définissent-ils comme une puissance impériale régie par une géographie planétaire ? La sécularité de cette puissance est-elle annonciatrice d'un nouvel ordre géopolitique façonné à l'image de guerres de prospérité "déclarées" dans l'optique d'une redéfinition d'un monde globalisé ?
«... En éduquant les acteurs de l'Empire, il s'agit de marquer et défendre le territoire impérial, d'où découlent alliances et autres déploiements militaires. »
Controversée aujourd'hui par tous, en premier lieu par certains pays de l'Union Européenne dont en particulier la France, ce qui stigmatise ainsi la ligne fragmentaire entre les Etats-Unis et l'Union Européenne, la superpuissance américaine se savait fragile, elle s'est découverte vulnérable avec le 11 septembre 2001 et s'interroge aujourd'hui sur la préservation de sa puissance et surtout la reconstruction de son infaillibilité.
Une hégémonie multiple
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L'image consacrée d'impérialisme américain nous a poussé à croire que le XXIème siècle serait le siècle américain, omettant que le XXème siècle l'avait déjà été. Conforté par la victoire de 1945, le Président Roosevelt déclarait que les Etats-Unis seraient dorénavant LA puissance décisive, secondée par les Britanniques et les Chinois, dans ce qui serait "le siècle américain", l'Europe étant réduite à un "simple spectateur" dont le rôle resterait supplétif, les vieux Etats-nations d'Europe ne pouvant alors aspirer qu'aux rôles d'auxiliaires et de clients.
Les Etats-Unis suivent un schéma classique d'extension d'Empire et fondent leur pouvoir sur une vaste étendue par le biais d'une hiérarchie d'Etats vassaux, de colonies et de protectorats. Une logique de construction impériale où l'Empire se pense toujours au milieu de son monde. La référence appliquée est un modèle de démocratie d'Empire : plus le modèle politique est assimilé, plus l'Empire se diffuse. Cette politique conceptuelle justifie la puissance américaine au-delà de ses frontières.
Toute notion d'Empire implique une somme d'initiatives, de stratégies et de représentations, mais aussi la participation d'acteurs fondamentaux tels que l'Etat fédéral américain, les entreprises américaines, multinationales et souvent transnationales (à l'image de Microsoft comme empire décentralisé), les groupes de pression et autres collectivités (syndicats, associations, médias, lobbies comme instruments d'influences et de pouvoirs dans le système américain, à l'instar du lobby de la bourse qui a fait pression sur la politique de Bush car l'incertitude géopolitique pénalisait les investissements boursiers, d'où la nécessité impérative de déclencher l'offensive en Irak), puis les individus américains eux-mêmes.
En éduquant les acteurs de l'Empire, il s'agit de marquer et défendre le territoire impérial, d'où découlent alliances et autres déploiements militaires. Les investissements et enjeux commerciaux suivent et accompagnent les soldats de l'Empire dans un bel exemple de complémentarité des logiques géopolitiques et économiques. La finalité : hanter les territoires de sa présence, de sa puissance.
Puis dans une logique impériale classique, nous assistons à une utilisation du vecteur culturel, véhiculant "l'american way of life" dans une logique fondatrice : celle de la réduction des distances et différences de tous ordres. Dans cette optique, la communication - celle des Etats-Unis repose sur CNN et Internet – est utilisée dans un objectif d'acculturation générale des masses permettant la levée de grandes armées par le biais de la motivation et de l'adhésion de ces populations au système de valeurs américaines à travers ces outils informationnels (à l'image du jeu vidéo American War).
Tous les Empires se sont appuyés sur une organisation supérieure, celle-ci pouvant être civilisationnelle (à l'image de la Chine), citoyenne (Rome), militaire (Macédoine, Rome ou encore le joug Mongols et la période Timouride), culturelle ou religieuse, mais jamais un Empire ne recouvrait la totalité de l'éventail. Les Etats-Unis sont les premiers à recouvrir cet éventail en tant qu'Empire à travers une puissance civilisationnelle (symbole : jeans, Coca-Cola, Nike, …), une puissance citoyenne (générant la notion de citoyen US englobant ses droits et devoirs), et une puissance militaire hégémonique et incontestable, dans laquelle la stratégie du système américain hégémonisé repose sur une question d'ordre et de consentement. L'hégémonie américaine recouvre l'éventail du spectre, à savoir la domination multidimensionnelle des quatre segments : politique, économique, militaire, socioculturel.
Le modèle unique américain
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Les Etats-Unis aujourd'hui demeurent le modèle de modernité politique et la référence démocratique dans le monde. Il n'existe pas – ou plus – de modèle alternatif quant à une notion de liberté et de société démocratique depuis la chute du mur de Berlin. La conception du monde qui s'affirmera sera donc celle de l'universalisation de la démocratie à l'américaine (dans une approche auto-adaptative culturelle à travers la globalisation : chacun adapte la démocratie à son profit national). Le monde se globalise à l'américaine. La norme de démocratie n'est pas celle que l'on perçoit en Occident, elle sera auto-adaptative selon les Etats. L'Irak sera une démocratie. Cette démocratie sera nationaliste. Ce nationalisme sera arabe !
Ce nouvel ordre global est certes néo-impérial : un seul Empire est en construction sans autre puissance pour freiner sa volonté de globalisation. Il est surtout post-libéral dans une logique de continuité, tant il remet en cause les fondements du droit, de la souveraineté du système interétatique (ONU), voire du statut de la Raison face à l'arbitraire de la Force. Pour autant, c'est la Force qui fait la Loi, et non pas la Loi qui fait le monde puisqu'elle n'a pas empêché les attentats apocalyptiques du 11 septembre 2001 (thèse de Kagan) ! Sans doute est-ce là le point de rupture entre les Etats-Unis et la vieille Europe : pour les Etats-Unis, la guerre est redevenu un simple outil de régulation, c'est une "instance" de décision au même titre que la diplomatie – à l'image d'un organe décisionnel supra-national comme l'ONU ou l'OMC).
De la référence politique par son concept de liberté découle le leadership économique : économie de marché (loi de l'offre/demande), libéralisme économique, capitalisme, dollar et dollarisation des économies. Il existe un modèle de puissance économique inversée : ce n'est pas le monde qui a besoin de l'économie américaine mais plutôt l'économie américaine qui a besoin du monde. La dette publique américaine est supérieure à la somme de toutes les dettes publiques cumulées dans le monde : les Etats-Unis exportent des dollars et importent tout le reste ! Pour autant, l'image véhiculée de la réussite américaine demeure incontestée, y compris dans les endroits les plus opposés aux Etats-Unis – Palestine, Chine, Corée du Nord ou Cuba.
La puissance militaire américaine domine le spectre militaire mondial. Aujourd'hui, le budget américain en constante augmentation atteint les 3% du PIB, soit 400 milliards de dollars, tandis que les ventes d'armes américaines dans le monde sont supérieures à toutes les ventes d'armes confondues. Il s'agit souvent du versement d'un tribut vis-à-vis de la puissance dominante par les puissances "clientes". Le choix d'un système d'armes devient un choix non plus militaire, mais politique et stratégique d'un vassal à son suzerain. On est en droit de s'attendre à la construction d'un hégémon terrestre à l'image de l'intervention aéroterrestre déployée en Irak.
L'attrait du modèle américain reste dans le monde la référence de toutes générations confondues. Il existe bien un fort attrait pour l'Amérique, ce qui n'engendre pas l'adhésion à son système et à ses valeurs surtout lorsque l'on en est exclu. L'antiaméricanisme vient de ceux qui ne partagent pas les fruits de cette richesse, qui sont exclus de la mondialisation, des échanges et des symboles de la réussite, devant l'absence de modèle alternatif viable, et qui préfèrent alors annihiler cette richesse.
Ce sont les nouveaux "gueux" du monde, les frustrés, les punis, les démunis, d'une mondialisation aveugle. La contestation de la mondialisation est devenue une véritable menace stratégique. Pour donner corps à cette contestation, les idéologies et convictions religieuses servent de matrice et appellent ouvertement à la guerre sainte contre la globalisation, l'Occident, ses références et ses symboles.
Diviser pour régner
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Les Etats-Unis assumeront durablement la charge de façonner la configuration mondiale de l'intégration des pays, de leurs économies et de la globalisation. Pour autant, l'uniformité des valeurs ne sert plus cette cause. Les Etats-Unis adopteront alors une posture qui devrait tourner autour de 4 axiomes principaux : maintenir un ordre économique basé sur le libre échange, coordonner toutes les actions conjointes (y compris les actions militaires), équilibrer et répartir en fonction de leurs intérêts le pouvoir, et surtout museler toutes autres puissances régionales. Aucune autre ne doit émerger, et il s'agit par là d'entretenir l'infériorité des micro-entités régionales !
Ces guerres de demain se dérouleront dans un environnement particulier. Présents, les Etats-Unis détermineront le concept d'intervention ; absents, le concept d'intervention sera déterminé par leur absence du conflit, dictant les incompétences et limites du non-américain.
Il convient donc de s'interroger sur les intérêts de la domination américaine, qui pourraient alors reposer sur les principes séculaires de la société américaine : Liberté (qui se décline en liberté individuelle, d'entreprendre, de commercer), Prospérité, Sécurité (individuelle et de prospérité) ; droit de défendre leur prospérité et leurs richesses y compris chez eux. Quand ces principes seront menacés, alors découleront désordres et menaces stratégiques, ce qui impliquera intervention militaire, soit pour garantir la liberté de commercer, soit dans un but hégémonique et faire des Etats-Unis une puissance supra-nationale : le monde deviendrait américain par le biais de multiples remodelages.
Notamment le remodelage du Proche et Moyen-Orient, dont l'Irak est considérée comme la pierre angulaire de la zone, d'où découlerait les désordres mondiaux. La zone Proche et Moyen-Orientale détient les 2/3 des réserves pétrolières mondiales, et a comme épicentre l'Irak : qui détient l'Irak détient la zone. L'ingérence stratégique est une mainmise sur l'Arabie Saoudite, Syrie, Jordanie, Afghanistan, Pakistan, contrôle de la théocratie iranienne et de la Caspienne. Cette ingérence peut être perçue comme illégitime au niveau du droit international mais légitime au niveau politique interne, car les Etats-Unis sont basés sur un système de valeurs (Bien contre Mal) et non sur un système juridique (Lois).
Les Etats-Unis auraient alors une pensée non pas de domination mondiale, mais de domination multi-régionale : faire du monde une multi-régionalité ! Si l'ONU venait à se désagréger (enjeu de l'ONU : reconstruire la paix en Irak pour se redonner un rôle), les Etats-Unis deviendraient le seul acteur mondial car le seul à être présent dans tous les systèmes de régulation régionaux. Les adversaires deviennent régionaux, et si l'un d'entre eux aspire à devenir un prétendant mondial, il sera régionalement mis au pas.
Les Etats-Unis ont besoin de préserver et affirmer au monde leur statut de superpuissance en affrontant périodiquement des micro-puissances. Les Etats-Unis cherchent-ils à briser l'ordre mondial au profit d'un nouveau modèle international : un ordre multi-régional dans une logique de balkanisation du monde : Divise afin de régner ! Plus le monde est segmentarisé, plus il est facile à dominer. Le monde redevient le terrain d'un Jeu de puissances régionales !
En entretenant la faiblesse de ces acteurs régionaux, la balkanisation du système international implique des intérêts de prospérité, légitimant l'ingérence, prioritairement américaine quand cette prospérité fait défaut ou est amoindrie par des foyers d'agitations ou de contestations locales : il y a alors nécessité de rétablir l'ordre, dans un but de prospérité.
Ainsi, les Etats-Unis constituent progressivement aujourd'hui un Empire déterritorialisé. De là leur développement pragmatique (ils s'adaptent au milieu) pour assurer la prospérité économique par la préservation de l'ordre mondial. La logique est l'ordre pour la Prospérité, car la rupture des flux (économique, financier, commerciaux, informationnel, matières premières) à l'échelle de la planète est une menace grave. Peut-être la seule vraie menace actuelle pour nos puissances. Pour mieux contrôler les flux issus du Proche et Moyen-Orient, il fallait contrôler l'Irak.
Les Etats-Unis se positionnent ainsi en tant que vainqueur incontournable, mais dans des espaces étroitement définis et choisis pour leur intérêts et faisabilités. Ils se placent comme les maîtres du JEU mondial !
A ce sujet, Théodore Roosevelt déclarait un siècle plus tôt : "Il y a un rang dû aux Etats-Unis parmi les nations qui sera terni, si ce n'est perdu, par une réputation de faiblesse. Si nous voulons éviter l'insulte, il faut être capable d'y répondre; si nous voulons assurer la paix, un des instruments les plus puissants de notre prospérité croissante, nous devons faire savoir que nous sommes en permanence prêts pour la guerre". Ce à quoi Georges W. Bush aurait pu répliquer le 12 septembre 2001 en affirmant : "Ce conflit a commencé à l'heure et dans des conditions choisies par d'autres, il finira de la manière et à l'heure de notre choix" !
Séverine de la Guigneraye
C'est dans les plus grandes noirceur que l`on peu admirer la splendeur des étoiles!
Très intéressant, surtout le dernier article sur l'hégémonie étasunienne, Doc.
Le premier article russe est de la bouillie pour les chats.
Les opérations au sol, on s'en fout. C'est le portrait d'ensemble qui est intéressant.
Alors, qu'en penses-tu? Tu es pro-Bushé?
Le premier article russe est de la bouillie pour les chats.
Les opérations au sol, on s'en fout. C'est le portrait d'ensemble qui est intéressant.
Alors, qu'en penses-tu? Tu es pro-Bushé?
Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. (Jean de la Fontaine)
Velero a écritTrès intéressant, surtout le dernier article sur l'hégémonie étasunienne, Doc.
Le premier article russe est de la bouillie pour les chats.
Les opérations au sol, on s'en fout. C'est le portrait d'ensemble qui est intéressant.
Alors, qu'en penses-tu? Tu es pro-Bushé?
Disons que je ne suis pas fermé a rien! Je suis contre les régime américains; 1 président = 2 guerres par mendat. Et je suis contre les dictatures pro-irakien ou n'importe quel dictature mené par une armé.
Ces article sont des point de vue, je ne me ferme jamais sur une seule affirmation. Mes profs d'histoire pourait te le confirmer. Les prof d'histoire sont souvent des politiciens non accomplis bouché des deux bouts et qui croit que la vérité leur appartien. Je suis simplement jamais fixé sur les mêmes idées que les autres.
Le premier article russe est de la bouillie pour les chats.
Les opérations au sol, on s'en fout. C'est le portrait d'ensemble qui est intéressant.
Alors, qu'en penses-tu? Tu es pro-Bushé?
Disons que je ne suis pas fermé a rien! Je suis contre les régime américains; 1 président = 2 guerres par mendat. Et je suis contre les dictatures pro-irakien ou n'importe quel dictature mené par une armé.
Ces article sont des point de vue, je ne me ferme jamais sur une seule affirmation. Mes profs d'histoire pourait te le confirmer. Les prof d'histoire sont souvent des politiciens non accomplis bouché des deux bouts et qui croit que la vérité leur appartien. Je suis simplement jamais fixé sur les mêmes idées que les autres.
C'est dans les plus grandes noirceur que l`on peu admirer la splendeur des étoiles!
La guerre contre l'Irak vue par les Américains
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Contrairement aux résultats de certains sondages affirmant qu'au moins 60 % des Américains soutiendraient une guerre contre l'Irak, la réalité est qu'en dehors de Washington, une grande majorité de la population s'oppose non seulement à toute action militaire visant à renverser Saddam Hussein, mais souhaite également que le gouvernement aborde les problèmes réels - ceux que la campagne militaire est censée faire oublier : krach des marchés, dépression économique qui va s'accélérant, montée du chômage et baisse du niveau de vie.
Cette réalité est reflétée dans la presse régionale, qui abonde en critiques contre la guerre en Irak. Le 27 septembre, le Minneapolis Star Tribune écrivait dans son éditorial : « Pour le Congrès, la seule manière de faire son travail comme il faut, c'est de reporter l'adoption de la résolution jusqu'après les élections d'automne. » Pour ce quotidien du Minnesota, il faut ouvrir un débat en profondeur sur différents points et éviter une répétition de l'incident du golfe de Tonkin, qui conduisit à une guerre ayant coûté la vie à plus de 58 000 Américains. « La résolution [du golfe de Tonkin] était en somme une déclaration de guerre contre le Nord-Vietnam. (...) Par la suite, il a été prouvé que l'attaque dans le golfe du Tonkin n'avait pas eu lieu. Cet exemple illustre la raison pour laquelle les membres du Congrès ont la lourde responsabilité de poser des questions difficiles à propos de l'Irak. » Sous le titre « Une attaque contre l'Irak serait une erreur », le Capital Times de Madison (Wisconsin) a publié, le 26 septembre, une tribune libre avertissant que les Etats-Unis sont sur le point de « commettre une terrible erreur », à savoir, « approuver une attaque dévastatrice contre une nation qui ne constitue pas une menace immédiate ou lourde contre l'existence de notre pays. »
C'est l'opposition populaire massive à la politique de guerre du président Bush qui a forcé le débat au Congrès et au Sénat. Bien que le point de vue de Bush l'ait emporté et que la Chambre et le Sénat aient tous deux approuvé, le 10 octobre, la résolution autorisant le Président à utiliser la force contre l'Irak, la résistance exprimée au Sénat en particulier a été courageuse et étayée par des arguments de fond. C'est le sénateur démocrate Byrd (Virginie de l'Ouest), âgé de 84 ans, qui en a pris la tête et il était prêt à lancer une procédure d'obstruction (filibuster) pour empêcher le vote sur la résolution. Mais pour cela, il lui aurait fallu l'appui de 41 sénateurs, or seulement 25 de ses collègues, contre 75, l'ont soutenu. Nombre de démocrates ont rallié les rangs de Bush, à commencer par le président de la majorité au Sénat, Tom Daschle, qui a manoeuvré pour faire adopter immédiatement la résolution de la Maison Blanche. En fin de compte, le 10 octobre, elle a été votée par 77 sénateurs contre 23.
Le même jour, dans une tribune libre du New York Times, le sénateur Byrd déplorait la « précipitation dans la guerre ». Pour lui, le débat au Congrès s'est réduit à un « exercice de style » pour mieux accorder au Président « l'autorité pratiquement illimitée d'engager l'armée de la nation dans une action non provoquée contre une nation souveraine ». Il a encore une fois fustigé l'idée même de « la doctrine Bush de guerre préventive et de frappes préventives », conseillant aux « membres du Congrès de rentrer chez eux et de prendre le temps d'écouter leur base ». Lui-même avait reçu, avant le 8 octobre, 9000 appels téléphoniques de soutien à son combat contre la résolution.
De nombreux journalistes ont fait écho à l'analyse de Byrd sur l'état d'esprit des Américains. Début octobre, le commentateur de l'IHT, Richard Reeves, écrivait de Washington : « Le courrier que je reçois, ainsi que celui de nombreux membres du Congrès, est nettement orienté contre le président George W. Bush et sa volonté de nous faire faire la guerre à l'Irak ». Et Michael Geltler admettait dans le Washington Post du 6 octobre que son quotidien avait passé sous silence d'importantes initiatives politiques contre la guerre, notamment des manifestations ayant rassemblé des centaines de milliers de personnes à Londres. Il a ajouté : « Les sondages d'opinion rapportent que le président jouit d'un fort soutien général (61 %) pour sa politique d'action militaire contre l'Irak. Mais le courrier que je reçois (...) ne reflète pas ces chiffres. (...) Beaucoup (...) sont très inquiets par la perspective de lancer une guerre (...). »
La « victoire » de Bush pourrait s'avérer une victoire à la Pyrrhus. Loin de diminuer, l'opposition populaire à la guerre va au contraire se renforcer, et Bush pourrait être la première victime des élections de novembre - sans parler des présidentielles de 2004. Plusieurs observateurs de la politique à Washington ont noté que Bush pourrait en fait suivre les pas de son père qui a mené la guerre mais perdu le pouvoir politique, en raison de son mépris total pour les problèmes réels de sa population, à commencer par l'économie.
C'est ainsi que dans le New York Post du 8 octobre, sous le titre « Le Président risque de répéter l'erreur de papa », on peut lire : « Le président Bush fait face à de nombreux problèmes intérieurs - depuis la fermeture des ports sur la côte ouest, qui coûte 2 milliards de dollars par jour à l'économie, jusqu'à une vague de scandales de sociétés et une nation d'investisseurs en état de choc, qui ont perdu 7500 milliards de dollars de titres financiers. En accordant une telle importance à l'Irak, Bush risque de tomber dans le même piège que le premier président Bush : donner l'impression qu'il néglige les problèmes intérieurs. » Un analyste politique, James Thurber, a noté : « Le père s'est tellement focalisé sur la Tempête du désert qu'il a fini par oublier que les gens s'inquiètent vraiment de leur portefeuille. »
Toutefois, la défaite politique probable de Bush ne se traduirait pas par une victoire pour les démocrates. Au contraire, en refusant de s'attaquer aux véritables problèmes de sa base, ce parti - du moins sa direction officielle actuelle - s'est discrédité. Selon le Washington Post du 10 octobre, en mettant la guerre sur le devant de la scène au lieu des questions économiques, les démocrates perdent du terrain. L'article cite une dirigeante du comité national du Parti démocrate, Donna Brazile : « Notre base libérale veut que nous nous levions et défions Bush sur la guerre. »
Le quotidien affirme que les contributions financières au Parti démocrate, en particulier au DNC, ont chuté, en raison de l'opposition populaire à la politique de guerre. Certains craignent que les démocrates n'aillent même pas aux urnes en novembre, puisque leurs dirigeants les ignorent. Si c'est le cas, ils risquent de perdre leur majorité au Sénat (une seule voix) et de demeurer minoritaires à la Chambre.
Cependant, le courant du Parti démocrate dirigé par Lyndon LaRouche gagne en force et en soutien, précisément parce qu'il aborde les questions réelles, proposant depuis longtemps des solutions pour les résoudre. L'organisation de campagne de LaRouche a sérieusement mobilisé contre la perspective de guerre, en dénonçant les intentions stratégiques du parti de la guerre et en exposant le lien de cette dynamique avec l'effondrement de l'économie. Sans cette intervention, la bataille qui a eu lieu, en particulier au Sénat, aurait été impensable. Compte tenu de l'attitude de fuite de Daschle et des dirigeants du Parti démocrate, LaRouche représente désormais le seul leadership crédible.
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Contrairement aux résultats de certains sondages affirmant qu'au moins 60 % des Américains soutiendraient une guerre contre l'Irak, la réalité est qu'en dehors de Washington, une grande majorité de la population s'oppose non seulement à toute action militaire visant à renverser Saddam Hussein, mais souhaite également que le gouvernement aborde les problèmes réels - ceux que la campagne militaire est censée faire oublier : krach des marchés, dépression économique qui va s'accélérant, montée du chômage et baisse du niveau de vie.
Cette réalité est reflétée dans la presse régionale, qui abonde en critiques contre la guerre en Irak. Le 27 septembre, le Minneapolis Star Tribune écrivait dans son éditorial : « Pour le Congrès, la seule manière de faire son travail comme il faut, c'est de reporter l'adoption de la résolution jusqu'après les élections d'automne. » Pour ce quotidien du Minnesota, il faut ouvrir un débat en profondeur sur différents points et éviter une répétition de l'incident du golfe de Tonkin, qui conduisit à une guerre ayant coûté la vie à plus de 58 000 Américains. « La résolution [du golfe de Tonkin] était en somme une déclaration de guerre contre le Nord-Vietnam. (...) Par la suite, il a été prouvé que l'attaque dans le golfe du Tonkin n'avait pas eu lieu. Cet exemple illustre la raison pour laquelle les membres du Congrès ont la lourde responsabilité de poser des questions difficiles à propos de l'Irak. » Sous le titre « Une attaque contre l'Irak serait une erreur », le Capital Times de Madison (Wisconsin) a publié, le 26 septembre, une tribune libre avertissant que les Etats-Unis sont sur le point de « commettre une terrible erreur », à savoir, « approuver une attaque dévastatrice contre une nation qui ne constitue pas une menace immédiate ou lourde contre l'existence de notre pays. »
C'est l'opposition populaire massive à la politique de guerre du président Bush qui a forcé le débat au Congrès et au Sénat. Bien que le point de vue de Bush l'ait emporté et que la Chambre et le Sénat aient tous deux approuvé, le 10 octobre, la résolution autorisant le Président à utiliser la force contre l'Irak, la résistance exprimée au Sénat en particulier a été courageuse et étayée par des arguments de fond. C'est le sénateur démocrate Byrd (Virginie de l'Ouest), âgé de 84 ans, qui en a pris la tête et il était prêt à lancer une procédure d'obstruction (filibuster) pour empêcher le vote sur la résolution. Mais pour cela, il lui aurait fallu l'appui de 41 sénateurs, or seulement 25 de ses collègues, contre 75, l'ont soutenu. Nombre de démocrates ont rallié les rangs de Bush, à commencer par le président de la majorité au Sénat, Tom Daschle, qui a manoeuvré pour faire adopter immédiatement la résolution de la Maison Blanche. En fin de compte, le 10 octobre, elle a été votée par 77 sénateurs contre 23.
Le même jour, dans une tribune libre du New York Times, le sénateur Byrd déplorait la « précipitation dans la guerre ». Pour lui, le débat au Congrès s'est réduit à un « exercice de style » pour mieux accorder au Président « l'autorité pratiquement illimitée d'engager l'armée de la nation dans une action non provoquée contre une nation souveraine ». Il a encore une fois fustigé l'idée même de « la doctrine Bush de guerre préventive et de frappes préventives », conseillant aux « membres du Congrès de rentrer chez eux et de prendre le temps d'écouter leur base ». Lui-même avait reçu, avant le 8 octobre, 9000 appels téléphoniques de soutien à son combat contre la résolution.
De nombreux journalistes ont fait écho à l'analyse de Byrd sur l'état d'esprit des Américains. Début octobre, le commentateur de l'IHT, Richard Reeves, écrivait de Washington : « Le courrier que je reçois, ainsi que celui de nombreux membres du Congrès, est nettement orienté contre le président George W. Bush et sa volonté de nous faire faire la guerre à l'Irak ». Et Michael Geltler admettait dans le Washington Post du 6 octobre que son quotidien avait passé sous silence d'importantes initiatives politiques contre la guerre, notamment des manifestations ayant rassemblé des centaines de milliers de personnes à Londres. Il a ajouté : « Les sondages d'opinion rapportent que le président jouit d'un fort soutien général (61 %) pour sa politique d'action militaire contre l'Irak. Mais le courrier que je reçois (...) ne reflète pas ces chiffres. (...) Beaucoup (...) sont très inquiets par la perspective de lancer une guerre (...). »
La « victoire » de Bush pourrait s'avérer une victoire à la Pyrrhus. Loin de diminuer, l'opposition populaire à la guerre va au contraire se renforcer, et Bush pourrait être la première victime des élections de novembre - sans parler des présidentielles de 2004. Plusieurs observateurs de la politique à Washington ont noté que Bush pourrait en fait suivre les pas de son père qui a mené la guerre mais perdu le pouvoir politique, en raison de son mépris total pour les problèmes réels de sa population, à commencer par l'économie.
C'est ainsi que dans le New York Post du 8 octobre, sous le titre « Le Président risque de répéter l'erreur de papa », on peut lire : « Le président Bush fait face à de nombreux problèmes intérieurs - depuis la fermeture des ports sur la côte ouest, qui coûte 2 milliards de dollars par jour à l'économie, jusqu'à une vague de scandales de sociétés et une nation d'investisseurs en état de choc, qui ont perdu 7500 milliards de dollars de titres financiers. En accordant une telle importance à l'Irak, Bush risque de tomber dans le même piège que le premier président Bush : donner l'impression qu'il néglige les problèmes intérieurs. » Un analyste politique, James Thurber, a noté : « Le père s'est tellement focalisé sur la Tempête du désert qu'il a fini par oublier que les gens s'inquiètent vraiment de leur portefeuille. »
Toutefois, la défaite politique probable de Bush ne se traduirait pas par une victoire pour les démocrates. Au contraire, en refusant de s'attaquer aux véritables problèmes de sa base, ce parti - du moins sa direction officielle actuelle - s'est discrédité. Selon le Washington Post du 10 octobre, en mettant la guerre sur le devant de la scène au lieu des questions économiques, les démocrates perdent du terrain. L'article cite une dirigeante du comité national du Parti démocrate, Donna Brazile : « Notre base libérale veut que nous nous levions et défions Bush sur la guerre. »
Le quotidien affirme que les contributions financières au Parti démocrate, en particulier au DNC, ont chuté, en raison de l'opposition populaire à la politique de guerre. Certains craignent que les démocrates n'aillent même pas aux urnes en novembre, puisque leurs dirigeants les ignorent. Si c'est le cas, ils risquent de perdre leur majorité au Sénat (une seule voix) et de demeurer minoritaires à la Chambre.
Cependant, le courant du Parti démocrate dirigé par Lyndon LaRouche gagne en force et en soutien, précisément parce qu'il aborde les questions réelles, proposant depuis longtemps des solutions pour les résoudre. L'organisation de campagne de LaRouche a sérieusement mobilisé contre la perspective de guerre, en dénonçant les intentions stratégiques du parti de la guerre et en exposant le lien de cette dynamique avec l'effondrement de l'économie. Sans cette intervention, la bataille qui a eu lieu, en particulier au Sénat, aurait été impensable. Compte tenu de l'attitude de fuite de Daschle et des dirigeants du Parti démocrate, LaRouche représente désormais le seul leadership crédible.
C'est dans les plus grandes noirceur que l`on peu admirer la splendeur des étoiles!
Un autre qui pourait vous faire sourire;
L'influence de LaRouche dans le débat sur l'Irak
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A mesure que l'opposition et le scepticisme vis-à-vis de la guerre en Irak prennent de l'ampleur, le rôle catalyseur joué par le mouvement larouchiste apparaît de plus en plus clairement dans le pays.
Début octobre, LaRouche a proposé que les Nations unies mettent sur pied une commission spéciale chargée d'enquêter sur la santé mentale du président et du vice-président américains. Cet appel est reflété dans un commentaire en ligne de l'écrivain non-conformiste Ariana Huffington, qui évoque les bizarres changements d'attitude de la Maison-Blanche à propos du 11 septembre, ainsi que de son obsession démesurée pour Saddam Hussein : « Les gens sous l'emprise du stress régressent souvent à des stades de développement antérieurs. Il semble que Bush soit tellement déterminé à « avoir » Saddam, qu'il soit pris de manière si obsessive par le besoin de réussir là où son héros de papa a échoué, qu'il soit si résolu à mettre l'attaque meurtrière du 11 septembre sur le dos de Bagdad, qu'il a régressé au niveau de l'enfance où les fantasmes, la réalité et les désirs se confondent. A cette différence près que cette fois-ci, ce sont des choses comme les armes nucléaires et la sécurité du monde pour les prochaines décennies qui sont en jeu. Je ne suis pas psychologue, mais je pense qu'il y a une expression pour cet état : il a craqué. »
Citons aussi un article du magazine Harper's (octobre 2002), un des piliers de « l'establishment libéral » aux Etats-Unis. Sous le titre « La route de Babylone », le rédacteur Lewis Lapaham écrit que pour comprendre le désir obsessif du gouvernement de faire la guerre à l'Irak, il est utile de lire Guerres du Péloponnèse de l'historien grec Thucydide. Notant que le vice-président Dick Cheney et le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld sont fascinés par l'idée romantique d'une « puissance impériale », il raconte : « Je me suis dit que le moment était venu de relire l'histoire des guerres du Péloponnèse de Thucydide. (...) Je me suis souvenu qu'Athènes avait corrompu sa démocratie et entraîné la ruine de son empire en entreprenant la folie de conquérir la Sicile. (...) Quand je suis arrivé aux chapitres pertinents (le débat à l'assemblée athénienne), c'était comme si je lisais la Une du New York Times ou le Defense Planning Guidance du Pentagone. (...) De crainte d'être considérées comme non patriotes s'ils votaient contre, les quelques personnes qui étaient réellement opposées à l'expédition sont donc restées silencieuses. » Lapaham conclut en comparant la décision des Athéniens, embarqués dans cette aventure autodestructrice, à la certitude utopiste du Pentagone de sa « force écrasante ».
Le 1er septembre 2002, lors d'une conférence de l'Institut Schiller près de Washington, Helga Zepp-LaRouche avait elle-même comparé la stratégie américaine actuelle à la descrption par Thucydide de l'empire athénien. Par la suite, Lyndon LaRouche y a souvent fait référence dans sa polémique contre la politique folle de l'administration Bush.
L'influence de LaRouche dans le débat sur l'Irak
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A mesure que l'opposition et le scepticisme vis-à-vis de la guerre en Irak prennent de l'ampleur, le rôle catalyseur joué par le mouvement larouchiste apparaît de plus en plus clairement dans le pays.
Début octobre, LaRouche a proposé que les Nations unies mettent sur pied une commission spéciale chargée d'enquêter sur la santé mentale du président et du vice-président américains. Cet appel est reflété dans un commentaire en ligne de l'écrivain non-conformiste Ariana Huffington, qui évoque les bizarres changements d'attitude de la Maison-Blanche à propos du 11 septembre, ainsi que de son obsession démesurée pour Saddam Hussein : « Les gens sous l'emprise du stress régressent souvent à des stades de développement antérieurs. Il semble que Bush soit tellement déterminé à « avoir » Saddam, qu'il soit pris de manière si obsessive par le besoin de réussir là où son héros de papa a échoué, qu'il soit si résolu à mettre l'attaque meurtrière du 11 septembre sur le dos de Bagdad, qu'il a régressé au niveau de l'enfance où les fantasmes, la réalité et les désirs se confondent. A cette différence près que cette fois-ci, ce sont des choses comme les armes nucléaires et la sécurité du monde pour les prochaines décennies qui sont en jeu. Je ne suis pas psychologue, mais je pense qu'il y a une expression pour cet état : il a craqué. »
Citons aussi un article du magazine Harper's (octobre 2002), un des piliers de « l'establishment libéral » aux Etats-Unis. Sous le titre « La route de Babylone », le rédacteur Lewis Lapaham écrit que pour comprendre le désir obsessif du gouvernement de faire la guerre à l'Irak, il est utile de lire Guerres du Péloponnèse de l'historien grec Thucydide. Notant que le vice-président Dick Cheney et le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld sont fascinés par l'idée romantique d'une « puissance impériale », il raconte : « Je me suis dit que le moment était venu de relire l'histoire des guerres du Péloponnèse de Thucydide. (...) Je me suis souvenu qu'Athènes avait corrompu sa démocratie et entraîné la ruine de son empire en entreprenant la folie de conquérir la Sicile. (...) Quand je suis arrivé aux chapitres pertinents (le débat à l'assemblée athénienne), c'était comme si je lisais la Une du New York Times ou le Defense Planning Guidance du Pentagone. (...) De crainte d'être considérées comme non patriotes s'ils votaient contre, les quelques personnes qui étaient réellement opposées à l'expédition sont donc restées silencieuses. » Lapaham conclut en comparant la décision des Athéniens, embarqués dans cette aventure autodestructrice, à la certitude utopiste du Pentagone de sa « force écrasante ».
Le 1er septembre 2002, lors d'une conférence de l'Institut Schiller près de Washington, Helga Zepp-LaRouche avait elle-même comparé la stratégie américaine actuelle à la descrption par Thucydide de l'empire athénien. Par la suite, Lyndon LaRouche y a souvent fait référence dans sa polémique contre la politique folle de l'administration Bush.
C'est dans les plus grandes noirceur que l`on peu admirer la splendeur des étoiles!