Le Protocole de Montréal est un accord international qui vise à éliminer les substances destructrices de l'ozone. Parmi celles-ci se trouvent le bromure de méthyle, un pesticide chimique particulièrement toxique. Ce pesticide contribue considérablement à la destruction de la couche d'ozone. Les États-Unis sont en train d'ignorer leur engagement de réduire son utlisation.
Ce qu'il faut savoir à propos du bromure de méthyle
La toxicité du bromure de méthyle
Le bromure de méthyle (BM, aussi appelé bromométhane) n'est pas une substance inerte ou sans danger. Le BM constitue un pesticide des plus efficaces justement parce qu'il est extrêmement toxique et tue une très large gamme d'organismes. Les autorités étatsuniennes, par exemple, classent le BM parmi les toxines les plus dangereuses dans sa liste des « produits toxiques aigus de catégorie I » (Hathaway et Giudice, 1996).
De nombreux pays considèrent que le BM est un produit chimique hautement toxique. Son transport, son entreposage, sa manipulation et son usage sont restreints (OMS, 1995). Le MBTOC (Comité des technologies de remplacement du bromure de méthyle) a noté que : « L'utilisation du BM est restreinte parce que ce pesticide est toxique pour les êtres humains. De nombreux pays restreignent l'application du BM à des fumigateurs formés et autorisés et spécifient l'équipement de sécurité approprié et les périodes d'aérage requises pour l'élimination des gaz résiduels après un traitement. De plus, plusieurs pays se sont dotés de mesures de contrôle strictes sur les concentrations permises au travail et lors des fumigations dans l'environnement » (MBTOC, 1994).
Le Programme international sur la sécurité des substances chimiques (PISC ou IPCS en anglais) de l'Organisation mondiale de la santé rapporte que le bromure de méthyle est neurotoxique (c'est-à-dire qu'il a un effet toxique sur le système nerveux) et un irritant sévère des yeux et des voies respiratoires (IPCS, 1994). Le PISC note que si le bromure de méthyle est déversé, il « peut causer la mort s'il est inhalé » (IPCS, 1994).
L'Occupational Safety and Health Administration (OSHA) des États-Unis a noté que : « Watrous (1942) a décrit les nausées, les vomissements et les maux de tête de 90 travailleurs qui avaient été exposés pendant deux semaines à des concentrations ‘généralement inférieures' à 35 ppm. Ces symptômes indiquent qu'il faut créer une TLV [valeur limite d'exposition, VLE] pour protéger les travailleuses et travailleurs contre les nausées, les vomissements et les maux de tête (qui lorsque pris ensemble constituent une importante dégradation de la santé) liés à de faibles niveaux d'exposition. Comme ces symptômes sont généralement différés, il se peut que les travailleurs et travailleuses ne soient pas suffisamment informés à propos de la neurotoxicité potentielle de cette substance, ce qui vient renforcer ce besoin de fixer une TLV. » (OSHA, 1989).
Une étude des maladies liées aux pesticides en Californie (1949-1988) affirme que : « Tout au long de la période d'étude, les inhibiteurs de cholinestérase et le bromure de méthyle étaient le plus souvent en cause dans les empoisonnements systémiques professionnels sérieux » (Maddy et al, 1990). En 1989, l'OSHA a rapporté que « le bromure de méthyle a été responsable de plus de décès que les composés organophosphorés chez les travailleurs et travailleuses exposés en Californie. L'on pense que le bromure de méthyle possède une toxicité potentielle plus élevée que d'autres bromures organiques parce que sa plus grande lipophilie [affinité pour les graisses] lui donne un accès accru au cerveau. »
Parmi les organisations qui qualifient le BM de cancérogène potentiel, on trouve :
National Institute for Occupational Safety and Health des États-Unis : cancérogène professionnel potentiel, conclusion fondée sur des études expérimentales réalisées sur des animaux (tumeurs des poumons, des reins et du préestomac) (NIOSH, 1996)
Centre international de recherche sur le cancer : Cancérogène potentiel du groupe 3 basé sur des études expérimentales sur des animaux (CIRC, 1999)
Autriche : classé cancérogène présumé, 1999 (RTECS, 2000)
Allemagne : classé cancérogène, 1999 (RTECS, 2000)
Une nouvelle étude étatsunienne portant sur 55 330 fumigateurs a conclu qu'il existe une forte corrélation statistique entre l'utilisation du BM et le cancer de la prostate (Alavanja et al, 2003). Cette étude a déclenché la révision de la sécurité du BM dans plusieurs pays. Des restrictions plus sévères pourraient être imposées sur l'utilisation du BM dans des pays dotés de programmes actifs de réduction de l'utilisation des cancérogènes.
Ozone et bromure de méthyle
Bromure de méthyle: 11 pays développés obtiennent une exemption
MONTREAL - Onze pays développés ont été exemptés de leur obligation d'arrêter totalement au 1er janvier 2005 l'utilisation du bromure de méthyle, comme le prévoyait le protocole de Montréal. Ce pesticide agricole est reconnu comme nuisible à la couche d'ozone.
- Depuis mercredi la communauté internationale tentait à Montréal de dégager un compromis sur ce pesticide. "Nous avons un accord", a déclaré le porte-parole de cette réunion sous l'égide du Programme des Nations unies pour l'Environnement (PNUE), Michael Williams.
Ces pays, l'Australie, la Belgique, le Canada, la France, la Grèce, l'Italie, le Japon, le Portugal, l'Espagne, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, pourront continuer d'utiliser le bromure de méthyle en 2005, mais de façon très restreinte, a-t-il dit.
Les exemptions accordées pour 2005 portent en tout sur 13 438 tonnes de bromure de méthyle. En 2001, les 34 pays les plus développés en avaient utilisé 23 488 tonnes et les autres Etats 18 058 tonnes.
"La meilleure façon pour les gouvernements de respecter l'intégrité du protocole de Montréal est d'envoyer un signal puissant aussi bien aux producteurs qu'aux utilisateurs que le bromure de méthyle n'a pas d'avenir", a déclaré dans un communiqué le directeur exécutif du PNUE, Klaus Toepfer.
Le protocole de Montréal, conclu en 1987 sous les auspices du PNUE, vise à l'élimination des substances jugées responsables du trou observé dans la couche d'ozone de la moyenne atmosphère (entre 20 et 50 km de la Terre), qui protège la planète des rayons ultra-violets du soleil.
L'interdiction du bromure de méthyle y a été ajoutée en 1992. Il est utilisé pour la fumigation des cultures agricoles à forte valeur, la lutte contre les parasites et le traitement en quarantaine des produits agricoles de base destinés à l'export.
MONTREAL - Onze pays développés ont été exemptés de leur obligation d'arrêter totalement au 1er janvier 2005 l'utilisation du bromure de méthyle, comme le prévoyait le protocole de Montréal. Ce pesticide agricole est reconnu comme nuisible à la couche d'ozone.
- Depuis mercredi la communauté internationale tentait à Montréal de dégager un compromis sur ce pesticide. "Nous avons un accord", a déclaré le porte-parole de cette réunion sous l'égide du Programme des Nations unies pour l'Environnement (PNUE), Michael Williams.
Ces pays, l'Australie, la Belgique, le Canada, la France, la Grèce, l'Italie, le Japon, le Portugal, l'Espagne, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, pourront continuer d'utiliser le bromure de méthyle en 2005, mais de façon très restreinte, a-t-il dit.
Les exemptions accordées pour 2005 portent en tout sur 13 438 tonnes de bromure de méthyle. En 2001, les 34 pays les plus développés en avaient utilisé 23 488 tonnes et les autres Etats 18 058 tonnes.
"La meilleure façon pour les gouvernements de respecter l'intégrité du protocole de Montréal est d'envoyer un signal puissant aussi bien aux producteurs qu'aux utilisateurs que le bromure de méthyle n'a pas d'avenir", a déclaré dans un communiqué le directeur exécutif du PNUE, Klaus Toepfer.
Le protocole de Montréal, conclu en 1987 sous les auspices du PNUE, vise à l'élimination des substances jugées responsables du trou observé dans la couche d'ozone de la moyenne atmosphère (entre 20 et 50 km de la Terre), qui protège la planète des rayons ultra-violets du soleil.
L'interdiction du bromure de méthyle y a été ajoutée en 1992. Il est utilisé pour la fumigation des cultures agricoles à forte valeur, la lutte contre les parasites et le traitement en quarantaine des produits agricoles de base destinés à l'export.
Remplacer le bromure de méthyle : pour protéger la couche d'ozone
L'une des principales substances menaçant actuellement la couche d'ozone qui entoure la Terre est un pesticide puissant, le bromure de méthyle, qui joue un rôle crucial dans les économies du Sud fondées sur les cultures commerciales. Selon un rapport publié récemment par Les Amis de la Terre, un organisme international voué à la protection de l'environnement, il est possible de remplacer le bromure de méthyle par des substances dont l'adoption serait peu coûteuse pour les producteurs.
Le rapport porte sur la faisabilité technique et économique du remplacement du bromure de méthyle dans les pays du Sud. Il présente les résultats d'un projet de recherche international qui a examiné les modes d'utilisation du bromure de méthyle au Chili, en Thaïlande et au Zimbabwe. On y compare les coûts et les rendements du bromure de méthyle et des produits de remplacement. Puis on détermine les solutions de rechange les plus réalisables sur le plan technique. Enfin, les chercheurs évaluent les obstacles empêchant l'adoption des produits de remplacement offrant un bon rapport coût-efficacité, de même que les conditions susceptibles de favoriser une telle adoption.
L'étude a été financée par le Centre de recherches pour le développement international (CRDI), Environnement Canada, la Direction de la coopération au développement et de l'aide humanitaire de la Suisse, Friends of the Earth USA, Les Amis de la Terre Canada, et Agriculture et Agroalimentaire Canada.
D'une grande toxicité
Le bromure de méthyle, un fongicide très toxique, vient au second rang des pesticides les plus appliqués dans le monde. Utilisé surtout pour les cultures d'exportation de grande valeur destinées aux marchés d'Amérique du Nord, d'Asie de l'Est et d'Europe (tomates, poivrons, raisins, fraises, tabac et fleurs), il sert également à protéger les céréales entreposées. Il détruit un vaste éventail de ravageurs dont les insectes, les vers et les micro-organismes pathogènes.
Le bromure de méthyle a toutefois des effets néfastes sur l'environnement. Une fois pulvérisé sur les cultures, il rejoint la haute atmosphère où il endommage la couche d'ozone qui a pour rôle d'empêcher les rayons ultraviolets (UV) d'atteindre la surface de la Terre. Bien que sa durée de vie soit plus courte que celle des chlorofluorocarbones (CFC) — une famille mieux connue de composés qui appauvrissent la couche d'ozone —, le bromure de méthyle détruit les molécules d'ozone cinquante fois plus rapidement que les CFC. Dans une évaluation scientifique effectuée en 1994, l'Organisation météorologique mondiale concluait que la mesure la plus indiquée que pourraient prendre les gouvernements pour protéger la couche d'ozone serait d'interdire progressivement l'usage du bromure de méthyle.
Une élimination par étapes
En 1995, les pays industrialisés convenaient de cesser graduellement la production et l'usage du bromure de méthyle d'ici l'an 2010 pour respecter le Protocole de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche d'ozone. Pourtant, à cause de l'importance que revêt ce produit pour leur économie agricole, les pays en développement sont plus réticents à s'engager dans cette voie. C'est que les exportateurs du Sud font face à un problème : les marchés étrangers n'importent que des denrées agricoles qui ont été traitées contre les ravageurs et les micro-organismes pathogènes.
Selon le rapport des Amis de la Terre, 98 pour 100 de la récolte de tabac du Zimbabwe, dont la valeur à l'exportation atteignait 530 millions de dollars américains en 1994-1995, fait l'objet d'un traitement au bromure de méthyle. On se sert aussi de ce pesticide dans la culture des fleurs, des fruits et des légumes (dont le poivron doux). Et le Chili fait de même pour ses cultures de tomates et de poivrons.
Une gamme de substituts
Le rapport précise qu'il n'y a pas de produit unique pouvant remplacer, à lui seul, le bromure de méthyle. On trouve plutôt tout un éventail de solutions. On choisira celle qui convient en fonction de la culture ou de l'application en cause. Pour certains fruits et légumes, les agriculteurs pourraient adopter un système de lutte intégrée contre les ravageurs. Cette lutte reposerait, entre autres, sur des variétés résistant aux prédateurs, sur une rotation des cultures, sur des pesticides naturels obtenus à partir de plantes et sur des microbes bénéfiques. Dans d'autres cas, un traitement à la vapeur convient davantage. Les études démontrent que cette technique, qui consiste à faire chauffer de l'eau à 150 degrés Celsius et à l'appliquer aux sols, peut être aussi efficace que le bromure de méthyle. Tout en coûtant la moitié du prix!
Il faut aussi considérer l'expédition des produits et protéger ceux-ci contre tous les types d'infestations, fongiques et autres. Le rapport recommande en ce cas le recours à la technique de l'atmosphère contrôlée qui filtre tous les gaz que l'on retrouve dans l'air, sauf l'azote, tuant ainsi les insectes par asphyxie. Parmi les autres solutions, mentionnons les bains d'eau chaude et les traitements à la vapeur, à l'air chaud et sec ou à l'air froid.
Le rapport laisse entendre que l'adoption de produits de remplacement non seulement serait avantageuse pour l'environnement mais pourrait aussi être une source de croissance économique. L'une des principales possibilités qui s'offrent est l'essor de nouvelles industries dans les pays en développement pour approvisionner les marchés locaux et extérieurs en produits de remplacement et pour fournir les services connexes, y affirme-t-on.[g]