La liberté retrouvée de Nathalie Simard
Maxime Coutié
La Presse
Ils ont fait la manchette des journaux durant l'année et puis... oups! plus rien. La Presse profite de l'été pour rencontrer ceux et celles qui ont tenu en haleine les maniaques d'information. Aujourd'hui, Nathalie Simard, qui, après sa sortie médiatisée, profite d'un repos bien mérité.
Il y a deux sortes de silence. Celui, dévastateur, dans lequel Nathalie Simard s'est trop longtemps emmurée. Et il y a l'autre, plus sain, qui suit généralement la tempête.
C'est ce type de silence que souhaite retrouver Nathalie Simard cet été. Isolée, à l'abri des regards, dans un chalet des Hautes-Laurentides, elle profite des petits plaisirs que lui offre la nature. Ski nautique, baignade, équitation... Elle souffle un peu.
« Je suis dépassée par les événements, avoue-t-elle. Des tas de gens viennent me voir. La plupart d'entre eux ont été agressés. C'est de la folie. Je savais que ma sortie publique allait faire beaucoup de bruit, mais jamais je n'aurais cru que ça allait avoir autant d'impact. Je suis contente de ça. »
Et ce n'est pas fini. L'histoire de Nathalie Simard, racontée par le journaliste Michel Vastel, sortira en librairie à l'automne. Suivra la mise sur pied de sa fondation, dont le rôle précis auprès des victimes de pédophiles reste à définir. « Je veux prendre le temps de faire les choses correctement. Et de bâtir une fondation solide qui me suivra toute ma vie. Ce projet-là, je l'ai vraiment à coeur. »
Tirée à quatre épingles dans son tailleur bleu marin, Nathalie Simard tient une forme resplendissante. Le teint hâlé, les cheveux blonds, elle a gardé de son visage d'enfant ses petits yeux espiègles qui s'illuminent quand elle rit. « Je suis encore fragile. Mais je vais mieux. Beaucoup mieux », dit-elle dans un sourire éclatant.
À 36 ans, l'ancienne reine du Village de Nathalie, celle qui faisait l'envie de toutes les petites filles de son âge, découvre enfin la liberté. « C'est extraordinaire. Je réapprends à vivre. Et j'ai enfin la chance de m'accomplir. Je ne suis plus au service de personne. Avant, j'étais bloquée. J'avais des clôtures de barbelés partout autour de moi. J'étais emprisonnée dans un système où je n'avais pas le droit de parole. Tout était géré. Toutes les sphères de ma vie étaient dirigées par cet homme-là. »
« Cet homme-là », auquel elle fait souvent allusion sans le nommer, c'est bien sûr Guy Cloutier. Son ancien agent. Son père spirituel, condamné à la prison pour agressions sexuelles sur une mineure. Nathalie a beau dire que « justice a été rendue », rien ne pourra effacer les douloureux souvenirs de l'enfance.
« Je ne borde jamais ma fille le soir. J'aimerais le faire, mais j'en suis incapable, confie-t-elle. Moi, j'ai souvent été bordée, et je n'ai pas aimé la façon dont je l'ai été. Ma fille me le demande souvent. Mais je ne peux pas. Je n'y arrive tout simplement pas. »
Une démarche pleinement assumée
Il aura fallu 25 ans à Nathalie Simard pour dénoncer son agresseur. « Ça a été long, dit-elle. Trop long. Et c'est pour ça que j'ai choisi de parler publiquement. Pour encourager les autres victimes à briser le silence. Parce que toucher à un enfant, c'est dégueulasse. Ça brise une vie. Et pour plusieurs, c'est une mort lente. »
S'afficher publiquement, c'est aussi s'exposer aux critiques. Quand on lui demande si elle ne craint pas la surenchère médiatique, Mme Simard hausse le ton pour la première fois de l'entrevue. Et tape du poing sur la table pour justifier sa thérapie publique. « Mon geste est positif, insiste-t-elle. Ce que certains peuvent en penser, je m'en fous. L'important, c'est que, si ça peut aider une seule personne, moi, j'aurai accompli quelque chose de gros dans ma vie. »
Puis elle ajoute: « J'ai toujours agi en fonction des autres. Maintenant, je pense à moi. Et j'ai un message à passer. Mon message, il est important, il est capital, il est vital. Alors je vis avec. Et je vis très bien avec ça. »
Et tant pis s'il faut pour cela se servir des médias. « J'aime mieux être associée à la cause que je défends plutôt qu'à une bouteille de ketchup! Je ne fais pas ça pour faire parler de moi. D'ailleurs, le jour où j'en aurai assez, je m'en irai. Et vous n'entendrez plus jamais parler de moi. »
D'ici là, pas question pour elle de remonter dans l'autobus du show-business. Elle passe son tour et préfère se concentrer sur l'essentiel. « Je ne pense pas à ça pour l'instant. Vraiment pas. J'ai d'autres choses à accomplir qui sont beaucoup plus importantes pour moi. Je n'ai pas fait tout ce chemin-là pour retomber dans le même pattern. Ni pour relancer ma carrière. »
« De toute façon, fait-elle remarquer, j'ai déjà un travail à plein temps. J'élève seule ma fille. Et je veux pouvoir lui offrir tout ce dont j'ai manqué. Je veux qu'elle s'amuse. Je veux qu'elle coure dans les champs. Et surtout, je veux qu'elle profite de l'enfance que je n'ai pas eue. Parce que la mienne, on me l'a volée. »
La liberté retrouvée de Nathalie Simard
Modérateur : Elise-Gisèle
Merci Tuberale! Je suis bien contente pour elle. Qu'elle recherche la sérénité après toutes ces années, c'est bien normal et je lui souhaite tout le bonheur possible. Elle a assez donné, il est temps qu'elle vive sa vie de femme à défaut de n'avoir pu vivre normalement son enfance.
Bravo Nathalie pour ce grand courage qui t'anime!
Bravo Nathalie pour ce grand courage qui t'anime!