Les auteurs des Bougon, François Avard et Jean-François Mercier, ont été déjoués par les «magouilleurs professionnels» de la commission Gomery.
«Les Bougon à côté de ça sont des saints, souligne François Avard. Ceux qui ont participé au scandale des commandites sont sans contredit pires que ma famille Bougon. La commission Gomery nous montre de vrais magouilleurs à cravates qui jouent au golf, qui mangent dans les grands restaurants et qui gonflent leurs factures», affirme François Avard.
En pleine écriture de leur dernière saison des Bougon, 13 épisodes seront présentés dès janvier ; les auteurs promettent une vraie parodie de la commission Gomery. «Un gros clin d’œil», de préciser François Avard en entrevue.
Pas facile de dénoncer le système comme auteurs quand tous les jours le pays vit au rythme de son pire scandale politique.
«Au début, les Bougon étaient des vrais crosseurs, puis nous avons voulu les faire évoluer, fort heureusement car nous avons de la compétition à RDI. La grande différence, c’est que mes Bougon n’ont jamais fourré plus pauvres qu’eux autres ; on ne peut pas en dire autant des participants au scandale des commandites», souligne sur un ton rieur l’auteur.
François Avard s’inquiète tout de même des conséquences de ce scandale, en auteur responsable. «Ce qui est dommage, c’est que les magouilleurs de la commission Gomery encouragent les gens à décrocher du système, tannés de se faire fourrer. Nous sommes ici dans les ligues majeures ; rien à voir avec les petites magouilles des Bougon qui choquaient les téléspectateurs.»
Qu’en pense le citoyen Avard?
Observateur de la société, le scandale des commandites surprend-il François Avard, le citoyen?
«Comme à peu près tout le monde, je suis aussi déçu que désillusionné. En développant Les Bougon, on imagine que de telles choses peuvent aussi exister dans les hautes sphères de la politique, mais jamais je n’aurais pu croire qu’une telle magouille aussi institutionnalisée existait. C’est fort décevant pour tous les politiciens intègres qu’on n’ose plus croire eux non plus.»
Et de poursuivre l’auteur, «écrire la fin des Bougon en ayant comme toile de fond un pays devenu un merdier ça ne peut qu’influencer notre sens critique. Ça fait des semaines que Jean-François et moi cherchons un moyen de nous en sortir et de parler de la commission Gomery dans Les Bougon… ce sera fait, l’idée est venue.»
Une commission Gomery et son juge toujours aussi populaire qui continuent de faire tripler le nombre des téléspectateurs de RDI.
Making of des Bougon
On sait que ce sera la fin de l’aventure des Bougon en 2006, et les auteurs se font un cadeau en préparant un making of, qui sera présenté dans le cadre d’un 14e épisode.
«Une spéciale d’une heure animée par Jean-François Mercier et moi, affirme François Avard, et dans laquelle on ne se privera pas, avec notre franc-parler habituel. Nous expliquerons au monde la réaction de tel personnage et pourquoi nous avons écrit ces propos. Un making of pas ordinaire.» Et on le croit fermement.
Enfin, que pense François Avard de la mort des Gémeaux à la télé pour 2005, avec le dernier retrait de Radio-Canada?
«Les Bougon n’étaient pas inscrits, de toute façon. Mais c’est tout de même triste de voir qu’on ne peut pas avoir une vraie fête de la télévision, sans controverse. Et là, pire encore, la télé n’a pas de diffuseur pour son party, c’est comme si l’ADISQ faisait son gala sans chanteurs. Peut-être que ce retrait permettra un gros ménage de fond en comble. Radio-Canada n’a plus besoin des gros galas les dimanches soir, de toute façon, avec le succès de Tout le monde en parle», conclut François Avard.
«Ils sont pire que mes Bougon!» -L'auteur François Avard
Modérateur : Elise-Gisèle