La prévision pour août : averses… de météores!
par Louie Bernstein,
astronome au Planétarium de Montréal
Chaque année, entre le 10 et le 14 août environ, la Terre traverse un gigantesque nuage de poussière qui traîne tout au long de l’orbite de la comète Swift-Tuttle. Les grains de poussière entrent dans notre atmosphère à environ 60 km/seconde, se désintègrent à cause de la friction et créent ainsi des filets de lumière appelés météores.
On compte une douzaine d’averses importantes de météores qui sont actives à un moment ou l’autre de l’année : celle qui survient à la mi-août, connue sous le nom de Perséides, est certainement l’une des plus prolifiques. Le pic d’intensité de l’averse survient lorsque la Terre passe dans la partie la plus dense du nuage de poussière. Ce maximum se produira cette année le 12 août : dans des conditions idéales, on pourrait voir environ 90 météores par heure — c’est plus d’un météore à la minute!
Les Perséides sont observées depuis environ 2000 ans mais nous n’avons pas toujours su ce qu’elles étaient. En Europe, à la fin de l’empire Romain et au Moyen Âge, on les appelait les larmes de saint Laurent. Saint Laurent était l’un des sept diacres de Rome, qui ont été martyrisés le 10 août de l’an 258, sous le règne de l’empereur Valérien. Les années suivantes, autour de cette date, on pouvait voir les larmes brûlantes de saint Laurent tomber du ciel…
La véritable origine des Perséides n’a toutefois été comprise qu’en 1862, par l’astronome italien Giovanni Schiaparelli — celui-là même qui a observé le premier les canali à la surface de la planète Mars. Peu de temps après l’apparition d’une comète découverte par les astronomes américains Lewis Swift et Horace Tuttle, Schiaparelli a remarqué que son orbite correspondait à celle des particules de poussière responsables de la pluie de météores des Perséides.
L’orbite de cette comète est périodique : Swift-Tuttle repasse près du Soleil revient à tous les 130 ans, et son dernier passage remonte à 1992. Chaque fois qu’elle revient au voisinage du Soleil, elle laisse derrière elle une nouvelle traînée de poussière, réalimentant la célèbre averse de météores. Comme la plupart des pluies de météores, les Perséides sont nommées en fonction de la région du ciel dont elles semblent émaner — un effet de perspective fait que la trajectoire de chaque étoile filante peut être remontée jusqu’à un même point d’origine. Dans le cas précis des Perséides, il s’agit de la constellation de Persée, le héros de la mythologie grecque qui a tranché la tête de la gorgone Méduse
Comme les Perséides sont souvent peu brillantes et que chacune dure à peine une seconde, vous aurez besoin d’une nuit sombre et sans Lune, idéalement à la campagne, pour les voir à leur mieux. Cette année, malheureusement, une lune gibbeuse sera présente dans le ciel à compter de deux heures après le coucher du Soleil : seuls les météores les plus brillants seront visibles. Les conditions seront toutefois idéales l’année prochaine : en effet, le 12 août 2007, ce sera la nouvelle lune. Elle se couchera avec le Soleil, laissant le ciel libre de lumière indésirable, ce qui fournira une toile de fond parfaite pour les Perséides. Maintenant, si seulement nous pouvions prévoir la météo avec autant de précision…
La Lune, les étoiles et les planètes
Alors que débute le mois d’août, le premier quartier de la Lune domine l’horizon au sud-ouest et nous ouvre la porte pour un survol des phases lunaires.
Puisque le cycle lunaire s’étire sur 29 jours et demi, la phase de la Lune progresse d’un quartier par semaine environ. Le 1er août, la Lune est à son premier quartier : sa moitié droite est illuminée par le Soleil. Pour vous en souvenir, prolongez le terminateur — la ligne de séparation entre la partie éclairée et la partie sombre — vers le bas : vous obtiendrez la lettre « P », comme dans « premier ». Une semaine plus tard, soit le 8, la Lune est pleine : elle se lève au coucher du Soleil et se couche au lever du jour, restant visible toute la nuit. Lorsque sonne minuit le 16 août, la Lune est au dernier quartier : cette fois, c’est sa moitié gauche qui est illuminée. En prolongeant le terminateur vers le haut, on obtient quelque chose qui ressemble à la lettre « d » minuscule, comme dans « dernier ». Le 23 août, la Lune est nouvelle : elle se lève et se couche avec le Soleil et n’est pas visible la nuit. La boucle est finalement bouclée le 31 août, lorsque la Lune est à nouveau au premier quartier.
Le déplacement de la Lune à travers le ciel d’une nuit à l’autre nous permet également de localiser quelques planètes et constellations. Par exemple, en soirée les premier et 29 août, la brillante Jupiter apparaît juste au-dessus de la Lune. Le 21 août à l’aube, une demi-heure avant le lever du Soleil, l’éclatante Vénus apparaît sous le mince croissant de Lune, près de l’horizon est. Scrutez aussi le ciel à la gauche de Vénus et un peu plus bas : vous verrez peut-être Mercure et Saturne, très proches l’une de l’autre; Mercure est la plus brillante des deux. Vous aurez besoin d’une vue parfaitement dégagée de l’horizon est pour observer ce duo planétaire : des jumelles peuvent aussi aider.
À la différence de Vénus, qui est si brillante qu’il est impossible de la manquer, Mercure est une planète difficile à observer : elle est petite et n’apparaît jamais très loin du Soleil. Mais au matin du 11 août, environ 45 minutes avant le lever du Soleil, Mercure est dans une position favorable pour l’observation et apparaît juste au-dessous de Vénus, en direction est-nord-est.
Pendant le mois d’août, dès la tombée de la nuit, deux importantes constellations d’été apparaissent au-dessus de l’horizon sud : ce sont le Sagittaire et le Scorpion. Le Sagittaire ressemble à une théière, tandis que le Scorpion, juste à sa droite, ressemble à une lettre « T » un peu tordue. Dans la soirée du 5 août, la Lune gibbeuse apparaît entre les deux constellations; et bien que sa présence « lumineuse » les rende quelque peu difficiles à voir, elle indique clairement leur emplacement. Les étoiles du Sagittaire et du Scorpion se trouvent en direction du centre de notre Galaxie, la Voie lactée. Lors d’une soirée claire et bien noire du mois d’août, vous pouvez voir la Voie lactée qui s’éléve de l’horizon sud jusqu’au zénith. C’est un spectacle saisissant!
Bonnes observations !