Le ciel du mois — Juillet 2006

[Rénatane]

Jupiter : deux taches valent mieux qu’une!
par Pierre Lacombe,
astronome au Planétarium de Montréal
Visible en direction sud-sud-ouest dès le coucher du Soleil, Jupiter domine par sa brillance le ciel planétaire de juillet. Mais c’est la météo tumultueuse de la planète géante qui attire particulièrement l’attention des astronomes depuis quelques mois.

Flanquée à sa droite (vers l’ouest) de l’étoile Spica de la Vierge et à sa gauche (vers l’est) de l’étoile rougeâtre Antarès du Scorpion, Jupiter illumine la constellation de la Balance, pauvre en étoiles brillantes. Dès le début du mois, plus précisément le soir du 5 juillet, la Lune rejoindra Jupiter pour nous en faciliter l’identification. Les observateurs attentifs remarqueront que, durant le mois, la planète Jupiter reprend son mouvement vers l’est par rapport aux étoiles et se rapproche lentement de l’étoile Alpha de la Balance, appelée Zubenelgenubi.

Une seconde Grande Tache rouge
Depuis quelques semaines, une nouvelle « coqueluche » est apparue dans l’atmosphère de Jupiter. On connaît depuis longtemps la fameuse Grande Tache rouge de Jupiter, un gigantesque tourbillon nuageux, deux fois grand comme la Terre, qui persiste depuis l’invention du télescope. Mais voici qu’un nouveau cyclone, de la taille de notre planète, est devenu rosé à son tour. Née de la fusion de tempêtes mineures en l’an 2000, la nouvelle tache ovale, blanche à l’origine, a pris une teinte rougeâtre au début du mois de mars. La dynamique interne de la tempête s’est donc modifiée récemment et les astronomes désirent l’étudier en détails pour mieux comprendre la chimie et la source d’énergie du nouveau cyclone.

Une question est sur toutes les lèvres : la nouvelle tache rouge va-t-elle fusionner avec sa grande sœur? Une éventualité à ne pas exclure selon les astronomes, mais qui pourrait ne se produire que dans plusieurs années. Notons en terminant que la nouvelle tache rouge de Jupiter ne peut être observée qu’avec un télescope dont l’ouverture est supérieure à 25 cm.

Défis planétaires
Avant de disparaître dans la lueur du Soleil, les planètes Saturne et Mars sont toujours visibles très bas à l’horizon ouest peu de temps après le coucher du Soleil. Un mince croissant de Lune permettra d’ailleurs de repérer Mars le soir du 27 juillet.

La brillante planète Vénus, quant à elle, est visible à l’aurore en direction de l’est-nord-est. Elle se trouve près de l’étoile rougeâtre Aldébaran du Taureau au début du mois et la Lune vient la rejoindre le matin du 22 juillet.

Il est à noter que la Terre se trouvera à l’aphélie de son orbite autour du Soleil, c’est-à-dire à son éloignement maximum du Soleil, le soir du 3 juillet. La distance Terre-Soleil sera alors de 152 095 745 kilomètres.

Hercule, la constellation du mois
Cinquième plus importante constellation selon la surface dans le ciel, Hercule passe au zénith au cours des soirées de juillet. Malheureusement, peu d’objets célestes de la constellation attirent l’attention des observateurs. Deux amas globulaires, appelés respectivement M13 et M92, méritent cependant le coup d’œil aux jumelles ou au télescope. Vieux amas très compacts contenant des milliers d’étoiles, les amas globulaires offrent un spectacle saisissant au télescope. D’ailleurs, l’amas M13 est dans la liste des objets préférés de presque tous les astronomes amateurs. Tentez votre chance et ajoutez-le à votre liste!

Bonnes observations !



Le Télescope spatial Hubble a capté cette image de l’atmosphère de Jupiter à la mi-avril. On aperçoit la Grande Tache rouge (à droite) et sa nouvelle petite sœur (à gauche). Les deux tourbillons circulent à des vitesses légèrement différentes autour de la planète et dérivent lentement l’un par rapport à l’autre : il est difficile de prévoir ce qui se produira lorsqu’ils se frôleront à la mi-juillet.
Crédit photo : NASA, ESA, I. de Pater et M. Wong (University of California, Berkeley)
   



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