Onco Petroleum

[tuberale]

Onco Petroleum

Un autre scandale financier?


Mise à jour : 10/01/2010 22h13


Le mystère Vanier : CHRONOLOGIE

L’ancien président d’Onco Petroleum – une entreprise de London en Ontario qui a fait faillite en dépit des attentes élevées de ses investisseurs – a eu plusieurs noms et plusieurs démêlés avec la justice. Une enquête effectuée par le London Free Press du groupe SunMedia lève le voile sur ce mystérieux individu.

Robert Vanier n’en était pas à ses premiers déboires juridiques lorsqu’il s’est présenté en cour à Toronto, vendredi, à la suite des accusations de menaces de mort à l’endroit d’un de ses conseillers financiers.

Son vrai nom et son vaste dossier criminel sont bien connus dans les cours québécoises et, dans une certaine mesure, dans les arénas de hockey de sa province natale.

Mais, lorsqu’il est arrivé à London, il y a 10 ans, son passé était un mystère. Il comblait les zones d’ombre de son existence en parlant de ses exploits de hockeyeur et de ses nombreux amis haut placés.

Vanier était un homme particulièrement amical et un vendeur naturel et charismatique. Il a réussi à amasser pour son entreprise Onco Petroleum des dizaines de millions de dollars de la part d’investisseurs du sud de l’Ontario et d’ailleurs.

Alors que la GRC poursuit son enquête sur le passé de Robert Vanier, le quotidien London Free Press a établi ce qui semble être un profil fidèle de sa véritable identité en se basant sur des entrevues avec des investisseurs, des associés et d’autres individus avec qui il a été en contact au fil des ans.

Le portrait final est celui d’un homme aux identités multiples associé entre autres aux Hell’s Angels, à des hommes d’affaires influents et à des politiciens – dont un ancien premier ministre ainsi qu’un futur potentiel chef d’État canadien.

Or, Robert Vanier a brisé le silence vendredi pour protester contre cette image en affirmant au London Free Press que les allégations qui pèsent contre lui dans cette histoire – incluant les identités multiples – ne sont que des mensonges motivés par la vengeance.

Exploits de hockeyeur<

Sous l’identité de Carl Gagnon, a-t-on appris, Vanier a joué dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec avec les Dynamos de Shawinigan. En réalité, ce sont ses exploits de hockeyeur, dont il se vantait constamment, qui ont contribué à faire la lumière sur sa véritable identité.

« Il a vécu trois vies différentes sous trois noms différents », soutient un ex-associé qui a enquêté sur son passé après que celui-ci ait menacé de le tuer.

Dans une déclaration sous serment dont le London Free Press a obtenu copie, Steve Colquhoun, un géologue de London que Vanier avait choisi comme premier président de Onco, affirme que cette menace avait été proférée en 2006.

Pour sa part, Robert Vanier dénonce toutes les allégations adressées à son endroit par ses anciens associés, ses changements de nom, ses liens avec les Hell’s Angels, son témoignage contre eux et la menace de mort envers M. Colquhoun

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Il a même nié avoir joué au hockey junior avec Shawinigan ou avec toute autre équipe.

« Je nie tout ça », a-t-il déclaré vendredi après avoir été mis au courant de toutes les informations qui ont été récoltées à son sujet.

« C’est une tentative de vengeance liée à une offre d’acquisition hostile », a-t-il martelé en faisant référence à son éviction d’Onco par les autres membres du conseil d’administration à la suite des accusations de dilapidation de la caisse de l’entreprise.

« Les montants en litige n’ont jamais été déposés dans les coffres de l’entreprise », a-t-il indiqué en parlant des recettes d’une vente d’actions de Onco aux États-Unis. Selon lui, le gourou californien de la finance et amateur de hockey William « Boots » Del Biaggio III détenait une note garantissant ces fonds, mais lorsque Vanier les lui a réclamés en 2008, Del Biaggio avait fait faillite et ne pouvait plus respecter son obligation.

D’après M. Vanier, ses anciens associés tentent d’anéantir sa crédibilité. « Tous ces gens-là sont de mèche entre eux. »

Une première<

À la question à savoir pourquoi autant d’individus aux passés multiples racontent tous des histoires semblables à son sujet, il a répondu : « C’est devenu un vrai film de James Bond.

« Je suis Robert Vanier, a-t-il affirmé. C’est mon nom depuis que je suis né. »

Lorsqu’on lui a demandé pourquoi il avait décidé de s’installer à London, il a déclaré : « Il fait 10 degrés plus chaud qu’à Québec. Et j’aime jouer au golf. »

C’est la première fois qu’il conteste directement les allégations portées contre lui.

Le premier président de Onco, Steve Colquhoun, indique que M. Vanier l’avait convaincu de renoncer à son poste vers la fin de l’année 2005 afin de céder sa place à l’ancien ministre libéral et ancien premier ministre de Terre-Neuve, Brian Tobin.

Dans sa déclaration écrite, M. Colquhoun évoque une confrontation particulièrement acerbe qui aurait eu lieu quelques mois plus tard dans un stationnement avec l’homme qu’il connaissait sous le nom de Robert Vanier – alias Jean-Paul Gagné et Carl Gagnon.

M. Vanier l’aurait relevé de ses fonctions de géologue en chef « (Il a) menacé de me faire assassiner si je remettais les pieds sur la propriété de Onco. Il m’a dit qu’il connaissait des membres de différents groupes de motards et qu’il me ferait abattre pour moins de 5000 $. »

En fin de compte, c’est grâce à son passé de hockeyeur que M. Colquhoun est parvenu à élucider le mystère de l’identité de Robert Vanier.

Vendeur de voitures<

Lorsqu’il est arrivé à London en 2000 dans une Chevrolet vieille d’une dizaine d’années, ce Québécois de plutôt petite taille désormais connu sous le nom de Vanier était un parfait inconnu. Il a commencé comme vendeur de voitures, mais à peine deux ans plus tard, il vendait du rêve : celui d’exploiter des gisements abandonnés de pétrole et de gaz naturel situés dans le sud-ouest de l’Ontario et au Michigan.

Dynamique, persuasif et flamboyant, il aimait les voitures de luxe. Il lui a fallu peu de temps pour amasser des millions de la part d’investisseurs québécois, londoniens et même californiens. C’est avec une ferveur quasi religieuse qu’il faisait la promotion d’Onco et de son rêve d’exploiter de vieux gisements avec de nouvelles technologies, un rêve qui se vendait tout seul alors que les prix du pétrole et de l’essence explosaient.

Vanier parlait souvent de son amitié avec un homme de Shawinigan, l’ancien premier ministre Jean Chrétien, ainsi qu’avec Brian Tobin, qu’il n’avait finalement pas réussi à convaincre de devenir le président de Onco. Il mentionnait parfois aussi ses liens avec des membres de groupes de motards criminalisés au Québec, affirmant qu’il avait aidé à poursuivre certains d’entre eux.

Vanier a utilisé ses connexions dans le monde du hockey afin de rencontrer la vedette Sidney Crosby et pour offrir des postes sur son conseil d’administration à l’ancien joueur de la LNH Luc Robitaille ainsi qu’à William « Boots » Del Biaggio III, qui a également été, pendant un certain temps, le directeur du comité de vérification de Onco. Ce dernier purge en ce moment une peine de huit ans d’emprisonnement pour une fraude de 100 millions $ du genre combine à la Ponzi.

Démission<

En 2008, après avoir été président de Onco pendant un an, Vanier a démissionné à la suite d’une entente avec le conseil d’administration qui n’aimait pas son style de gestion, particulièrement à l’égard des fonds des investisseurs.

Les membres du conseil d’administration commençaient à être inquiets : ils affirmaient qu’il manquait près de 20 millions $ dans le trésor de l’entreprise. Ils se sont donc débarrassés de Vanier et de sa femme, Terri Ramage, qui détenait 62 % des actions de Onco.

Outre ses actuels déboires en cour à Toronto, Vanier doit également près de trois millions $ aux États-Unis à la suite de deux jugements contre lui.

Pendant ce temps, il continue à vivre paisiblement au nord de London en attendant la fin de l’enquête de la GRC.

Les plus récents soucis juridiques de Vanier, aujourd’hui âgé de 54 ans, concernent des accusations de menaces de mort faites à l’endroit de Jim Hunter, un conseiller financier et ancien associé, le 20 octobre 2009. Il doit se présenter de nouveau en cour le 14 janvier.

Que Vanier fasse des menaces n’est pas exceptionnel, selon ses associés. Certains le craignent, d’autres pas.

Tous se souviennent d’avoir entendu parler de son association aux Hell’s Angels au Québec. Il a même affirmé qu’il avait changé de nom pour se protéger.

Des sources au Québec, incluant des sources dans les milieux policiers, ont confirmé que Vanier avait témoigné contre des motards pour qui il avait fait du recel de voitures grâce à de nombreuses entreprises qu’il possédait sous le nom de Carl Gagnon. Des preuves suffisantes avaient été accumulées contre lui grâce à l’écoute électronique; on l’a alors persuadé de témoigner contre les motards.

Délateur<

Sa motivation à devenir délateur était claire et les autorités disposaient de suffisamment de preuves pour l’inciter à coopérer pleinement. En tant que Carl Gagnon, il possédait un dossier criminel qui remontait à 1983 et qui incluait des accusations allant de la bigamie à de nombreuses fraudes, l’emploi de documents contrefaits, usurpation de nom, faux semblants et de vol. En tout, en 2000, il avait été reconnu coupable de diverses accusations 69 fois et avait été condamné à un total de 67 mois de prison.

Le journaliste de la scène judiciaire Michel Auger, un expert sur les motards au Québec, se souvient que Gagnon avait accusé les Hell’s Angels de prêts usuraires et d’extorsion en 1999, mais les accusations avaient par la suite été abandonnées.

Après avoir témoigné contre les motards québécois, Gagnon a décidé de recommencer sa vie sous un autre nom. Il s’est présenté comme Jean-Paul Gagné pendant un certain temps, mais c’est sous le nom de Vanier qu’il est arrivé à London en 2000. Il s’est lié d’amitié avec un de ses collègues chez Oxford Dodge, Frank Mozewsky, et celui-ci lui a présenté un client nommé Steve Colquhoun. C’est ce dernier qui a donné l’idée à Vanier de réinvestir dans des gisements abandonnés.

Jusqu’à hier, Vanier avait toujours refusé de commenter son passé ou les allégations à son égard au London Free Press.


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