Earl Jones rencontre la justice...
Publié : lun. févr. 15, 2010 11:10 pm
Onze ans de prison pour Earl Jones
Nouvelles générales - Justice
Écrit par David Santerre
Lundi, 15 février 2010 13:45
Mise à jour le Lundi, 15 février 2010 20:14
Un voleur sans pitié qui est même allé jusqu’à détrousser sa propre famille ou la veuve d’une des victimes du tueur Valery Fabrikant, voilà comment la juge Hélène Morin a décrit le fraudeur Earl Jones avant de le condamner à 11 années de pénitencier.
C’est sans surprise que le fraudeur de 67 ans qui a détroussé 158 victimes pour une somme totale de près de 50 millions de dollars a été condamné à 11 années de pénitencier.
Il y a un mois, quand il a plaidé coupable, les procureurs des deux parties, Me Pierre Lévesque pour la couronne et Me Jeffrey Boro pour Jones, avaient conjointement réclamé cette peine, soit deux ans de moins que ce dont a écopé Vincent Lacroix, qui a fait 9200 victimes pour un montant total dépassant les 100 millions.
« Alors que les victimes d’Earl Jones ont passé leur vie à économiser en vue d’une retraite confortable et heureuse ou pour s’assurer que leur famille n’écopera d’aucun fardeau, l’accusé a passé les meilleures années de sa vie à se payer un train de vie luxueux avec leur argent », dit la juge de la cour du Québec dans l’introduction de son jugement.
Une foule de victimes se sont massées au palais de justice pour voir Jones encaisser sa sentence, dont son propre frère Bevan, qui a dit souhaiter que son frère « brûle en enfer ».Photos Luc Laforce et Alain Décarie
Pendant ce temps, Jones était assis dans le box des accusés, fixant le sol, la tête entre les mains.
Jones s’est payé la traite avec au moins 13 des 50 millions de dollars qu’ont perdus ses clients, qui étaient à peu près tous de ses amis, et même des membres de sa famille à qui il promettait des rendements oscillant entre 8 et 12 %.
Ceux-ci lui remettaient donc leurs économies, mais plutôt que de les investir, il déposait le tout dans des comptes bancaires. Chaque année, pour bien endormir ses clients, il leur remettait exactement le pourcentage qu’il leur avait promis à partir de ces comptes.
« Il prenait l’argent de Peter pour rembourser John », disait Jones dans son interrogatoire policier filmé, qu’a visionné la juge pour rendre jugement. Une vidéo que les médias aimeraient bien obtenir, une décision que rendra la magistrate le 23 février.
« Il a toujours pensé qu’il allait pouvoir payer tout le monde, qu’un miracle se produirait. Mais avec les récents scandales financiers, ses clients se sont questionnés sur les rendements qu’il promettait », a poursuivi la juge.
Victime deux fois
La meilleure preuve de l’absence de scrupules de Jones est l’histoire d’une dame, J.D., dont le mari professeur a été assassiné par Valéry Fabrikant dans la tuerie de l’Université Concordia en 1992, lorsqu’il était âgé de 66 ans.
Malhabile avec les finances, elle s’est retournée quelque temps après la mort de son époux vers Earl Jones, qu’elle avait rencontré avec son défunt mari quelques années plus tôt. En confiance avec lui, elle lui a laissé au fil des ans prendre de plus en plus de décision dans ses finances.
« Quand l’histoire d’Earl Jones a fait les manchettes, Mme J.D. était confuse. Les reportages présentaient Jones comme un prédateur financier. Elle croyait qu’il avait sincèrement pris soin d’elle et de sa famille parce qu’il l’avait conseillée dans les difficiles moments qui ont suivi la mort de son mari », a expliqué la juge Morin.
Photos Luc Laforce et Alain Décarie
« Comme elle l’a écrit dans sa déclaration, la vraie histoire est qu’il l’a abandonnée comme tous les autres. Il n’a démontré aucune pitié envers ses clients, sans égard pour leur âge ou leurs besoins. Après avoir dû faire son deuil à la suite du décès tragique de son mari, elle a été victimisée pour la seconde fois par l’accusé (Jones) », poursuit la juge.
Honte pour les Jones
Il n’a pas eu plus d’égard pour sa propre famille. Son frère Bevan a tout perdu aux mains d’Earl Jones.
« Son propre frère écrit que chaque soir, il va au lit fâché et se réveille le matin tout aussi fâché », a encore décrit la juge. Dans sa lettre, que la juge a consultée pour rédiger son jugement, la nièce d’Earl Jones n’est pas plus tendre.
Le frère d'Earl Jones, Bevan, fait aussi partie des victimes qui ont perdu leurs économies.
« Les gens blâment sa propre famille pour ce que son oncle a fait. Elle ajoute qu’il est un déshonneur pour le nom Jones et elle est soulagée que sa grand-mère ne soit plus de ce monde pour voir ça. Cela aurait brisé son cœur. L’accusé a profité de ceux qui l’aimaient et lui faisaient confiance alors qu’il ruinait de son côté leur vie de famille », résume la juge Morin.
Puis, elle a insisté sur le traumatisme vécu par les victimes du fraudeur même : insomnie, problèmes de santé, pensées suicidaires.
« Certaines victimes le qualifie de menteur, de démon, de parasite, de serpent, de prédateur financier et de sociopathe », décrit-elle.
Foule furieuse et désabusée
Plusieurs dizaines de ses victimes, dont son frère Bevan, s’étaient rendues au palais de justice de Montréal pour voir le fraudeur encaisser sa sentence. Un autobus avait même été nolisé pour elles. Des gens généralement en colère contre le système bancaire qui a permis à Jones d’opérer impunément pendant des années et contre l’Autorité des marchés financiers aussi, qu’on aimerait voir prendre plus de responsabilités.
Malheureusement, l’exiguïté de la salle d’audience et de celle dans laquelle sa comparution était diffusée sur écran en ont contraint plusieurs à attendre le résultat dans le couloir. Ce qui en a choqué plus d’un, comme Donalyn Marpole.
« Nous avons attendu une heure pour passer à la fouille et, après, on n’a même pas pu entrer dans la salle », fulminait-elle.
Elle et son mari, un cardiologue, ont perdu la totalité des économies qu’ils avaient amassé en 30 ans, environ un million de dollars, et qui leur avait permis de profiter de la retraite de l’homme depuis trois ans.
« À 72 ans, mon mari a dû retourner travailler pour qu’on arrive », déplore-t-elle.
Earl Jones, lors de sa comparution l’été dernier. Photos d’archives Yvan Tremblay
Et le fait que Jones, dont le crime n’est pas considéré comme violent, puisse espérer être libéré conditionnellement au sixième de sa peine, dans 22 mois, ne met de baume sur les plaies de personne.
« C’est bien moins long que le calvaire que nous on aura à vivre », a commenté Ann Ross, qui a vu l’héritage de son père, le peintre Graeme Ross, être englouti par Jones.
« Je suis désappointé, j’aurais voulu qu’il en prenne plus. Le maximum était 14 ans, ça aurait été bien », déplore Charlie Washer, qui a remis et perdu 125 000 $ entre les mains de Jones.
Mais le plus cinglant, c’est le propre frère d’Earl Jones. Celui qui exprime le mieux à quel point son frère a brisé des amitiés de longue date et sa propre famille.
« La justice ne comprend pas que des gens perdent leur maison à cause de lui. Quelle justice de Mickey Mouse ! J’espère qu’il brûlera en enfer », a conclu Bevan Jones à sa sortie de salle d’audience.
Source: http://www.ruefrontenac.com/nouvelles-g ... s-sentence" onclick="window.open(this.href);return false;
Nouvelles générales - Justice
Écrit par David Santerre
Lundi, 15 février 2010 13:45
Mise à jour le Lundi, 15 février 2010 20:14
Un voleur sans pitié qui est même allé jusqu’à détrousser sa propre famille ou la veuve d’une des victimes du tueur Valery Fabrikant, voilà comment la juge Hélène Morin a décrit le fraudeur Earl Jones avant de le condamner à 11 années de pénitencier.
C’est sans surprise que le fraudeur de 67 ans qui a détroussé 158 victimes pour une somme totale de près de 50 millions de dollars a été condamné à 11 années de pénitencier.
Il y a un mois, quand il a plaidé coupable, les procureurs des deux parties, Me Pierre Lévesque pour la couronne et Me Jeffrey Boro pour Jones, avaient conjointement réclamé cette peine, soit deux ans de moins que ce dont a écopé Vincent Lacroix, qui a fait 9200 victimes pour un montant total dépassant les 100 millions.
« Alors que les victimes d’Earl Jones ont passé leur vie à économiser en vue d’une retraite confortable et heureuse ou pour s’assurer que leur famille n’écopera d’aucun fardeau, l’accusé a passé les meilleures années de sa vie à se payer un train de vie luxueux avec leur argent », dit la juge de la cour du Québec dans l’introduction de son jugement.
Une foule de victimes se sont massées au palais de justice pour voir Jones encaisser sa sentence, dont son propre frère Bevan, qui a dit souhaiter que son frère « brûle en enfer ».Photos Luc Laforce et Alain Décarie
Pendant ce temps, Jones était assis dans le box des accusés, fixant le sol, la tête entre les mains.
Jones s’est payé la traite avec au moins 13 des 50 millions de dollars qu’ont perdus ses clients, qui étaient à peu près tous de ses amis, et même des membres de sa famille à qui il promettait des rendements oscillant entre 8 et 12 %.
Ceux-ci lui remettaient donc leurs économies, mais plutôt que de les investir, il déposait le tout dans des comptes bancaires. Chaque année, pour bien endormir ses clients, il leur remettait exactement le pourcentage qu’il leur avait promis à partir de ces comptes.
« Il prenait l’argent de Peter pour rembourser John », disait Jones dans son interrogatoire policier filmé, qu’a visionné la juge pour rendre jugement. Une vidéo que les médias aimeraient bien obtenir, une décision que rendra la magistrate le 23 février.
« Il a toujours pensé qu’il allait pouvoir payer tout le monde, qu’un miracle se produirait. Mais avec les récents scandales financiers, ses clients se sont questionnés sur les rendements qu’il promettait », a poursuivi la juge.
Victime deux fois
La meilleure preuve de l’absence de scrupules de Jones est l’histoire d’une dame, J.D., dont le mari professeur a été assassiné par Valéry Fabrikant dans la tuerie de l’Université Concordia en 1992, lorsqu’il était âgé de 66 ans.
Malhabile avec les finances, elle s’est retournée quelque temps après la mort de son époux vers Earl Jones, qu’elle avait rencontré avec son défunt mari quelques années plus tôt. En confiance avec lui, elle lui a laissé au fil des ans prendre de plus en plus de décision dans ses finances.
« Quand l’histoire d’Earl Jones a fait les manchettes, Mme J.D. était confuse. Les reportages présentaient Jones comme un prédateur financier. Elle croyait qu’il avait sincèrement pris soin d’elle et de sa famille parce qu’il l’avait conseillée dans les difficiles moments qui ont suivi la mort de son mari », a expliqué la juge Morin.
Photos Luc Laforce et Alain Décarie
« Comme elle l’a écrit dans sa déclaration, la vraie histoire est qu’il l’a abandonnée comme tous les autres. Il n’a démontré aucune pitié envers ses clients, sans égard pour leur âge ou leurs besoins. Après avoir dû faire son deuil à la suite du décès tragique de son mari, elle a été victimisée pour la seconde fois par l’accusé (Jones) », poursuit la juge.
Honte pour les Jones
Il n’a pas eu plus d’égard pour sa propre famille. Son frère Bevan a tout perdu aux mains d’Earl Jones.
« Son propre frère écrit que chaque soir, il va au lit fâché et se réveille le matin tout aussi fâché », a encore décrit la juge. Dans sa lettre, que la juge a consultée pour rédiger son jugement, la nièce d’Earl Jones n’est pas plus tendre.
Le frère d'Earl Jones, Bevan, fait aussi partie des victimes qui ont perdu leurs économies.
« Les gens blâment sa propre famille pour ce que son oncle a fait. Elle ajoute qu’il est un déshonneur pour le nom Jones et elle est soulagée que sa grand-mère ne soit plus de ce monde pour voir ça. Cela aurait brisé son cœur. L’accusé a profité de ceux qui l’aimaient et lui faisaient confiance alors qu’il ruinait de son côté leur vie de famille », résume la juge Morin.
Puis, elle a insisté sur le traumatisme vécu par les victimes du fraudeur même : insomnie, problèmes de santé, pensées suicidaires.
« Certaines victimes le qualifie de menteur, de démon, de parasite, de serpent, de prédateur financier et de sociopathe », décrit-elle.
Foule furieuse et désabusée
Plusieurs dizaines de ses victimes, dont son frère Bevan, s’étaient rendues au palais de justice de Montréal pour voir le fraudeur encaisser sa sentence. Un autobus avait même été nolisé pour elles. Des gens généralement en colère contre le système bancaire qui a permis à Jones d’opérer impunément pendant des années et contre l’Autorité des marchés financiers aussi, qu’on aimerait voir prendre plus de responsabilités.
Malheureusement, l’exiguïté de la salle d’audience et de celle dans laquelle sa comparution était diffusée sur écran en ont contraint plusieurs à attendre le résultat dans le couloir. Ce qui en a choqué plus d’un, comme Donalyn Marpole.
« Nous avons attendu une heure pour passer à la fouille et, après, on n’a même pas pu entrer dans la salle », fulminait-elle.
Elle et son mari, un cardiologue, ont perdu la totalité des économies qu’ils avaient amassé en 30 ans, environ un million de dollars, et qui leur avait permis de profiter de la retraite de l’homme depuis trois ans.
« À 72 ans, mon mari a dû retourner travailler pour qu’on arrive », déplore-t-elle.
Earl Jones, lors de sa comparution l’été dernier. Photos d’archives Yvan Tremblay
Et le fait que Jones, dont le crime n’est pas considéré comme violent, puisse espérer être libéré conditionnellement au sixième de sa peine, dans 22 mois, ne met de baume sur les plaies de personne.
« C’est bien moins long que le calvaire que nous on aura à vivre », a commenté Ann Ross, qui a vu l’héritage de son père, le peintre Graeme Ross, être englouti par Jones.
« Je suis désappointé, j’aurais voulu qu’il en prenne plus. Le maximum était 14 ans, ça aurait été bien », déplore Charlie Washer, qui a remis et perdu 125 000 $ entre les mains de Jones.
Mais le plus cinglant, c’est le propre frère d’Earl Jones. Celui qui exprime le mieux à quel point son frère a brisé des amitiés de longue date et sa propre famille.
« La justice ne comprend pas que des gens perdent leur maison à cause de lui. Quelle justice de Mickey Mouse ! J’espère qu’il brûlera en enfer », a conclu Bevan Jones à sa sortie de salle d’audience.
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