Mutilation: Des ados mal dans leur peau
Publié : mar. mars 16, 2010 3:45 pm
Mutilation
Des ados mal dans leur peau
Agence QMI
Marie-France Bornais
15/03/2010 23h24
QUÉBEC - Dans les écoles secondaires du Canada, un jeune sur six s’est déjà blessé, coupé, égratigné, donné des coups ou brûlé volontairement au moins une fois, sans intention suicidaire ni pathologie, parce que ces actions violentes le soulagent temporairement d’une souffrance intérieure intense.
Plusieurs jeunes l’ont même fait à répétition, développant parfois une dépendance dont il est difficile de se défaire. Dévoilé sur Internet, sur YouTube, sur Twitter et sur Facebook, le phénomène de l’automutilation se répand au point où les chercheurs parlent d’une «nouvelle épidémie».
Au Québec, depuis les 10 dernières années, les cliniciens voient exploser les cas de comportements autoblessants auprès de jeunes qui n’ont pas, dans la majorité des cas, une pathologie psychiatrique.
«Ce n’est pas un phénomène rare. Il ne se passe pas une semaine sans qu’on ait à évaluer un jeune qui s’automutile», confirme le Dr Guy Tremblay du CHUQ. Ce sont surtout des jeunes filles, âgées de 14 à 16 ans, parfois plus jeunes, qui sont concernées. «Les cas vus à l’urgence le sont en raison d’une découverte fortuite par les parents, comme dans l’émission La Galère», ajoute le psychiatre.
Ce constat surprend autant que l’acte, qui consiste à se blesser volontairement en s’ouvrant la peau avec tout ce qui peut couper: ongles, ciseaux, compas, couteaux, feuilles de papier, coins de règles en métal, clous, vitre cassée. «Les blessures se retrouvent surtout sur les avant-bras, mais parfois aussi dans le dos, sur les fesses ou sur le haut des cuisses. Ce n’est pas joli du tout», affirme le spécialiste.
Ce n’est pas relié à des rituels culturels ou tribaux et ne se compare pas au piercing ni au tatouage. «Dans la majorité des cas, l’automutilation n’est pas reliée aux grandes pathologies psychiatriques comme l’autisme, la déficience profonde, la schizophrénie ou encore les psychoses toxiques», précise le Dr Tremblay.
Le phénomène est secret. «C’est entouré de mystère, comme si c’était une façon de s’approprier son propre corps. Dans certains cas sévères, c’est souvent associé à des troubles alimentaires comme la boulimie et l’anorexie, pour d’autres ça conduit à des problèmes de toxicomanie.»
Ces jeunes, en se faisant mal, croient se faire du bien car ils éprouvent un certain soulagement en faisant «migrer» la douleur psychique vers une douleur corporelle. Cette façon de faire devient rapidement une dépendance et ouvre toute grande la porte à de nombreux autres problèmes, en plus des cicatrices et des risques d’infection.
Sonnette d’alarme
Le Dr Nancy Heath, professeur et chercheur au département de psychologie et d’éducation de l’Université McGill, considère qu’il est grand temps que la population adulte – parents, enseignants, intervenants – soit mieux informée et surtout mieux outillée pour faire face au phénomène qui touche, d’après ses études, 15 à 25% des étudiants du secondaire et 9 à 11% des étudiants de première année d’université.
Une autre étude épidémiologique réalisée en 2008 par l’équipe du Dr Nixon et publiée dans le Canadian Medical Association Journal, affirme que 17% des adolescents, dont 80 % de jeunes filles, sont concernées par le phénomène. L’Association canadienne pour la santé mentale établit la prévalence à 13%.
«C’est un phénomène préoccupant. Nous savons qu’il est en hausse. Nous en connaissons certains faits mais il y a beaucoup à apprendre, notamment au sujet de l’automutilation chez les garçons», soutient le Dr Heath, qui fait partie des membres fondateurs de l’International Society of the Study of Self-Injury (ISSS).
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Elles souffrent, elles se coupent
Des courriels préoccupants
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http://fr.canoe.ca/infos/dossiers/archi ... 32439.html" onclick="window.open(this.href);return false;
Des ados mal dans leur peau
Agence QMI
Marie-France Bornais
15/03/2010 23h24
QUÉBEC - Dans les écoles secondaires du Canada, un jeune sur six s’est déjà blessé, coupé, égratigné, donné des coups ou brûlé volontairement au moins une fois, sans intention suicidaire ni pathologie, parce que ces actions violentes le soulagent temporairement d’une souffrance intérieure intense.
Plusieurs jeunes l’ont même fait à répétition, développant parfois une dépendance dont il est difficile de se défaire. Dévoilé sur Internet, sur YouTube, sur Twitter et sur Facebook, le phénomène de l’automutilation se répand au point où les chercheurs parlent d’une «nouvelle épidémie».
Au Québec, depuis les 10 dernières années, les cliniciens voient exploser les cas de comportements autoblessants auprès de jeunes qui n’ont pas, dans la majorité des cas, une pathologie psychiatrique.
«Ce n’est pas un phénomène rare. Il ne se passe pas une semaine sans qu’on ait à évaluer un jeune qui s’automutile», confirme le Dr Guy Tremblay du CHUQ. Ce sont surtout des jeunes filles, âgées de 14 à 16 ans, parfois plus jeunes, qui sont concernées. «Les cas vus à l’urgence le sont en raison d’une découverte fortuite par les parents, comme dans l’émission La Galère», ajoute le psychiatre.
Ce constat surprend autant que l’acte, qui consiste à se blesser volontairement en s’ouvrant la peau avec tout ce qui peut couper: ongles, ciseaux, compas, couteaux, feuilles de papier, coins de règles en métal, clous, vitre cassée. «Les blessures se retrouvent surtout sur les avant-bras, mais parfois aussi dans le dos, sur les fesses ou sur le haut des cuisses. Ce n’est pas joli du tout», affirme le spécialiste.
Ce n’est pas relié à des rituels culturels ou tribaux et ne se compare pas au piercing ni au tatouage. «Dans la majorité des cas, l’automutilation n’est pas reliée aux grandes pathologies psychiatriques comme l’autisme, la déficience profonde, la schizophrénie ou encore les psychoses toxiques», précise le Dr Tremblay.
Le phénomène est secret. «C’est entouré de mystère, comme si c’était une façon de s’approprier son propre corps. Dans certains cas sévères, c’est souvent associé à des troubles alimentaires comme la boulimie et l’anorexie, pour d’autres ça conduit à des problèmes de toxicomanie.»
Ces jeunes, en se faisant mal, croient se faire du bien car ils éprouvent un certain soulagement en faisant «migrer» la douleur psychique vers une douleur corporelle. Cette façon de faire devient rapidement une dépendance et ouvre toute grande la porte à de nombreux autres problèmes, en plus des cicatrices et des risques d’infection.
Sonnette d’alarme
Le Dr Nancy Heath, professeur et chercheur au département de psychologie et d’éducation de l’Université McGill, considère qu’il est grand temps que la population adulte – parents, enseignants, intervenants – soit mieux informée et surtout mieux outillée pour faire face au phénomène qui touche, d’après ses études, 15 à 25% des étudiants du secondaire et 9 à 11% des étudiants de première année d’université.
Une autre étude épidémiologique réalisée en 2008 par l’équipe du Dr Nixon et publiée dans le Canadian Medical Association Journal, affirme que 17% des adolescents, dont 80 % de jeunes filles, sont concernées par le phénomène. L’Association canadienne pour la santé mentale établit la prévalence à 13%.
«C’est un phénomène préoccupant. Nous savons qu’il est en hausse. Nous en connaissons certains faits mais il y a beaucoup à apprendre, notamment au sujet de l’automutilation chez les garçons», soutient le Dr Heath, qui fait partie des membres fondateurs de l’International Society of the Study of Self-Injury (ISSS).
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