Mieux vaut être riche et en santé (sujet hausse du dollars)

[.anthurium.]

Pierre Duhamel
Un journaliste économique depuis 30 ans et un des grands experts en économie au Québec.
: Mieux vaut être riche et en santé
18/03/2010
Ceux qui trouvent que le dollar canadien prend trop d’altitude et que cela pourrait nuire à l’économie du Québec me font penser à ceux qui ne veulent pas d’augmentation de salaire parce que leurs impôts risquent d’augmenter. Oui, l’envol du huard aura quelques conséquences. Néanmoins, il confirme de bonnes nouvelles et son impact sera plutôt positif.

Si le dollar canadien s’approche de la parité avec le billet vert, c’est que les bonnes nouvelles sont nombreuses. La croissance économique semble solide avec une hausse de 5 % au dernier trimestre de 2009. L’économie a créé des emplois au cours de cinq des sept derniers mois, les ventes en gros ont pris du mieux et les finances publiques canadiennes sont en meilleur état que celles d’autres pays. Il n’y a pas que le pétrole qui dynamise le huard, car la devise canadienne est devenue la coqueluche des marchés. Faudrait-il s’en plaindre et souhaiter que tout s’écroule ? Je ne suis pas masochiste.

Certains veulent nous faire croire que cette hausse ne serait provoquée que par la hausse du prix du pétrole et que le pauvre Québec pâtit de se trouver dans le même pays que l’Alberta. Leur raisonnement, c’est qu’un dollar fort tue l’emploi chez nous. Certes, les produits de certains manufacturiers sont moins compétitifs quand le dollar canadien prend du mieux et on peut sans doute attribuer des dizaines de milliers de pertes d’emplois à la remontée du huard. Le portrait est cependant plus complexe qu’il n’y paraît.

D’abord, l’emploi manufacturier ne compte que pour 13,9 % de l’emploi total au Québec. De plus, dans plusieurs secteurs comme l’aviation, les produits que nous exportons sont composés en partie de matériaux que nous importons, ce qui atténue considérablement l’impact de la hausse du huard. Ce type d’entreprise ne compte pas sur la faiblesse de la devise pour être compétitif. Ces entreprises sont des gagnantes qui veulent être les plus innovatrices dans le marché, pas les moins chères à l’achat. Enfin, les mises à pied dans tout ce qui touche la forêt sont en bonne partie liées au recul du marché publicitaire des journaux et l’écroulement du marché immobilier américain.

Si un dollar faible était le symbole d’une économie prospère pour le Québec, il faudrait m’expliquer pourquoi il s’est créé 405 000 emplois entre février 2002 (le dollar était à 62,13 cents américains) et février 2010 alors qu’il flirtait avec la parité ? Le taux de chômage au Québec était de 10,1 % il y a huit ans alors qu’il n’est que de 8,1 % le mois dernier, alors que nous étions à peine sortis de la récession. Il faudrait que certains en finissent avec leur fixation sur l’emploi manufacturier et regardent l’ensemble du tableau.

Regardons maintenant les avantages. Je calcule qu’un dollar demeuré à 62 cents aurait comme première conséquence de propulser le prix de l’essence à la pompe de 1,13 dollars à 1,57 dollars. Imaginez l’impact d’une hausse de presque 40 % du prix de l’essence sur les coûts de transport et celui de l’ensemble des marchandises.

La hausse du dollar canadien accroît notre pouvoir d’achat car il nous permet – à moins qu’un monopole comme la SAQ nous en empêche – de profiter d’une baisse des prix sur les produits importés. Cela agit exactement comme une augmentation de salaire… sans en avoir une. Nous consommons davantage et cela stimule aussi la croissance économique.

L’inflation est mieux contrôlée quand la devise est forte et cela donne plus de prétextes à la banque centrale pour maintenir les taux d’intérêts bas. Les entreprises peuvent acheter de l’équipement à meilleur prix et assurer leur modernisation. Elles améliorent leur productivité et deviennent plus compétitives sur les marchés internationaux, indépendamment de la force de notre dollar.

Une monnaie forte, c’est le symbole du succès. J’ai peine à imaginer qu’on puisse réellement souhaiter le contraire.

[Panda]

Ya-tu moyen que mon compte d'épargne soit en devise US à partir de maintenant ?

[Nikki]

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A ma connaissance, toutes les banques peuvent le faire.