Faut-il repenser l'amour ?

[Anya]

7 Novembre 2010
08:32 am, Richard Martineau
Faut-il repenser l'amour?

Selon les experts, notre système économique traverse une période hystérique.

Les actionnaires en veulent toujours plus : plus de rendement, plus d’argent.

Dès qu’une entreprise montre un petit signe de ralentissement, les actionnaires prennent panique et appellent leurs courtiers.


RENDEMENT MAXIMAL

Dans Le mariage d’amour a-t-il échoué ?, un essai lumineux paru chez Grasset, le philosophe français Pascal Bruckner affirme que nous agissons de la même façon avec l’amour.

Nous voulons un rendement maximal, sinon nous retirons nos billes.

« Parce qu’il veut réussir à tout prix, le couple se consume d’anxiété, écrit Bruckner. La moindre chute de tension est vécue comme un fiasco, un désaveu.

« À valoriser la frénésie, on met les conjoints en danger. L’amour passion, ce sont les bourrasques, les larmes, les cris, les extases tonitruantes. Or, c’est de gaieté et de régularité que nous avons aussi besoin si nous voulons durer.

« Nulle nécessité de s’adorer pour vivre côte à côte. Il suffit de s’apprécier, de partager les mêmes goûts, de chercher tout le bonheur possible à partir d’une coexistence harmonieuse.

« Cessons d’assujettir la vie commune à la norme despotique de l’exubérance si on veut qu’elle tienne. »


DES AMBITIONS DÉMESURÉES

Pour Bruckner, si 50 % des mariages se terminent en divorce, c’est parce que nous attendons trop de l’amour.

« C’est tout ou rien. Un seul être doit condenser la totalité de nos aspirations, sinon on l’écarte. La folie est de vouloir tout concilier : le cœur et l’érotisme, l’éducation des enfants et la réussite sociale, l’effervescence et le long terme.

« Nos couples ne meurent pas d’égoïsme ou de matérialisme, ils meurent d’un héroïsme fatal, d’une trop vaste idée d’eux-mêmes, d’une démesure des ambitions.

« Le couple fait naufrage comme une barque surchargée : on veut demeurer sur les cimes de l’ardeur tout en expédiant les affaires courantes.

« Pitié pour lui ! »


LA PEUR DU QUOTIDIEN

Avant, les gens se mariaient par obligation. Pour avoir des enfants, pour satisfaire leurs désirs sexuels, pour faire plaisir à leurs parents ou pour faire comme tout le monde.

Résultat : ils étaient souvent malheureux.

Aujourd’hui, nous sommes libres, nous pouvons nous unir avec qui nous voulons.

Sommes-nous plus heureux ?

Pas vraiment. Le divorce explose, le nombre de célibataires décuple, les familles monoparentales se multiplient.

Qu’est-ce qui cloche, alors ?

Pour Bruckner, le problème numéro un est que les amoureux contemporains sont irréalistes.

Il faut se soustraire au rêve de la symbiose miraculeuse et cesser de trop demander à l’autre. Il faut arrêter de paniquer dès que la passion s’atténue, que la fièvre se calme et que le quotidien s’installe.

L’amour, ce n’est pas fuir le quotidien, au contraire, c’est pouvoir y faire face à deux !


VIEILLIR À DEUX

Comme il faut détruire le mythe de la croissance continue en économie, nous devons, écrit Bruckner, « redéfinir une nouvelle économie des passions ».

« Le bonheur conjugal, c’est l’art du possible et non l’exaltation de l’impossible. Il n’est pas déshonorant de préférer la permanence à l’incandescence…

« L’envie de vieillir à deux n’est pas moins légitime que la volonté de brûler dans le spasme des sens et les convulsions du cœur. »

Achetez ce livre : c’est un bijou.

Un oasis de paix dans le vacarme ambiant.

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[Cass!]

Wowww j'adore !