Libérée du BS, mais...
Dany Doucet
22/11/2010 06h21

Sheila Gauthier, qui a la garde de trois de ses quatre enfants, ne voit pas comment elle pourrait payer une pension alimentaire à son ex-conjoint… qui n’en veut d’ailleurs pas !
© Jean Ste-Marie/Agence QMI
Fière d'avoir réussi à s'extirper de l'aide sociale en se trouvant un emploi à 11,20 $ l'heure, une mère monoparentale ne comprend pas pourquoi on la décourage de travailler, en lui demandant maintenant de payer une pension alimentaire à son ex-conjoint, qui n'en veut d'ailleurs pas.
La bureaucratie fait parfois de bien drôles de choses, selon Sheila Gauthier, 48 ans, de Saint-Sauveur, dans les Laurentides.
Son ex-conjoint ne veut pas de pension alimentaire et ne voulait pas en demander, mais celle-ci pourrait quand même être obligée de lui en payer une.
C'est le ministère l'Emploi et de la Solidarité sociale qui exige à son ex-conjoint, aujourd'hui inapte au travail, à cause de problèmes de santé, donc bénéficiaire de l'aide sociale, d'aller devant les tribunaux pour demander une pension alimentaire à Mme Gauthier.
Le gouvernement lui paie même son avocat pour le faire.
La logique juridique et bureaucratique est la suivante : un assisté social doit récupérer tout revenu disponible afin de minimiser la prestation versée par l'État.
Ce faisant, toutefois, le Ministère est en train de rendre le marché du travail peu attrayant pour cette mère de trois enfants, qui a vécu de l'aide sociale du-rant plusieurs années, après sa séparation, il y a sept ans.
Autrement dit, il pourrait faire le contraire de l'objectif visé et se retrouver avec une assistée sociale de plus sur les bras.
Comment décourager le travail
En effet, si elle voit son chèque de paie amputé, Mme Gauthier pourrait bien ne plus avoir d'avantages financiers à se lever chaque matin pour aller gagner sa vie, plutôt que d'attendre à la maison son chèque de l'aide sociale.
Une chose qu'elle ne veut absolument pas faire.
«Ça n'a pas d'allure, ça n'a aucun sens dans une société qui veut favoriser le retour sur le marché du travail», lance Mme Gauthier.
«Je n'en veux pas de pension, c'est complètement illogique», ajoute son ex-conjoint, Pierre Gagné, 54 ans, qui habite la ville voisine de Sainte-Agathe.
Le couple a eu quatre enfants. Elle a la garde des trois plus vieux, deux garçons de 14 et 13 ans, et une fille de 10 ans. M. Gagné a la garde du plus jeune, âgé de 7 ans.
«Je sais ce que ça coûte des enfants, et, que, avec son salaire, dit-il, c'est dur de joindre les deux bouts. Mais à tous les deux mois, le Ministère m'envoie une lettre pour m'exiger de réclamer une pension, donc je n'ai pas le choix.»
Le couple a donc un rendez-vous forcé devant le tribunal, le 24 janvier prochain.
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