Malenfant: le parcours extrême d'un ambitieux

[Anya]

Publié le 02 février 2011 à 05h00 | Mis à jour à 11h17
Malenfant: le parcours extrême d'un ambitieux



Le Soleil

(Québec) Leur vie, avec ses hauts et ses très bas, a défrayé la manchette mais aujourd'hui, ils vivent une retraite discrète. Raymond et Colette Malenfant ont pourtant accepté que soit réalisée une minisérie de fiction, basée sur la carrière tumultueuse de l'homme d'affaires extravagant que fut Raymond Malenfant. Après avoir vu la série achevée, ils ne regrettent pas leur décision, même si le visionnement leur a rappelé certains douloureux souvenirs.

«Il a la même couette que moi!», s'exclame en riant Raymond Ma­lenfant, en parlant de celui qui l'interprète à l'écran, Luc Picard. Quant à la femme depuis 55 ans de l'ex-hôtelier, Colette, elle est incarnée par Julie McClemens.

«Je me suis reconnue», avoue Mme Malenfant, qui partage avec la comédienne le même regard bleu clair.

La minisérie a été réalisée par le cinéaste Ricardo Trogi, et c'est au scénariste Claude Paquet qu'on a confié la tâche de revisiter l'ascension et la chute de Raymond Malenfant.

Le couple a été sollicité dès le milieu des années 90 pour voir sa vie transposée à l'écran. «Mais nous n'étions pas prêts», se rappelle Mme Malenfant. À la suite de leur retentissante faillite de 1993, les blessures étaient trop vives.

Raymond Malenfant rappelle qu'à une époque, il possédait 18 hô­tels, trois centres commerciaux, des immeubles de bureaux, de même que des centres de ski et des terrains de golf. La chute a été très douloureuse pour cet homme ambitieux, dont la fortune a été estimée à un certain moment à 450 millions $.

Le couple loue ensuite un motel, avec promesse d'achat, à Laval, «une erreur», selon eux. L'aventure se termine alors que Raymond Malenfant se fait renverser par une voiture, en 2001. Il vit maintenant avec les séquelles de cet accident, notamment à la suite du grave traumatisme crânien qu'il a subi.

Les Malenfant sont de retour à Québec depuis, une ville qu'ils ont toujours habitée, sauf pendant l'épisode du motel de Laval.

Se refaire une image

Il y a quatre ans, quand Jacques Lina, des productions ORBI-XXI, qui coproduit la série avec Avanti, a relancé le couple, ils étaient prêts. «Nous voulions, avec notre histoire, un peu réhabiliter l'image négative que certaines personnes ont gardée de Raymond et aussi de notre fils, Alain», explique Mme Malenfant.

L'aîné des enfants Malenfant avait été accusé de malversations, au début des années 90, dans l'affaire du centre de ski Pin Rouge, de New Richmond, dont la famille s'est finalement retirée.

Il y a deux semaines, Raymond et Colette Malenfant, de même que trois de leurs quatre enfants, ont été invités à visionner la série complète... à l'Hôtel Universel du chemin Sainte-Foy, là où tout a vraiment commencé.

C'était la première fois que le couple y remettait les pieds, après l'avoir construit et y avoir travaillé pendant 27 ans, raconte, émue, Mme Malenfant. «Cet hôtel-là, c'était mon enfant.»

La minisérie les a ravis. «C'est ma vie complète!» s'exclame Raymond Malenfant, précisant qu'il a trouvé Luc Picard «impeccable». «C'est très bien rendu, ajoute sa femme, même si toute une vie en quatre heures...»

Le plus difficile à regarder? «La fin...», souffle M. Malenfant. «La mise en faillite, qui s'était faite juste avant Noël», complète sa femme.

«Mais c'est pas toujours triste, là!», nous assure l'ex-hôtelier, qui retrouve rapidement son sourire et une lueur coquine dans l'oeil. Malgré son état de santé, Raymond Malenfant n'a pas perdu son esprit de bon vendeur.

La série Malenfant débute le 24 février à 21h, sur Séries +.

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[Anya]

Publié le 15 février 2011 à 07h51 | Mis à jour à 07h51
Malenfant: plus héros que zéro
Hugo Dumas
La Presse

Les souvenirs de la famille Malenfant ne brillent pas fort, fort dans notre inconscient collectif. L'hôtelier Raymond Malenfant reste un antisyndicaliste primaire peu éduqué, un bum incapable d'aligner deux phrases sans bafouiller, dont l'empire, estimé à 400 millions dans les années 80, s'est écroulé comme un château (un manoir?) de cartes. Faillite personnelle, trafic de drogue au motel Le Vicomte de Laval, incendie, grave accident d'auto, le conte de fées scintillant des Malenfant a fini en cauchemar terrifiant.

Pourtant, et même si ce n'est pas le but de cette entreprise télévisuelle, la minisérie de quatre heures que lui consacre la chaîne Séries + (début jeudi 24 février, à 21 h) nous présente d'abord l'autre facette de ce personnage controversé, c'est-à-dire le bon père de famille, le batailleur, le bâtisseur parti du fin fond d'un rang qui a érigé des motels à la sueur de son front. Le rêve américain, quoi.

Luc Picard, qui campe Raymond Malenfant, souligne: «Avant le tournage, j'avais une impression négative de Raymond Malenfant. Maintenant, mon opinion est mitigée. Il a fait plusieurs mauvais coups, il en a aussi fait des bons. Je ne me suis pas affairé à le juger, ni d'un côté ni de l'autre. C'est un personnage plus grand que nature. C'est un mononcle à bas bruns qui voit grand. Un tragédien aurait voulu écrire une histoire comme ça et n'aurait pas fait mieux.»

Chose certaine, dans les deux premières heures de cette oeuvre qui en compte quatre, Luc Picard offre une version un brin rabotée de Malenfant, qui nous apparaît plus lisse, plus raffiné, sans tic de langage et sans son côté rustre. C'est un choix qui se justifie: si le public n'aime pas (un peu) le personnage principal d'une série, pourquoi la suivrait-il toutes les semaines?

Luc Picard ne tente pas d'imiter ce châtelain intransigeant. «Sa façon de s'exprimer et de bouger n'est pas aussi imprimée dans la mémoire des Québécois que celle de Michel Chartrand, par exemple», constate l'acteur.

Le scénariste Claude Paquette (Willie), s'inspirant librement des faits réels, a plutôt tricoté son histoire autour de la notion du clan des Malenfant, un clan uni, serré, envers et contre tous (surtout contre les capotés de la CSN). C'est le point d'ancrage de Malenfant, réalisée par Ricardo Trogi (Les étoiles filantes, 1981, Horloge biologique).

Le premier épisode comporte plusieurs bonds dans le temps. Il démarre en 1987, alors que Malenfant, alias «le toffe de La Malbaie», est sacré homme d'affaires de l'année, puis saute rapidement en 2001, quand le patriarche a été happé violemment par une voiture à Laval, le plongeant dans un coma de 10 jours.

Puis, retour en 1938 au Témiscouata, où le jeune Malenfant a grandi dans une famille d'agriculteurs, pour atterrir en 1954, à Québec, où Raymond, beau parleur et charmeur, flirte avec la jolie Colette Perron (Julie McClemens), qu'il épousera et qui restera à ses côtés dans les bons comme dans les pires moments. Une scène montre même Raymond Malenfant sauvant une jeune fille des griffes de méchants soldats en permission dans la Vieille Capitale. Faut quand même pas charrier dans l'opération de réhabilitation, ici.

Le côté plus fleur bleue du récit disparaît en 1965 avec le projet de construction du premier motel Universel à Sainte-Foy. Raymond Malenfant, dépeint comme un rêveur ambitieux, en découd une première fois avec les syndicats et se lie avec Adrien Lafond, entrepreneur usurier qui finance ses projets.

On passe rapidement sur la juteuse transaction avec la famille Steinberg qui a permis à Raymond Malenfant d'encaisser son premier million, tout comme on explique très peu les motifs de la première grève au motel Universel. Au deuxième épisode, les Malenfant se la coulent douce sur un yacht. Côté relations de travail, ça se morpionne. Raymond Malenfant répète qu'il faut faire terroriser les employés, car «la peur, ça rend raisonnable et ça rend obéissant». Malenfant martèle aussi que «les guerres, c'est moi qui les commence et c'est moi qui les finis».

Pour éviter des ennuis avec le fisc, Malenfant invitera sur son gros bateau un haut fonctionnaire du ministère du Revenu. Comme quoi l'histoire se répète. Le troisième épisode de Malenfant couvrira toute la période du Manoir Richelieu et le dernier, la chute de l'empire.

Colette Malenfant prend beaucoup d'importance dans le scénario. «Elle avait un petit côté bourgeois. Elle adorait voyager, elle aimait le piano, la musique et s'intéressait même au yoga», détaille son interprète, Julie McClemens.

C'est un bon signe: j'ai hâte de visionner les deux derniers chapitres de Malenfant. La réalisation de Ricardo Trogi, qui entrelace habilement les différentes époques de cette saga, est très efficace. Et Luc Picard, qui arbore la même couette que l'hôtelier, porte cette minisérie avec le talent qu'on lui connaît.

J'espère cependant que les quatre enfants du couple Malenfant-Perron, que l'on voit peu dans les deux premières tranches, prendront plus d'importance. Pour les lecteurs qui se posent la question, les Malenfant sont encore tous vivants. Raymond, 80 ans, et Colette vivent à Québec avec leur fils Alain, 52 ans.

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[lorraine48]

avoir été si riche et tout perdre , cela doit être dur à avaler , c est un peu comme si la richesse c était ton mari et qu il te quitte après 15 ans de mariage pour une maîtresse moins séduisante que toi

[Robertito_]

Un entrepreneur d'un autre temps qui a tout perdu à cause des taux d'intérêt élevés mais aussi et surtout à cause de sa tête de cochon et de sa manière de tout gérer tout seul comme un petit boss des bécosses.

Les entrepreneurs d"aujourd'hui auraient tout fait pour que les employés membres de la CSN soient des partenaires véritables dans l'aventure de son hôtel plutôt que de se confronter à tout prix avec eux.

[joanna]

J'ai très hâte de suivre cette série. Malgré ses travers, j'ai toujours eu beaucoup d'admiration pour cet homme vaillant et courageux.

Je ne savais pas que nous aurions cette série aussi tôt.

Merci Anya pour les articles!

[Lison48]

Je remonte.

[VeRoNiQu3]

"L'aîné des enfants Malenfant avait été accusé de malversations, au début des années 90, dans l'affaire du centre de ski Pin Rouge, de New Richmond, dont la famille s'est finalement retirée."

C'est la ville à côté d'où je demeure en Gaspésie et cette histoire a fait mal à toute la région.

[Chattou]

C'est ce soir que la série commence.

Comme Joanna, moi aussi j'ai de l'admiration pour cet homme vaillant et courageux.

CE soir :
Dès l'enfance, dans une campagne ingrate, Raymond Malenfant apprend à travailler la terre avec courage et détermination. Québec 1954, il a 24 ans. Amusé par l'esprit de marchandage de Malenfant et témoin du coup de foudre pour une de ses employées, un commerçant lui présente Colette Perron, celle qui deviendra sa femme. Son esprit d'entreprise hors du commun et son remarquable talent à flairer la bonne occasion se révèlent. Au milieu des années 60, après la construction de quelques maisons dont la location n'amène qu'un modeste revenu, Raymond, sans le sou, décide de bâtir un hôtel de 140 chambres malgré les protestations de sa femme qui craint la ruine. Il sacrifiera tout à cette passion " romantique " de construire. À l'insu de Colette, le père de quatre enfants risquera encore tout pour acquérir un immense terrain. Jouant de flair, de ruse et de ses contacts municipaux, il crée une surenchère entre les concurrents Dominion et Steinberg. Nous sommes au début des années 70, Raymond Malenfant gagne son premier million...

[ninon2008]

J'ai vraiment beaucoup aimé cette première émission. Revoir les images de la ville de Québec d'il y a plusieurs années, était un délice. L'histoire de cet homme est unique et surprenante. J'ai hâte de voir les autres émissions bien que je sache que son succès est éphémère. Sa femme l'aime vraiment beaucoup.