Publié le 10 février 2011 à 05h00 | Mis à jour à 10h04
Amphithéâtre: la Ville de Québec prête à allonger 175 millions $
Pierre-André Normandin et Jean-Marc Salvet
Le Soleil
(Québec) Le privé et le fédéral hors jeu, la Ville de Québec augmentera de façon substantielle sa mise de fonds pour la construction d'un nouvel amphithéâtre. Plutôt que 50 millions $, elle pourrait allonger jusqu'à 175 millions $, tandis que le provincial offrira un maximum de 200 millions $, a appris Le Soleil.
Alors que s'ouvre aujourd'hui le Tournoi international de hockey pee-wee au Colisée de Québec, c'est à l'extérieur de la glace que toute l'attention sera tournée. Sur le coup de 11h45, le premier ministre Jean Charest confirmera que son gouvernement porte de 45 % à 50 % sa contribution pour la construction du nouvel amphithéâtre. Mais du même souffle, il imposera un plafond de 400 millions $ pour le projet dans un protocole d'entente, révèle une source gouvernementale, ce qui n'avait pas été exigé jusqu'à présent.
Il reviendra à la Ville de Québec de «faire le reste du chemin» et de trouver les 200 millions $ manquants. Pour y arriver, elle pourra compter sur le groupe J'ai ma place, qui mène une collecte de fonds en vendant des sièges depuis plusieurs mois. Celui-ci prévoit verser au moins 25 millions $, même s'il n'a récolté qu'un peu plus de la moitié de cet objectif jusqu'à présent. L'annonce d'aujourd'hui devrait faire décoller les ventes, espère-t-on.
L'administration Labeaume annoncera donc ce matin être prête à débourser le reste, soit jusqu'à 175 millions $. À l'instar d'une hypothèque contractée pour l'achat d'une maison, la Ville versera une partie «comptant», tandis que la plus importante partie sera empruntée, selon nos sources.
Cagnotte disponible
Québec dispose en effet d'une cagnotte «immobilisations payées comptant» pour effectuer certains achats sans avoir à payer des intérêts. La cagnotte étant réduite à peau de chagrin à l'arrivée du maire, Régis Labeaume s'est affairé depuis à la garnir à chacun de ses budgets.
Pour l'emprunt, le maire assurera jeudi matin que les citoyens ne devraient pas en ressentir l'effet sur leur compte de taxes, celui-ci s'en tenant à sa promesse de plafonner à l'inflation les hausses de taxes. Son administration s'est dégagée d'une marge de manoeuvre dans son dernier budget en réduisant de 130 millions $ ses emprunts - soit environ du quart - et prévoit encore les réduire en 2012 de 76 millions $.
Pas de taxe sur l'essence
Une rumeur a circulé en journée mercredi comme quoi la Ville de Québec pourrait imposer une taxe de 1,5 ¢ sur l'essence, lui permettant ainsi de récolter 8 millions $ par année, soit 120 millions $ sur 15 ans. On s'est toutefois empressé de démentir le tout à l'hôtel de ville.
Pour bien expliquer son plan de match, le maire a convoqué les journalistes au Colisée pour une séance d'information d'une heure et trente minutes avant la conférence de presse. C'est à ce moment qu'il devrait expliquer les détails de la contribution municipale. On présentera également des esquisses préliminaires de ce à quoi devrait ressembler le secteur d'ExpoCité une fois le nouvel amphithéâtre bâti. C'est seulement ensuite que Jean Charest et Régis Labeaume prendront la parole.
Le montage financier présenté jeudi matin contraste de beaucoup avec le premier plan de match, où l'on prévoyait un financement de 45 % du fédéral, de 45 % du provincial et de 10 % de la Ville de Québec. Mais au-delà de présenter le tant attendu plan B jeudi, Charest et Labeaume souhaitent donner le «signal de départ» du projet. Et ainsi accentuer encore la pression sur le fédéral et le privé.
«On annonce un montage financier. On décide d'aller de l'avant. Le dossier est prêt», confie un interlocuteur. Il y aura, assure-t-il, un nouvel amphithéâtre «multifonctionnel» à Québec, peu importe qu'une équipe de la Ligue nationale de hockey y patine ou non un jour.
«À un moment donné, on ne peut pas attendre indéfiniment. Il faut aller de l'avant. Il faut bouger. Souhaitons maintenant que le fédéral pourra se joindre à nous, et ainsi réduire la contribution des uns et des autres.»
Même si le fédéral est officiellement écarté du plan B, en coulisses on espère toujours voir le gouvernement Harper délier les cordons de sa bourse. Dans les corridors de l'Assemblée nationale, une contribution de 20 % est évoquée, ce qui permettrait au provincial et à la Ville de réduire leur contribution d'autant. Cette «flexibilité» - ou espoir que le fédéral investisse - sera d'ailleurs inscrite noir sur blanc dans le protocole d'entente.
À l'Assemblée nationale, on pense que ce «montage financier», parce qu'il est sérieux et bien ficelé, incitera Ottawa à faire sa part.
Dissiper un doute
L'automne dernier, le maire avait annoncé le début des travaux en faisant voter un premier emprunt de 25 millions $ au conseil municipal, le trou laissé par l'absence du fédéral dans le premier montage financier laissait toujours planer un doute sur sa réalisation. Doute qu'on espère dissiper aujourd'hui.
Selon l'échéancier évoqué à l'automne, la première pelletée de terre pourrait être soulevée dès l'automne 2011, tandis que l'ouverture pourrait avoir lieu en 2014. Mais ces évaluations demeurent très préliminaires, puisque les plans et les devis n'ont pas encore été réalisés. Une étude de sol doit également être menée sur le terrain du futur amphithéâtre qui sera construit tout juste à côté du Centre de foires. Cette dernière étape n'inquiète pas le maire Labeaume, qui indiquait lors d'un point de presse lundi soir ne pas s'attendre à trouver de mauvaise surprise.
Le gouvernement du Québec pourrait par ailleurs avoir son mot à dire sur l'éventuel exploitant du futur colisée, ainsi que sur l'identité d'un éventuel propriétaire qui tentera d'arracher une concession de la ligue nationale de hockey. «On va chercher le meilleur deal possible avec l'entreprise privée qui voudra établir un club de hockey. On va négocier avec tous ceux qui le veulent et on va le faire de façon équitable», confie la même source. Quebecor pourrait donc avoir de la concurrence.
Chronologie du projet de construction d'un nouveau colisée
> Octobre 2008
Le groupe J'ai ma place lance ses activités. Objectif : 50 millions $. La cible a fondu de moitié depuis. Récolte : 13,5 millions $.
> 16 octobre 2009
En campagne électorale, le maire Régis Labeaume promet 40 millions $ dans la construction d'un nouvel
amphithéâtre multifonctionnel.
> 7 sept. 2010
- La firme Ernst & Young assure la rentabilité d'un colisée de 18 000 places.
- Jean Charest se dit prêt à investir 180 millions $ (45 % de la facture).
> 8 septembre 2010
Huit députés conservateurs de la région enfilent le chandail des Nordiques.
> 14 septembre 2010
Le premier ministre du Canada, Stephen Harper, lance que les sports professionnels sont avant tout la responsabilité du secteur privé.
> 2 octobre 2010
Près de 50 000 personnes défilent sur les plaines d'Abraham lors de la Marche bleue.
> 4 octobre 2010
La Ville de Québec adopte un règlement d'emprunt de 25 millions $ en vue du lancement des travaux de construction en 2011.
> 17 novembre 2010
La Ville de Québec embauche Yvon Charest pour mener les négociations entre la Ville et les investisseurs du secteur privé.
> 23 janvier 2011
Pierre Karl Péladeau confirme avoir déposé une offre de «plusieurs dizaines de millions» pour la construction d'un nouveau colisée.
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